- Chapitre 3 -

« Manon ! Ça va ? Entre ! me lança Charlotte, derrière la porte de sa maison.

- Bonjour Charlotte. »

Les faux jumeaux se trouvaient à côté de leur grande sœur et observaient mon sac avec une grande attention.

« Manon, t'as quoi dans ton sac ? me demanda Bastien, l'aîné des jumeaux.

- Ce sont des gâteaux que j'ai préparés ce matin, répondis-je.

- C'est des cookies ?! s'enquit à son tour Julie, le clone de son frère, version féminin.

- Oui, acquiesçai-je sachant que ça leur ferait plaisir.

- OUAIS ! s'exclamèrent en même temps les enfants. Des cookies ! Des cookies !

- Oh, calmez-vous, tous les deux ! Sinon, vous pouvez dire adieu aux cookies ! », s'écria Charlotte.

Je rentrais dans le salon et enlevais mes chaussures, tandis que Bastien et Julie s'en allèrent dans leur chambre, à la fois énervés et affamés.

« Viens, on va dans ma chambre.

- Je te suis ! », dis-je, enthousiaste.

On traversa le salon puis le couloir pour atterrir dans la chambre de Charlotte... Plutôt dans la bibliothèque de mangas, appartenant à Charlotte.

« C'est moi où il y a encore plus de mangas depuis la dernière fois ? constatai-je.

- Oui, tu as raison. J'ai acheté les tomes cinquante, cinquante et un et cinquante-deux de Détective Conan et les deux premiers tomes de My Hero Academia, me répliqua-t-elle en sautillant de joie.

- Ça fait beaucoup. »

Pendant que Charlotte allumait son ordinateur, je comparai sa bibliothèque à la mienne qui ne possédait que des ouvrages de grands écrivains comme Victor Hugo ou Sir Arthur Conan Doyle. Il y avait une énorme marge.

« Bon, tu vas voir, j'ai dégoté un autre shojo y a pas longtemps et, là, je suis sûre à cent pour cent que tu vas l'aimer !

- Et il s'appelle comment ?

- Kimi ni Todoke ! », m'annonça fièrement Charlotte, comme si elle m'avait dévoilé tous les exercices d'un futur contrôle de maths.

Alors que j'allais dire quelque chose, mon amie se dépêcha de taper le nom du fameux manga dans son moteur de recherche et elle cliqua sur une image qui s'afficha tout de suite à l'écran. On y voyait six personnes dont trois filles et trois garçons.

« Tu vois ces deux-là, commença Charlotte en montrant du doigt le gars et la fille ayant les cheveux noirs, ce sont les deux héros de ce manga, les plus importants du moins ! Ils s'appellent Sawako Kuronuma et Shôta Kazehaya. Ils sont amoureux l'un de l'autre et... »

« Ils sont amoureux l'un de l'autre. », cette simple phrase m'avait empêché d'écouter le reste de la description de Charlotte. Je n'avais encore jamais ressenti ce sentiment qui se nommait « l'Amour » avec un grand A. Bien sûr que j'aimais ma famille et mes deux meilleures amies, mais envers un garçon – ou une fille, ça dépendait de l'orientation sexuelle de chacun – ce n'était pas pareil.

Ah, si ! Envers mon Prince Charmant qui se manifestait lors de mes rêves, mais, justement, ce n'étaient que des illusions que mon cerveau imaginait. C'était pour ça que, des fois, je détestais les rêves que je faisais, car je le savais depuis le début qu'ils ne se réaliseraient jamais.

« Et voilà, tu sais tout sur eux maintenant ! me dit Charlotte ce qui m'aida à sortir de mes pensées. Tu veux les premiers tomes ?

- Ah oui ! Ça m'a donné envie de lire Komo no Tidike ! lui mentis-je pour qu'elle ne soit pas vexée puisque je ne l'avais pas écouté.

- Kimi ni Todoke, Manon. C'est Kimi ni Todoke, me rectifia l'experte.

- Ah euh, oups...

- Tiens, déclara Charlotte, en me tendant deux livres de son meuble. Je te prête les deux premiers tomes. Si tu veux lire la suite, pas de soucis ! Je les possède tous ! Dis-le-moi et je t'en passerais d'autres !

- Mais, tu ne viens pas de découvrir ce manga ? Comment peux-tu déjà tous les avoir ? commentai-je, sceptique.

- Et bien... Comme je te l'ai dit, j'ai trouvé ce manga récemment. Plus exactement, il y a une semaine et Kimi ni Todoke comporte vingt-quatre tomes pour le moment, alors...

- Alors ?

- J'ai... Euh... Je les ai tous achetés dans la foulée.

- Ah là là... Y a vraiment que toi pour faire ça.

- Oui, bah, c'est bon ! J'aime les mangas et j'y peux rien ! Tiens ? s'étonna-t-elle en regardant son réveil. Mais c'est qu'il est déjà seize heures ! Donc, est-ce qu'on...

- Tu veux manger mes cookies ? la questionnai-je d'une voix neutre.

- Oui, ils sont tellement bons ! Je pourrais en manger au moins une tonne ! s'emporta-t-elle joyeusement, heureuse de pouvoir changer de sujet.

- Ah, mais je n'en ai pas préparé autant. Je n'ai cuisiné que trente cookies !

- Mais ça fera largement l'affaire ! Quinze pour moi et quinze pour toi.

- Charlotte, y en a aussi pour tes parents, Bastien et Julie.

- Pfff. Fait chier. », conclut Charlotte en quittant sa chambre, sachant que je la suivrais.

•••

Affalées sur le canapé du salon, Charlotte et moi zappions depuis maintenant vingt minutes sans trouver une chaîne intéressante.

« Dis, on se regarde un film ? proposai-je.

- Oh oui ! Alors..., hésita Charlotte entre plusieurs DVDs. Harry Potter et la Coupe de Feu, ça te dit ? »

J'acquiesçai de la tête, Charlotte mit le film en route et nous nous plongeâmes dans l'histoire.

Enfin, presque, car Charlotte me demanda, sans pour autant ne plus regarder la télé :

« Manon, t'en penses quoi d'Adrien ? »

Je ne lui répondis pas instantanément pour la simple et bonne raison que je ne savais plus quoi penser de lui depuis l'incident d'il y a une semaine, dans la ruelle.

« Pourquoi cette question ? articulai-je avec tout le calme qui était à ma disposition.

- C'est juste qu'on a rarement eu l'occasion de lui parler. On sait juste que c'est un éventuel GPMC, mais c'est tout. »

Rah, crotte ! Elle ne m'aidait pas du tout à changer de sujet. En plus, qu'est-ce que je devais lui dire ? Qu'Adrien était peut-être mêlé à quelque chose d'illégal ou qu'il se faisait racketter ? Dans les deux cas, je le balancerais et je ne savais pas si c'était la meilleure chose à faire sans nuire à sa réputation de « Prince ». En plus, si j'avais tout faux, c'était mort pour moi aussi.

« Ben... En fait... Je...

- MANON ! », crièrent en chœur deux petites voix qui me sautèrent dessus.

Sauvée par le gong !

« Ils sont où les cookies ? On a faim ! hurla Julie pendant que Bastien cherchait dans mon sac.

- Minute papillon ! Il est actuellement dix-huit heures, nous fit remarquer Charlotte. Donc, pas de cookies. Vous en mangerez demain. »

Il est déjà si tard ? Mince, maman ne vas plus tarder.

Ding dong !

Quand on parle du loup.

« C'est sûrement ma mère, déclarai-je tout en cherchant mes affaires. Je dois rentrer.

- Maintenant ? s'exclama Charlotte, déçue que je ne reste pas plus longtemps.

- Oui. De toute façon, je dois finaliser mon dernier diaporama en HDA et revoir tous les chapitres de géographie pour le Brevet.

- Manon, Manon, Manon... Je peux te dire un truc ? suggéra mon amie.

- Bien sûr, vas-y.

- TU TRAVAILLES TROP ! me cria dessus Charlotte. Mais ce n'est pas vrai, quoi ! Ça fait depuis fin mars que tu le révises, ce foutu Brevet ! Même en HDA tu avais terminé parfaitement trois œuvres un mois et demi après que notre professeur nous avait donné les sujets !

- Euh..., tentai-je pour lui dire que Bastien et Julie étaient toujours là.

- J'ai pas fini ! me coupa Charlotte. Sérieusement, je crois que tu es la seule élève du collège, que dis-je, de la France entière avec autant d'avance ! », conclut-elle, énervée devant mon sérieux semblable à celui de mes parents.

Wow. Qu'est-ce que je devais répondre, moi, devant la colère de Charlotte, sans lui donner une autre raison pour me gronder ? En même temps, elle n'avait pas tort. C'était vrai que j'avais beaucoup travaillé comparé aux autres. En même temps, mes parents m'avaient tellement sollicité pour que j'obtienne une mention parfaite.

« Je suis désolée, finit-elle par dire. Je n'aurais pas dû.

- Ce n'est pas grave, tu n'as pas tort. »

Ding dong !

« Bon et ben, au revoir Charlotte. À lundi ! lui dis-je en ouvrant la porte. Au revoir, Bastien et Julie !

- Vous... Vous étiez toujours là, tous les deux ? bégaya Charlotte, se rendant compte de ce qu'à quoi son petit frère et sa petite sœur avaient assisté.

- Oui, et on a tout entendu ! On va le dire à maman ! tonna Julie, sûre d'elle.

- Oh non, pitié ! Elle va me priver de manga si elle apprend que j'ai crié sur Manon - parce qu'elle t'adore, me précisa-t-elle.

- Donne-nous des cookies et on ne dira rien. », marchanda Bastien.

Charlotte soupira et alla chercher deux cookies pour les donner ensuite aux jumeaux diaboliques.

J'ouvris la porte en les saluant une dernière fois et quittai cette maison pour aller retrouver la solitude et le silence de la mienne.

•••

Le cours d'anglais terminé, je commençai à ranger mes affaires. Malheureusement, je fis un faux mouvement qui avait fait tomber ma trousse par terre.

Je me penchais donc pour ramasser tout ce que j'avais renversé, mais une personne m'aida. Quelqu'un aux mains grandes et fines. Un garçon.

Je levai ma tête pour le voir et j'aperçus que c'était mon voisin de table qui regroupait tous mes stylos. C'était Adrien.

Il ne me disait rien et ne me regardait pas non plus. Tout ce qu'il faisait, c'était de me donner un coup de main.

« Tiens, je crois que tout y est, m'assura-t-il, toujours avec son sourire légendaire.

- Merci.

- De rien. », rajouta-t-il avant de quitter la classe avec les GPMC, sa nouvelle bande.

Je sentis que ce geste amical n'était pas ce qu'il prétendait être. Et j'avais aussi l'impression que quelques filles de ma classe m'observaient d'un œil mauvais.

J'étais sûre que ça avait un rapport avec les cinq lycéens de la dernière fois.

•••

Je me dirigeai vers le parking des cars. Il était actuellement dix-sept heures cinq et le mien n'arrivait pas avant dix minutes.

« Manon ! », m'appela une voix masculine.

Non, ça ne pouvait pas être encore lui... Et bien si, c'était Adrien qui marchait vers moi. Il avait bien choisi son moment et l'endroit où je me trouvais, puisqu'il n'y avait personne autour.

« Oui ? formulai-je sèchement.

- Déjà, parle le plus bas possible, exigea Adrien. Je ne veux pas qu'on nous entende.

- Pourquoi me parler au collège, dans ce cas ?

- Fais ce que je te demande et tout se passera bien, m'annonça-t-il, encore avec son fabuleux sourire.

- Mais qu'est-ce que tu me veux, à la fin ?

- Tu m'étonnes que les autres ne t'aiment pas, si tu te comportes toujours comme ça.

- Qu'est-ce que tu me veux ? répétai-je, agacée.

- L'as-tu dit à quelqu'un ce qu'il s'est passé, l'autre soir ?

- Non, rétorquai-je du tac au tac. Tu as vraiment peur que je déballe tout, parce que tu sais très bien que, si je le disais, on me croirait sur parole.

- Tu ne dis que des conneries. Comment veux-tu que l'on pense de moi que je puisse faire... Que je me suis fait tabasser ? », se rattrapa-t-il.

Au moins, j'étais maintenant persuadée qu'il pratiquait quelque chose de bizarre. « que je puisse faire... », mais quoi ? Je me devais d'employer les grands moyens :

« Et si je te disais que j'avais une preuve ? »

Adrien blanchit. Parfait. C'était l'heure de marchander. Oui, je n'avais aucune preuve, mais je préférais assurer mes arrières.

« Quelle preuve ?

- Et bien, on n'est plus aussi arrogant que tout à l'heure.

- Quelle preuve ? insista-t-il.

- Oh, juste une vidéo de rien du tout. », déclarai-je, en faisant exprès de détourner le regard pour l'énerver – ce que j'avais réussi.

Il souffla, exaspéré, puis reprit :

« Je te propose un marché. »

Cela me fit poser mes yeux sur lui à nouveau, intriguée.

« Je ferais tout ce que tu me demanderas à la seule condition que tu ne révèles à personne mon secret et que tu effaces la vidéo.

- Je refuse.

- Mais enfin pourquoi ?! cria-t-il à voix basse.

- Ce n'est pas parce que je sais quelque chose de contraignant sur toi que je vais te faire faire du chantage. »

C'était vrai, quoi. Il pensait vraiment que j'allais accepter ? Ridicule !

Je regardai l'heure sur ma montre : dix-sept heures douze. J'avais encore trois minutes.

« Tu es vraiment prêt à tout pour que je garde ton secret ? repris-je calmement.

- Oui, répliqua le cachotier avec des yeux de colère.

- Alors, à moi de te proposer un marché. »

Ayant toute son attention, je continuai sur ma lancée :

« Si tu m'emmènes à ton secret juste une fois, je te promets que de ne rien dire et d'effacer la vidéo. Alors, marché conclut ? », achevai-je en tendant mon bras vers lui.

Il hésitait, ça se voyait. Franchement, j'espérais qu'il allait accepter. Je voulais juste vérifier qu'il n'était pas assez débile pour faire quelque chose de trop dangereux.

« Dépêche-toi, je commence à avoir mal aux bras. », lui rappelai-je, sentant des picotis dans celui-ci.

Dix-sept heures quatorze : il était temps d'y aller. Je retirai ma main et me dirigeai vers mon car, qui venait d'arriver. Je n'avais pas envie que mon père revienne me chercher comme la dernière fois.

« Attends. », murmura Adrien.

Je m'arrêtai et me retournai, attendant ce qu'il voulait me dire.

« Je..., débuta-t-il en marchant vers moi. J'a... »

Il tendit son bras et m'annonça :

« J'accepte. »

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top