☆ 𝒞𝒽𝒶𝓅. 4 : Le Frappuccino du peuple
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« Vous êtes sérieux? »
« Bah, oui! Vous ne pensiez quand même pas que j'avais les moyens de vous inviter au Café Nezu? »
« Non, évidemment... Mais je m'attendais à mieux qu'à un Starbucks. »
Le sourire d'Izuku s'élargit.
« Rassurez-vous, Altesse. Vous allez adorer le Frappuccino du peuple, j'en suis certain. »
Le blond fit son possible pour ne pas paraître choqué : entendre son titre dans la bouche de cet écervelé du vingt-et-unième siècle était une expérience qu'il n'aurait jamais imaginé vivre un jour!
De plus, le nom abracadabrant du breuvage proposé lui flanquait des frissons d'angoisse. Un être aussi précieux que lui pouvait-il s'abaisser à y tremper ses lèvres? Oserait-il seulement refuser la contrainte de boire dans un de ces affreux gobelets recyclables, au risque de perdre cette occasion divine de torturer son accompagnant?
Il n'eut pas le temps d'y réfléchir davantage : celui-ci revenait déjà avec leurs consommations, l'invitant d'un signe de tête à le rejoindre.
« Si vous voulez bien me suivre... » dit-il d'un ton ironique.
Katsuki grinça des dents, mais fit néanmoins l'effort de s'installer sur la banquette d'en face.
« Quand je pense aux miasmes traînant dans cet endroit... » grogna-t-il.
« Vos inestimables sinus ne risquent rien. » se moqua à nouveau le vert.
Il ne prit pas la peine de répondre, trop préoccupé par la masse de gens qui s'agitait autour d'eux. La file qui patientait devant les comptoirs ne désemplissait pas, gargouillant de discussions animées et de rires agaçants. Des senteurs entêtantes lui parvenaient sans qu'il soit en mesure de les identifier, à la fois sucrées et... réconfortantes. Elles lui rappelaient les croissants chauds que Tenya lui servait lorsqu'il se présentait plus tôt qu'à l'accoutumée, à l'ouverture...
« Monsieur Bakugo? » l'interpella Izuku.
« Quoi, encore? »
« Vous avez la vingtaine, n'est-ce pas? »
« Oui, et donc? »
« Moi aussi. »
« Que voulez-vous que ça me fasse? »
« On pourrait se tutoyer, non? Ça m'enlèverait cette impression d'être un cadre quarantenaire, au moins... »
Katsuki le contempla sans un mot, estomaqué. Ce rustre espérait-il réellement pouvoir converser avec lui d'une manière si triviale? Personne n'osait adopter ce pronom avec lui, que ce soit à cette époque ou la sienne!
« Mais bien sûr. Allons faire des emplettes ensemble, tant qu'à faire! » cracha-t-il, suintant d'un sarcasme tranchant.
« Parfait! Je suis content que tu sois d'accord avec moi. » s'enthousiasma l'impudent, totalement inconscient de l'outrage qu'il venait de lui infliger.
L'était-il? Ou s'enfonçait-il sciemment, dans le seul but de l'embêter?
« Je ne–... »
« Bois, ça refroidit! »
Et il l'interrompait au beau milieu d'une phrase, en plus!
« Au fait, quel est ton prénom? Tu connais le mien, mais moi je n'ai entendu que ton nom de famille. »
« C'est une plaisanterie, j'espère? »
« Ah non, je t'assure! D'ailleurs, réparons tous les torts : je m'appelle Izuku Midoriya. Comme ça, pas de secrets entre nous! »
La colère aveuglait progressivement la vision du Prince. Les tons chauds des boiseries disparaissaient au rythme des battements effrénés de son cœur.
« Si j'avais su que tu te montrerais si cavalier, j'aurais refusé ton invitation. » feula-t-il.
« Moi, cavalier? Honnêtement, je ne suis pas très fan des chevaux. À cause de leur taille. »
« Ça suffit! »
« Quoi, tu es dans une association équestre? Je n'ai rien dit d'offensant, n'abuse pas! »
« Pour qui tu te prends? Tu ne vois donc pas que je suis à deux doigts de te frapper? »
Izuku pouffa, visiblement amusé par la formulation choisie. Il aurait pourtant dû être affolé à l'idée de subir un tel affront! Lui et ses contemporains avaient-ils perdu le sens commun?
« D'où te vient cette façon de t'exprimer, d'ailleurs? » l'interrogea-t-il à nouveau. « Tu parles comme un personnage de série médiévale. »
« Ça ne te regarde pas! »
« Bon, et ton prénom? Je dois deviner, c'est ça? »
« Mais qu'est-ce que tu me veux, à la fin? »
« À la base, j'envisageais juste de m'excuser. »
« Comment ça, à la base? »
« Maintenant, je suis intrigué. Ce n'est pas tous les jours qu'on croise un tel spécimen. »
« Tu me prends pour un oiseau rare? »
« Non. Pour un bourge des beaux quartiers, plutôt... Aussi imbu de lui-même que canon. »
« C-canon? Qu'est-ce que c'est supposé vouloir dire? »
Le plus jeune se contenta de siroter son Frappuccino, ses grands yeux émeraude délibérément plongés dans les siens. C'était la première fois qu'un individu osait lui tenir tête de la sorte. Katsuki ignorait quoi faire, perdu entre son envie dévorante de massacre et son admiration involontaire.
« Tu sais, je n'ai pas du tout aimé la façon dont tu as agressé mon ami Tenya. » reprit Izuku en léchant la crème fouettée égarée sur sa lèvre supérieure. « On étudie à l'université Yuei, qu'on a intégrée après avoir obtenu notre bac... Ensemble. Il est comme un frère pour moi. »
Il se pencha vers son interlocuteur, malicieux.
« Je déteste les gens de ton espèce. Mais c'est également la raison pour laquelle j'ai envie de me rapprocher de toi. »
« Ça n'a aucun sens! » protesta l'héritier en adoptant inconsciemment sa position.
« Figure-toi que je suis en troisième année de licence d'Histoire. J'étudie plus précisément les Temps Modernes. Un cas comme le tien, c'est de l'or pur que je compte bien exploiter. »
« Je ne te donnerai jamais mon consentement. »
« Tu n'as pas vraiment le choix, Altesse. J'ai vu ta carte des Amis du Louvre et, selon tes propres dires, tes vêtements coûtent très cher... »
« Tu es pitoyable. Si tu penses que je vais te verser la moindre somme d'argent... »
« Je me fiche de tes billets. Non, ce que je veux... »
Les secondes se suspendirent lorsqu'il lâcha :
« Fais de moi un adhérent au programme. Aide-moi à étudier les œuvres de l'époque qui m'intéresse, afin que mon mémoire soit le plus riche possible. »
« C'est hors de question! Qu'est-ce qui te fait dire que–... »
« Je ne suis pas stupide, tu sais? »
« J'ai un léger doute. »
Izuku gloussa.
« Ce n'est pas difficile d'établir un lien. »
« Entre? »
« Entre toi et la lignée des Bakugo. Oh, je te coupe de suite : non, ce n'est pas une coïncidence. Il suffit d'observer ta chevalière pour s'en rendre compte. »
Le souffle de Katsuki se bloqua dans sa gorge. Paniqué, il cacha la main incriminée sous la table : à son index brillait en effet une bague imposante en or, frappée du blason de sa famille.
Que se passerait-il si son secret était éventé? Il n'avait jamais réfléchi aux éventuelles conséquences...
« Tu es un héritier direct. » en conclut un Izuku triomphant.
« N-non. C'est une–... »
« Je te laisse le choix, OK? Première option : tu accèdes à ma demande et tu m'assistes dans mes recherches. On vit de bons moments, on glorifie ton ascendance ; bref, on en profite pour te brosser dans le sens du poil. »
Puis il se redressa et, avant de porter son gobelet à sa bouche, assena :
« En revanche, si tu sélectionnes la deuxième option – à savoir, refuser –, je jure de te coller aux basques jusqu'à ce que ton noble cerveau soit assez lucide pour revenir sur sa décision. »
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