- Chapitre 16 -
Attention ! Gros naïf en approche ! Je répète : attention, gros naïf en approche !
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[ADRIEN]
Aaaaah.... Aujourd'hui, c'était vraiment du grand n'importe quoi. D'abord, j'étais arrivé en retard. Ensuite, Jérémie m'avait foutu la honte. Et pour finir, Manon s'était énervée contre moi. Elle avait même dû me faire une pichenette pour se faire entendre...
« Adrien, pourquoi tu te touches le front ? demanda mon frère, en me fixant du regard.
- Pardon ? »
Ah oui. Ma main était effectivement sur ma tête. Mais ça n'avait rien à voir avec notre bataille de pichenettes, ça me grattait !
« Adrien, pourquoi tu rougis, maintenant ?
- Quoi ? »
Je me touchai les joues et sentis de la chaleur qui s'émanait de celles-ci, preuve que mon visage était cramoisi. Mais ce n'était pas à cause de Manon, j'avais juste un peu chaud. Même si on était en plein mois d'octobre, la température ne baissait toujours pas !
« Adrien, pourq-
- Ah, chut ! Ne dis plus rien !
- D'accord... Feeling used. But I'm still missing you and I can't see the end of this... »
C'était ça ce qu'il appelait « ne plus rien dire » ? Bah. Ça ne me surprenait plus. Au fil des années, j'avais bien remarqué que le mot « silence » n'existait pas dans le dictionnaire de Jérémie PEMLER. Il parlait toujours non-stop. Je me demandais comment il faisait en cours.
Pourtant, on racontait que, un soir, lorsque les deux Lunes seraient pleines et que des petits lutins magiques danseraient la salsa avec les elfes de la Forêt Enchantée, Jérémie ne prononcerait plus un mot et se tairait pendant une journée entière. Le rêve.
Enfin, ce n'était qu'une simple légende, malheureusement.
« I hate you, I love you. I hate that I love you. Don't want to but I can't put nobody else above you. I hate you, I love you...
- Jérémie, pour l'amour du ciel, tais-toi. », m'énervai-je, parce que je n'aimais pas ce type de chanson.
Et il se tut. Wow, je ne pensais pas qu'il le ferait aussi facilement. Ha ha ! Mon autorité était enfin accept-
« I HATE THAT I WANT YOU ! YOU WANT HER, YOU NEED HER AND I'LL NEVER BE HER ! »
OK, je n'avais rien dit.
Et il continuait de plus belle à chanter ces paroles débiles. Je me plantai face à lui et le pris par les épaules.
« H-Hein ? balbutia-t-il. Qu'est-ce que t- »
Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase, puisque je me mis à le secouer comme un prunier.
« AAADrrrrRIiiiiEEN, QU'eeeeEEESSSSST-CEEeeeeuuuh qqqUEeeeeuuuh TUUUuuu fffFFOUuuS ?! beugla-t-il à des volumes différents, vu que je le bougeais sans cesse. LÂCcchhHHEEEEEeeuuuh MOOOOooooiIIIII, TtttrrRIIIPLlleeeuuuh iiIIDIIiiiioooOOOT ! »
C'était assez drôle à voir. Mais il ne fallait pas trop en profiter, non plus. Je devais lui montrer l'exemple.
« J'arrêterais quand, toi, tu finiras de chanter. C'est compris ? rétorquai-je devant ses protestations.
- OOOOUUUuuuuuiIIII, CCCcccc'eeEST CoooommPPPRRRIiiiiis ! MMmmmaaaAAAIIIIS aaaaaRRRÊêêttttEEEEEUH ! »
Je le lâchai immédiatement. Une fois revenu sur Terre - parce que, mine de rien, j'y étais allé assez fort -, il parcourut des mains sa chevelure noire et, s'étant rendu compte de la pagaille de celle-ci, me foudroya des yeux.
« Non, mais t'es malade ?! Pourquoi tu as fait ça ?! Mes cheveux sont affreux, maintenant ! s'écria Jérémie, après avoir essayé de remettre sa coiffure en place.
- T'avais qu'à te taire et ne pas chanter un truc aussi nul.
- Pardon ?! Cette chanson n'est pas « nulle » ! Elle est romantique, Monsieur !
- Ah oui ? Et bien pourquoi la personne dit qu'elle l'aime quelqu'un qu'elle déteste, puis, qu'elle assure détester le fait qu'elle l'aime pour, enfin, avouer qu'elle l'aime ? Ce n'est pas romantique, mais juste débile.
- Rah, mais t'as rien compris, toi ! En gros, la chanson parle d'un gars et d'une fille. Celle-ci l'aime, mais le gars non. Donc, la fille chante pour venger son amour non réciproque.
- En quoi c'est romantique d'écouter quelqu'un pleurnicher sur son sort ? le questionnai-je, blasé.
- Bon, laisse tomber... C'est d'un niveau bien trop haut pour toi... », adjugea le connaisseur en nunucheries, avant de marcher à nouveau.
Je repris le chemin également. C'était vrai que moi et l'Amour n'avions jamais été de grands amis. Je savais ce que c'était, mais ce sentiment ne m'appréciait pas, voire me détestait. De toute façon, j'avais fait une croix dessus depuis un moment, maintenant, alors à quoi bon écouter ces conneries anglaises ? Ou américaines ?
Je n'avais jamais été capable de différencier la musique anglaise de la musique américaine.
« Donc... Je ne peux plus chanter ? interrogea Jérémie.
- Tout à fait, aucun son ne doit sortir de ta bouche.
- Même pas « I need your love » ?
- Non, même pas « I need your truc-bidule ». »
Il soupira de désespoir.
« Franchement, commença Jérémie, je ne te comprends pas. Comment fais-tu pour être amoureux d'une fille en détestant à ce point l'Amour ?
- Hein ? Mais qu-
- Pauvre Manon, je la plains ! J'espère que tu n'es pas trop dur avec elle.
- Attends une sec-
- Bon, je vais devoir prendre les choses en main ! gloussa-t-il en mettant ses poings sur ses hanches, tel un héros de BD. Alors, première étape : on ne secoue plus son tendre petit frère chéri ! Deuxième étape : relooking ! Troisième étape... »
Ne pas s'énerver. Garder son calme. Surtout, ne pas le frapper.
« Sixième étape : on va t'acheter des magazines spéciaux pour ados ! Comme ça, tu connaîtras de vraies chansons, au moins. »
Ne pas s'énerver. Garder son calme. Surtout, ne pas le frapper.
« Oh, suis-je bête ! J'allais oublier les soins ! Bon, alors... Shampoing... Crème... »
Ne pas s'énerver. Garder son calme. Surtout, ne pas le frapper.
« Et maquillage ! »
Bon, ça suffit.
Je le pris par la taille et le mis sur mon dos, la tête à l'envers. J'avais une envie folle de le secouer à nouveau dans tous les sens, mais je me retins. Je n'avais pas besoin de faire ça. Je devais juste être direct et efficace.
Et puis, c'était mon petit frère, quand même.
« Si tu émets encore une fois l'hypothèse de me foutre des produits de fille sur mon visage, je te jure que tu vas le regretter. », l'avertis-je, après avoir respiré un grand coup, pour trouver la force de le lui dire.
Bon, je ne pouvais pas être plus direct et efficace que ça.
« Et moi, je te préviens : tu me lâches immédiatement, ou je hurle que tu me rackettes.
- Mais on est frères, idiot !
- Peut-être, mais qu'est-ce qui te dit qu'on te croira ? », souligna-t-il avec moquerie.
Roh, mais qu'est-ce qu'il me saoulait ! En plus, il osait utiliser l'argument « on-est-frères-de-sang-mais-pas-physiquement-donc-les-gens-ne-te-croiront-pas-lalalèreuh ! », alors qu'il précisait toujours qu'on étaient frères génétiquement parlant ? C'était l'hôpital qui se foutait de la gueule de la charité ! C'était le camembert qui disait au roquefort : « Tu pues » ! C'était le bossu qui se moquait du dromadaire ! C'était...
J'allais peut-être m'arrêter là, moi - alors que j'en avais encore en réserve, mince.
Je le reposai par terre délicatement. Pfff... J'étais trop gentil avec lui. « Tu m'étonnes qu'il ne me respecte plus et qu'il se permet toujours tous ! », remarquai-je à moi-même, en soufflant un bon coup.
Tandis que Jérémie se montrait encore plus arrogant, en m'affirmant que « ça allait barder pour moi » une fois de retour à la maison, j'en profitai pour vérifier mes messages.
Mais rien. Il n'y en avait pas de Manon.
J'avais l'impression que mon téléphone me disait : « Aucun nouveau message, andouille ! ».
Je ne pensais pas qu'elle mettrait autant de temps à me répondre. D'habitude, elle me répondait dans les cinq minutes. Ça faisait deux heures, maintenant.
Sûrement que ces obligations lui prenaient plus de temps que prévu.
« Adrien, tu me fais un peu de peine, tu sais ? balança Jérémie, telle une bombe atomique.
- Et toi, tu commences à m'énerver. Déjà que, à cause de toi, on est arrivés en retard !
- J'y peux rien, moi ! Tu m'as crié dessus pendant trois plombs !
- Parce que tu as mis trois plombs à choisir tes chaussures !
- J'ai le sens de la mode, c'est pas de ma faute ! Bref. Donc, je disais : tu me fais pitié.
- Et pourquoiiiiiiiiiiiiii ? maugréai-je.
- Parce que tu refuses tes pauvres sentiments qui sont obligés de vivre dans le vieux placard à balais qui te sert de cœur, voilà pourquoi.
- T'es chiant. Et je n'aime personne.
- Non, t'aimes Manon. Je suis sûr que tu viens de regarder tes SMS pour savoir si elle t'en avait envoyé un. »
Je me raidis comme un con.
« T'es tellement prévisible, renchérit-t-il en prenant un air hautain.
- Mais je ne l'aime pas.
- Si.
- Non.
- Si.
- Non.
- Si !
- Non !
- Si, si, si !
- Non, non, non ! »
Et nous arrêtâmes cette dispute au bout de cinq minutes, lorsque moi et Jérémie n'avions plus de salive à disposition.
Bon, j'allais me mettre d'accord en faisant un schéma avec... Avec personne.
Manon était une fille sympa → c'était mon amie → pourtant, Jérémie était persuadé que j'étais amoureux d'elle → or, c'était archi faux → par conséquent, je devais trouver un moyen de briser ses illusions, et vite !
Une idée arriva dans mon cerveau et ne s'en alla pas. Elle resta. Je fis combattre les bons contre les mauvais côtés de celle-ci. Ce fut une victoire des bons côtés. Ainsi, je lançai à mon frère :
« Bon, Jérémie, je vais te proposer un défi : celui de nous deux qui ne parlera pas de son « amoureuse » à l'autre gagne !
- Comment ça, « celui de nous deux » ? constata-t-il en arquant des sourcils. Moi, j'aime personne !
- Ben voyons ! Et si j'appelle à la barre mademoiselle Léa MENIER, ça vous parle, votre Honneur ? Ou un coup de maillet s'impose pour vous souvenir de cette affaire ? »
Il me regarda avec de grands yeux. Il ouvrit sa bouche, la referma, la rouvrit, puis, la condamna pour de bon. Au final, il baissa la tête. Oh oh ! Le Juge rougissait ?
« Et on gagne quoi ? grommela-t-il de honte.
- De la dignité ! »
Et Dieu savait combien j'en avais besoin.
« C'est naze comme trophée !
- Tu préfères que je dise à Léa que tu es littéralement fou d'elle ? »
Je l'avais remarqué un mois après notre arrivée, ici. Ce n'était pas bien compliqué, car quand Jérémie parlait de cette fille, il avait toujours des petites étoiles dans ses yeux et j'avais toujours senti la désagréable sensation de désir qui se propageait autour de lui.
Bon, « désir »... J'imaginais que ça devait être que des scènes devant un coucher de soleil sur une plage désertique avec des paillettes, des violons, des pétales de rose et un dialogue du style :
« La lumière qui éclaire ma vie, c'est toi, Léa !
- Oh, Jérémiiiiiiiiiie ! Tu es si viriiiiiiiiiil ! Prends-moi dans tes bras musclés ! »
MOUAHAHAHAHAHA ! QU'EST-CE QUE JE VENAIS D'IMAGINER, LÀ ? LUI, VIRIL ? HIHIHIHI !
« Qu'est-ce que t'as à rigoler comme une baleine ?
- Rien, rien..., répondis-je en essuyant une larme au coin de l'œil. Bon, tu l'acceptes mon défi ?
- Mais pourquoi tu me proposes ça, en fait ?
- Quelle question ! C'est pour te prouver que je ne suis pas amoureux de Manon, bon sang !
- Oh, je vois... »
Et il se remit à réfléchir. Mais ce n'était pas vrai, ça ! « Tu te décides, oui ou merde ? », pensai-je, impatient. Ce défi n'était pas bien compliqué, il n'y avait pas de quoi se remuer les méninges autant !
« Tu es sûr de vouloir faire ça ? Parce que je te rappelle que je n'aime pas Léa, ça ne servira à rien.
- Et moi, tu crois sérieusement que je suis raide dingue de Manon ?
- Raide, j'sais pas, mais dingue, oui ! »
C'était une expression, abruti.
« Alors OK, mais on change de défi : celui de nous deux qui arrivera à ne pas parler à sa partenaire le plus longtemps possible gagne ! Deal ? », déclara Jérémie, un sourire aux lèvres.
Ça me semblait super facile, surtout avec Jérémie comme adversaire.
« Deal ! »
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