- Chapitre 13 -

Aujourd'hui, c'était le grand jour. Le jour du lancement du plan Aider-Adrien, alias AA. Pour la réussite de mon plan, j'avais dû regarder quelques épisodes de Death Note, pour prendre exemple sur le héros et mieux comprendre comment embobiner sa victime. Ça m'avait poussé à me créer une petite fiche, que voici :

Cible : Adrien PEMLER

Âge : quinze ans.

But : le pousser à arrêter son activité.

Raisons : me sentir mieux et faire revenir mon Prince.

Bonus : être admirée par mes parents.

Type de personne : GPMC, sûrement violent, mais aime la lecture.

J'espérais juste que cette fiche ne soit jamais découverte.

Ce plan m'avait pris deux semaines, durant lesquelles j'avais observé chaque mouvement d'Adrien. Par exemple, j'avais remarqué que le mercredi, en étude, il avait l'habitude de mordre son crayon lorsqu'il ne comprenait pas son exercice de maths. Aussi, Adrien oubliait toujours de remettre l'étiquette de son sweat et de se coiffer, après sa séance de sport, le vendredi.

Non, ce n'était pas du voyeurisme, mais de « l'aide à personne en danger ».

En tout cas, ces détails ne m'aidaient pas du tout. Seulement, la semaine dernière, je l'avais aperçu dans le parc, derrière le gros chêne. Suite à ça, j'avais attendu chaque midi et l'avais vu s'y rendre le lundi, le mardi et le jeudi, de treize heures à treize heures trente.

Oui, c'était très précis.

Adrien avait bien choisi sa planque, parce que le parc était un endroit trop effrayant pour tous les élèves du lycée. Non, il n'avait pas été construit sur un ancien cimetière, mais presque. Le parc avait été construit à côté d'un couvent.

De quoi avoir les chocottes, hein ?

Bien sûr que non, ça ne faisait pas peur. Pourtant, aucun des lycéens de l'établissement n'osait y aller, de peur de se faire aborder par une bonne sœur et mourir par une tornade de propos religieux. Débile.

Mais il se passait quoi dans leurs têtes ? Ils pensaient tous sérieusement qu'en les voyant, une bonne sœur allait avoir l'idée de leur sauter dessus, un crucifix à la main, en criant : « Vade retros, Satanas ! » ? En même temps, ça ne m'étonnerait pas si ça se passait comme ça avec les GPMC.

Bon, je devais en revenir à mon plan, moi. Comme je le disais plus tôt, Adrien se retrouvait seul trois jours par semaine, pendant trente minutes. Une aubaine pour moi.

C'était vrai, au début, je ne voulais pas le faire au lycée, pour ne pas lancer des rumeurs totalement idiotes. Donc, je voulais lui parler en DEHORS de l'école. Mais je m'étais rendue compte d'une chose : comment je le retrouvais, moi, dans toute la ville ? À moins de lui coller une puce GPS sur lui, c'était quasiment impossible.

Résultat : j'avais dû me démerder pour trouver un autre moyen de lui parler discretos, ce qui m'amenait au problème suivant : trente minutes, ce n'était pas beaucoup. En mille huit cents secondes, je devais l'aborder tout en finesse, puis, lui parler d'un sujet qui le passionnait – j'allais y venir, après – pour, ensuite, réussir à avoir son numéro de téléphone ou son mail.

En gros, je n'avais pas le droit à l'erreur.

Pour la réussite de la mission, j'avais emporté avec moi le deuxième tome de La Passe-Miroir, car je pensais que ça m'aiderait d'une façon ou d'une autre à lancer une discussion avec lui, puisqu'il semblait adorer cette histoire.

Malheureusement, si je ne parvenais pas à obtenir un moyen de le contacter à l'abri des regards, le plan AA tomberait à l'eau avant d'avoir commencé !

En ce moment même, j'étais en cours d'allemand et, pendant que le reste de la classe était en train de voir du vocabulaire nécessaire pour la suite de la séquence, je prenais le risque de ne pas écouter pour me récapituler tout ce que je devais accomplir ce midi.

Première étape : me dépêcher de manger avec Charlotte et Louise, avant qu'Adrien ne termine son repas. En plus, on mangeait des patates, ce midi. Raison de plus pour manger rapidement.

Deuxième étape : aller récupérer mon sac où se trouve mon arme ultime. Je devrais y arriver sans problème.

Troisième étape : sortir une excuse bidon aux filles pour filer en douce au parc. Ça ne me paraissait pas bien compliqué.

Quatrième étape : jouer la comédie avec Adrien pour sympathiser.

Puis, cinquième et dernière étape : avoir son téléphone ou son mail.

Cinq niveaux, comme dans un jeu vidéo. Et je devais battre le boss avant la reprise des cours.

La sonnerie retentit. Au moment où notre professeur nous donnait nos devoirs pour la semaine prochaine, je me dépêchai de les noter dans mon agenda et de ranger mes affaires. Je sortis en trombe de la salle et j'entendis Charlotte, qui avait de la peine à me suivre, me crier :

« Manon, attends-moi ! »

C'était vraiment pour Adrien que je le faisais. Désolée, Charlotte.

Arrivées aux casiers, j'ouvris le mien rapidement, puis le refermai à la même vitesse.

« Mais qu'est-ce que tu as, Manon, aujourd'hui ? me demanda Charlotte, un peu perturbée par mon comportement. Pourquoi tu te dépêches tant ?

- Pardon, c'est juste que... J'ai super faim !

- Ah bon ? D'habitude, c'est l'estomac de Louise qui grogne, pas le tien.

- Comment ça, « mon estomac grogne » ? »

Ce fut avec joie que j'aperçus Louise derrière nous.

« C'est juste que, quand tu as faim, on l'entend très bien, rétorqua Charlotte.

- Hein ? Mais comm-

- Allez, on y va ! la coupai-je. Mon ventre crie famine, là. »

•••

C'était avec la fourchette dans ma main droite et ma tête sur la main gauche que je gobai mon plat à toute vitesse, sous le regard éberlué des filles. Louise me fit remarquer que j'étais bizarre, ce à quoi je répondis :

« Excusez-moi, mais j'adoooooore les pommes de terre ! »

Si elles n'avaient pas été là, je me serais foutu deux baffes en pleine poire.

Une fois mon repas terminé, j'attendis avec impatience Charlotte et Louise, qui n'avaient sûrement pas envie de partir, vu la lenteur à laquelle elles mangeaient. Je décidai de vérifier si ma proie était encore ici. Je la vis en train... DE SORTIR ?!

Immédiatement, j'orientai mes yeux sur l'horloge. Pas étonnant qu'il était déjà parti ! Il était douze heures cinquante-cinq !

Me voyant dans l'obligation de partir, je prétextai :

« Les filles, je dois vraiment y aller, là.

- Où ça ? insista Louise, après avoir avalé une bouchée de viande et de patates.

- Où ? Et bien... Aux toilettes.

- T'as envie à ce point-là ? s'enquit à son tour Charlotte, déçue que je gâche la seule fois de la journée où on était toutes les trois ensembles.

- Oui, oui ! Faut vraiment que j'y aille. À tout à l'heure ! »

Une fois sortie de la cantine, je courus chercher mon sac et me rendis dans le parc.

Les étapes une, deux et trois étaient un franc succès !

Je m'avançai sur le chemin menant au grand chêne et m'apprêtais à sortir le grand jeu quand, tout à coup, mon pied-droit ne suivit plus le mouvement de mon corps et resta en retrait. La suite, elle était simple.

PATATRA !

Décidément, j'adorais tomber par terre. Ça devait être une de mes passions secrètes.

Le bruit de mon acrobatie avait dû titiller l'oreille de ma cible, car, en relevant ma tête, je la vis marcher vers moi, en rigolant. Enclenchement de la quatrième étape ! Et avec le sourire. Je ne devais surtout pas le renvoyer chier.

« Dis, tu aimes le sol tant que ça, Manon ? Parce qu'entre ta chute de la rentrée, celle-ci et ta drôle de position durant la partie de cache-cache, j'ai comme un doute !

- Ha. Ha. Très drôle, M.LeClown, mais je pensais que tu aurais préféré oublier cette soirée, moi. »

Et merde. Je n'aurais pas pu la fermer ?

« Ah oui... C'est vrai, j'aurais préféré. Besoin d'aide ? interrogea Adrien, qui me tendait sa main gauche, visiblement pas trop touché par mon commentaire.

- T'inquiète, je peux me lever seule, je ne suis pas en sucre, ironisai-je.

- Tu m'avais déjà dit ça la dernière fois. Allez, laisse-moi t'aider, cette fois. »

Il me tira et me releva avec, comme supplément mayonnaise, un petit sourire en coin. C'était bon ? Il avait fini de se la jouer ? Je n'étais pas une demoiselle en détresse, moi ! Juste une demoiselle qui aimait le sol, point barre.

« Toi aussi, t'aimes bien venir ici ? me questionna-t-il, surpris de voir un autre élève que lui dans le parc.

- J'étais juste venue lire, et toi ? »

Il regarda les alentours avec insistance, comme si un danger nous guettait, puis reprit :

« Moi aussi, j'étais ici pour lire.

- Ah bon ? Et tu lisais quel livre ?

- Les Misérables. », me répondit-il, encore en observant le décor autour de nous.

Il commençait à me taper sur le système avec sa manie de surveiller le parc.

« Eh ! Pourquoi tu t'agites, comme ça ? »

Il arrêta de gesticuler et reporta son attention sur moi. Enfin.

« Attends, me dis pas que t'as peur qu'on te voie avec moi ? réalisai-je, sarcastique.

- Si... Enfin, non ! se reprit-il. Pas du tout !

- Mouais. »

Sentant que je commençai à le perdre, je décidai de sortir ma carte maîtresse. Je la pris dans mon sac et la tendis à Adrien, qui semblait heureux de voir ce tome deux de La Passe-Miroir.

« Si tu veux, je peux te le prêter.

- Mais comment t'as su que...

- On ne passe pas du premier tome de La Passe-Miroir à Les Misérables sans avoir une bonne raison. Donc, je m'étais dit que tu ne possédais pas le deuxième tome.

- Comment tu pouvais être sûr que je ne l'avais pas ?

- Qui t'a dit que j'étais venue dans le parc spécialement pour toi ? J'y ai pensé sur le moment, c'est tout. Tiens. »

Il me le prit des mains et le regarda de la même manière qu'une personne ayant trouvé de l'or pur.

Ça, c'était fait. Maintenant, je devais subtilement faire allusion à un moyen de l-

« On échange nos numéros de téléphone ? »

Pardon ?

« Pardon ?

- Oh, c'est juste que... Comme ça... On pourra s'échanger d'autres livres ! »

... Ce mec était vraiment bizarre, c'en devenait presque un phénomène.

« D'accord, ça me va. », conclus-je, en cherchant mon téléphone dans mon sac.

Le plan marchait comme sur des roulettes.

****************************************************************************

Je sais, j'ai encore une semaine de retard et je m'en excuse.  :o

Franchement, je ne suis pas DU TOUT organisée, ces temps-ci.

J'espère que la tournure que l'histoire prend vous plait, parce que moi je l'aime beaucoup. Je trouve ça assez drôle.

Oui, je m'auto-critique.

Au fait, tant que je vous ais sous la main, regardez un peu ça :

Merci beaucoup pour votre soutien, c'est vraiment gentil de votre part ! Ze vous aime, d'abord !   :3

Je ne sais pas si ma place de 736ème sera toujours d'actualité, mais l'avoir été qu'une seule journée me suffira amplement. Encore une grand Merci, avec un magnifique M majuscule, car sans vous je ne serais rien. Et moi, je suis en retard. Tu parles d'un cadeau !

Allez ! À plus pour un prochain chapitre !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top