- Chapitre 8 -

Putain.

Nous venions d'arriver dans un des seuls endroits que je détestais. J'aurais même payé pour ne pas y aller. Mais, bien sûr, j'étais obligé de me trouver ici pour aller voir mon grand-père.

Il était dans cette maison de retraite depuis un an et demi. Dès le décès de ma grand-mère, il ne pouvait plus se débrouiller tout seul. En plus, mon grand-père commençait à avoir du mal à se souvenir de certaines choses.

Nous descendîmes de la voiture et pénétrâmes dans cet hôtel pour personnes âgées sans couleur et vide. Pour un endroit censé être « accueillant », c'était foiré. Quand je serais vieux, je ne viendrai jamais dans un lieu comme celui-ci !

« Bonjour, nous interpella une infirmière. C'est pour ?

- Barnabé PEMLER, répondit mon père en regardant autour de lui, pour vérifier si Papy n'était pas dans les environs.

- Il est dans sa chambre. », nous informa-t-elle, avant de retourner à ses dossiers.

Mes parents et Jérémie remercièrent l'infirmière, puis partirent voir mon grand-père. Je les suivis, à contrecœur, et m'engouffrai dans la même pièce qu'eux. Papy était là, assis sur son fauteuil, ses lunettes sur son grand nez, en train de lire son journal. Il répétait cette habitude tout le temps. Il ne se souvenait jamais qu'il l'avait déjà lu, donc il recommençait. Encore et encore, jour après jour.

« Oh, bonjour fiston, articula mon grand-père.

- Bonjour, Papa. »

Pendant que tous se parlaient, moi, je restais dans mon coin, près de la porte, avec l'idée de sortir rapidement d'ici.

« Tiens ? Où est Adrien ? », les interrogea Papy, en me cherchant de vue.

Je soupirai. Voilà enfin la question fatidique.

« Je suis là, dis-je d'une voix neutre, tout en m'avançant vers lui.

- Ah non, jeune homme. Vous devez vous tromper ! Mon cher Adrien est différent de vous : il est plus petit et plu-

- Non Papy, c'est bien moi. », le coupai-je, fatigué.

Profitant de la confusion de mon grand-père, que mes parents tentaient d'éclaircir, je sortis de la chambre à toute allure, ignorant les appels de ma mère qui m'ordonnait de revenir. Je n'aimais pas cet endroit. Mais vraiment pas.

« Adrien ! Attends-moi ! »

Et pour pimenter un peu le tout, Jérémie s'était dévoué pour « surmonter » ça avec moi. Pitié. On n'était pas dans un de ces films pour fillettes qu'il adorait regarder !

J'accélérai et fus dehors en un rien de temps. Tel un ninja ! Pourtant, mon petit-frère était encore derrière moi. J'étais un ninja de merde, bon à jeter aux ordures.

Je tournai à droite espérant pouvoir le semer, mais me stoppai pendant une milli seconde, le temps que l'info monte au cerveau, et, comme un abruti de première classe, je me planquai derrière un mur pour me cacher. Le retour du ninja.

« Adrien ! Tu ne pouvais p- »

Je mis ma main sur la bouche de mon frère pour le faire taire. Il ne pouvait pas prendre un mégaphone, juste pour qu'elle l'entende encore plus ?!

« Adklnvlijfpjv... S'ildlfkcvkjcvk te plaînlnkxfjnkdf..., essaya d'articuler Jérémie, entre mes doigts, alors qu'il se débattait comme un petit chaton.

- Tout doux, Jérémie ! lui lançai-je en enlevant ma main de son visage.

- Comment ça, « tout doux » ?! J'ai failli mourir, espèce d'abruti !

- Mais tais-toi ! Tu vois la fille sur le banc ?

- Celle qui lit un gros bouquin avec des lunettes ? me demanda-t-il, son regard suivant la direction de mon index.

- Oui. Il ne faut surtout pas qu'elle me voie !

- Pourquoi ? Elle s'appelle comment ?

- Parce que. Et elle s'appelle Manon TYLA. »

Je ne voulais pas la voir, parce qu'elle me détestait, ce que je comprenais parfaitement. Je n'avais pas envie de la faire chier.

Je me retournai pour dire à Jérémie qu'on se barrait, mais il avait disparu. Je le cherchais des yeux et le vis courir vers Manon, qui lisait encore. Lui, c'était un vrai ninja. Un ninja mort, mais un vrai ninja. Quoique, je n'étais pas obligé de le tuer. Après tout, on ne se ressemblait pas du tout. Comment pourrait-elle faire le rapprochement ?

Sauf s'il lui déballait que j'étais son grand-frère, planqué, en train de l'observer... Avec un peu de chance, ça n'arrivera pas.

« Adrien, tu viens ? », cria mon frère, soudainement apparu devant moi.

J'avais vraiment un instinct de merde.

« Qu'est-ce que tu lui as dit ?

- Juste que tu voulais la saluer. Allez, viens ! Ne jamais faire attendre une fille, c'est la base ! »

Et il m'entraîna hors de ma cachette avec sa force de fourmi. En même temps, je le laissais faire. On allait peut-être partir sur de nouvelles bases, elle et moi.

Je vis que Manon me reluquait discrètement de la tête aux pieds, lorsque mon frère et moi avancions vers elle. Je ne savais pas qu'elle était du genre pervers.

« Salut.

- Bonjour, répondit-elle en me regardant dans les yeux, ce qui me mit mal à l'aise.

- Tu vois ? On est frères de sang ! », s'exclama-t-il en prenant mon bras.

Une de ses sales manies qui me saoulait : préciser qu'on était de la même famille. Parce que ma mère était d'origine coréenne et qu'elle en avait le physique, comme Jérémie, tandis que moi et Papa avions des traits européens. Un truc que je pensais inutile de clamer haut et fort. Surtout qu'à chaque fois qu'on le disait, les gens s'imaginaient un scénario débile, comme quoi moi ou Jérémie avions été adoptés et puis blablabla...

« Oui, je vois ça ! s'enthousiasma-t-elle aussitôt.

- N'est-ce pas ? Bon, je vais rejoindre nos parents. Au revoir, Manon ! », hurla mon frère, qui courait vers la porte d'entrée.

Un silence s'installa entre nous.

« Tu veux t'asseoir ou continuer à me fixer ? se moqua gentiment Manon.

- Ah, euh, oui ! »

Abruti ! Pourquoi je bafouillais comme un con ?! J'avais l'air débile, maintenant. Foutu Jérémie ! Avoir pris la poudre d'escampette lui vaudra la vie !

Je m'assis à côté d'elle et observai son roman pour faire style « cool Raoul ! », alors que c'était faux.

« C'est quoi, ton livre ?

- Le premier tome de La Passe Miroir.

- Pourquoi tu es ici ?

- J'accompagnais ma mère faire une course, mais on s'est arrêtées pour qu'elle aille rendre visite à une amie. Et toi ?

- On est allé voir mon grand-père.

- Ah. »

Le malaise revint et je ne savais pas de quoi parler pour relancer la conversation. On regardait tous les deux le ciel avec ses nuages gigantesques. En même temps, on n'était pas obligés de se parler. Le silence suffisait.

Finalement, je décidai - parce que seuls les idiots ne changaient pas d'avis - de continuer :

« Pourquoi tu me détaillais, tout à l'heure ? repris-je.

- Je voulais voir si tu étais en « bon état ». Tu sais, à propos de ton secret défense, là. »

Je savais que ce n'était pas une perverse.

« Et pourquoi t'as menti à mon frère ? Ça ne se voit pas qu'on est de la même famille.

- Bah si, ça se voit au premier coup d'œil. En tout cas, moi, je l'ai remarqué. J'ai un exemple : en Angleterre, il y a des jumelles dont une est Noire et l'autre Blanche. Dis comme ça, on pourrait penser qu'elles n'ont aucun point commun physiquement, mais, de visages, on le voit bien qu'elles sont jumelles. Toi et ton frère, c'est pareil ! C'est la première fois que quelqu'un réagit de cette manière avec vous, sur ce sujet ? »

Wow ! C'est qu'elle était vachement perspicace.

« T'as raison. C'est la toute première fois qu'on ne nous sortait pas une histoire d'adoption.

- Moi, j'aimerais bien avoir une autre origine. Être anglaise ou allemande m'aurait beaucoup servie en cours de langue ! rit-elle de bon cœur. D'ailleurs, en parlant de cours, tu vas dans quel lycée ?

- Ah, je vais au lycée St Jacques.

- Tiens, moi aussi. »

Si ce n'était pas le destin, je ne comprenais plus rien ! Déjà, nous avions été voisins de classe ; elle avait découvert mon secret ; nous nous étions rencontrés, comme par hasard, ici ; et, maintenant, nous allions dans le même lycée ?! Non, mais c'étaient quoi ces coïncidences ? Une personne écrivait une comédie romantique entre nous deux, ou quoi ?

« Manon, on s'en va ! apostropha une grande femme fine, habillée d'un petit tailleur, qui avait un côté strict.

- J'arrive ! Au revoir, Adrien. On se voit à la rentrée. », chantonna Manon avant de s'en aller, tranquillement, vers la femme.

Je savais pourtant qu'elle ne m'appréciait pas du tout et je ne devais pas me faire de faux espoirs, mais... Ses paroles et son attitude étaient très convaincantes. Elle devrait faire du théâtre, parce qu'elle jouait très bien la comédie.

•••

« Mais c'est qui pour toi, alors ?

- Une amie, rien de plus. », ripostai-je une nouvelle fois des propos de mon frangin.

Cet abruti s'était mis en tête que j'éprouvais un amour envers Manon. Oui, j'avais émis comme hypothèse qu'une personne s'amusait à écrire une comédie romantique entre nous... Mais c'était une blague ! Encore, j'avais eu l'intelligence de ne pas lui en avoir parlé. Je n'osai même pas imaginer sa réaction !

« Et alors ? Avant l'amour vient l'amitié !

- On ne se connaît que depuis deux mois, voire moins.

- Ouais, mais il y a le coup de foudre !

- Ça n'existe pas, le coup de foudre. C'est juste quand tes hormones s'agitent dès que tu aperçois quelqu'un de « beau ». On ne peut pas être éperdument amoureux d'une personne sans la connaître réellement.

- Rah, mais laisse la science de côté ! En plus, si tu ne l'aimes pas, cette fille, pourquoi tu l'épiais, hein ?

- Je sais pas ! Tu m'énerves avec tes questions de romantique à deux balles ! Allez, laisse-moi TOUT SEUL. »

Il se tut et sortit de ma chambre. Enfin ! Du silence !

Je sautai sur mon lit et regardai le plafond. Moi ? Amoureux ? N'importe quoi ! Il me faudra des années avant de retomber amoureux de quelqu'un. Je ne referais plus la même erreur. Jamais.

En tout cas, j'avais hâte d'être à la rentrée.

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Yoooooo !

Le chapitre 8 sur vos écrans avec une semaine de retard.
Désolée. ( ^ ^ )"

Sachez que ce chapitre-là et le prochain sont un peu plus courts que les précédents, je ne sais pas pourquoi.

Aussi, je me répète, mais donnez-moi votre avis sur les chapitres car je commence à penser que mon histoire se part en cacahuètes (je ne sais pas pourquoi).

D'ailleurs, n'avez-vous pas remarqué le petit clin d'œil qui était dans le chapitre 5 ? Celui qui trouve, je lui donne un indice sur le prochain chapitre. ;)

Allez ! À bientôt pour le prochain chapitre !

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