Chapitre 13
Idill observait le couple de loin. D'abord angoissé pour Hamza, il vit très rapidement qu'ils se rabibochèrent, jusqu'à ce qu'ils s'embrassent à pleine bouche. Il se mit à rougir en voyant la scène.
- A quoi tu penses ?
Bhohort grommelait pratiquement tous les mots qu'il sortait.
- Je me dis qu'ils ont enfin compris...
- Alors pourquoi tu es rouge écarlate en les regardant ?
- C'est... Non, mais voilà quoi je n'ai pas l'habitude de voir ce genre de chose !
- Et... Cela te fait de l'effet ? Demanda Bhohort tout en touchant son pantalon. Idill s'écarta vivement et cria sur le worgen :
- Non mais ça va pas !!
Le lupin se mit à rire, puis il se dirigea vers les tourtereaux. Idill lui emboita le pas toujours aussi rouge.
- Dites, on vous dérange pas ? Vous savez qu'il y a une auberge pas loin pour faire ce genre de chose ?
Hamza se retira de Tarenn, essuyant le surplus de salive qui était sur ses commissures. Il regarda Idill qui se sentit encore plus gêné. Bhohort continua :
- Archidruide, je vous signale qu'on est revenu de mission pour une bonne raison, et nous n'avons pas encore donné l'objet de notre quête...
- C'est vrai, ne faisons pas attendre notre prince.
Il se leva et invita d'une main, Hamza à se relever.
- Allons voir Anduin et lui donner notre présent, je suis sûr qu'il sera plus que ravi.
Tarenn s'élança dans le vide pour atterrir avec souplesse devant eux. Tandis qu'Hamza descendit avec prudence. Idill se précipita pour l'aider, mais il fut couper dans son élan par l'Archidruide qui récupéra son mari.
- Fais attention mon petit homme à ne pas te blesser.
Il lui caressa ses cheveux et Hamza lui sourit. Ils avancèrent sans se préoccuper du guerrier. Bhohort émit un ronflement d'énervement, puis les suivit sans rien dire. Idill était hébété. Il avait des réactions un peu trop disproportionné pour Hamza.
- Tu viens ? grommela Bhohort
Il jeta un coup d'œil sur le worgen, dont les yeux semblait soudainement triste.
- Oui... J'arrive.
Tarenn se dirigea vers ses sacs qu'il avait délaissé devant l'auberge et déballa une paire de béquille finement sculptées et doré à la feuille d'or. Hamza admira le travail.
- Je peux vous dire que le vioc nous a fait baver pour avoir ce bois pour les béquilles ! s'exclama Bhohort
- Elles sont dignes d'un prince en tout cas, répondit Hamza enthousiaste. Il va être ravi.
- Et heureux de se déplacer comme bon lui semble !
Idill approuva les dires de chacun, mais il n'était plus tout à fait présent. Il ne faisait que regarder Hamza. Pourquoi le prêtre était il devenu soudainement une obsession. Il était heureux que celui ci s'était rapproché de lui, devenir un ami sur qui comptait, mais maintenant le guerrier se trouvait bizarrement tenu à l'écart.
- Arrête de le reluquer ainsi... murmura Bhohort
Idill sursauta. Le worgen se trouvait à présent derrière lui. Il pouvait sentir le souffle froid dans son cou.
- Je ... Suis désolé, ce n'est pas ce que vous croyez. Je me fais juste du souci pour lui.
- Et en plus tu te cherches des excuses...
Idill ne répondit plus. Il baissa son regard, essayant de revenir à la raison. Que lui arrivait il ?
Tarenn et Hamza avancèrent vers l'auberge. Le prêtre s'arrêta subitement quand il s'aperçut qu'Idill et Bhohort étaient restés en arrière.
- Vous venez ?
Bhohort leva les yeux sur Hamza qui leur souriait. Idill se mit à rougir encore plus fort en le voyant ainsi.
- J'ai compris, susurra Bhohort, en fait il te plait...
Idill se retourna vers Bhohort qui le surplombait.
- Non, geint il. Non, il y a que vous qui me plaisait. Je n'ai pas d'autre regard sur qui que ce soit !
- Bizarrement j'en doute fort...
Les derniers mots brisèrent alors le cœur d'Idill. Le chevalier de la mort passa devant lui, puis rejoint Hamza qui attendait sur la terrasse de l'auberge. Tarenn s'était engouffré dans l'établissement.
- Idill ? Demanda le prêtre.
- Oui, je viens.
Il parcourut la distance qui les séparait en courant et à peine était il à la hauteur d'Hamza, que celui ci l'attrapa par le bras et murmura :
- Merci pour ton conseil, il a accepté ma demande, je ne suis plus effrayé. Mais maintenant c'est à toi de parler à Bhohort !
Idill encore une fois sentit ses joues devenir chaudes au contact d'Hamza, et son cœur se mit à le tirailler.
- Je... Je t'en prie, bégaya t-il, tu sais on est ami maintenant, alors je ferais tout pour que mon ami soit heureux.
Hamza sourit plus fort encore à ses mots.
- Allez viens ! Nous allons voir la réaction d'Anduin !
Idill se laissa entrainer par le bras. Chaque geste d'Hamza était en train de devenir sacré pour lui. Il voulait chérir chacun de ses instants passé en sa compagnie, même s'il avait peur du courroux du worgen qui pouvait tomber à tout moment.
Irion les regarda un par un, puis il s'arrêta sur Tarenn.
- Vous avez bien travaillé, mes agents n'auraient pas fait mieux.
Il arracha les béquilles des mains de l'Archidruide et les amenèrent jusqu'au prince Anduin. Il les tendit d'un air satisfait.
- Votre altesse, voici de quoi vous déplacez sans trop de difficulté. J'avais tout de suite pensé à faire quelque chose pour vous et vos déplacements. Acceptez ce présent de ma part.
Anduin eut un mouvement de recul au présentement du cadeau, puis il les attrapa et les admira de plus près.
- Merci, prince Irion, répondit Anduin avec prudence.
Idill était resté en arrière et observait la scène. Bhohort ronchonnait dans son coin, Tarenn avait l'air pincé par l'explication d'Irion, et Hamza recommençait à bouillir intérieurement. Le prêtre tortillait ses doigts pour se retenir, et Idill pouvait apercevoir quelques petites volutes d'ombre se dégageaient depuis son corps. Mais dès que Tarenn posa une main délicatement sur l'épaule du prêtre, celui ci arrêta, et les ombres disparurent. Hamza jeta un coup d'œil sur l'Archidruide et inspira bruyamment. Idill comprit rapidement pourquoi Hamza avait du mal à accepter cette amitié entre le prince Anduin et le prince Irion. Ce dernier était un opportuniste.
- Prince Anduin, il faudrait que vous les essayiez, vous ne croyez pas ? Dit Idill essayant de dissiper ce lourd climat dans la chambre royale.
- Vous avez raison Idill ! s'exclama Anduin.
- Laissez moi vous aider, cher prince Anduin, répliqua Irion.
Il fit le tour du lit, et s'approcha d'Anduin. Il écarta les draps qui laissèrent apparaitre les blessures du prince. Anduin se recroquevilla instantanément dans sa longue chemise de nuit.
- Votre altesse, N'ayez aucune honte devant nous, murmura Hamza qui s'approcha à son tour. Nous savons ce que vous avez enduré, et connaissons vos blessures maintenant. Laissez nous vous aider.
Anduin fit une moue, puis il hocha la tête et allongea ses jambes en dehors du lit.
- Bien, Allez y doucement, vous avez perdu de la force, il faut reprendre petit à petit vos repères pour la marche, informa Hamza. Idill vient m'aider s'il te plait.
Le guerrier sursauta à son nom. Il s'avança jusqu'au lit, ne sachant pas quoi faire, tout en évitant les regards de Tarenn et de Bhohort. Déjà qu'ils n'avaient trop apprécié qu'Hamza l'avait entrainé par le bras tout à l'heure...
- Prince Irion, décalez vous, laissez moi faire pour une fois... Dit Hamza d'un ton brusque.
Le jeune prince se mordit les lèvres par l'affront que lui faisait Hamza, mais il recula pour lui laisser la place.
- Idill vient près de nous, votre altesse vous allez d'abord vous relever en vous appuyant sur nous deux. Comme nous sommes à peu près de la même taille, vous n'aurez pas trop de difficulté. Accrochez vous à nous.
Anduin s'exécuta sans broncher. Idill sentit alors le poids de son altesse sur ses épaules. Il se pencha pour pas le gêner et se retrouva nez à nez avec Hamza,qui lui aussi avait basculé en avant. Il était aussi concentré pour faire au mieux. De sa place, Idill avait tout le loisir de l'admirer. Les cheveux blonds qui tombaient sur son visage lui donnait un petit coté sauvage plaisant, son regard déterminé, ses lèvres délicates et rosées avec parcimonie pour un homme. Soudain, les yeux du prêtre rencontrèrent ceux d'Idill. Il sourit alors tendrement à son ami.
- On va faire quelques pas ensemble comme on a l'habitude de faire, vous êtes prêt votre altesse ? Demanda Hamza
- Oui !
- Idill, tu es ok ? demanda Hamza.
Idill était perdu dans ses pensées. Il hoqueta quand Hamza lui redemanda une seconde fois s'il était prêt. Il secoua frénétiquement sa tête pour donner son accord.
Ils firent quelques pas ensemble, puis Hamza interpella le prince Irion qui avait les béquilles pour lui amener. Le jeune dragon avança et glissa chacune des béquilles sous les aisselles du prince Anduin. Alors qu'Irion était proche d'eux, Idill sentit l'odeur qu'émanait du jeune prince noir. Un mélange étrange de souffre et de sucré. Il vit aussi comment les deux jeunes gens se regardèrent. Anduin était légèrement empourpré, tandis qu'Irion avait un sourire narquois.
- Nous allons nous écartons, prince Anduin afin que vous puissiez bouger avec les béquilles, dit Hamza
- Oui, allez y, je vais essayer d'aller jusqu'à mon fauteuil.
- Très bien, c'est un objectif raisonnable, répondit Hamza.
Idill, Hamza et Irion s'écartèrent comme convenu, laissant un bras trainant au cas où le prince trébucherait. Mais Anduin, le regard sur son objectif, s'élança sans crainte. Il grimaça au premier pas qu'il posa, mais ne s'arrêtait pas pour autant.
Idill était sur le qui-vive, prêt à intervenir s'il le fallait. Hamza marcha à coté de lui, lui murmurant des encouragements à chaque pas de fait. Irion s'était placé à coté de son fauteuil, au taquet de le recevoir si besoin. Anduin accrocha son regard alors sur le prince noir qu'il l'attendait.
- Oui, c'est bien, votre altesse, susurra Irion, encore deux pas et vous serez à moi.
Anduin se mordit la lèvre inférieure pris par une douleur soudaine sur l'une de ses jambes.
- Votre altesse ! S'inquiéta Hamza.
- C'est bon, c'est juste un peu douloureux, mais je vais y arriver ! Répondit Anduin
Hamza le laissa faire sa manœuvre pour pouvoir s'assoir, puis quand il atteignit enfin son objectif, tous échappèrent des soupires de soulagement.
- Bravo votre altesse ! s'exclamèrent Tarenn et Hamza ensemble.
- Je savais que vous y arriveriez, dit Irion avec une certaine suffisance dans sa voix.
- Vous allez bientôt encore nous faire tourner en bourrique, répliqua Bhohort
- Non, je vous laisserai vous reposer Bhohort ! rit Anduin.
Tous se mirent à rire à la blague du chevalier de la mort, tous sauf Idill qui ne cessait de regarder Hamza. Son cœur battait à la chamade juste à entendre le rire du prêtre.
- Par Elune, murmura le guerrier, Bhohort avait raison, je suis en train de perdre la tête...
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