- Chapitre 15 -

Bonjour !

Oui, j'ai tenue le délai d'une semaine. Ha ha ! #TropFière

(pourquoi j'ai mis un hashtag, moi ?)

Et c'est sûr cette note de fierté que je vous souhaite une bonne lecture !

\(^3^)/

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Sourire. Ne pas être désagréable. Sourire. Ne pas être désagréable. Sourire. Ne pas être désagréable. Sourire. Ne pas être désagréable. Sourire. Ne pas être désagréable.

Ma petite invocation ne marchait toujours pas et ça commençait à me saouler... Non ! Il fallait que je sois positive. POSITIVE, merde !

Allez, une dernière fois.

Sourire... Ne pas... être... désagréable... MAIS RAH ! COMMENT POURRAIS-JE L'ÊTRE DANS CES CONDITIONS ? Et puis, sourire comme une débile, non merci !

Pourquoi j'étais dans cet état ? Eh bien, parce que ce cher Adrien était EN RETARD, et ce depuis plus d'une vingtaine de minutes ! De plus, je détestais les retardataires. Donc les deux ensemble n'allaient pas me rendre heureuse, non.

Ce mec faisait tous pour m'énerver, ce n'était pas possible ! Peut-être que, dès le début, il se fichait de moi... Ou il avait certainement compris mon petit manège...

Stop ! Il fallait vraiment que j'arrête de stresser à ce sujet, c'en devenait vexant. Le « Prince » était juste trop naïf pour me soupçonner de quelque chose. Je devais me rentrer ça dans le crâne.

Bon, aujourd'hui, c'était au tour de la deuxième phase du plan AA. Elle était obligée d'être parfaite. Pas comme la première où j'étais tombée comme une abrutie. Pour cela, j'avais effectué des recherches - oui, encore - et trouvé des choses pour le moins... intéressantes.

Je sortis mon téléphone et allai directement dans ma galerie photo. Je regardai la capture d'écran que j'avais prise la veille et je ne pus m'empêcher de la trouver débile. Surtout en relisant le titre de l'article : Premier rendez-vous ? Alors, voici les dix commandements rien que pour vous !

Oui, c'était ce genre de recherche à la noix qui m'avait occupé, hier soir. Qu'est-ce que j'avais honte de moi... En plus, ce n'était même pas un rendez-vous. Mais bon. Pour le bien de mon plan, je devais le voir comme ça. Et pour que celui-ci fonctionne, je me décidai à lire ce texte, parce que je n'en avais pas encore eu le temps :

Coucou, mes chéries !

Ça commençait mal.

Aujourd'hui, nous allons voir COMMENT se comporter durant le premier rendez-vous galant. Ceci est très simple, si et seulement si vous suivez ces règles À LA LETTRE :

Règle n°1 : pour un premier rendez-vous, être élégante est plus qu'important. C'est VITAL, parce que, si votre amour vous voit dans un jogging, cela va poser problème pour la suite. Donc, une robe/jupe s'impose, avec des talons en prime, sans oublier du parfum, des bijoux et le maquillage qui est IN-DIS-PEN-SABLE !

Merde. J'étais en jean avec un t-shirt un peu trop grand, un gilet, des baskets, ni maquillée, ni parfumée. Et mon éventuel bijou serait juste mon chouchou noir de secours, au cas où l'autre se casse, autour de mon poignet droit.

Bah quoi ? Le samedi, c'était la journée détente !

Et puis, j'avais des poils aux jambes.

Règle n°2 : vous devez paraître intelligente, non seulement pour lui montrer que vous n'êtes pas nunuche, mais aussi pour lui faire comprendre qu'il ne fera pas d'erreur avec vous !

Ah oui ? Et si je commençais à lui parler des vecteurs en maths, ou des dissertations en français, il serait impressionné ?

Attention : n'en faîtes pas trop, il ne faudrait pas qu'il s'endorme !

J'avais rien dit.

Règle n°3 : soyez timide et pas sûre de vous. Les hommes préfèrent ce type de femme que celles avec un caractère indomptable !

Oh nan ! Je n'avais pas envie de passer pour une fille qui faisait comme si elle n'avait jamais vu le monde extérieur. Et ça faisait cliché.

Règle n°4 : soyez également maladroite, puisque nous savons toutes que n'importe lesquels de nos chers mâles adorent aider les demoiselles en détresse !

Ah bon ? Et ceux qui agressaient les femmes, les frappaient ou les violaient, c'étaient qui ? Les chats des voisins, peut-être ?

Ne jamais dire que tout le monde était pareil, car ce n'était pas le cas.

Règle n°5 : rigoler à toutes ses blagues, même les plus lourdes. Ainsi, il aimera votre présence et sera apaisé.

Mais oui, bien sûr ! Pour passer pour une cruche, c'était le meilleur moyen.

Règle n°6 : faites-lui part de vos exploits ! Après tout, vous n'êtes pas une bonne à rien !

Je plaignais celle qui était au fond de son lit, en train de manger un pot de glace, devant Amour, Gloire et Beauté. Ensuite, je ne savais pas qu'être vantarde aidait avec l'Amour.

Règle n°7 : envoûtez-le avec votre regard de braise et vos beaux cils à tomber par terre ! Ce sont les armes ultimes des femmes !

À moins de lui faire croire que j'avais une saleté dans les yeux, je ne voyais pas à quoi cela pourrait me servir.

Règle n°8 : « qu'est-ce que tu es adroit ! », « tu es magnifique ! », « oh, tu es très intelligent ! »... Le complimenter, y a que ça de vrai !

Je m'imaginai lancer à Adrien : « oh, tu es magnifiquement en retard et tu es certainement la seule personne que je connaisse à l'être de trente minutes, bravo, mes compliments ! ».

Règle n°9 : CRÉER LE CONTACT. Ainsi, votre homme sera là pour vous, et vous dans ses bras.

Un coup de pied dans les noisettes, ça comptait ?

Règle n°10 : soyez vous-même, car il n'y a que la vraie vous qui pourra lui arracher le cœur. »

Jolie message, mais je devais être à la fois élégante, savante, cruche, pas fichue de tenir sur ma paire de jambes, avoir une rigolaïte - maladie très grave qui faisait rire tout le temps, terrible -, imbue de ma personne, imiter les mouches avec mes yeux, lèche-bottes, tactile et rester moi-même, bien entendu.

Autant ordonner à un chien de faire de la natation synchronisée avec une grenouille.

« Bon, effaçons ces absurdités, tout de suite. », pensai-je, en cliquant sur l'icône de la corbeille.

Et me revoilà à la case départ, à attendre Adrien et à me lamenter.

Seulement, je sentis une main qui venait de se poser sur mon épaule droite. Cela me fit sursauter.

« AAAAAH ! »

Bon, d'accord, ça m'avait carrément foutue les jetons.

Je me retournai et vis un garçon, plus petit que moi, asiatique, en train de rire - de ma réaction, sans doute. Il me rappelait vaguement quelque chose, et je n'oubliais jamais un visage...

« Jonathan ?

- C'est qui, ça ? s'étonna-t-il, incrédule. Moi, c'est Jérémie, hein ! Le petit frère d'Adrien ! »

Aaaaaaaaah...

« Aaaaaaaaah...

- Comment ça, « aaaaaaaaah... » ?

- Rien. Juste « aaaaaaaaah... ». », répétai-je, ne sachant pas quoi répondre.

Le petit PEMLER se retourna et cria :

« ADRIIIIIEN ! TA COPINE EST BIZARRE ! ELLE N'ARRÊTE PAS DE DIRE : « AAAAAAAAAH... » ! ON PEUT ENCORE RENTRER, SI TU VEUX ! »

Merci beaucoup, petit frère d'Adrien, pour votre superbe intervention.

La seconde après ce magnifique hurlement, le grand PEMLER arriva en trombe, en face de moi et de notre invité surprise.

« Jérémie, voyons ! On ne parle pas comme ça devant les gens ! le sermonna-t-il.

- Bah quoi ? J'y peux rien, moi, si elle répète « aaaaaaaaah... » ! Ta chérie n'a qu'à mieidhfidhnfoihdognfdlkgf ! »

Et hop ! La main d'Adrien servait dorénavant de bouchon pour cette pipelette. Ah, du silence...

« Excuse-le, Manon ! Il est encore assez immature ! J'ai été obligé de l'emmener, parce que Monsieur voulait absolument des BDs ! D'ailleurs, c'est à cause de lui que je suis en retard, encore désolé ! Et blablabla... »

Roh, mais c'était pas vrai, punaise ! Je passais d'un moulin à parole à un autre.

À mon tour, je mis ma main sur la bouche d'Adrien pour qu'il se taise. Enfin. Les PEMLER furent étonnés par mon geste, mais je fus soulagée par celui-ci.

« Adrien, s'il te plaît, tais-toi. Déjà, vous débarquez de nulle part, ton frère et toi. Puis, vous m'agressez les oreilles. Donc, stop. », articulai-je, me voulant sévère, mais pas trop.

Et merde. Cet article m'avait contaminée.

J'enlevai ma main de la bouche d'Adrien. Celui-ci fit de même avec son frère. On se fixa bêtement, tous les trois, avant que Jérémie relance la conversation :

« Ouaaaaah ! Je retire ce que j'ai dit ! Elle est trop classe, ta petite-amie, Adrien ! »

Adrien et moi nous nous regardâmes. Lui était gêné par les propos de son frère. Moi, je m'en foutais un peu. Mais mon expression du visage ne devait pas mentir, car je rigolais aux éclats, intérieurement, rien qu'à cette éventualité improbable.

« Bon, on y va ? suggéra Adrien, un peu rouge.

- Ouais ! Allons-y ! », clama Jérémie, tout excité.

Nous entrâmes dans la bibliothèque et le petit PEMLER nous abandonna, Adrien et moi, pour s'aventurer dans les rayons de BDs, alors que nous nous dirigions vers celui des romans. Pendant que j'en cherchais un, je m'aperçus que mon acolyte, lui, était plus maladroit que d'habitude pour choisir les livres : il les prenait sans vraiment les inspecter, les reposait et passait à d'autres, en répétant les mêmes actions.

« Ça va pas, Adrien ? »

Il ne me répondit pas et continua à faire ces trucs, toujours dans son monde.

« Adrien ? »

Rien.

Je me plantai juste devant l'énergumène et lui fis une petite pichenette sur le front.

« Aïeuh ! Ça fait mal ! s'exclama-t-il, sortit de sa torpeur.

- T'avais qu'à m'écouter. T'es étrange, aujourd'hui.

- A-Ah bo-bon ? J-Je ne vo-vois pas pourquoi t-tu dis ça !

- Tu te fous de moi ? T'as vu comment tu bégayes ?

- Lai-Laisse to-tomber, tu veux bi-bi-bien ? », bafouilla fermement Adrien.

Et voilà : le « Prince » boudait. Il était retourné à ses livres, dans son coin. Super. Mon plan ne marchait pas du tout, là ! Je devais créer une situation pour qu'on puisse parler et vite !

Une idée me vint. Je m'avançai vers une commode de roman et visai ceux de la plus haute rangée. « Allez, Adrien, viens m'aider ! », le persuadai-je dans ma tête.

Il ne bougea pas. Pourtant, c'était plus qu'évident qu'une personne plus grande que moi devait me « secourir » ! La rangée en question était au-dessus de moi d'environ trente-cinq centimètres et je ne la touchais que du bout des doigts. C'était pas humain de faire une taille pareille !

« Besoin d'aide ? osa-t-il, enfin, demander, de sa petite voix.

- Non, merci. »

Normalement, il devrait relancer le sujet dans une minute... Bon, peut-être deux... Trois ?

« Finalement je veux bien de l'aide, s'il te plaît. », déclarai-je - ce qui fit très mal à ma fierté - m'étant rendue compte qu'il n'allait pas répliquer pour m'aider.

D'habitude, il insistait pour me donner un coup de pouce, alors je pensais que faire la « fille-qui-ne-veut-pas-avouer-qu'elle-avait-besoin-d'aide » aurait fait son petit effet.

Espèce d'article débile.

« Tu veux lequel ? requit Adrien, après s'être positionné à côté.

- Le Cœur en braille, dis-je au plus grand des hasards.

- Oh, excellent choix ! Ce livre est génial, tu vas voir ! Et blablabla... »

Ah ! Le voilà, le vrai Adrien. Tout frais, tout neuf. Franchement, un livre et puis il était de nouveau opérationnel. Cela pourrait s'avérer utile po-

Une pichenette me réveilla de ma réflexion.

« Eh ! m'écriai-je.

- Oui ? Qu'est-ce qu'il y a ? Ça te fait pas du bien, une pichenette ? », me taquina mon « super copain ».

Je lui répondis par une pichenette. Ça lui apprendra ! Mais il décida de faire pareil et je me pris une autre pichenette également.

La guerre était déclarée...

Paf ! Une pichenette pour Adrien. Pif ! Une autre pour moi. Puf ! Une nouvelle pour le grand gaillard. Pof ! Une exprès pour la binoclarde.

Ça continua longtemps, et ça aurait pu durer encore une heure, si Jérémie ne s'était pas pointé et beuglé :

« Oh ! C'est la première fois que je vois une vraie bataille d'amoureux !

- Jérémiiiiiiiiiiie... Viens un peu par iciiiiiiiiiii... », siffla Adrien entre ses dents.

Et c'était reparti.

Je m'en allai vers l'accueil de la bibliothèque, pendant que les frères se disputaient une nouvelle fois. Ensuite, je revins vers eux, le livre avec moi. Après tout, autant le lire, maintenant que je l'avais.

« Je vais y aller, maintenant.

- Déjà ?! s'effara Jérémie. Mais pourquoi ?! »

Parce que mes parents allaient me tuer, sinon, si je ne rentrais pas de suite chez moi et qu'ils découvraient que j'étais sortie de la maison sans leur autorisation.

« J'ai des choses à faire, prétendis-je.

- Mais ça ne fait même pas une heure ! »

La faute à qui ?

« Laisse-la, Jérémie. On pourra refaire ça une autre fois. Enfin, si ça te dit, bien sûr... », me proposa Adrien.

Sachant que je n'avais rien pu faire à propos du plan AA, à cause du petit PEMLER, aujourd'hui, j'étais vachement contente qu'il l'envisage de nouveau.

Et puis, je m'étais assez bien amusée, au final : faire des pichenettes sur le front d'un Bad Boy le rendait encore plus ridicule.

•••

Après être rentrée par l'arrière de la maison, je m'en allai dans la cuisine, puisque j'avais un peu faim. Je pris un yaourt au chocolat et le mangeai debout.

Tout en savourant ce délicieux produit frais, je remarquai quelques détails déconcertants, dans le salon : le journal de mon père était sur le canapé et l'ordinateur de ma mère avait été rangé dans son sac. Pourtant, j'étais sûre que mon père avait placé le journal sur la table basse, près de la télé, et que ma mère avait utilisé son ordi avant de partir, précipitamment, chez leurs amis. Donc, elle n'avait pas pu avoir le temps de le ranger.

Prise d'un doute terrible, je m'élançai vers le placard du hall d'entrée. Je l'ouvris, paniquée, et découvris la dernière chose que je voulais voir.

Leurs manteaux. Ils étaient là. Je ne comprenais rien. Je croyais qu'ils ne rentreraient que dans vingt minutes !

J'entendis des bruits de pas, derrière moi, et me retournai vers eux, de plus en plus affolée.

« Manon, on peut savoir ce que tu faisais, hors de la maison ? »

J'étais fichue.

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