Réveil et questions

Je sentis quelque chose d'humide sur mon visage. Cela me ramena brusquement à la réalité et je me redressai brusquement. Ma tête heurta violemment celle d'Alice, qui fut aussi surprise que moi. Quand j'eus un peu repris mes esprits, je regardai autour de moi. J'étais dans ma chambre, au château. Je regardai Alice, qui se frottait encore le front mais semblait soulagée.

- Vous vous êtes enfin réveillée! dit elle en souriant. Nous avions peur que votre état ne soit grave...

- Que m'est-il arrivé ? demandai-je d'une voix tremblante.

- Vous aviez disparu, me répondit Alice. Le Prince semblait très inquiet! Il est parti lui même à votre recherche dans la forêt. Il est revenu hier matin avec vous. Il vous a retrouvé dans le cimetière maudit! Quand il vous a ramenée, vous étiez évanouie. Il m'a demandé de vous soigner jusqu'à votre réveil et d'aller le prévenir.

Elle se redressa.

- Je reviens tout de suite, dit-elle en fermant la porte.

Je me retrouvai de nouveau seule. Je me mis à songer au tunnel. Quelqu'un savait-il qu'il existait? Quelques minutes plus tard, on frappa à la porte. Je lançai:

-Entrez!

La porte s'ouvrit sur le prince. Il était seul et semblait soucieux. Lorsqu'il me vit, son visage sembla s'illuminer. Il s'approcha de mon lit et me demanda:

- Comment allez-vous, ma chère?

Je retins le qualificatif qu'ils avait employé et lui répondis:

- Je me sens un peu perdue, mais ça va, merci.

Je lui souris.

- Alice m'a dit ce que vous aviez fait pour moi, poursuivis-je. Je devais vous remercier pour cela.

Il sourit à son tour et s'agenouilla à côté de moi.

- C'est tout naturel, répondit-il en prenant ma main dans la sienne. Qui ne s'inquièterait pas pour une beauté telle que vous?

Je souris à ces mots. Puis il me demanda:

- Que vous est-il arrivé ? Pourquoi étiez-vous si loin du château?

Je n'osai le regarder. Il prit mon visage entre ses doigts et me murmura :

- N'ayez crainte. Vous pouvez tout me dire.

Je me perdis une seconde dans ses yeux sombres. Puis je lui racontai la journée étrange que j'avais vécue la veille. Ou l'avant veille, je ne sais pas trop. Je détectai la peur dans ses yeux pendant une fraction de seconde avant qu'il ne reprenne son calme habituel. Il me dit:

- Vous avez dû rêver. Il n'y a jamais eu de tunnel à cet endroit du château.

Il mentait. Je le savais. Mais pourquoi ? Je feignis le soulagement.

- Heureusement, parce que cet endroit était vraiment effrayant! fis-je en me mêlant au jeu du prince.

Il me sourit et me murmura :

- J'ai eu vraiment peur pour vous, Elizabeth. J'ai cru que vous aviez fui le château et que vous aviez rencontré une créature quelconque. Je suis si heureux que vous alliez bien...

Pendant une seconde, je m'imaginai qu'il voulait dire quelque chose de plus. Mais à ce moment-là Alice entra avec une assiette fumante et le prince se redressa lentement sans me quitter des yeux.

- Je repasserai plus tard, me dit-il d'une voix douce en serrant doucement mes doigts entre les siens. Passez une bonne soirée.

Il sortit avant que j'aie pu lui répondre. Alice sourit.

- Incroyable, fit-elle. Je ne l'avais jamais vu aussi doux. Il semble tenir à vous.

Je haussai les épaules.

- Bien des gens m'ont montré leur intérêt pour moi. Mais aucun ne l'a jamais fait pour moi, juste pour ce que j'apportais.

- Je ne pense pas que le prince vous considère comme un objet à acquérir ou comme une éventuelle source de richesse ou de puissance. Vous souhaitez manger? me demanda-t-elle en me rendant l'assiette.

- Bien volontiers, dis-je en tendant les mains pour prendre cette dernière.

Elle me la tendit et je commençai à manger en parlant de choses et d'autres avec la jeune fille. Mon amie me donna des informations sur ma cheville encore douloureuse et m'informa que je pourrai vite remarcher. Malheureusement pour moi, il me fallait tout de même quelques jours de repos. Je soupirai lorsqu'elle m'apprit cette dernière nouvelle. Je détestais rester sans bouger. Il me fallait marcher, au moins un peu... mais Alice resta ferme et intransigeante : par ordre du prince, je n'avais pas le droit de bouger. Je me résignai donc à attendre patiemment que le temps passe...

Cinq longues journées s'écoulèrent ainsi. Enfin plutot cinq longues nuits car, pour une raison qui m'échappait, la totalité des habitants du château était nocturne. De toute façons, les journées étaient nuageuses et plutôt sombres. Pour passer le temps, je passais beaucoup de temps à parler avec Alice et quand ce n'était pas elle, c'était le prince lui même qui venait me rendre visite. J'attendais ces dernières avec impatience, d'ailleurs. En effet, quelque chose d'étrange m'attirait chez lui. J'ignorais quoi, mais je sentais que je voulais être avec lui. Chaque fois, sa présence m'était plus agréable et j'en apprenais plus sur ses origines. Mais je sentais également qu'il me cachait quelque chose. J'eus beau poser des questions, lui parler, l'observer, rien n'y faisait. Il gardait son secret et refusait de me le révéler. Et pourtant nous nous rapprochions l'un de l'autre... c'était à la fois étrange et extraordinaire. Et sa façon de faire attention à moi était si touchante... j'eus beaucoup de mal à croire durant ces instants si doux qu'il s'agissait du monstre cruel que me décrivait Alice. Et chaque fois que je parlais avec elle, elle me répétait:

- Vous ne le laissez pas indifférent, ça se voit. Il ne parle que de vous et me demande à chaque fois qu'il me croise si vous allez bien. Il est si mignon...

Parfois je me retrouvais seule. Dans ces instants rares et à la fois précieux, je me posais des questions: je réfléchissais aux derniers événements, aux paroles du prince et à celles d'Alice, aux étranges personnes vivant dans ce château et leurs moeurs encore plus étranges... j'en arrivais toujours à la même conclusion : ils cachaient quelque chose. Et je comptais bien découvrir quoi. 

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