Chapitre 16

(Jason Todd)

Cela faisait maintenant plus d'une heure que nous parcourons ce long tunnel interminable. La trappe que j'avais découverte plus tôt nous avait menés dans un passage secret qui ne figurait sur aucune carte. Tout le monde était donc sur ses gardes et j'ouvrais la marche, continuant de regarder droit devant moi et de ne rien rater.

« Il y'a des passages secrets dans tout Gotham, finit par dire Dick. Il faut que j'en informe Batman une fois rentré. »

Je continuais de marcher tout droit sans quitter des yeux le faisceau lumineux de ma lampe torche. Barbara vint ensuite me rejoindre.

« Tu as l'air ailleurs. » me dit-elle.

« J'suis juste pressé de retrouver ces salopards d'esclavagistes et de leur régler leur compte ! »

« Oui, je peux comprendre, dit-elle en baissant les yeux. Jason ? »

Elle attrapa ma main et la serra doucement contre la sienne, si petite et si douce. Je fronçai les sourcils et croisai ensuite son regard.

« Je ne sais pas grand-chose sur toi, mais tu m'as montré ta marque sur ton épaule. Tu m'as montré que tu me faisais confiance. Je voulais que tu saches que cette fois-ci, tu n'es plus tout seul dans ton combat. Tu as Roy, tu as Bruce, tu m'as aussi. Et tu as Dick. »

Je me mordis la lèvre, touché par ses mots. Et j'me sentais aussi minable d'être touché par de simples mots. Moi qui avais toujours été seul depuis toute mon existence, j'avais maintenant une famille et des amis. J'avais l'impression d'être dans un rêve. Si c'était le cas, je souhaitais ne plus jamais me réveiller. Et maintenant que je les avais avec moi, je ferais tout pour les protéger. C'était peut-être ça, le sens de mon existence ?

Je lui rendis son sourire et nous continuâmes de marcher, lâchant ensuite sa main pour attraper un batarang car j'avais aperçus du mouvement. Tout d'un coup, la pièce où nous nous trouvâmes s'illumina. Je fus aveuglé par tant de lumière, mes yeux s'étaient trop habitués aux ténèbres. Je finis par ouvrir les paupières et remis mon masque de Robin.

Il y'avait plusieurs spots et néons lumineux au plafond. Nous étions dans une pièce bien plus grande qu'un simple tunnel. Avions-nous atteint le bout ? Il y'avait plusieurs cellules à notre gauche et à notre droite et chacune ne contenait non des gosses mais des crocodiles immenses ! Et les cages s'ouvrirent...

« On reste groupé !! » s'écria Dick qui avait ses bâtons de combat dans chaque main.

Roy attrapa son arc et Barbara serra les poings. Là maintenant, j'aurais tellement souhaité avoir un fusil à pompe... Peut-être que je devrais en toucher un mot à Bruce mais je connaissais déjà sa réponse...

C'est alors que je les vis. Eux deux. Ces deux pourritures. Il y'avait le roi des égouts mais également ce cher Peter de mes deux à ses côtés.

J'hurlai de rage et courai droit sur eux, ne prêtant même plus attention aux créatures qui fonçaient droit sur moi. J'entendis Dick hurler mon nom mais je ne pris pas la peine de me retourner. Je sautai sur la queue d'un croco, esquivai la mâchoire d'un autre, je bondis sur le dos du prochain. Je les évitais avec une facilité déconcertante et me dirigeai droit vers Peter qui me regardait avec mépris. Il finit par sourire étrangement et tout d'un coup, le sol se déroba sous mes pieds.

Je tombai alors dans une grande cuve d'eau et je n'étais pas seul dans ma chute puisque Dick qui m'avait sûrement suivi tomba lui aussi dans l'eau. Le plafond se referma ensuite au-dessus de nos têtes et le niveau du bassin commença à monter. Je croisai le regard apeuré de Dick puis je pris une grande inspiration et je plongeai.

Heureusement, nous n'étions pas complètement dans le noir. Il y'avait de la lumière quelque part. Je ne vis aucun crocodile, pour le plus grand bonheur de mon cul qui ne souhaitait pas se faire manger, puis je m'approchai vers les plateformes qui nous enfermaient. C'était du verre, ça pouvait sûrement se briser.

Je donnai plusieurs coups de poing dessus mais mes mouvements étaient trop lents dans l'eau. J'avais l'impression d'être devenu plus lourd qu'avant. J'attrapai ensuite un batarang et répétai plusieurs fois mes coups. La vitre se fissura soudainement mais depuis, il ne se passa plus rien alors que le temps pressait. Je commençais à me fatiguer et à manquer d'air. Le niveau de l'eau avait rempli toute la cuve. Quelques bulles d'air s'échappèrent de mes lèvres et ma vue commença à se troubler. Je sentis alors une main se poser contre la mienne et j'aperçus Dick m'aider à répéter mes coups pour briser la vitre. Il s'approcha ensuite de ma personne et colla ses lèvres contre les miennes. Je fus très surpris par ce baiser soudain mais je finis pas fermer les yeux. Cette sensation était agréable et mon cœur se mit à tambouriner plus fort contre ma poitrine. Puis je compris que Dick ne me donnait que le reste d'air qu'il avait gardé. Je ne devais pas le gaspiller pour rien. Nous reprîmes nos coups et la vitre se brisa enfin au quatrième coup de poing.

Nous fûmes pris dans une géante cascade avant de glisser sur le sol parmi des éclats de verre et des flaques d'eau. Je toussotai tout comme Dick puis nous nous regardâmes longuement avant de nous mettre à sourire et de nous relever.

« Pfiiiou, c'était moins une. » lâchais-je.

« Tu l'as dit... » répondit Dick en reprenant doucement son souffle.

J'attrapai ma lampe torche qui avait roulé par terre et la rangeai dans ma ceinture. Nous nous trouvions dans un long corridor faiblement éclairé par des néons qui clignotaient. Il y'avait des cellules tout autour.

« On les a retrouvé, Dick... » lâchais-je d'une voix plus grave.

Nightwing me rejoignit et ouvrit la bouche mais sans dire un mot tant il était choqué par le spectacle qu'il voyait. Il y'avait plusieurs enfants nus, serrés les uns contre les autres dans chaque cellule. Ils avaient le regard vide comme si leur vie les avait quittés. Ils étaient maigres, leurs joues étaient creuses et ils tremblaient tous comme des feuilles. Beaucoup d'entre eux étaient très jeunes. Il y'avait même des gamins de sept ans ! Dick ne put s'empêcher de fondre en larme en voyant une telle atrocité. Il finit par m'observer et je me mordis la lèvre.

« Alors... Toi aussi, tu as subi ça ? » lâcha-t-il en essuyant son visage.

« Eux ont la chance d'avoir de la bonne compagnie au moins. » répondis-je en fuyant son regard.

« C'est atroce... Faut les libérer ! »

Dick fonça rapidement sur la première cellule et donna plusieurs coups sur le cadenas avec son bâton de combat. Le cadenas finit par tomber et le brun ouvrit la porte. Il fit de même avec toutes les autres cellules avant de me rejoindre à nouveau.

« Allez tout le monde, vous êtes libres maintenant ! On ne vous fera aucun mal. » dit-il ensuite d'une voix rassurante à l'intention des enfants.

« Dick... »

« Allez, venez, n'ayez plus peur ! »

« Dickie... » répétais-je.

« Pourquoi ils ne viennent pas ? »

Je posai une main sur son épaule et plongeai mon regard dans ses yeux bleus.

« On les torture pour les rendre dociles, tu ne pourras pas les changer. Ils sont bons pour obéir aux ordres. On les a conditionné ainsi, tu ne peux plus rien faire pour eux. Ce sont des esclaves, des vrais. » lâchais-je en finissant par baisser les yeux.

Dick s'effondra sur les genoux et se prit la tête entre les mains. Je décidai de parcourir tout le corridor jusqu'au bout, et sans prendre la peine de regarder ces gosses misérables dans leur cellule. J'essayais de contrôler toute la rage que je ressentais bouillir à l'intérieur de moi.

Je finis par trouver un levier et je l'actionnai. Le mur se mit à coulisser avant de disparaître. Il dissimulait des escaliers en colimaçon qui montait à un étage supérieur. Peut-être pourrais-je retrouver ces salauds là-haut ? Je décidai de monter puis me tournai pour observer Dick. Celui-ci se dirigeait vers moi d'un air sombre et me suivit. Il me dit qu'il contactera la police pour s'occuper de ces enfants. Selon lui, il y'avait toujours un espoir pour les sauver, un peu comme pour moi. J'avais envie d'y croire.

Nous montâmes et nous nous retrouvâmes ensuite dans la pièce de tout à l'heure. Barbara et Roy étaient encerclés par les crocodiles mais continuaient de se battre avec acharnement sans tuer les créatures.

J'aperçus alors mon tortionnaire et fonçai droit sur lui. Il sortit alors un flingue de sa chemise et le braqua contre moi. Je m'arrêtai, sentant alors mon cœur faire un looping dans ma poitrine. Mais Dick envoya rapidement son bâton contre l'arme et Peter le fit tomber. Je profitai de cet instant de répit pour lui administrer un violent coup de pied dans les côtes et le fis tomber sur le dos. Je me jetai ensuite sur lui et le frappai plusieurs fois au visage, lui brisant les dents et le nez. Pendant ce temps, Dick n'eut aucun mal à arrêter le roi des égouts qui n'était pas très fort au combat.

« Alors, Peter ? m'écriais-je face à mon tortionnaire qui avait le visage atrocement défiguré. Ça fait quoi de se sentir à ma place cette fois-ci ? »

« Ah, c'est toi, le gamin insupportable ? Je me rappelle de ta sale gueule maintenant... »

« Celui qui a une sale gueule, c'est plutôt toi, j'te ferais dire ! »

J'attrapai son flingue et le collai dans sa bouche. Je le forçais à avaler le canon et à ne pas gigoter à moins qu'il ne souhaitait que je lui fasse sauter sa cervelle une bonne fois pour toute. J'avais une immense envie de le faire. C'était simple. J'avais juste à appuyer sur la gâchette.

« Alors, dis-moi, c'était comment de me torturer ? De me battre comme un chien et d'me baiser comme ta salope ? Tu prenais ton pieds, hein ? Ben crois-moi, mais en ce moment, j'm'éclate tu vois ? »

« Jay, ne fais pas ça !! » s'écria Dick.

Je me retournai et observai ce dernier qui venait d'assommer le roi des égouts avec son bâton. Il me regardait avec inquiétude et tristesse.

Je me retournai de nouveau vers Peter. Ce dernier était paniqué et avait même pissé dans son froc. Je serrai les dents, ressentant une énorme envie de l'abattre, là, tout de suite.

« Fait chier !» finis-je par dire.

J'assommai Peter en lui donnant un coup sur la tête puis je balançai le pistolet un peu plus loin. Je me relevai ensuite et m'éloignai. Dick vint courir vers moi et me prit soudainement dans ses bras. Son geste me surprit et j'enfouis mon visage dans ses bras et me mis à pleurer. Je ne savais même pas pourquoi je pleurais. J'avais l'impression de ne plus avoir un poids lourd sur les épaules. J'avais l'impression d'être libre et de tourner une grande page de ma vie. Je passai mes bras sur son dos et il me serra un peu plus contre moi.

Pendant ce temps, Barbara et Roy s'étaient occupés du reste des reptiles. Ils nous avaient ensuite rejoint mais avaient préféré nous laisser tous les deux. Je finis par m'écarter de Dick et essuyai mon visage à l'aide de ma cape.

« Je suis fier de toi, me dit-il. Fier de l'homme que tu es devenu. Et je suis sûr que Bruce le serait aussi. »

J'avais comme une boule dans la gorge. Je ravalai ma salive puis posai mon regard dans le sien et le remerciai.

Barbara avait attaché les deux hommes et Dick en attrapa un sur les épaules. Roy fit de même avec le deuxième. Puis nous quittâmes les souterrains de Gotham. Une fois à l'extérieur, j'inspirai une grande bouffée d'air frais. C'était bien mieux que l'odeur des égouts...

Barbara avait appelé son père qui travaillait dans la police. L'homme nous attendait donc. C'était James Gordon, le commissaire de police. Il portait un chapeau beige assorti à son long manteau de la même couleur. Il avait aussi une épaisse moustache rousse ainsi que des lunettes carrées. Il salua sa fille puis donna l'ordre à ses hommes d'embarquer les deux esclavagistes puis à d'autres d'aller fouiller les souterrains pour faire sortir les enfants et s'occuper des crocodiles également.

Je m'approchai de Dick et de Roy.

« Je pense rester quelques temps à Gotham. » dit le roux en relevant ses cheveux vers l'arrière.

« Chouette idée. » répondis-je d'un sourire.

« J'ai besoin d'être seul pour un moment, lâcha ensuite Dick d'un air sombre. Je reviens vite. »

Je le regardai s'éloigner et rejoindre rapidement les toits des bâtiments. Je me doutais que la vision des gosses esclaves l'avait totalement chamboulé. Je préférais le laisser seul, c'est ce qu'il souhaitait après tout.

Roy se laissa tomber sur le sol et je me précipitai pour l'aider à se relever.

« T'es en manque. » lâchais-je simplement.

« Je sais... »

« Faut qu'on t'amène dans un centre, mec. Y'a que là-bas où tu pourras t'en sortir. »

« Te fais pas d'bile pour moi, mon pote ! J'vais m'en sortir. J'suis un vrai dur à cuir ! »

« Oooh mais j'te crois ! »

Je laissai Roy se reposer contre un mur. Puis, je rejoignis Barbara et nous nous éloignons des flics.

« Ça ne lui fait rien à ton père de te voir en Batgirl ? » finis-je par demander.

« Au début, il se faisait un sang d'encre, me répondit-elle avec le sourire. Je crois qu'il s'inquiète trop. »

« C'est ton père, c'est normal. Passe du temps avec lui et ne soit pas trop dure. »

« Tiens tiens ? Tu me donnes des conseils maintenant ? »

Je pouffai de rire avant de me poster devant elle.

« Ton daron à l'air gentil. S'il s'inquiète, c'est parce qu'il veut te protéger. Te savoir à combattre des criminels sous ce costume lui file les jetons. Mais il te fait confiance, c'est déjà le principal. Et il doit être fier de toi. Continue de le rendre fier. T'es sur la bonne voie, princesse ! »

Elle se mit à pouffer de rire à son tour avant de retirer son masque. Je pus admirer toute la beauté de son visage et ses cheveux flamboyants retombaient en cascade sur ses épaules.

« Batgirl te remercie, Robin ! » lâcha-t-elle.

Je ricanai.

« J'aurais souhaité avoir un père qui puisse être fier de moi. » finis-je par dire en croisant les bras, le regard assez vague pendant une once de seconde.

« Tu en as un autre qui l'es, lui, j'en suis sûre. »

« Attends, tu parles de Bruce là ? »

« Oui, de qui d'autre sinon ? »

« Bruce n'est pas mon père. » dis-je catégoriquement.

« C'est pourtant lui qui t'a tiré de là. Et il ne te voit pas comme un esclave, ai-je tort ? »

Je soupirai avant de regarder ailleurs. Elle avait sans doute raison. C'était moi le problème, qui me braquait tout le temps.

« Bon, il fout quoi Dick ? » lâchais-je à la fin, m'inquiétant pour ce dernier.

« Laisse-lui du temps. Il finira par revenir. Vous deux, vous avez bien besoin de parler. »

J'arquai un sourcil avant de me tourner de nouveau vers elle, intrigué.

« Parler de quoi ? »

« Oh, tu sais très bien, Jason ! C'est le moment de lui avouer tes sentiments. »

J'avalai ma salive avant de retirer mon masque et de plonger mes yeux dans les siens, d'un vert émeraude. J'avais l'impression de trouver une forêt immense et sauvage à l'intérieur de ses prunelles.

« J'pense pas qu'ce soit réciproque. J'veux pas gâcher ce qu'il y'a déjà entre nous. Et puis... j'y connais que dalle en amour ! »

« Il y'a toujours un début à tout, Jason. Ça l'a été pour moi aussi. »

« Vous étiez amoureux depuis quand vous deux ? »

« Quand il était encore Robin et qu'on avait des missions ensemble, parfois avec Batman. Y'avait un truc entre nous, quelque chose d'indescriptible. Et puis, c'est arrivé. Mais Dick et toi, c'est différent. Il y'a vraiment une alchimie entre vous. C'était comme si vous étiez nés l'un pour l'autre ! »

« Pfff, n'importe quoi ! Vaut mieux arrêter tes romans à l'eau de rose, ma jolie ! »

« Jason, écoute-moi... »

Elle se rapprocha de moi et posa sa paume contre mon cœur. J'avalai de nouveau ma salive.

« Il ne faut pas ignorer ses sentiments. Sinon, ça va te faire mal. Très mal. Et tu vas vivre dans des regrets que tu n'arriveras pas à oublier... »

« Ça sent le vécu c'que tu m'racontes là. » lâchais-je.

« Peut-être bien. » me répondit-elle en s'écartant ensuite.

« Tu es toujours amoureuse de Dick ? »

« Quoi ? Naaan, lâcha-t-elle en riant. C'est fini, lui et moi. Je me concentre sur mon travail, c'est tout ce qui compte maintenant. »

Je lui fis une tape amicale sur l'épaule puis nous avons rejoint Roy qui somnolait presque. Dick n'était toujours pas revenu.

« Je devrais peut-être aller le chercher. » finis-je par dire en fronçant les sourcils.

Dick m'inquiétait.

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Chapitre terminé, en espérant qu'il vous ait plu ! :)

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