- Chapitre 38 -

Ma marche était rapide, saccadée et anxieuse. Mes mains moites se frottant l'une contre l'autre - preuve que je stressais -, je les fourrai dans mes poches de sweat, ce qui était devenu une habitude pour moi, désormais. J'essayai de me calmer un minimum. Mais l'odeur légendaire d'œuf pourri émanait autour de moi, comme une malédiction que m'aurait jetée un vilain sorcier maléfique, malheureux de sa propre puanteur.

Je mettrais ça sur la faute de la chaleur de juin, lorsque je serais devant elle.

Hier - vendredi -, Manon était sortie de l'hôpital, comme elle l'avait annoncé à son amie au téléphone, la fois où je lui rendais visite. C'était grâce à une discussion entre cette dernière et Louise que je savais su ceci, alors que je me rendais au petit coin. Ces filles semblaient tellement heureuses pour la première fois depuis des jours, quand elles se proposaient d'aller la voir, que je n'avais pu ôter ma figure d'un petit sourire discret.

Ma semaine n'avait pas été de tout repos, par contre ; mes parents et mon professeur principal n'avaient pas été contents de mon absence soudaine, me répétant sans cesse que cette « attitude irresponsable » ne me mènerait nulle part, et m'épiaient quand je me retrouvais seul, méfiants. À ce que j'avais compris, c'était un des spectateurs observant l'altercation Cassiane-Sophie-Sébastien qui m'avait vendu aux surveillants.

D'ailleurs, en parlant de ceux-là, ce qui suivit leur querelle me surprit ; le couple d'idiots n'étaient pas isolé de tous - comme je l'espérais -, mais perdaient en crédibilité dès qu'ils ouvraient leur bouche et faisaient profil bas. Cassiane, elle, jouissait d'une hausse de popularité impensable pour les avoir remis à leur place.

Vu le contexte et mon agissement bizarre à son égard - le « Merci, Cassiane. » -, la blonde crut qu'un éventuel engagement entre nous serait possible, mais je la rejetais gentiment, cette fois, espérant qu'elle passerait à autre chose rapidement.

Je n'étais plus qu'à quelques rues de la maison de Manon. À cette idée, mes jambes tremblotèrent un peu et mes paluches spongieuses ressortirent au grand jour, de nouveau énergiques.

« Je t'aime. »

La tête envolée et posée sur des nuages, je me mis à rire bêtement, tout en me grattant la joue avec l'index. C'était une de mes nouvelles manies depuis la déclaration de Manon, lorsque celle-ci revenait flouter mon esprit confusément comblé.

Je fus rattrapé par la réalité par un poteau qui se posta devant moi. Ne pouvant l'éviter à temps, je me le pris de plein fouet et mon crâne se cogna durement contre la barre métallique. Sonné et visiblement trop excité pour rester sérieux face à Manon, je décidai d'aller me reposer dans le parc non-loin de là pour y reprendre mes esprits.

Isolé parmi les nombreux chênes présents, je m'avançai vers le plus massif d'entre eux. Seulement, plus je m'en approchai, plus un son d'objet raflant le sol me parvenait à l'oreille. Je ne rebroussai pas chemin, continuant d'avancer vers l'énorme chêne et du bruit déconcertant, persuadé que ce n'était qu'un simple chat jouant avec une feuille tombée de sa branche. Il était assez tard et l'éventualité que des gens puissent se balader à cette heure-ci me paraissait peu probable.

Mais je m'étais trompé en beauté.

Assise sur un banc, capuchonnée et ne levant pas son visage, quelques mèches châtains s'échappant du leur prison de textile, une personne donnait des coups de pied dans le vent. Ses baskets traînaient sur la terre durant un laps de temps minuscule, provoquant ainsi la résonance qui me titillait les tympans, pour s'élever dans les airs la seconde d'après et recommencer cette manœuvre de plus belle. Cette personne avait l'air d'être recluse dans son propre monde, trop absorbée par ses pensées pour se rendre compte que quelqu'un - moi-même - la toisait.

Une personne ne m'étant pas inconnue.

Assez proche et audible, je signalai ma présence en supposant distinctement :

« Manon ? »

La jeune fille stoppa son passe-temps, ses jambes devenant sans vie et immobiles. Elle leva sa main droite pour saisir sa paire de lunettes noire et les essuya sur son jean, avant de les reposer. Elle releva ensuite ses yeux marron et rouge vers les miens, bleus et confus. Maintenant en face d'elle, je pouvais clairement distinguer son attelle en écharpe, sous son gilet, et son plâtre sur le nez. Mais uniquement son teint pâle et ses prunelles exténuées, éteintes, m'inquiétaient.

« Ça va ? finis-je par demander, avant de m'en mordre les doigts.

- Ouais ! railla-t-elle, l'œil mauvais. J'ai juste chialé comme une merde pendant quelques jours, mais tout baigne, à part ça ! Et toi, Adrien, ça va ? Tout va bien dans ta vie parfaite avec une famille parfaite, des amis parfaits et une réputation parfaite ? »

Nous nous raidîmes au même moment ; moi de honte, elle de regret.

« 'Scuse-moi, je fais encore tout de travers..., soupira-t-elle.

- Ça devrait être ma réplique. », plaisantai-je, me posant à sa droite.

Gêné au possible et regardant à son opposé, je n'osai nullement relancer la conversation. Je ne savais plus comment m'y prendre avec elle sans passer pour un abruti. Mais l'avais-je su, un jour ? La réponse était non : la méthode était trop compliquée pour moi et je n'arrivais pas à comprendre les techniques spéciales Manon qui devaient me faciliter nos échanges.

Finalement, ce fut elle qui brisa la glace et annonça :

« Je pars dans pas longtemps habiter chez ma grand-mère. »

Sa voix résonna dans la place déserte. L'écho fit office d'un concert de cloches d'église dans mes oreilles, me sortant de ma torpeur et de mes hésitations. Je me tournai vers elle, horrifié.

« Elle vit dans le Sud, continua-t-elle, près de Marseille. Et comme les vacances sont dans deux semaines - le 16 juin, c'est ça ? -, je ne retournerai pas au lycée. Puis, je pense faire mes études de médecine là-bas, histoire de rester proche d'elle. La seule chose que je sais, c'est qu'elle a ma garde... Pour le moment, du moins. Par contre, je n'ai pas eu la tête à savoir où se trouvaient mes parents et quand se déroulerait le procès, si c'est ce qui t'intéresse. La police est bien revenue me voir, quand t'étais partie, mais... »

Je ne l'écoutais pas, trop préoccupé par cette révélation horrible. Mes yeux devaient être semblables à des ballons de foot et ma mâchoire se décrochait petit à petit, attirée par une gravité plus concentrée que celle de la Terre.

Elle s'en allait. Elle vivrait loin de moi.

Je la stoppai, perdu, dans son monologue - que je considérais sans ni queue ni tête :

« Tu pars ? »

Elle me considéra, mi-exaspérée, mi-navrée.

« Tu parles bien la même langue que moi, non ? »

Je baissai mon regard, à la fois triste et en colère. Je ne voulais pas qu'elle déménage, qu'elle s'éloigne, qu'elle se désintéresse de moi et me tourne le dos. Je ne voulais pas qu'elle m'oublie.

Je sentis une pichenette sur mon front et la douleur, même si elle s'évapora au bout de quelques secondes, m'obligea à prononcer un minuscule : « Aïe ! ». Aussitôt étouffé, un rire jaillit de la châtaine qui s'empressa de reparaître indifférente face aux évènements à venir. Observant mon air abattu et surpris, elle ironisa en souriant :

« Fais gaffe à ta couronne, le Prince. Elle va tomber. »

Le rouge aux joues, je tentai de lui faire penser que je n'étais pas touché par sa remarque. Il ne faudrait pas qu'elle me prenne pour un gamin ! Manon enchaîna sans plus attendre, à mon grand soulagement :

« Si on récapitulait toute la chronologie de notre « relation » de façon bateau et débile, ça donnerait un roman bien niais et cliché : une fille à la vie merdique rencontrant un garçon populaire aux allures de « Prince » et de « Bad Boy », possédant une moto et pratiquant une sorte de boxe illégale, qui en tombe amoureuse... Y a de quoi te balancer une belle bouse ! Bon, jusqu'à ce que le gars en question s'oriente vers la natation, montre son affection douteuse pour la littérature et devienne cramoisi sans arrêt, ça aurait pu être tellement nulle comme fiction ! J'aurais pu écrire une de ces histoires de nunuches et gagner masse d'argent... « Prince Of My Dreams », ce serait un titre assez pourri, tu penses ? s'enquit-elle distraitement.

- Tu t'exprimes comme si elle était terminée.

- Ce n'est pas le cas, pourtant ?

- Bien sûr que non, ce n'est pas le cas ! », m'énervai-je.

Elle me fixa durement, ne semblant pas le moins du monde choquée par mon agacement.

« Dis, avant de m'en aller loin de ce trou perdu, est-ce que je peux te poser une question ? », interrogea Manon qui accentua bien sur le « loin », lançant un coup de poignard en plein dans ma poitrine.

J'acquiesçai avec une mollesse stupéfiante, lui arrachant un haussement de sourcils accompagné d'une moquerie planant sur sa figure.

« Pourquoi tu fais semblant d'être un de ces populaires possédant un pois chiche à la place de ce qui devrait être un cerveau ? »

Je me figeai, puis déclarai :

« Je veux pas en parler.

- « Ma vie est aussi merdique que la tienne. », c'est ce que tu m'avais dit, l'autre jour. Ç'a un rapport ?

- Non.

- Non ?

- Non.

- Je rentre chez moi, alors. Bonne soirée, Adrien. »

Elle se leva et lorsqu'elle ne fit qu'une dizaine de pas, je m'écriai :

« Attends ! »

Elle se retourna, une mimique satisfaite sur ses lèvres. Manon se hâta de revenir à sa place et me regarda dans le blanc des yeux, impatiente d'entendre mon récit.

Au point où j'en étais...

Je toussai pour qu'elle s'aperçoive que j'allais démarrer les explications et ses prunelles devinrent pétillantes de curiosité.

« En fait, je suis né prématuré. Mes parents m'ont donc énormément gâté, surtout niveau nourriture. À l'âge de cinq ans, j'étais rien d'autre qu'un petit gros qui rougissait et puait au moindre effort physique.

- Une tomate moisie, quoi.

- Exactem- EH ! m'indignai-je.

- Hé hé, pardon ! Je n'ai pas pu m'en empêcher, se justifia-t-elle en levant sa seule main valide, à croire qu'elle tenait une lettre d'excuse dans celle-ci.

- On va dire ça, oui... J'en étais rendu où, moi ?

- À la tomate pourrie.

- Tu vas me lâcher avec ça ? », me lamentai-je avec crispation.

Elle se contenta d'hocher la tête vivement, me permettant ainsi de poursuivre :

« Un jour, ma mère a ramené un de ses collègues chez nous. Il avait amené sa fille qui avait notre âge. Une jolie rousse aux yeux verts et aux pommettes roses. Elle s'appelait Paula MANARD. Nous nous sommes immédiatement bien entendus.

- Tu l'aimais, grosso merdo.

- Mais ce n'est plus le cas, assurai-je en grimaçant. Cette fille n'est qu'une sale garce ambulante.

- Encore pire que Sophie ? imagina Manon, épatée.

- Encore pire que Sophie et Cassiane réunies par le Saint-Esprit. », répondis-je, irrité, tandis que son visage pâle afficha une bouche en « O », impressionnée par l'illustration de cette pimbêche que je lui peignais.

Je soufflai un bon coup, avant d'enchérir :

« En année de CM1, il y avait un nouveau du nom d'Enzo COLINAS. C'était un beau métis espagnol originaire de Salamanque.

- Un « beau métis » ? taquina la brune. T'es bi ?

- Mais non, je ne le suis pas ! râlai-je. C'est seulement que... »

Bloqué dans ma propre phrase, je ne me permis même pas de croiser les iris marronnés de Manon, car des mauvais souvenirs refirent surface.

« Son... Son physique était le problème, éclaircis-je. Puis, il était tellement arrogant et confiant que l'attention générale était toujours sur lui. Paula commença à s'intéresser à lui et lui à moi, puisque j'étais gros. Avant son arrivée, je n'avais jamais connu l'humiliation et la persécution. Son excuse ? J'étais gros et « moche », c'était tout ce dont il avait besoin pour me harceler. »

Manon eut un instant de réflexion.

« C'était donc pour ça que tu prenais mon souci d'« intimidation » aussi sérieusement.

- Oui. Je me sentais concerné. »

Je dissimulai ma haine visible à l'œil nu à l'aide de ma main, camouflant mon visage enragé.

« Paula était une gentille fille. Tu sais, ce genre de personne tellement bienveillant et généreux que tu ne penses les croiser que dans des contes pour enfants. Mais Enzo l'a changée en une mioche effroyable et inhumaine qui m'a laissé tomber comme une vieille chaussette trouée, puante et hideuse. En CM2, j'étais mis en quarantaine : personne ne s'approchait de moi et ne m'adressait la parole. Tout le monde me surnommait « Porcelet » à cause de mon allure et mon rire.

- Celui de la piscine ?

- Tout juste, affirmai-je. Et aucun adulte ne se rendit compte de la situation. Ça continua ainsi jusqu'au collège, mais en pire : ils me bousculaient, m'insultaient et une fois... Une fois, ils m'ont brûlé avec des cigarettes au niveau de la hanche. Ça ne part pas, ce genre de cicatrice, j'ai cherché sur internet. »

J'expirai encore pour me donner une sorte de courage étranger.

« Du côté de mon père, ils sont tous de très grandes tailles - ma plus petite cousine mesure un mètre soixante-dix - et je grandissais depuis le début du collège, tout en mangeant équilibré et pratiquant la boxe. Ce ne fut pas simple, mais j'ai réussi à devenir mince. En Quatrième, j'avais le même gabarit qu'Enzo et les gens m'ont regardé différemment. Qu'est-ce que j'en ai entendu des « Il est trop beau ! C'est qui ? », sifflai-je en prenant une voix suraiguë, quand je suis rentré dans le collège, le jour de la rentrée ! Enzo n'a pas du tout apprécié ce changement chez moi et a tenté de m'humilier. Ce qu'il ne savait pas, c'était que les cours de boxe me donnaient confiance en moi. C'est là-bas que j'ai rencontré Marc, qui m'a soutenu. J'étais prêt à me battre ! Mais à six contre un, je t'avoue que c'était purement impossible. Je n'étais pas Bruce LEE, moi. »

Manon jura dans sa barbe, mais ne fit rien de plus. J'imaginai par respect.

« J'ai terminé à l'hôpital. Mon père est arrivé en trombe. Au début, j'étais réticent, mais j'ai fini par lui avouer la vérité. Il a tout de suite appelé la directrice pour s'en plaindre. Quand ma mère et mon frère sont venus à leur tour, j'ai supplié mon père de ne pas en parler devant Jérémie et de le laisser dans le secret le plus total, puisqu'il a connu Paula dès sa naissance ; c'était comme une sœur pour lui. Et puis, il n'avait que neuf ans ! Il n'aurait rien compris !

- C'est vrai qu'il a l'air ingénu. », remarqua-t-elle.

Je rigolai un peu à cette allusion, mais m'arrêtai ensuite. Je repris la même expression de rancœur et m'orientai vers le ciel bleu d'été jaunissant, la soirée pointant le bout de son nez.

« Ils ont été virés. Tous. Mais les derniers mots que ces enfoirés m'ont balancés au hasard et sans trop y croire étaient : « Désolés, Adrien. »... Un ridicule « Désolés, Adrien. »... JUSTE UN PUTAIN DE « DÉSOLÉS, ADRIEN. » ! TU PARLES D'UNE CONNERIE ! »

J'abattis mon poing sur le meuble en bois dans un accès de rage. Manon ne cilla pas, n'étant pas apeurée ou même impressionnée.

« Je voulais plus qu'un simple pardon inventé, un moyen de me défouler... Alors, je suis allé voir Marc pour qu'il m'entraîne sèchement, mais il me proposa autre chose : des combats clandestins. Me promettant que mon âge ne serait pas un problème, si on me rajoutait quelques années au compteur, je n'hésitai pas et lui accordai ma confiance, ma fureur insatiable. Ça avait lieu dans une autre ville. Il me fallait un moyen de transport pour m'y rendre, c'est à ce moment-là que la 50cc arriva durant ma Troisième. Ces combats me calmaient un moment, mais j'avais besoin de plus, toujours plus ! Et un mercredi après-midi, dans un skate-park, je les ai vus... »

Une joie forcée prit possession de moi. Dans ma tête, le Passé et le Présent se mélangeaient, jouaient avec ma vue jusqu'à troubler ma vision. La scène se passait une seconde fois devant moi, l'image revenait me hanter, cette entaille me tourmentait de nouveau.

« Ils étaient heureux. Enzo et Paula s'embrassaient, s'amusaient, vivaient... Ils n'en avaient rien à foutre de mon sort. Ça ne changeait rien pour eux, ils restaient les mêmes. Je n'ai pas pu me contrôler : je l'ai tabassé, insulté Paula de tous les noms et suis partie. Ils n'ont pas porté plainte, pensant sûrement que nous étions « quittes ». », insinuai-je, tout en rendant mes dires plus grotesques que la réalité.

Je comprenais que ma furie gagnait Manon : elle marmonnait des choses incompréhensibles, craquant les doigts de sa main intacte, ne quittant pas le sol granuleux des yeux, ses lèvres étirées de manière à effrayer le moindre être vivant qui croiserait sa route.

« Et puis, ma famille et moi, nous nous sommes installés ici. Quand t'es populaire, t'es pas touché par le harcèlement ; t'es un peu comme le Roi. Alors, je me suis dit que ça irait pour moi, si je m'inventais un autre Adrien PEMLER. Mais avec toi, ça n'a jamais fonctionné.

- En même temps, ton rôle n'était pas crédible, exposa Manon, comme si c'était d'une évidence, quittant le banc lentement. Mais franchement, moi, je ne t'aime pas pour ton physique. Je t'aime, parce que t'es juste un rat de bibliothèque vraiment lourd et drôle. »

Sans que je ne réfléchisse plus à toutes mes confessions, mes erreurs, mes problèmes, je sautai sur mes jambes, droit comme un piquet, sûrement aussi rouge que la tunique du Père Noël. Je me mis à admirer la brune qui se tenait face à moi, non mouvementée par ses aveux, pourtant très intimes.

Et avant que je ne m'en rende compte, je me mis à bafouiller :

« T-T-Tu sais... À propos de ta dé-déclaration, j-j-je-

- Ah oui, le râteau ! s'exclama Manon. T'inquiète pas, je sais très bien que tu n'es pas amoureux de moi. Ce n'est pas la peine de-

- T-T-Tu crois mal, alors ! »

Ce fut la première fois que je vis Manon avoir les yeux estomaqués et perdre le détachement qui collait son visage non-stop. Elle articula d'une voix bourrue :

« Non. C'est pas possible.

- S-Si.

- Attends, attends, attends... Comment c'est possible, ce truc ? Comment peux-tu aimer une chieuse comme moi ?

- T-T-T'es l'u... l'unique p-personne avec qui... je me sens moi-même. », proférai-je, non sans rougir à la fin - ça m'énervait tellement.

Même si j'essayai de sembler confiant, je savais que je m'y prenais mal. Mais elle devait savoir mes réels sentiments, même si je paraissais intimidé !

« Je vois. », ajouta-t-elle, le timbre résolu.

Soudain, Manon monta sur le banc et m'ordonna de me placer face à elle. Elle me dépassait d'environ une tête. La châtaine posa sa main droite sur mon épaule, en commentant :

« C'est cool de te regarder de haut. Bon, ferme les yeux et ne bouge pas. Sinon, mon pied va atterrir dans ton entrejambe. »

Je ne posai pas de question et baissai mes paupières, me privant ainsi de la lumière du jour.

« On va voir si t'es vraiment amoureux de moi, comme tu le prétends. », chuchota-t-elle.

La seconde d'après, ses lèvres touchèrent les miennes. D'abord avec méfiance, ensuite tendrement.

Paniqué, je sursautai à ce contact si brusque. Je finis par comprendre ce qui se déroulait et mes genoux claquèrent ensemble, suivis de près par mes bras qui s'avachirent le long de mon corps, les mains grandes ouvertes. Dans ma tête, une véritable fête foraine prenait place : je me trouvais en premier dans une maison hantée effrayante, qui laissa place à un grand-huit où j'atteignis le Septième Ciel du bout des doigts, pour ensuite terminer dans un doux et magique manège.

Elle se remit droite, tel un épieu, et lorsque j'ouvris mes yeux recouverts d'étoiles, elle me devança et révéla :

« C'est stressant d'embrasser quelqu'un, en fait. »

Je souris.

« Oui, mais c'est incroyable. »

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Après ce chapitre (moi) :

Je suis tellement fière de moi, je ne pensais pas ça possible.

Ah, et j'ai créer des sondages par rapport aux personnages de POMD. Qui veut y répondre ? Les liens sont sur mon profil, pour les intéressés - plusieurs choix sont possibles !

:D

Par contre, j'ai peur que le prochain chapitre soit plus court que celui-là, je m'en excuse.

! MAIS !

#EnfinLaDéclarationD'Adrien

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