Chapitre 25

En bas des escaliers de l'auberge, Anduin remit péniblement la seule béquille qu'il avait pris avec lui sous son bras gauche. Une idée d'Irion, afin de le motiver à s'en débarrasser le plus rapidement possible. Ainsi une plus grande liberté l'attendait, s'il y parvenait. Mais la douleur avait refait surface après avoir passer les premières marches en compagnie d'Irion, qui lui avait prêté son bras pour compenser l'absence d'appuis. Le prince noir n'était pas un éclopé, et l'idée même qu'Anduin pouvait souffrir à cet instant, ne lui serait pas venu à l'esprit. 

- Pourquoi m'avez vous fait venir ici... Demanda péniblement Anduin.

Sans se préoccuper de l'état du prince, Irion répondit :

- Pour vos champions ! Ils sont ici pour recevoir leurs nouveaux pouvoirs grâce à moi !

Irion avança de quelques pas vers une table où était déjà installé Gauche et Droite, quand il se rendit compte qu'Anduin n'arrivait plus à suivre. Il ralentit et donna la main pour inciter le prince à avancer. Anduin regarda cette main tendue, puis l'attrapa par désespoir de cause. Il voulut le piquer avec des mots cinglants :

- Excusez moi, mais c'est plutôt grâce à Lei Shen...

- Vous chipotez sur les détails, répondit Irion avec amusement.

L'attaque verbale était un échec. Droite arriva sur eux et prit le relais d'Irion. Anduin se sentit soulagé, et libéra le jeune dragon qui se précipita sur la chaise la plus confortable.

- Je vois que vous n'avez pas perdu votre sens des priorités, dit exaspéré Anduin

- Venez vous assoir à coté de moi ! Et arrêtez de rouspéter, vous allez me faire regretter d'être revenu !

- Merci Droite de votre aide, répondit Anduin.

La jeune femme s'inclina tandis  qu'Anduin s'assit sur le siège à coté d'Irion. Elle rejoignit Gauche derrière eux et se posta les bras croisés derrière son dos.

- Prince Irion ! Quelle joie de vous revoir !

A peine s'étaient ils installés que des champions vinrent le voir. Anduin fut étonné par l'enthousiasme de chaque visiteur.

- Nous avons entendu dire que vous avez récupéré de nouveaux pouvoirs grâce à la défaite de Lei Shen.

- Oui ! Et je vais vous en faire profiter à chacun d'entre vous !

- Merci prince noir ! s'exclama une jeune voleuse humaine.

- Savent ils comment vous avez récupéré son pouvoir ? Chuchota Anduin les sourcils froncés.

- Non... Ils n'ont pas besoin de le savoir et souvent ils ne veulent pas ! répondit Irion sur le même ton.

Le prince noir se leva, gratta sa gorge et annonça à l'attroupement :

-Cependant, comme vous avez l'habitude, ce nouveau pouvoir n'est pas à la porter de tous. Et... Il n'est pas gratuit. Tout le monde ne pourra pas accéder à ce que j'ai à offrir.

Quelques aventuriers furent déçus à l'annonce d'Irion et partirent en rouspétant, tout en regardant sur leur carte de la Pandarie où ils pourraient récupérer les matériaux demandés  Quant aux autres, ils avancèrent d'un pas confiant.

- Formez une queue pour ceux qui ont déjà ce qu'il faut, afin que le prince noir puisse vous recevoir chacun votre tour ! Grogna Gauche.

Les champions formèrent alors un seul et même rang. Le premier à se présenter, était un elfe de sang. Il s'inclina devant les deux princes et présenta sa cape.

- Vous avez pris soin d'elle, dit Irion tout en la caressant.

- Bien sur, elle est inestimable.

Irion allongea son port de tête fièrement à la remarque de l'elfe. Anduin soupira face à ce mouvement égocentrique.

- Je vais pouvoir l'améliorer sans problème, avez vous ce qu'il faut ?

L'elfe sortit de son barda quelques pierres précieuses, du tissus rare, et différentes bobines de couleurs flamboyantes. 

- Bien ! Commençons...

La curiosité d'Anduin le poussa à observer comment allait pouvoir procéder Irion dans cette entreprise. Tandis que Gauche ramassait les matériaux pour les mettre dans un grand sac, le prince noir se concentra subitement. Silencieusement, il étendit ses mains au dessus de la cape posée sur la table . Il effleura le tissu de la cape et de l'électricité sortit de sa paume. Crépitant à chacun de ses mouvements, les petits éclairs s'enfoncèrent dans chaque mètre carré de fibres présentés. Émerveillé, Anduin se pencha plus en avant pour observer cette magie qu'il n'avait jamais vu jusqu'ici.

- Je l'enchante, dit Irion sans qu'Anduin eut besoin de poser la question. Je l'imprègne définitivement de la magie de Lei Shen.

Anduin tourna ses yeux vers le visage du prince noir. Il scruta une passible douleur dû au courant d'électricité, mais ne vit rien.

- Ce n'est pas compliqué... dit Irion, juste savoir manier la foudre... Un jeu d'enfant pour moi !

Anduin se releva quand Irion eut fini d'enchanter la cape de l'elfe. Celui ci l'attrapa et la mit immédiatement sur lui. Il arbora une cape lumineuse auprès des autres aventuriers qui applaudirent devant le travail effectué.

- Au suivant, nous n'avons pas toute la journée, cria Irion.

Ainsi un druide tauren s'avança à son tour et posa sa cape tout en déposant dans le sac mis à disposition par Gauche les matériaux nécessaires. Puis ce fut le tour d'un Nain guerrier dont la barbe trainait presque par terre. Il salua le prince Anduin d'un hochement de tête. Petit à petit, les uns après les autres, les champions remirent leurs capes dans les mains expertes d'Irion qui les enchanta sans broncher. Ils repartirent tous avec le sourire aux lèvres. Anduin avait tout le loisir d'observer son homologue. Irion avait un petit mot pour chacun des champions. Et pour la première fois, le prince de l'Alliance entrevit une lueur d'espoir avec un possible rapprochement de toutes les races d'Azeroth. Il sourit à cette perspective, mais bien vite il déchanta quand un groupe de cinq orcs s'avancèrent vers eux sans faire la queue. Ils bousculèrent la championne qui aurait dû passé, une prêtresse Draénei, et le plus balèze d'entre eux déposa avec dédain une vieille cape déchirée.

- Enchante la gamin ! enjoint l'orc

Irion leva doucement les yeux vers le Hordeux. Il le dévisagea, puis sourit.

- On ne peut pas dire que vous prenez soin de votre équipement... Et j'ai bien peur que je ne puisse rien faire si je n'ai pas le paiement. De plus, j'ai horreur de ceux qui se croient tout permis. Surtout si c'est pour venir assassiner le prince Anduin !

A son nom, Anduin sursauta et aperçut une dague venir à toute allure sur lui. Il n'eut pas le temps de réagir. Il posta ses deux bras devant son visage et attendit que la lame lui rentre dedans, mais rien ne se produisit. Il ouvrit les yeux et découvrit Irion bloquant l'attaque avec une longue lance de type pandaren.

- Vous avez cru m'avoir avec votre subterfuge ? Ce n'est pas la cape que je fabrique... Et vous n'êtes pas discrets... dit Irion vers celui qui semblait être le chef du petit groupe.

L'orc grogna puis ordonna :

- Tuer les !!

Anduin essaya de se lever pour se dégager, mais ses jambes refusèrent de répondre. Il geint en s'appuyant sur les accoudoirs de la chaise, et finit par enfin tenir debout. Irion avait déjà riposté à deux attaques.

- Reculez votre altesse, dit Droite tout en l'entrainant vers l'arrière.

Anduin tituba de deux trois pas, puis rencontra le mur de la salle avec son dos. Il se sentit alors acculé devant la bande d'orcs rageux. L'un deux avait contourné la table et allait dans sa direction. Irion avait déjà fort à faire avec le chef, et Gauche et Droite étaient, elles aussi, occupées par ceux qui venaient à droite.

- Hé ! L'avorton du roi, tu n'es pas censé être en vie !

- Visiblement je suis un coriace, répondit Anduin les dents serrés.

- Je vais avoir le plaisir d'achever la tache de notre chef, il sera heureux de voir ta tête sur un pic !

L'Orc s'élança avec une hache ébréchée sur Anduin qui appela la Lumière afin de le protéger. La lame percuta alors une barrière invisible.

- Quoi ? QUOI ?! C'est quoi cette merde ! hurla l'orc face à Anduin.

Il frappa plusieurs fois sans succès, mais Anduin savait que cela ne serait que de courte durée. La bulle de protection allait se dissiper et il serait à la merci de ce type. Il ne cessa alors de prier. Mais la Lumière s'affaiblit et la barrière disparut. Anduin n'était plus protégé. Il se concentra sur sa paume pour essayer d'envoyer un sort de Châtiment mais le temps qu'il exécute le sortilège, la hache était en train de s'abattre sur lui. Il ferma les yeux pensant que sa dernière heure était arrivée. Mais là encore le courroux ne tomba pas.  D'un œil, il regarda ce qui était en train de se passer. Idill s'était glissé à temps sous la lame de l'orc, et avait paré le coup avec sa propre hache.

- Vous allez bien votre altesse ? Demanda t'il

- Oui... Grâce à vous.

Un autre orc fut soulevé dans les airs, effrayant aux passages tous les autres, puis il retomba lourdement à terre. Derrière lui, Hamza se tenait debout, murmurant un dialecte sombre. Des tentacules émergèrent de partout, entortillant les membres des Orcs qui avaient osé attaquer les princes. Des vagues d'ombres parcoururent les appendices du prêtre pour aller s'insinuer dans les corps des ennemis entravés. Chacun lâchèrent leurs armes et se mirent à hurler de douleur et de terreur.

- Sales chiens de Garrosh... Vous ne pouvez pas vous empêcher de faire le mal.... gronda Hamza.

Anduin se rendit compte alors que pratiquement tout le monde avait disparu. Tous les champions avaient évacué la grande salle. Il ne restait plus que lui, Idill, les Orcs, Gauche, Droite, Irion et en son milieu Hamza.

- Arrête ! Hurla Idill, Ils sont maitrisés !

Mais Hamza ne l'écoutait pas. A vrai dire, il semblait déconnecté de la réalité. Son corps luisait d'une étrange clarté qu'était le vide et ses yeux ne brillaient plus de lumière. De nouveau il marmonna des mots étranges auxquels les Orcs se mirent à hurler encore plus fort. Irion dégagea et rejoint Anduin.

- Qu'est ce qu'il a votre prêtre !? Demanda t'il

- Je ne sais pas... Je ne l'ai jamais vu ainsi, répondit Anduin

- HAMZA !

Tous les regards se tournèrent vers la porte d'entrée. Tarenn était revenu. Essoufflé d'avoir couru, il regarda la scène avec horreur.

- Hamza ! cria t'il une deuxième fois.

Le prêtre semblait avoir son attention. Il tourna la tête et lui sourit.

- Te voilà mon bien aimé !

Bhohort arriva juste derrière l'Archidruide.

- Putain, mais qu'est ce qu'il se passe ici !? Je pars une matinée et voilà comment je retrouve l'auberge, Idill tu es où ?

Le guerrier lui fit signe de se taire, tout en observant Hamza.

- Hamza, c'est bon, tu peux arrêter, continua Tarenn.

Il avança prudemment dans la pièce où l'atmosphère était empli d'ombres menaçantes.

- Il a raison, dit Anduin, Je vais bien !

Le prince avait compris qu'Hamza était sûrement dans cet état à cause de lui. Le prêtre se tourna vers le prince qui avança à son tour. Chaque pas qu'il faisait lui extirper une grimace. Mais il essaya de faire abstraction de la douleur. Il sentit qu'Irion lui avait immédiatement emboité le pas.

- Grace à votre intervention, je vais bien, continua de parler Anduin. Vous m'avez sauvé la vie...

Le prince s'aperçut alors qu'Hamza avait le regard dans le vague, qu'il ne réagissait pas. Il n'était plus là. C'était autre chose qui avait pris sa place. Malgré tout, Anduin continua de parlementer.

- Baisser vos mains, calmez votre ardeur, nous allons nous occuper de ceux qui ont osé lever la main sur moi et le prince Irion.

Il n'étais plus qu'à quelques centimètres de son ancien précepteur. Il pria pour faire venir la Lumière en lui et illumina sa main. Il la tendit vers Hamza et dit :

- Maintenant, laissez la Lumière vous pénétrer. Laissez prendre sa place comme avant, ne cherchez pas la contrer, à la combattre, elle est là pour vous aider et vous le savez...

La tête d'Hamza se pencha vers la main puis il tendit la sienne et vint la serrer fort. Très fort. Trop fort ... Anduin serra les dents en voyant la force colossale qui essayait de l'envahir.

- Anduin !! Cria Irion.

- Ne bougez pas !!!! Hurla Anduin, laissez moi faire, laissez moi l'aider !

Il releva la tête vers Hamza et fit un pas en avant.

- Pourquoi n'aviez vous pas dit que vous souffriez autant que moi... murmura t-il

Soudain, La pièce fut envahie complètement par les ténèbres. Hamza lui faisait face, seul. Le temps semblait être suspendu, tout comme leurs corps. Le prince tourna la tête dans tous les sens. Il ne voyait plus rien. Il ne voyait que la Lumière qui émanait de lui.

- Je suis désolé.

Anduin tourna la tête vers Hamza.

- Vous ne devriez pas... Mais où sommes nous ?

- Nous sommes dans mon coté obscur. Celui que j'ai bien du mal à contenir.

- Il fait si sombre, c'est si noir, si effrayant...chuchota Anduin

- J'ai souvent rêvé de ce lieu quand j'ai prononcé le mot interdit de mon livre de sort. Et souvent il y avait des être ignobles qui s'y terraient.

Il resta silencieux pendant quelques secondes, puis tout en regardant son environnement, il dit :

- Je suis un être ignoble...

- Non ! s'exclama le prince.

- Votre altesse, vous êtes adorable, mais c'est la vérité. Je suis ignoble, je ne mérite pas qu'on m'aime.

- Arrêtez de dire de tels sottises ! Vous avez un mari, des amis, une famille ! MOI !

Hamza posa ses yeux sur Anduin.

- Je suis votre ami aussi,

- Votre ami, mais vous êtes de sang royal... Comment pourriez vous l'être ?

- Enfin, depuis le temps que nous nous connaissons... Six ans, ce n'est pas rien... Pour moi, mais peut être qu'il n'en ait pas de même pour vous ?

Hamza baissa la tête honteux.

- C'est vrai, dit il, six ans de connaissance, mais vous resterez un prince, un futur roi, et moi un serviteur.

- Hamza,

- Ceci dit je suis honoré par l'amitié que vous me portez, alors je vais essayer de ne plus vous décevoir... Mais les chuchotements permanents du vide me disent le contraire. Alors dans ces moments là je craque, et les ombres prennent le pouvoir sur la Lumière. 

Le silence s'interposa entre eux, puis une larme coula sur la joue d'Hamza. Anduin avança sa main pour l'essuyer. Il laissa la Lumière le pénétrer.

- Merci, encore une fois vous m'avez sauvé...

Hamza attrapa le prince et l'entoura dans ses bras. Il le serra si fort, qu'Anduin crut qu'il allait lui casser les côtes. Soudain la clarté revint et ils se retrouvèrent dans la pièce. Ils n'étaient plus seuls à s'étreindre. Idill avait pris les épaules d'Hamza et Tarenn les surplombait, pour les entourer à son tour. Anduin sentit alors un cœur battant contre son dos. Irion était derrière lui. Ses bras faisaient le tour de sa poitrine et il semblait tirer vers lui, surement pour le détacher d'Hamza. Le prêtre leva les yeux vers le prince, puis il se mit à grimacer, essayant d'arrêter les larmes qui inondaient ses pupilles. Sans succès, il éclata en sanglot, rapprochant de lui Tarenn et Idill. Bhohort s'était subtilement rapproché d'eux, et posa une main sur l'épaule d'Hamza. Ce dernier sursauta, et cria qu'il avait froid. Le chevalier de la mort se mit à rire, alors qu'Idill rouspéta contre son manque de tact.

Sans un mot, Anduin recula par l'attraction d'Irion. Il les regarda avec une certaine envie.

- Je pense que la tempête est passée très près de nos cotes, mais elle s'éloigne... dit Irion qui s'était enfin détaché d'Anduin.

- Oui... Mais pour combien de temps ? Se demanda Anduin.

- Ça, seul le temps nous le dira...

Irion marqua un instant de silence, puis il continua :

- Vous êtes quelqu'un d'héroïque, prince Anduin. Vous avez survécu à une attaque d'orc, et à l'appel des ombres...

Anduin se tourna vers le prince noir, incertain d'avoir bien entendu.

- Et je peux vous dire que ce n'est pas donné à tout le monde...

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