Chapitre 18
Flashback :
PDV Emilio
— Votre altesse, arrêtez je vous en prie ! s'exclama-t-il, sous le bruit du verre cassé.
— Elle est partie ! Tu te rends compte ! Elle m'a laissé !
— Tenez-le ! cria une nouvelle voix, que je reconnus immédiatement.
Angelo.
En moins de deux je fus attrapé par plusieurs gardes. J'essayais de me débattre, mais la fatigue se faisait de plus en plus ressentir. La pièce ne ressemblait plus du tout à une chambre. Tout se trouvait à terre, des milliers de bouts de verres jonchant le sol.
— Amenez le dans son bureau, s'exclama encore mon frère, en se retournant.
— Je dois la retrouver ! Lâche-moi !
— Calmez-vous sir, je vous en prie, me souffla Antonio, en posant une main sur mon épaule.
Je laissais échapper un grognement, pendant que les gardes, avec beaucoup de mal, me ramenaient dans mon bureau. Ils me lâchèrent enfin et partirent aussitôt sous les ordres d'Angelo.
— Elle est partie, soufflais-je, les muscles tendus.
— Pourquoi s'en est-elle allée, Emilio ? me demanda Angelo, les bras croisés contre son torse.
— Je n'en sais rien... J'étais...j'étais trop obnubilé par cette histoire de guerre mais... mais...
— De ce que j'ai entendu, tu limitais certains échanges. Même, tu ne lui parlais presque plus. Emilio... je sais que nous avons des devoirs mais néanmoins, je n'ai jamais laissé Flora seule aussi longtemps. Tu étais trop concentré sur ton travail, tu en as totalement oublié que tu avais une femme qui t'attendait patiemment chaque soir. Même quand tu rentrais, tu ne lui disais qu'un simple bonjour et c'est tout.
Tout mon visage se décomposa, en réalisant ce que j'avais fait. Je l'avais tout simplement laissé, alors qu'elle m'attendait toujours dans notre chambre. Qu'elle me demandait toujours si j'allais bien, et que je lui répondais une réponse négative, froidement.
— Et ce mois a été rude pour elle. J'ai été mis au courant par une des domestiques et je ne veux pas que tu ne te mettes davantage en colère. Alors essaye de te calmer, reprit mon frère, en s'avançant.
— Quoi ? Pourquoi ! demandai-je, le cœur se serrant lourdement.
Angelo sortit quelque chose de sa poche, avant de me le rendre. Je clignais plusieurs fois des yeux, mes jambes manquants de me lâcher. Je déglutissais péniblement et mon cœur avait loupé plusieurs battements en voyant l'objet qui se trouvait devant moi.
Un test de grossesse.
Positif.
— Elle venait d'apprendre qu'elle était enceinte. Le bébé ne pouvant être que de toi. Pourquoi est-elle partie, à ton avis ? Elle t'avait posé une question et que lui avais-tu répondu, Emilio ?
Ce que je lui ai dis... Avant qu'elle ne parte...
« Emilio...que penses-tu des enfants ? » m'avait-elle demandé, d'une toute petite voix, en ne cessant de se remuer.
« Avoir des enfants ? Ce n'est pas du tout l'un de mes projets. Et puis, ça demande beaucoup de temps à consacrer et tu le sais très bien, Camilla, que je n'ai ce temps. Et puis... je ne les porte guère dans mon cœur. »
— Je comprends parfaitement, dans quel état elle se trouvait, reprit Angelo. L'homme qu'elle aime lui avoue cela, alors qu'elle portait son enfant. Écoute Emilio, je sais que tu ne pensais pas ces paroles ; tu étais stressé et je le conçois très bien, mais ton travail t'a complètement empêché d'ouvrir les yeux sur tes paroles et sur Camilla...
— Qu'ai-je fait... soufflai-je, les larmes au yeux.
Angelo me tapota doucement le dos, en me murmurant quelques paroles en italiens. Il essayait de m'apaiser mais cela ne fonctionnait pas. Je l'entendais soupirer, avant qu'il ne reprenne la parole :
— C'était une erreur, calme toi. Il va te falloir du temps et je le sais. Mais pense surtout à Camilla. C'est elle qui en aura le plus besoin. Je vais te donner l'adresse d'une détective qui à ce que j'ai entendu, est très douée. Prend ton temps et laisse lui aussi du temps, Emilio.
— Reviendra-t-elle un jour ? murmurai-je, le cœur serré.
— Je l'espère. L'amour est plus fort que tout et tu le sais...
**
Deux mois plus tard.
— Heureux de voir que vous allez mieux, votre altesse, me chuchota-t-elle, un sourire aux lèvres.
J'acquiesçais de la tête, silencieux, en dévisageant la femme qui se trouvait devant moi. Grande avec des cheveux roux, elle avait des yeux verts très perçants, comparable à une vipère. Le grand décolleté qu'elle me laissait entrevoir, ainsi que la jupe raccourcie, m'en disait bien long sur ses intentions de m'aider. Néanmoins c'était la meilleure des détectives et une recommandation d'Angelo. Je me devais donc faire avec.
Après être sorti de ma dépression, je me reprenais enfin en main. La retrouver était désormais mon seul objectif.
**
— Toujours rien ?! Bon sang mais vous travaillez vraiment ou quoi ! criais-je, en balayant rageusement les feuilles qui se trouvaient sur mon bureau.
— Il me faut encore du temps, votre altesse. On ne pourra la retrouver du jour au lendemain. J'essaye néanmoins de faire tout mon possible pour la localiser, répondit-elle, en faisant valser ses cheveux roux d'un mouvement.
— Et puis elle a peut-être changé de nom et de physique... reprit-elle pensivement, en se penchant sur mon bureau.
— Je m'en fiche ! Faites tout votre possible pour la retrouver, je ne me le répéterais pas !
— Et achetez-vous des vêtements à votre taille, bon sang ! Le dix ans ne vous va plus, tout dépasse ! continuai-je, en me retournant furieusement et en sortant du bureau.
**
— Vous êtes viré ! Il n'y a plus rien à dire, basta ! Ça fait plus d'un an qu'on la cherche et les recherches n'ont pas avancé ! hurlais-je hors de moi, en la repoussant violemment du bureau.
Les gardes la prirent directement, et en moins de deux, elle était enfin partie du palais.
Le temps a filé.
Ça fait maintenant plus d'un an que je l'ai perdu.
Notre enfant est déjà né et je n'ai même pas pu assister à l'accouchement.
Rien. Je suis seul. Terriblement et horriblement seul. La douleur dans ma poitrine ne s'est encore pas effacée ; j'ai mal. Je souffre de son absence.
**
— Nous venons de retrouver sa trace, Emilio, fut la phrase, qui venait depuis longtemps me faire perdre tous mes moyens.
Pietro, mon nouveau détective, l'avait enfin retrouvé, en à peine un mois. Un petit mois. J'allais enfin pouvoir la retrouver.
Les retrouver.
— Les registres de naissance m'ont aidé et c'est grâce à cela que nous l'avons retrouvé. D'ailleurs, veux-tu savoir le nom et l'âge de...
— Rien. Je ne veux rien savoir. J'irai moi-même la retrouver et toutes ces réponses me sauront données par elle et personne d'autre, le coupais-je, en essayant de calmer mes battements de cœur devenus irréguliers.
— Bien, Emilio.
Je me retournais, en essayant de cacher mes larmes qui roulaient le long de ma joue. J'allais enfin pouvoir la retrouver. La tenir dans mes bras... Et désormais, j'allais enfin connaître mon enfant.
J'allais enfin... les revoir.
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