Chapitre 20

Irion était en transe. Il avait été appelé, et Anduin aussi. Tous deux debout, attendant que la jeune pandaren daigne bien leur donner son ordre. Quand elle appela les couples, il essaya de paraitre digne, mais avait peur que d'une chose. Il ne voulait pas tomber sur Anduin. C'était trop gênant s'ils se retrouveraient ensemble. Il avait le numéro 10, mais ne savait pas celui du prince. Du coin de l'œil, il vit Anduin tremblait légèrement quand il posa son regard sur son bâton qui était à sa portée pour le lire. Ses grands yeux bleus se posèrent sur lui. Il était subitement pâle. Irion comprit immédiatement que le numéro 1 n'était d'autre que le prince.

- Abrège la pandaren, s'agaça Droite, et dis nous ce que nous devons faire !

- Mais ouuiiii ! Z'arrive ! Tonton ! Cherche le gramophone avec une partizionnnn z'ill te pllaaiittt !!!

Tong sortit sa tête de la cuisine, incertain que c'était sa nièce qui lui parlait ainsi. Puis il plissa ses longs sourcils voyant que tout le monde l'attendait. Il disparut et ressortit avec un énorme gramophone.

- Allezzz !!! En pizzztee les gens ! vous zallez danser !

Irion sentit un soulagement de la part de tous. Il se pencha vers Anduin :

- Vous êtes le numéro 1 si je ne me trompe pas ...

- Vous avez bien vu !

- Très bien, je vais vous aider à vous déplacer. Je serais votre guide, dit il avec une douceur qui le surprenait lui même.

- Merci, mais comment faire avec mes béquilles ? Demanda Anduin

Alors que les autres couples désignés se formèrent, c'est à dire Idill et Hamza, ainsi que Droite et Garanc. Muhan, elle, continua de rire toute seule. Elle se leva et s'écria :

- Ze n'ai pas fini mon ordre ! ze veut qu'à la fin de la danzze vous vous embrassiez pour vous remercier !

Tous se tournèrent vers la pandaren qui avait le regard perdu dans le vague et qui continuait à rire bêtement.

- C'est une blague ? Commenta Droite qui attrapa la main de Garanc.

Hamza et Idill ne pipaient pas un mot. Le guerrier se posta en tant que meneur de danse dans son couple vu la position qu'il adopta face à Hamza.

Seuls Irion et Anduin n'avait pas encore bouger. Le dragonnet prit le temps de réfléchir à la question posée par le prince. C'était certain qu'ils ne pouvaient pas danser avec une paire de béquille qui allait les entraver plus qu'autre chose.

- C'est moi qui serai vos béquilles, répondit-il soudainement, vous prendrez appuie sur moi autant qu'il le faudra. Je serais fort comme un rock !

Anduin écarquilla les yeux puis sourit.

- Je peux vraiment compter sur vous ?

- Mais qu'est ce que vous croyez ? Que je suis un monstre sans sentiment ?

Anduin rougit légèrement, puis pinça ses lèvres, comme s'il regrettait d'avoir dit sa phrase. Ses yeux rencontrèrent ceux d'Irion, l'observant en silence pendant quelques secondes qui parurent une éternité pour le dragonnet.

- Non, dit il. Vous n'êtes pas un monstre, mais avouez que je ne connais toujours pas votre vrai apparence... murmura t'il

- C'est vrai... répondit Irion. Dans ce cas, faisons un marché. Je vous montre qui je suis réellement si vous participez vraiment à notre étude sur l'amour, qu'en pensez vous ? 

Anduin fit une moue de désapprobation, ferma les yeux puis soupira avant de les rouvrir et d'accepter en hochant sa tête.

- Très bien ! Alors en piste votre altesse, ne faisons pas attendre les autres !

Il présenta son bras pour qu'Anduin puisse s'appuyer dessus. Il sentit tout le poids du jeune homme s'accrocher à lui. Et ils avancèrent doucement pendant que Tong s'affairait à mettre le gramophone en marche. Le pandaren attrapa une partition en papier pliée comme un accordéon, puis le glissa dans une fente de la machine qui l'avala en cliquetant bruyamment. Une mélodie en sortie brusquement.

- Une valse gilnéène !  s'exclama Bhohort.

Irion regarda Anduin qui se mit en place avec difficulté.

- Ça ira ? demanda t'il sincèrement.

Anduin cligna des yeux incertain de ce qu'il avait entendu.

- Bien sur, je connais toutes les danses pour épater ma cour, une valse gilnéène ne devrait pas me poser problème.

- Ce n'était pas à quoi je pensais... Vos jambes supporteront la danse ?

- Oui... Guidez moi correctement et tout se passera bien... A moins que vous ne connaissiez pas ?

- Allons... Vous me prenez pour un ignare ?

Anduin se mit à rire, et l'espace d'un instant, Irion se sentit bizarre. Il était bien. Il n'avait jamais éprouver une telle sensation. Était-ce la Lumière qui émanait du prince ? Ou bien autre chose ? Il n'eut pas le temps d'approfondir plus la question qu'Anduin demanda :

- Passez votre bras sous mon aisselle afin que je puisse appuyer ma main sur votre épaule.

Irion s'exécuta, bien qu'il savait pertinemment comment se placer pour ce genre de danse. Il glissa sa main gantée sous le bras d'Anduin qui se rapprocha de lui. Il se tendit quand il rencontra le bas du torse de son partenaire de danse. Anduin s'était soudainement déployé pour se tenir extrêmement droit. Son cou s'allongea et il inclina sa tête sur le coté.

- Qu'est ce que vous faîtes ? Demanda Irion

- Je suis peut être handicapé, mais je me dois de danser correctement cette valse, répondit Anduin. Je ne veux pas montrer la lourdeur de mon corps aux autres. Je ne peux pas me le permettre. Je suis le Prince Anduin Wrynn .

Irion resta bouche bée quelques secondes,

- Mais si nous nous mettons pas à danser maintenant, je risque de m'écrouler dans vos bras...

Le prince noir sourit alors, et se colla encore plus à Anduin. Il respira le doux parfum émanant du prince. Ils étaient dans une position qu'il n'avait justement pas envie de se trouver quelques minutes plutôt, pourtant à ce moment là pour rien au monde Irion aurait voulu un autre partenaire que celui qui était dans ses bras. Un long frisson se déploya dans tout son corps, comme un vague immense qui le prit par surprise. Son cœur se mit à battre violemment dans sa poitrine et ses joues se parèrent d'un rose discret. Il avait maintenant peur qu'Anduin s'en aperçoive.

Un couple passa soudainement à coté d'eux et il sentit un regard noir sur lui. Il tourna la tête et entrevit Hamza qui tournoyait avec Idill. Quelle ironie du sort. Tous deux étaient partenaires de danse, il allait surement se passer quelque chose de croustillant ce soir c'était sûr ! Il regarda ceux qui étaient restés assis et vis les yeux de Tarenn et Bhohort, suivant chaque pas qu'effectuer les deux jeunes hommes. Il se reconcentra sur Anduin qui l'attendait.

- Allons y... murmura t-il à son partenaire.

Il avança d'un pas et Anduin le suivit sans broncher. Droite et Garanc passèrent à leur tour à coté.

- Altesse, ça va aller ?

Le soldat se souciait plus du prince que de sa partenaire qui lui fit regretter amèrement ce manque d'attention par un coup de talon dans le tibia.

- Arrête de te préoccuper d'eux, le prince est entre de bonnes mains avec mon maitre... Concentre toi sur la musique !

Anduin se mit à rire discrètement, puis il tourna son visage vers Irion.

- J'ai l'impression d'être dans une arène où nous devons absolument gagner une coupe d'argent pour avoir bien danser, dit-il

- Ce n'est pas le cas ? répondit Irion espiègle

Le prince réfléchit quelques instants avant de répondre :

-  Nous avons des redoutables compétiteurs à coté de nous. Pour une raison qui m'échappe, Droite semble très à l'aise avec Garanc, et ma foi je suppose que Bhohort a appris à Idill comment danser la valse ...

- Droite est gilnéène...

- Ho !

- Mais ne révélez pas ce que je viens de dire, elle me tuerait...

- Je serais une vrai tombe. Mais tout de même je doute que nous gagnions...

- Cher prince, nous aurions gagné haut la main cette compétition, si vous n'étiez dans un tel état.

Irion le fit basculer sur la droite avec douceur, et l'embarqua dans un autre pas délicatement. Anduin ne grimaça même pas. Visiblement Irion était un bon meneur et de bonnes béquilles.

- Je suis impressionné par votre guidage, vous effectuez les pas sans aucune hésitation. Je n'aurai pas pensé cela de vous ? Un amateur de danse !

-  Et vous alors ?

- Oui... Vous m'avez démasqué. J'aime danser, énormément, mais avec l'accident de la Cloche Divine, j'ai bien peur de ne plus être qu'une poupée de chiffon plutôt qu'un meneur ...

Irion entendit la voix d'Anduin se dérober sur les derniers mots. Il était malheureux.

- Allons mon cher, rien n'est fait, et vous faîtes des progrès qui dépassent l'entendement. La Lumière vous accompagne.

Irion l'emmena sur la gauche sans aucune difficulté, mais le regard persistant de son partenaire le troubla quelque peu.

- Quelle parole digne et sage. Pourquoi n'êtes vous pas ainsi tout le temps ?

Le dragonnet se mit à rire à son tour.

- Allons, je ne serais plus digne de ma lignée si je pensais autrement voyons...

- Je vois... répondit Anduin avec une certaine tristesse dans sa voix.

- Accrochez vous nous allons tourner une dernière fois, susurra Irion.

Agrippé à l'épaule, la main gauche d'Anduin se tendit, tandis que l'autre posée dans la paume de celle d'Irion resserra son étreinte. Quand il fut prêt, Irion bascula vers la droite, emportant le corps fragile du prince et fit un tour complet sur eux même. La musique s'arrêta sur leurs derniers pas de danse. Le souffle chaud et saccadé d'Anduin caressa la joue d'Irion. Ils relevèrent ensemble les yeux et s'observèrent silencieusement. En plus de l'effort qu'il avait fourni pour supporter le poids du corps d Anduin, le cœur d'Irion  se mit à accélérer encore plus sans raison. Ils étaient si proche l'un de l'autre. Il fallait qu'il fasse quelque chose qui les marqueraient à vie. Il attrapa la main du prince, celle qu'il avait tenu tout le long de la danse, et la monta jusqu'à ses lèvres. Sans jamais quitter le regard bleu océan d'Anduin, il posa délicatement un baiser aux jointures courbées. Il entraperçut sur le visage de son partenaire de danse, une teinte rouge écarlate. Ses lèvres se dessellèrent de la main d'Anduin pour se suspendre juste au dessus. Irion admirait ce qu'elles avaient produit comme effet sur le prince. Quand soudain des cris de surprise retentirent dans la salle. A coté d'eux, Garanc avait fait une révérence à Droite accompagné d'un baise main beaucoup plus protocolaire. Mais ce n'était pas à eux qu'étaient destinés ces cris de surprise. Non c'était à l'autre couple.

Anduin ouvrit la bouche pour ne sortir aucun son. Irion alors tourna la tête dans la même direction que le prince, visiblement choqué et il comprit pourquoi. Hamza et Idill s'embrassaient sur la bouche d'une façon si érotique que les seuls mots qu'il put sortir à ce moment furent :

- Comme ceci est intéressant...


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