-CHAPITRE 20-

BONNE LECTURE


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*-Les sentiments sont comme les vagues, mon frère. Tu ne peux pas les empêcher d'arriver sur toi, mais tu peux décider laquelle tu laisses passer et sur laquelle tu surfes, putain.-*


*.*.*

Le lendemain, la douleur du tatoo me réveil à l'aube. J'ai à peine dormi 3h mais ça suffira pour aujourd'hui. Mon corps est un réel mystère car je peux faire des nuits de 15h comme je peux ne pas dormir pendant 3 jours. Mon cerveau et mon physique ont une vraie connexion. Si mon cerveau décide que dormir n'est pas une priorité dans l'absolu, je peux me restreindre très facilement. Il en est de même pour la bouffe. Un jour je mange un bœuf entier, puis je jeûne complètement pendant 3-4 jours sans le moindre effort.

Lorsque je sors de ma chambre, l'appartement entier est endormi. J'ai perdu l'habitude de dormir ici donc je n'ai plus les routines de chacun, et prie pour que Sania se lève rapidement me faire un café. En attendant, j'allume une clope a la fenêtre de la cuisine. Le seul avantage à vivre dans ce bloc c'est que c'est « La Tour De Contrôle ». Le plus haut bâtiment des 4 Tours. De là ou je suis, j'ai une vue globale sur la cité et tout l'ouest de la ville.

Sania se lève et me fait couler un café en silence. En silence car au vu de mes cernes elle doit penser que je suis en pleine gueule de bois massive.

- Ça va Princesse ? je demande en baillant alors qu'elle me sert mon café ainsi qu'une grosse assiette de gâteau rebeu.

J'enclenche la discussion car je sais que sans signe de ma part, elle peut rester silencieuse des heures entières. Je l'ai tellement traumatisé avec mes crises de nerfs pendant mes gueules de bois, ou même juste quand je ne suis pas d'humeur. Elle attend donc des signes, audible ou non. Quelque chose qui lui fasse comprendre qu'elle a le « droit » de parler.

- Ça vaaa, et toi ? elle demande mollement. T'as pas l'air bien, elle ajoute après que j'ai acquiescé d'un signe de la tête.

- 'pas trop dormi.

- Tu vas pouvoir assurer ton rôle de Prince de la tess ? elle demande en ricanant à moitié alors que je baille pour la cinquième fois en trois minutes.

- Mon rôle ? je la questionne, la bouche pleine.

- C'est pas aujourd'hui le tournoi ?

- Putaaaaain ! je m'exclame en me passant la main sur le visage. J'ai pas la patience pour ça aujourd'hui. Des putains de zouaves qui courent partout et se battent pour des tacles mal placés.

Vers midi, tous les mecs se ressemblent sur le terrain de foot à l'autre bout du quartier. L'ambiance est légère et tout le monde parle et rigole ensemble. Le genre d'atmosphère que j'aime. Les tournois de foot des 4 Tours sont connus et reconnus dans la ville et sont même très attendu. Certains mecs viennent des tess aux alentours pour regarder et / ou participer. L'idée est ensuite venue de faire des tournois inters cités. Aujourd'hui est le jour de la sélection. L'équipe gagnante nous représentera cette saison contre les autres tess.

Le foot, très peu pour moi. Un match ou deux pour se défouler, j'veux bien mais c'est pas une passion. La boxe me suffit. Alors après les échauffements collectifs, je reprends mon rôle et supervise.

Le premier match se déroule à peu près normalement et je n'ai eu à séparer qu'une petite bagarre pour un maillot tiré. Successivement, les matchs défilent les uns après les autres et le stade ainsi que les gradins se remplissent. Vers 12h30, Mounir, le fils du boucher, commence les grillades et rapidement les mecs migrent du terrain à la buvette. C'est pendant la pause repas que je repère Zeynep. Elle, ne me voit pas, trop occupée à discuter avec un mec de la cité voisine. La chaleur qui monte en moi n'augure rien de bon. Ce n'est pas le genre de chaleur que je ressens en présence de Z. Rien de torride ou chaleureux. Non c'est plutôt comme un feu de forêt qui dévaste tout sur son passage. Je me sens réellement prêt à tuer. Je ne comprends pas la rage qui m'habite et par je ne sais quel moyen, je me retrouve devant Z sans avoir le souvenir d'avoir bougé.

La surprise ce lit immédiatement sur son visage. Elle me lâche son plus beau et foudroyant sourire. Quant à son « pote », une sorte d'agacement transparait via son regard et sa position. Il n'a pas l'air d'apprécier d'être déranger. Ce mec, c'est tout mon contraire. Imberbe, petite coupe un peu trop soigné, l'air intello, le genre de type fait pour elle. Le genre de mec avec qui elle va finir une fois qu'elle en aura marre de vouloir réparer Prince qui est cassé et ravagé du cerveau. Intérieurement, je me vois déjà cabosser son visage propret mais comment expliqué que j'ai frappé un mec avant même qu'il ait parler ? Dois-je réellement faire une scène devant tout le monde ? Devant Bil, le frère de Zey. Non putain. Non pas que j'ai peur de lui, loin de là, mais il m'est trop précieux pour que je le perde simplement parce que je n'ai pas réussi à garder mon sang froid.

Sans même dire un mot, j'attrape le bras de Z et la traine loin de ce clown. Je ne m'arrête qu'une fois avoir mis une certaine distance entre nous et le stade. Arrivés près de l'église, je la lâche et allume une clope en m'adossant a une voiture stationnée là. La colère qui était destiné à ce pauv' mec se retourne contre Z. Pourquoi était-elle avec lui, pourquoi alors qu'on s'embrassait juste hier soir ? Était-elle en train de le draguer ? Est-elle attirée par lui ? Après tout il lui convient en tout point.

Je tourne en rond, toujours en silence et sans lui adresser le moindre regard. Je ne sais pas si je suis capable de la regarder dans les yeux en sachant qu'elle était en train de fricoter avec quelqu'un. D'un côté, la colère gagne du terrain mais en même temps j'ai tellement peur de perdre le contrôle comme avec Maya il y a quelques années. Je préfère encore partir, sans explication plutôt que de prendre le risque que la haine prenne le contrôle de mon corps.

Toujours sans un mot, je fais demi-tour.

J'entends vaguement Z m'appeler, me demander de l'attendre pendant qu'elle me court après avec ses petites jambes mais je décide qu'il est préférable pour elle que je l'ignore. Mais c'était sans compter sur Zeynep l'intrépide. Elle me rattrape et me barre littéralement la route.

- Ou tu vas ? Je comprends plus rien Prince ! T'as rien dis mais j'ai l'impression que plein de choses se sont passés en quelques minutes. Je suis perdue, son souffle est court du fait qu'elle ait sprinté pour me rejoindre, elle débite tout à vive allure comme chaque fois qu'elle est déboussolée et ses mains tremblent lorsqu'elle saisit mon bras.

- Laisse tomber Z, retourne avec ton mec, je lâche mollement en la contournant.

Z éclate alors de rire et c'est bien la dernière réaction que j'attendais de sa part. Son attitude me prend au dépourvu et la surprise me fige. Les sourcils froncés d'incompréhension, je me retourne et l'observe avec son grand sourire aux lèvres.

- Prince ? elle demande et attend que je lui fasse signe de continuer. T'es jaloux ?

Son sourire ne veut pas quitter son visage. Rapidement, j'essaye d'évaluer la situation. Moi à deux doigts de peter les plombs, prêt à quitter mon propre corps de peur de ne pas réussir à me contrôler, et elle, sourire et rire. J'ai l'impression d'avoir rater un bout de la discussion. Jaloux ? Quelle idée absurde. J'ai rien a envier a c'pauvre mec.

- Jaloux de lui ? Qu'est-ce que j'aurai à lui envier ? Sa coupe de zboune ? Ses lunettes de tafiole ? Ou son faux air propret ? Hein dit moi ! Plus je la questionne, plus le ton monte et plus je me rapproche d'elle. Jusqu'à finir nez contre nez. Qu'est-ce que moi, Prince, j'ai à envier ?

Mon agressivité la fait reculer, mais dans l'état ou je suis, je ne suis pas capable de distinguer le bon du mauvais. Je ne vois pas à quel point je lui fais peur.

Elle recule de plus en plus. Ses yeux s'emplissent de larmes et après un dernier regard elle s'enfuis loin de moi.

L'après-midi passe d'une lenteur abominable. Je sens passer chaque minute de chaque heure. Match après match, ma patience s'amenuise et ça ce remarque. L'Escroc, mon acolyte, décide de reprendre le relais.

Je ne comprends pas la fuite de Zeynep. J'allume un joint en rejoignant ma vago, bien décider à la retrouver pour en discuter. C'est quoi ce bordel, c'est de ma colère dont il est question. Je repense à cette rage qui m'habitais, a sa peur à chaque cri et avec du recul, c'est ce qui me terrifie le plus. Tellement concentré sur ma haine, je n'ai pas vu sa terreur.


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