- Chapitre 2 -
Alors que je me dirigeais vers le matériel, Louise me passa devant et prit le microscope, la lamelle de verre et la pince dont on avait besoin. Aïe aïe aïe ! Si je ne faisais pas quelque chose, je savais comment ça allait se finir !
« Louise, tu ne veux pas que je prenne le microscope ? lui demandai-je.
- Non, merci. Je peux me débrouiller, me répliqua-t-elle.
- Mais c'est que ça a l'air lourd...
- Non, merci ! », me répéta Louise, un peu agacée.
Elle avait sûrement compris à quoi je faisais allusion. Vite ! Où était Charlotte quand on avait besoin d'elle ?
Je commençai donc à la chercher jusqu'à ce que je vis Charlotte, dans son groupe. Elle aussi avait vu la future catastrophe.
Lorsque Charlotte m'aperçut, je lui fis des signes de main pour lui faire comprendre ce qu'elle devait faire. Quand elle comprit son rôle, Charlotte se plaça à côté de Louise et moi, je me dépêchai d'aller à mon poste – ma place, bien sûr.
Pour le moment, tout allait bien. La cible s'avançait lentement, mais sûrement, au point de rendez-vous. Terminé.
Quoi ? J'avais bien le droit de me croire dans un film d'espion ! Oui, c'était exagéré. Néanmoins, c'était trop cool !
Louise, accompagnée de Charlotte, n'était plus qu'à quelques pas de ma place. Mais... Elle trébucha et... Elle tomba... Le matériel vola dans les airs...
Ce n'était pas vrai ! Tout se passait – malheureusement – comme prévu.
À moi de jouer : je me précipitai sur les outils de la classe tandis que Charlotte rattrapait Louise. Bon, ce fut très simple de faire en sorte que la pince et la lamelle de verre ne touchent pas le sol. Par contre, pour le microscope, ce ne fut pas de la tarte : je l'avais sauvé de justesse !
« Ça va, Louise ? questionna Charlotte, pendant que je mettais tout le matériel sur la table.
- Oui, ça va, assura Louise
- Encore ? C'est la troisième fois, cette année ! s'exclama un des gars de ma classe, Louis.
- Parce que tu les comptes ? ironisa Sophie, une fille qui ne prenait jamais rien au sérieux et qui bavardait toujours en cours.
- Eh ! L'année dernière, elle était tombée sept fois ! riposta-t-il, pour sa défense. Je voulais savoir si elle allait battre son record, mais vu comment c'est parti... »
Mais quels gamins ! Ils s'en foutaient que Louise se portait bien ou non ! Et puis, merci de dire bien fort, histoire que tout le monde puisse l'entendre, qu'elle était encore tombée. Super sympa de votre part.
Comme d'habitude, quoi.
Louise était une experte dans l'art de la maladresse. Et ce, depuis qu'elle était petite ! Charlotte et moi, nous étions habituées, mais, les autres, ce n'était pas encore ça.
Le spectacle terminé, Charlotte retourna sa place, moi et Louise dans notre groupe – on était dans le même – et on commença l'exercice.
Actuellement, on était en S.V.T. et il était quatorze heures quarante-cinq. Encore quinze minutes de cours et on sera libres !
Mais alors que l'on faisait l'activité demandée, les deux garçons de notre groupe, Adrien et Sébastien – le voisin de Louise – ne nous aidaient pas du tout !
« Hé, dites-le, si on vous dérange. », leur lançai-je, interrompant ainsi leur conversation.
Ils me regardèrent puis reprirent la discussion « La moto, ça marche avec les filles ? ». Mais bien sûr que oui, ça fonctionnait ! Surtout avec les pétasses avides de fric – pardon, mais quand j'étais énervée, j'exagérais un peu.
Ils ne voulaient pas travailler ? D'accord, message reçu !
Comme c'était un travail noté et qui devait être écrit sur une feuille blanche, et puisque moi et Louise avions fini, j'avais rédigé notre rapport de l'exercice, mais en ne mettant que nos deux prénoms. Ensuite, j'étais allée la donner à M.GAUTIER et Louise et moi étions parties ranger le matériel – cette fois, j'avais pris le microscope.
À la fin du cours, notre prof de S.V.T. ordonna aux deux énergumènes de rester pour expliquer leur feuille blanche. Ce n'était pas que je ne les aimais pas, mais je détestais les profiteurs ! Bien fait pour eux ! Ça leur servira de leçon !
« Dis, Manon, tu n'as pas peur qu'ils te détestent, après ? m'interrogea Louise, anxieuse.
- Louise, ne raconte pas de bêtise ! C'est vrai que je meure d'envie d'être leur amie. Me dis pas que tu veux l'être, toi ?
- C'est pas ça, mais mieux vaut ne pas les énerver. Ce serait juste chiant de les avoir sur nôtre dos jusqu'à la fin de l'année.
- T'as pas tort.
- En plus, intervint Charlotte, tu sais d'avance de quoi ils sont capables de faire !
- Les filles, je vous le dit pour la dernière fois : je m'en fous de ce qui s'est passé en primaire, c'est de l'histoire ancienne. »
C'était vrai, quoi. Il ne fallait pas ressasser le passé, mais avancer.
« Au fait, on mange quoi la semaine prochaine ? »
•••
Dix-sept heures, les cours étaient terminés.
Je me dirigeai vers l'arrêt de bus et je montai dedans. En allant m'asseoir, je mis mes écouteurs et regardai par la fenêtre. Seulement, quelque chose attira mon attention... Adrien.
Il parlait avec un homme d'environ vingt ans : moto, piercings, tatouages, et cetera. Je n'aimais pas trop ce genre de type, surtout avec son air de grincheux.
Ce qu'Adrien fit m'écœura plus qu'autre chose : après que l'homme avait donné un bout de papier à Adrien, celui-ci avait soulevé son T-shirt pour montrer des bleus sur son torse et son ventre ! Beurk ! Ils ne sont même pas bleus, mais violets ! C'était quoi, ce délire ?!
Et c'était à ce moment que le car démarra. Non ! Pas maintenant !
Trop tard. J'étais trop loin pour encore pouvoir observer ce « rencard » entre Adrien et cet homme bizarre. Mais ! Non... Il se droguait ? Adrien, le « Prince Charmant » de mon collège, se droguerait ?!
•••
« Manon ! Maaanooon ! Ici, la Terre ! s'écria Louise, en agitant ses mains devant mes yeux.
- Ah ! Ou-oui ? bafouillai-je, encore dans le flou de mes pensées.
- Tu as fait quoi, à la question trois, de l'exercice huit, page cent vingt-trois, en maths ? Charlotte et moi, on n'est pas d'accord !
- J'ai effectué le théorème et la réciproque de Thalès, déclarai-je.
- Tu vois, Louise ! J'avais raison ! », dit Charlotte à l'attention de la blonde à lunettes.
Alors qu'elles repartaient dans leur conversation, je retombai dans mes souvenirs d'hier. Adrien, blessures, homme louche... Drogue ? Non, c'était juste impossible ! Et puis, les drogués avaient les yeux rouges... Enfin, je croyais.
Quoi qu'il en soit, était-ce vraiment mes affaires ? J'imaginais que non. Et puis, cette conclusion était bien trop hâtive ! Je n'avais même pas vérifié... Il me laissera vérifier ?
Malgré tout ça, ce serait logique : Adrien se droguait, se fit choper, puis tabasser et atterrit ici, dans notre petit village paumé. Oui. Ça pourrait expliquer son déménagement soudain en fin d'année scolaire...
Ou alors, je ne racontais que des conneries.
« Manon, dépêche-toi de manger. Il est treize heures dix. », me lança Louise.
Lorsque Louise, Charlotte et moi étions sorties de la cantine, il était treize heures dix-sept.
« Pfff... Je ne veux pas aller en géographie ! chouina Louise.
- Mais oui, comme pour le français, les maths, la SVT, la physique-chimie, l'histoire, l'EMC, l'EPS, l'espagnol, l'anglais et la technologie, énuméra Charlotte.
- Heureusement que l'arts plastiques et la musique existent ! Sinon, il faudrait te traîner ici de force ! ajoutai-je.
- Oh oui ! Vive la musique et l'arts plastiques ! renchérit Louise.
- Eh, les filles, entama Charlotte, regardez Adrien ! Vous avez vu comment il s'est intégré en si peu de temps ?
- C'est vrai qu'il a fait une entrée fracassante, chuchotai-je.
- Tu l'as dit ! Et qu'avec les GPMC, en plus ! », sur enchaîna Louise.
Les GPMC n'étaient que les Gens Populaires Mais Chiants. Oui, c'était un joli nom de code.
« Peut-être qu'il en deviendra un. », supposai-je.
Driiing !
Oui, Adrien était probablement un GPMC, mais sûrement pas un drogué !
•••
Non, non, non, nooon ! Fallait pas qu'il parte sans moi !
Je venais juste d'arriver à l'arrêt de bus que je vis avec horreur que mon car n'était plus là ! Aaarrgh... Noooon !!!
Je... J'allais... devoir appeler mon père.
Après avoir composé le numéro, je mis mon téléphone sur mon oreille et j'attendis que... qu'il décroche.
« Tut-tut... Allô ?
- Pap... Papa ! bégayai-je.
- Ah, c'est toi. Qu'est-ce qu'il y a ? me questionna mon père, d'une voix morne.
- J'ai... J'ai raté mon car, parce que M.DILET m'a retenu dix bonnes minutes et...
- Quoi ?! Tu as manqué ton car ?! »
Oulà. Il était en colère.
« Rah Manon ! Tu sais très bien que je n'ai pas le temps de venir te chercher ! cria mon père.
- Mais... Comment je rentre ? lui dis-je, d'une toute petite voix.
- Attends-moi devant l'Office de Tourisme. J'y serai dans quarante minutes. »
Je n'eus même pas le temps de lui répondre qu'il raccrocha.
Je devrais passer par la salle de sport et continuer ensuite pour rejoindre l'Office de Tourisme. Je m'en allai donc vers la salle de sport et comptais me diriger dans une ruelle jusqu'à ce que j'entende :
« Espèce de gros bâtard ! »
Ouah... Quel raffinement.
Je regardai dans la rue et je le vis. Adrien au sol. Cinq lycéens en train de le frapper... HEIN ?!
Comment... De... Quoi ?! Adrien PEMLER, le beau gars, populaire, gentil et un peu flemmard - donc, « parfait » - était en train de se faire défoncer par cinq lycéens de dix-sept ans ?! C'était n'importe quoi ! J'allais me réveiller !
Mais ça aurait un rapport avec ce qu'il s'était passé hier ?
Plus urgent : comment je le sortais de cette merde ?
« On va t'envoyer à l'hôpital comme tu l'as fait avec Pierre ! », tonna la même voix qu'il y a quelques secondes.
« Comme tu l'as fait avec Pierre » ? Non, y avait plus pressant : je devais sauver Adrien !
Bon, observons : une victime, cinq voyous et de la violence nous donnaient... La police, mais c'était bien sûr ! Seulement, le temps qu'ils arrivent...
J'eus une autre idée.
Je sortis mon téléphone et allai sur YouTube. Je mis le son au maximum et cliquai sur une vidéo qui nous fait écouter pendant une heure des sirènes de voitures de police – y en avait qui se faisaient vraiment chier.
Je cliquai sur « Lecture » et la vidéo se mit en route. Un bon coup de bluff devrait les faire fuir !
« Merde ! La police !
- Vite ! Cassons-nous d'ici ! »
Yes ! Ça avait marché ! Ils n'avaient pas inventé le fil à couper le beurre... Bah, tant mieux pour moi !
Je m'étais cachée, mais ils avaient dû fuir par l'autre côté. Avant de pénétrer dans la ruelle, je vérifiai si les cinq garçons étaient, bel et bien, partis. Oui, ils avaient détalé comme des lapins !
Je fonçai alors vers Adrien, étendu par terre.
« Adrien, ça va ? Tu peux parler ?
- Mmm... Manon ? », dit-il, les yeux mi-clos.
OK, il pouvait parler. Maintenant, l'hôpital !
« Ne bouge surtout pas. Je vais prévenir une ambulance !
- Non ! Pas l'hôpital ! », maugréa Adrien.
Il se leva d'un coup et me prit par le poignet. C'était Terminator ou quoi ?
« Mais euh... T'es sûr que...
- Oui, oui, ça va. Bon, écoute-moi bien ! Tu n'en parles à personne ! Pigé ?!
- Mais c'est que...
- Pigé ?! »
Je fis « Oui » de la tête et il s'en alla en courant.
D'accord.
•••
Arrivés à la maison, mon père m'avait privé de dîner et m'obligea à rester dans ma chambre pour avoir raté mon car et pour l'avoir dérangé à son travail. M'en fichais. Je n'avais pas faim, de toute façon, après ce qu'il venait de se passer.
Mais dans quoi Adrien s'était embarqué ?
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