☆ 𝒞𝒽𝒶𝓅. 12 : Jusqu'à la fin des temps
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Quand Katsuki était parti en courant, loin de lui et des prémices prometteuses de leur histoire, le cœur d'Izuku s'était arrêté de battre. Paralysé par l'incompréhension, il n'avait pu que le regarder fuir sous la pluie torrentielle, lui volant ainsi cette part si précieuse de lui-même qu'il souhaitait tant lui offrir.
C'est déjà terminé?
L'entièreté de son être se mit alors en pause, étouffant plus ou moins efficacement la souffrance incommensurable qui venait de fracasser ses espoirs. Dès le lendemain, son cerveau repoussa avec violence les souvenirs créés avec le cendré, les reléguant au rang de bruits de fond désagréables. Il lui interdit de se représenter son visage, les belles courbes de ses lèvres, le plissé de ses yeux lorsqu'il souriait... La chaleur de son corps quand il l'avait serré fort contre lui.
C'était un mal nécessaire s'il voulait préserver sa santé mentale.
La perspective de gagner cette lutte était-elle seulement envisageable? Serait-il un jour capable de savourer leurs doux moments passés sans en éprouver une vive brûlure? De prononcer son prénom sans être transpercé par chacune de ses syllabes?
« Izuku? »
Surpris, le jeune homme s'empressa d'agir comme s'il ne s'était pas égaré de longues minutes dans ses pensées sombres et accorda son attention à Tenya, assis en face de lui. Autour d'eux, de nombreux étudiants déambulaient en chuchotant dans la bibliothèque universitaire de Yuei, en quête de réponses à leurs interminables devoirs. Certains manquaient cependant d'assiduité, se perdant inopinément entre les rayons pour diverses raisons... sentimentales.
Des réminiscences traîtresses du fameux baiser transpercèrent le vert de part en part dès que ses pupilles tombèrent sur un couple omettant cruellement la sainte discrétion. Le fait qu'ils se câlinent près de romances déchirantes des siècles passés acheva de l'étouffer – voilà pourquoi il préférait se cacher dans son monde!
Son poing droit se crispa autour de son stylo, menaçant de le briser.
« S'il te plaît, regarde-moi. » lui demanda à nouveau Tenya en posant une main apaisante sur la sienne.
« Qu'est-ce qu'il y a? » râla-t-il doucement – plus fatigué que réellement énervé.
« Ça fait des semaines qu'il est parti, et j'ai l'impression que ton état empire... »
« Ce n'est que ça, une impression. Je t'assure que ça va. »
« Tu mens toujours aussi mal. »
Le concerné soupira avant de se détourner, conscient qu'il ne sortirait pas gagnant de cette altercation. À quoi bon essayer? Son meilleur ami le connaissait trop bien pour qu'il gaspille son énergie.
« Et si tu nous accompagnais au musée ce soir? » poursuivit le binoclard sans se décourager. « Ça fait un moment qu'on n'y est pas allés ensemble. »
« Il y a une expo nocturne? » s'intéressa malgré lui son interlocuteur.
« Oui, Momo et Yuga y ont été hier et ils en parlent avec beaucoup d'enthousiasme! »
« Quel est le thème? »
Chose étonnante, son camarade se contenta d'esquisser un sourire... heureux.
« J'aimerais garder la surprise, d'accord? Fais-moi confiance. »
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Avant qu'il n'ait le temps de comprendre ce qui lui arrivait, Izuku fut embarqué dès la fin des cours au Louvre. Tenya refusa de répondre à ses demandes curieuses, préférant changer de sujet à chacune d'elles. Il ne se départit pas de son air satisfait – et impatient? – le long du trajet, illuminant la rame du métropolitain par sa présence.
Lui qui aimait se montrer si discret, d'habitude!
« Tu commences à me faire peur. » avoua son otage.
« Je te promets que tu vas adorer. » le rassura-t-il gentiment. « Crois-en Momo et Yuga. »
Soudain, la station familière de Louvre-Rivali fut annoncée. Des frissons d'anticipation parcoururent l'épiderme du plus petit tandis qu'ils quittaient leur wagon. Il suivit presque automatiquement la foule, se répétant en boucle de ne pas se laisser happer par ses émotions négatives. Il préféra plutôt se raccrocher à la reconnaissance qui pointait le bout de son nez dans son torse, en y diffusant une vague de chaleur douce et réparatrice.
Il n'était pas seul.
Il avait des amis extraordinaires, qui s'acharnaient à l'empêcher de tomber au fond du trou qu'il avait lui-même creusé dernièrement... Et il avait été trop aveuglé par son manque pour les remercier avec la sincérité qu'ils méritaient.
Le décor singulier de la zone défila tel un rêve, flouté par son épiphanie. Il sentit à peine les escalators le porter, les doigts de Tenya s'emparer des siens tout en accélérant la cadence – la pluie, si douloureuse, le tremper en quelques pas.
« Tenya, je–... » souffla-t-il lorsqu'ils purent se mettre à l'abri sous une corniche bienfaitrice.
« Tu n'as pas à me remercier. » le coupa le grand brun en lui retirant sa paume. « Je me conduis comme un ami est supposé le faire, rien de plus. »
« O-où sont les autres? Je voudrais qu'ils sachent que–... »
« Tu agirais de la même façon avec nous, n'est-ce pas? »
Izuku ne put que hocher péniblement la tête. Le fil de ses réflexions était beaucoup trop emmêlé pour qu'il soit en mesure d'ajouter quelque chose. Néanmoins...
« Nous sommes jeudi. » remarqua-t-il brusquement. « Les expositions nocturnes n'ont lieu que le vendredi... »
Un pressentiment terrifiant s'empara de lui.
« Q-qu'est-ce que tu me fais, là? »
« Je ne voulais pas te mentir. J'espère que tu nous pardonneras. »
« T-Tenya? »
Celui-ci ne lui laissa pas l'occasion de s'interroger davantage : il mit ses longues jambes en action et s'enfuit à toute vitesse en direction d'un arrêt de bus bondé, l'abandonnant à sa crise de panique naissante. Il n'eut pas la force de hurler son prénom, terrassé par ce lieu emblématique au centre duquel son palpitant avait cessé de battre normalement.
Katsuki...
Il n'aurait su dire quand il était tombé amoureux de lui. Était-ce au cours de leur premier rendez-vous, quand ses mots passionnés s'étaient glissés au creux de son oreille attentive? Ou bien était-ce arrivé petit à petit, alors que la fréquence de leurs rencontres augmentait?
Ce dont il était certain, c'était que leur baiser avait accentué ses sentiments au-delà du raisonnable. Il l'avait plongé dans une addiction dangereuse – précipité dans une phase de sevrage violente... Mais il l'avait laissé partir, après tout. Sans tenter de saisir ce qu'il craignait tant. Abruti par l'intensité de l'affection qu'il lui vouait.
Il en était là, à présent.
Trop confus pour distinguer ses larmes de la pluie qui gouttait de sa crinière ondulée.
Trop loin de la réalité pour songer à attraper son petit parapluie dans son sac à dos trempé.
Et soudain...
« Izuku. »
Il sut.
Il se tourna lentement, si lentement – pétrifié par la crainte d'avoir tort.
« C'est sans doute stupide, mais je voulais qu'on se retrouve ici... »
Il était là.
Vraiment?
Ou n'était-ce qu'un de ces fantasmes diablement concrets qui l'empêchaient parfois de dormir?
« Je n'aurais pas dû te quitter. Jamais. J'ai cru mourir, loin de toi. »
C'était sa voix, ses sonorités, ses mimiques gênées.
« J'aimerais tant t'expliquer les raisons qui m'ont poussé à agir ainsi. Je te jure qu'elles n'avaient rien à voir avec nous. C'était un dilemme horrible et j'ai–... »
« Tais-toi. Par pitié, tais-toi. »
L'œillade carmin que lui renvoya l'amour de sa vie acheva de le faire sombrer. Il avait des cernes similaires aux siens, creusant le dessus de ses joues de la fatigue monstrueuse qu'il avait également vécue – peu importait où, quand, avec qui.
Il avait eu mal.
« Est-ce que tu comptes encore partir? » demanda-t-il haut et fort afin de couvrir le bruit du déluge qui brouillait le Palais.
« Non. Si tu veux toujours de moi, je te suivrai jusqu'à la fin des temps. » répondit Katsuki sans aucune hésitation.
« Alors, fais-le. Aime-moi comme je t'aime. »
Et ils se rejoignirent en une seconde, collant entre eux leurs vêtements imbibés d'intempérie et de pleurs, glissant leurs doigts tremblants dans les cheveux de l'autre. Ils autorisèrent enfin leurs lèvres à se retrouver, à esquisser ces mouvements aussi tendres qu'essentiels... Avant de laisser leurs langues les franchir, furieuses d'avoir été séparées.
Rien ne comptait plus que leurs deux êtres entremêlés, ces aveux muets de leur attirance passionnée... et de leur amour inconditionnel qui avait traversé les âges.
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À la base, je souhaitais clore mon histoire avec ce chapitre...
Mais, surprise : j'ai finalement écrit un petit épilogue!
Je le posterai demain 🧡💚
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