(Dick Grayson)

Sautant de toit en toit, j'essayais d'oublier cette image horrible de ces enfants enchaînés que j'avais vus plus tôt avec Jason dans les bas-fonds de la ville. Je n'arrivais pas à me faire à l'idée qu'il y'avait un tel trafic d'humains dans ma propre ville ! Ce monde commençait à me répugner et j'avais envie de rendre la justice, mais comment ? J'avais beau me débarrasser du mal qui rongeait Gotham, la criminalité ne baissait jamais d'un coup.

Je finis par me laisser tomber du haut d'un toit et après plusieurs pirouettes, j'atterris sur le sol sans le moindre bobo. Je me tenais près du square et j'étais seul. Là, je pouvais me vider l'esprit. Je contactai Bruce pour lui parler des récents événements. Il me demanda si je souhaitais qu'il vienne me chercher avec Jason, mais je lui répondis que ce n'était pas la peine et qu'on se débrouillerait. On avait nos motos après tout. Je soupirai puis me pris la tête entre les mains. S'il y'avait d'autres trafics d'esclaves, je devais y mettre fin. Mais maintenant que leur chef avait été arrêté, peut-être que tout ce réseau s'effondrerait. C'est ce que je souhaitais en tout cas.

Je m'apprêtai à m'en aller lorsqu'un éclair bleu fonça droit sur moi. Je plongeai sur le côté puis me relevai rapidement en dégainant mes armes. L'éclair bleu s'arrêta ensuite et j'aperçus alors un jeune homme en costume rouge. Un costume semblable à celui de Barry, le Flash de Central City. Sauf que l'homme qui se tenait devant moi n'était pas Flash. Celui-ci était roux et semblait sur-agité.

« Dick, enfin j'te retrouve ! s'écria ce dernier. Ça fait 362 fois que je fais le tour de Gotham à ta recherche figure-toi ! »

Il s'approcha de moi en souriant et je lui flanquai un coup de pied dans le ventre. Ses yeux s'écarquillèrent et il tomba sur le dos, en arrière.

« Qui es-tu ? Et comment connais-tu mon nom ? Et puis c'est quoi ce costume ? T'es un imposteur, c'est ça ? »

« Mais non, Dick, laisse-moi t'expliquer qui je... »

Il n'eut pas le temps de finir car je l'avais attrapé par le col pour le plaquer contre le mur. J'étais énervé car ce type portait un costume qui ressemblait à celui de mon meilleur ami défunt.

Son corps se mit tout d'un coup à vibrer et il réussit à s'écarter de ma personne. Il fonçait à une vitesse phénoménale. Mes yeux n'arrivaient même plus à le suivre. Il tournait autour de moi, ralentissant un peu.

« J'étais coincé dans une autre dimension mais j'me suis échappé ! »

« Mais de quoi tu parles ? » lâchais-je d'un air agacé tandis que je frappais dans le vide car il esquivait chacun de mes coups.

« Tu sais, le Pôle Nord, Lex Luthor... »

Je fronçai les sourcils et tourbillonnai sur moi-même, les bras armés et élancés. Mon arme finit par atteindre sa joue et je l'envoyai valser à deux mètres de moi. Il se releva doucement tout en se massant la joue.

« Aïe, j'oubliais à quel point tu étais très rapide. » me dit-il d'un air nostalgique.

Je commençais à m'énerver. S'il voulait jouer avec moi, j'allais lui montrer que je n'étais pas d'humeur pour cette soirée. J'attrapai mes bâtons et enclenchai la fonction taser. Mes armes crépitèrent sous l'électricité.

« Ça doit faire mal, ça... » lâcha-t-il en reculant.

« Oui, il parait que ça fait mal, lui répondis-je avec un sourire amusé. J'te laisse pas imaginer le visage que font tous ceux qui m'ont énervé. »

Je me tenais tout prêt de lui et arquai un sourcil en voyant qu'il n'essayait même pas de se défendre. Il finit par retirer son masque qu'il laissa retomber derrière son crâne. Je détaillai alors son visage carré parsemé de quelques tâches de rousseur, ses cheveux roux ébouriffés, ce sourire plein d'arrogance et surtout ses yeux verts clairs. Et sa façon de me regarder ainsi, un regard plein de bienveillance, me rappelait quelqu'un. Mon cœur fit un bond contre ma poitrine quand je compris à qui j'avais à faire. Je reculai, totalement déboussolé.

« Wally ? C'est toi ? Mais... tu es mort ! »

« Non, je ne l'étais pas, répondit-il avec un sourire. La force véloce m'a aspiré et j'me suis retrouvé dans une dimension où le temps et l'espace sont carrément différents d'ici ! J'y étais pendant moins de quatre heures et quand j'suis sorti, deux ans se sont écoulés... J'suis désolé, vieux, j'pensais pas être autant en retard, mais... »

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase car je venais de le prendre dans mes bras, complètement heureux de le retrouver. C'était un miracle ! Mon meilleur ami était revenu ! En chair et en os et je ne rêvais pas ! Je fondis en larme contre son épaule et il fit de même, heureux de me retrouver. Deux meilleurs amis qu'on avait essayé de séparer. Mais nous nous étions retrouvés.

Je me reculai de quelques pas et on se regarda tout en pleurant et en souriant bêtement. Puis je vins coller mon front contre le sien, passant ma main contre sa nuque et nous restâmes longuement ainsi.

« Heureux que tu sois de retour. » finis-je par dire.

« Qu'est-ce que j'ai raté en deux ans ? » répondit-il en ricanant.

Je m'écartai alors et croisai les bras contre la poitrine.

« Notre équipe a été dissoute. Je n'ai pas trop de nouvelles de la part de nos anciens coéquipiers.»

« Même de Superboy ? »

J'haussai les épaules, n'en sachant rien. Superboy, appelé aussi Conner Kent, était le clone de Superman, fait à partir de son ADN, ainsi que de celui de Lex Luthor. Il avait l'apparence d'un adolescent de seize ans même s'il était plus âgé mentalement. Il ressemblait beaucoup à Superman mais il était aussi plus arrogant et impulsif. Je n'avais plus de nouvelles de lui.

« Il y'a un nouveau Robin aussi. Un garçon charmant mais avec un sale caractère. » lâchais-je en souriant.

Wally me détaillait en souriant.

« Et pourquoi t'es mouillé ? »

« Oh, ça... J'ai fait un peu de trempette lors d'une patrouille. J'ai arrêté deux hommes avec mon nouveau coéquipier. Roy et Barbara étaient de la partie aussi. Il faut que tu les vois, ils seront heureux de te revoir ! »

Le roux éclatait de rire, surexcité à l'idée de revoir tous ses amis qui lui avait manqué depuis quatre heures seulement. Mais pour eux, ce serait bien plus dur puisque deux années s'étaient écoulées. Il finit par s'approcher de moi, toujours le sourire collé aux lèvres, et plaça une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Je me laissai faire, ne le quittant pas des yeux.

« En deux ans, tu as pas mal changé. » me dit-il tout près de mon visage.

« Contrairement à toi. Mais tu as toujours fait plus vieux. Tu as deux ans de plus que moi, j'te le rappelle. » répondis-je ensuite en pouffant de rire.

« Oui, mais pas mentalement ! » me répondit-il d'un air fier.

Je pouffai de rire puis il vint passer son bras autour de mon cou.

« C'est bon de te revoir en pleine forme. » lâchais-je d'un sourire.

« J'pète toujours la forme, mon vieux ! »

« C'est quoi ce bordel ?? » s'écria quelqu'un derrière nous.

Je sursautai en reconnaissant cette voix et j'me retournai. Jason se tenait devant nous, les bras croisés contre la poitrine et tapant du pied. Il dévisageait Wally avant de poser son regard sur moi.

« J'm'inquiétais pour toi, après c'qui s'est passé, et j'te retrouve finalement à faire la fête avec ce type... d'ailleurs, t'étais pas mort, toi ? » lâcha-t-il ensuite envers Wally avec un ton glacial que je n'appréciais pas du tout.

« Hey, ne parle pas à Wally comme ça ! Je le croyais mort mais ce n'était pas le cas ! Il compte énormément pour moi ! » m'écriais-je.

« Et moi, j'te voyais plus revenir ducon ! J'ai cru qu't'allais faire une connerie après l'horreur que t'as vu ! Y'a des gens à qui ça rend malade et suicidaire ! Alors, j'me suis fait du mouron pour toi... »

Wally ne comprenait plus ce qu'il se passait et je le laissai derrière moi pour me rapprocher de Jason. Je posai mes mains sur ses épaules mais il me repoussa en grognant. Je pouvais lire de la colère dans ses yeux sombres. Son état m'inquiétait soudainement.

« J'suis désolé, j'voulais pas t'inquiéter. Mais j'vais bien, j't'assure. »

« C'est bon, j'vois bien à quel point tu vas bien ! » lâcha-t-il en crachant presque. « Vas-y, amuse-toi avec ton pote ! J'rentre au manoir. »

« Attend, tu serais pas jaloux, là ? »

« De quoi ?? » s'écria le brun qui m'attrapa alors par le col.

« Calme-toi, Jay, ok ? On a eu une dure journée, j'voulais me retrouver seul pour faire un grand vide et c'est là que j'ai retrouvé un ami cher que je croyais mort. Jay, tu pensais vraiment que j'allais me suicider ? »

Le brun observa pendant un moment Wally avant de poser son regard sur ma personne et dit d'une voix basse et tremblante.

« Quand j'étais gamin et que j'me suis retrouvé enfermé et marqué, j'ai vu les autres gosses. J'ai vu ce qu'ils leur ont fait. Et j'ai su que j'allais subir le même sort. J'étais effrayé. Et pour m'en sortir, j'ai tenté d'me tuer en m'ouvrant les veines avec un bout de métal rouillé. Mais apparemment, ils souhaitaient me garder en vie et ils m'ont vite remis sur pied. A partir de là, j'ai eu comme un éclair de lucidité. Je me disais que je ne devais pas rester faible, que je devais rester au-dessus d'eux. Je devais me battre ! Sans jamais abandonner. La rage était ce qui me gardait en vie. Maintenant que j'suis libre, grâce à Bruce, tu m'as fait découvrir à quel point le monde pouvait être beau parfois. Et pour la première fois de ma vie, je ne déteste pas mon existence. Alors, fallait que j'te dise que j'tiens à toi parce que tu m'as sauvé, Dickie. Et j'te laisserais pas crever facilement. C'est stupide de penser ça puisque tu vas bien finalement mais tu m'connais maintenant, tu sais à quel point j'peux m'emporter pour un r... »

J'attrapai tout à coup son visage et l'embrassai passionnément, ne lui laissant même pas le temps de terminer sa phrase. J'avais réagi soudainement, sans trop comprendre, mais j'avais ressenti l'envie de l'embrasser, là, immédiatement. J'oubliais la présence de Wally, la présence du square et des immeubles de la ville. Il n'y avait plus que Jay et moi.

Je finis par arrêter et plongeai mon regard dans les yeux gris acier du brun. Son visage était rouge et je voyais qu'il ne savait pas quoi dire. Il était embarrassé et ses doigts tremblaient légèrement. J'attrapai ses mains que je réchauffai contre les miennes. Il se mit alors à sourire avant de venir poser ses lèvres contre les miennes, répondant à mon baiser. Il mordilla ma lèvre et je me mis à sourire, ne pouvant m'empêcher de trouver ce garçon extrêmement craquant. Puis timidement, ma langue vint rejoindre la sienne. Je vis son visage surpris rougir ensuite mais il continua, agrippant mon dos de ses bras et me serrant plus sauvagement contre lui. Pour un garçon âgé seulement de dix-huit ans, Jason faisait presque ma taille. J'étais sûr qu'en deux ou trois années, il allait me dépasser. Nos langues continuèrent à se caresser lorsque Wally se mit à toussoter, sûrement impatient qu'on arrête.

Je m'écartai de Jason, légèrement déçu d'arrêter, puis un malaise se créa dans notre groupe. Surtout pour Wally.

« Retournons voir Barbara et Roy. » finis-je par dire.

Je me dirigeai à l'endroit où je les avais laissé et Jason vint me rejoindre en me prenant la main. Je frissonnai à ce contact et mon cœur se rappela de la sensation agréable qu'avaient procuré ces échanges de baisers avec Jason. C'était la première fois que j'aimais un homme et les sentiments que j'avais pour le brun étaient si intenses, je n'avais jamais ressenti ça auparavant. Mais je l'aimais, j'étais fou amoureux de lui.

Nous arrivâmes enfin à destination. Wally nous suivait derrière et était devenu silencieux. Cependant, il retrouva rapidement le sourire en voyant la tête que firent Barbara et Roy en le revoyant. Ils sautèrent dans ses bras, tous les deux en larmes puis Wally leur raconta son histoire. La Force véloce qui l'avait aspiré, le monde étrange où il se trouvait, l'amélioration de ses pouvoirs devenus plus performants et puis ses retrouvailles avec Barry puis avec moi.

Il fut ensuite l'heure de rentrer chez soi. Roy avait confié son problème d'addiction à tout le monde et j'en fus plus que choqué de l'apprendre. Mais je fus vite fier de constater que Jason l'avait su bien avant nous tous et qu'il avait tout fait pour aider l'archer. Barbara décida d'accompagner Roy dans un centre de désintoxication. Elle fit un clin d'œil à Jason qui lui répondit ensuite en l'imitant et je me mis à arquer un sourcil, me demandant ce qu'il pouvait bien y avoir entre eux. Wally se rendit ensuite à Central City à grande vitesse en prétextant qu'il devait revoir sa famille, ce qui était compréhensible.

Jason et moi finîmes par rentrer au manoir, chacun sur notre moto. Nous ne fîmes aucun bruit une fois là-bas après avoir quitté la Batcave et nos costumes de justicier. On courrait à moitié à poil dans tout le manoir jusqu'à nos chambres. On pouffait de rire et on espérait sincèrement ne pas tomber sur Alfred ou sur Bruce. Nous voir habillés en simple boxer suffirait à leur faire se poser toutes sortes de questions. Nous entrâmes ensuite dans ma chambre et Jason referma la porte derrière nous.

« C'était moins une. » lâchais-je en riant.

Je croisai le regard du brun et suffoquai. Son regard était désireux, fiévreux. Lubrique.

« Jay ? »

Il me fit tomber sur le lit et vint se placer à califourchon sur moi. Il vint embrasser fougueusement mes lèvres puis s'attaqua à mon cou et mon torse. Je gémis de plaisir mais je me sentais surtout très mal à l'aise. Je pouvais sentir la chaleur de son corps contre le mien. Ses caresses étaient tendres, sa respiration était chaude et saccadée. Je fermai les yeux quand il me mordilla tendrement le cou. J'avais envie de me laisser aller. Cette facette de Jason, où il était si doux avec moi, me faisait pleinement craquer. D'ailleurs, en parlant de ça, mon boxer aussi allait vite craquer si je ne contrôlais pas mon corps... J'arrêtai doucement Jason en l'écartant.

« J'suis pas prêt pour ça, Jay, dis-je d'une voix apaisante. Laisse-moi du temps. »

« Ouais, pardon, désolé... » lâcha-t-il, soudain mal à l'aise lui aussi.

Nous restâmes longuement ainsi, à observer le sol et ne sachant pas quoi dire d'autre. Puis je vins m'allonger à nouveau et tirai le bras de Jason pour le ramener contre moi. Je rabattis ensuite la couverture sur nous deux et il se mit à sourire. Je voyais à quel point il était heureux et voir son visage si épanoui me comblait de bonheur. On ne l'avait jamais autant aimé auparavant et je pensai que Jason avait toujours été un garçon en gros manque d'affection. Et de l'affection, il en avait bien besoin. J'embrassai tendrement son front puis il se serra un peu plus contre moi et s'endormit rapidement contre mon épaule. J'avais entouré son corps de mon bras et ma tête reposait près de la sienne.

« Je t'aime, Jason » murmurais-je à ce dernier avant que mes paupières ne se ferment toutes seules.

Je l'aimais et je ferais tout et n'importe quoi pour lui. 

Cependant, je ne pouvais pas prévoir ce qui allait lui arriver par la suite, dans moins d'un an...

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Chapitre terminé ! C'était les grandes retrouvailles avec Wally et Dick, mais il s'est passé pleins d'autres choses entre-temps :C

Comment sera la suite ? Je vous invite à lire le chapitre suivant ;)