☆ 𝒞𝒽𝒶𝓅. 8 : Un baiser, Altesse

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Le ciel nocturne parisien était souvent gâché par d'innombrables lumières et nuages de pollution. Disciple assidu du grand Tsunagu, Katsuki s'avérait pourtant capable de déterminer la position de certaines étoiles, aidé par celle de la lune.

Des astres sûrement déjà morts au cours des siècles passés...

Il était évident que la sienne brillait encore quelque part, cachée par les moutons grisâtres qui surplombaient paisiblement les tonnerres de Klaxons. Elle disparaîtrait bientôt, emportant avec elle ses rêves modernes, ses nouveaux amis et... Izuku. Elle l'abandonnerait au sort royal qui l'attendait, au trône taché du sang de ses ancêtres.

Traîtresse.

« Kacchan! »

Reconnaissant sans mal la voix du vert, il le chercha aussitôt du regard. Trop impatient de le voir, il ne prêta pas attention au surnom adorable qui venait de lui être attribué.

« Tu es en avance. »

Le jeune homme semblait avoir fait un effort en s'habillant ce soir-là : un joli pull crème, assorti à un jean sombre tout neuf. Il n'avait pris qu'une petite sacoche afin de ne pas s'encombrer, ainsi qu'un parapluie transparent. Seules dépareillaient ses éternelles baskets rouges...

Il était superbe. Fidèle à lui-même et, étonnamment, à ce qu'affectionnait le Prince.

« Comment m'as-tu appelé? » l'interrogea celui-ci, remis de sa surprise passagère.

« Kacchan. C'est mignon, non? »

« Qu'est-ce que ça signifie? »

« Rien de spécial. »

« ... D'accord. »

« Je t'ai connu plus combatif! »

« Tu ne m'affublerais pas d'un surnom insultant, si? »

« Plus maintenant. »

« Je jure que je vais te–... »

« J'ai une question à te poser. »

L'interruption soudaine calma le cendré. Il ressentit malgré lui une certaine crainte : qu'avait-il à lui dire? Souhaitait-il mettre un terme à leur... collaboration?

Tu me rejettes, ça y est?

Les éclairages disposés un peu partout illuminaient ses pommettes parsemées de constellations. Ses iris, assombris par le contre-jour, ne le lâchaient pas. Il le consumait rien qu'avec cette attitude mystérieuse, dépourvue de ses sourires aux mille significations...

« Vas-y. » acquiesça-t-il, terrifié.

« OK. »

L'étudiant prit une inspiration profonde et, enfin, se lança.

« Qu'est-ce que tu penses de moi? »

« Q-quoi? »

« Tu m'as bien compris. »

« O-on va rater l'ouverture de l'exposition... Celle sur les Temps Modernes, tu te souviens? »

Il s'efforça d'insérer le plus de sarcasme possible dans sa réponse, mais le plus petit n'en eut que faire puisqu'il insista :

« Tu t'es confié à Tenya, il n'y a pas si longtemps... J'aimerais que tu sois aussi sincère avec moi. »

« Qu'est-ce que tu racontes, bon sang? C'est vague, comme sujet! »

Une goutte venait-elle de s'abattre sur son nez?

« Au contraire. » réfuta encore Izuku. « Je n'ai pas besoin de préciser quoi que ce soit, tu sais pertinemment de quel aspect de notre relation je parle. »

Qu'essayait de déclencher cet imbécile? Ne voyait-il pas à quel point le simple fait d'évoquer ses sentiments le pétrifiait? Il n'était pas doué pour ça!

Il n'en était pas capable!

Ne laissez jamais personne penser que vous avez une quelconque faille affective susceptible d'être exploitée.

« Je n'ai rien à dire. »

Une seconde goutte.

« Tu veux la visiter, cette expo? » râla-t-il en se détournant.

« Je vais commencer, alors. »

« Je ne t'ai rien demandé, idiot! »

Une troisième.

« Ça m'est égal... Si tu n'es pas prêt à combattre tes peurs, je le ferai à ta place! »

Une quatrième, une cinquième, une sixième.

« Contrairement à ce que tu penses, tu n'es pas juste l'héritier de la lignée Bakugo. »

Il cessa de les compter quand Izuku déploya son parapluie au-dessus d'eux, se collant ainsi à lui.

« L'expo... » bredouilla-t-il en sentant son souffle sur sa peau.

« Tu es un mec insupportable, imbu de sa personne et susceptible au-delà du raisonnable. »

L'eau tapait de plus en plus fort contre le plastique.

« Mais tu es aussi un artiste passionné, qui raconte l'Histoire comme le meilleur des professeurs. Tu as beau te montrer froid et distant, inflexible et cinglant, tu es certainement l'être humain le plus paumé que je connaisse. »

« Ce sont des compliments? »

« Tais-toi. »

Et il se tut.

« À partir du moment où on a commencé à travailler ensemble, tu t'es ouvert à moi sans même t'en apercevoir. Parce que tu as besoin d'affection, Kacchan. Tu en as manqué comme une fleur sans eau en plein soleil, et tu l'absorbes désormais avec une voracité qui me... bouleverse. Je me suis rendu compte que... »

Il fut contraint de hausser le ton, dépassé par le déluge.

« Que je voulais que tu t'abandonnes aux émotions positives qui t'effraient tant. Grâce à toi, je sais presque tout des Temps Modernes, donc... J'aimerais que, à ton tour, tu me laisses t'apprendre ce que tu ne connais pas. »

Le souffle du blond se bloqua dans sa gorge.

« Izuku... »

« N'aie pas peur! Fais-moi confiance. »

« Mais je n'ai plus le temps... »

« Pourquoi ça? »

« Je dois partir. »

« Ne me fuis pas, je t'en prie! »

« Je suis désolé, je n'ai pas le choix. »

Ça faisait une éternité qu'il n'avait pas ressenti le besoin de pleurer...

« Je ne te le laisse pas vraiment non plus, tu sais. » lâcha le vert.

Ce ne fut que lorsqu'il sentit une main se glisser derrière sa nuque que Katsuki comprit.

Je suis foutu.

« Accorde-moi un baiser, Altesse. »

Au final, ce fut celle-ci qui l'initia, envoyant sa couronne sur les pavés sans plus y penser.

Ce n'était pas le premier du Prince. Il en avait connu tant, à la recherche constante de cette considération qu'il ne faisait qu'espérer depuis l'enfance! Goûter à la chaleur d'un autre être, à la tendresse de son corps et à la douceur de ses gémissements, l'avait beaucoup aidé à une époque.

Mais là, dans les bras d'Izuku, il oublia chacune de ses précédentes conquêtes, sans regret. Il les abandonna en même temps que ses devoirs royaux, sa mélancolie et sa rancœur. Tandis que leurs lèvres se mouvaient ensemble, dans une danse digne des plus beaux ballets, il en vint à s'évincer de l'équation. Il n'autorisa que son âme à rester, baignant leur couple d'une délicatesse incomparable.

Puis, parce que la vie est cruelle peu importe l'époque, sa condition lui revint sans prévenir.

Les étoiles meurent, et la vôtre est de moins en moins visible.

Il ne pouvait pas abandonner sa mère... Ses remontrances n'effaceraient jamais ce qu'il lui devait. Il ne pouvait pas la laisser s'épuiser davantage, par pur caprice né dans un autre siècle.

Alors, honteux, il se détacha lentement de celui dont il avait fini par tomber amoureux. Il s'imprégna une dernière fois de l'émeraude de ses iris, caressa ses ondulations en redoutant presque de les abîmer.

« Je suis désolé, Izuku. »

Et il partit en courant.


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Désolée de t'abandonner sur ça... 🙈

Je promets de me rattraper comme il se doit après mes vacances! 💜

À dans deux semaaiiines ~ 😇

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