Merci à celles et ceux qui ont lu le précédent chapitre et un énorme câlin à sarcastiqu-ee et Daegu-ssi et pour leur soutien et leurs commentaires. 🤍💜

Comme promis, j'ai fait au plus vite et le chapitre 2 (assez long) est là. Je finis à la seconde donc désolée s'il y a encore plus de fautes que d'habitude 😅

Le yacht brillait sous les derniers rayons de soleil, amarré dans une crique privée où seuls les oiseaux de mer troublaient la quiétude. Le pont supérieur, décoré avec un luxe discret, offrait une table élégamment dressée, entourée de fauteuils en osier clair garnis de coussins en soie.

Le calme, dans un tel lieu, était un luxe, un privilège dont Taehyung ne profitait plus depuis longtemps. La beauté du monde semblait ne plus réellement l'atteindre depuis qu'il s'était jeté, tête la première, dans le dessous des affaires, ne remontant que rarement à la surface.

Dans un costume d'un noir impeccable, sa cravate sobre presque trop serré, il tenait un verre de champagne à moitié vide, le regard perdu dans les vagues qui se teintaient d'or et de rose à mesure que le soleil se couchait. Comme souvent, lorsqu'il s'autorisait à penser à autre chose qu'au travail, c'était à Jaemin qu'il songeait. À son sourire que la maladie avait dévoré, le mal qui le rongeait de l'intérieur ayant fini par se voir de plus en plus, comme pour être sûr que les proches et médecins de l'enfant comprennent qu'ils ne pourraient rien faire. Que tout l'argent du monde, la technologie, la médecine expérimentale et les prières de sa grand-mère, seule croyante de la famille, étaient inutiles.

Le bruit léger de talons attira son attention. Yoongi apparut, guidé par un steward.

Il portait une robe à manches longues, jaune vif, ornée d'un col lavallière, délicatement noué sous sa gorge, dont le tissu fluide flottait doucement autour de ses jambes à chaque pas. Une veste d'officier bleue et une pochette assortie, sous le bras, il avançait tranquillement, avec la même assurance que lors de leurs précédentes rencontres. Ses cheveux noirs étaient attachés en une longue tresse de côté, ornée de petites pâquerettes et si ses yeux étaient cachés par une paire de lunettes de soleil ronde Gucci, ses lèvres brillaient d'un rose orangé assorti aux tons du ciel.

Pour seul bijou, il portait une fine chaîne à la cheville, scintillant à la lumière.

Sa silhouette colorée et son style résolument "féminin" contrastaient avec la rigidité de Taehyung et l'atmosphère presque figée du lieu. Yoongi incarnait une grâce qui semblait aussi naturelle qu'irritante pour le milliardaire.

- Charmant, fit remarquer le brun en s'approchant, ses lèvres s'étirant en un sourire.
- Tu n'as encore rien vu, répliqua le blond, se levant à contrecœur.

Il désigna d'un geste discret un homme qui s'avançait sur le pont. La quarantaine élégante, il portait un costume décontracté en lin et un sourire qui trahissait une confiance absolue.

- Kang Daeho, un entrepreneur fortuné et disponible, ajouta Taehyung, un soupçon de sarcasme dans la voix.

Yoongi tourna la tête vers l'homme lorsqu'il fut à leur hauteur, puis lui tendit la main avec une élégance mesurée quand, après les présentations, il le salua.

- Tout le plaisir est pour moi, répondit-il, sa voix grave adoucie par son léger accent.

Taehyung, sentant sa mission accomplie, s'éloigna pour s'asseoir dans un fauteuil à l'écart. Regardant sa montre, il soupira, espérant que la parade superflue prenne moins de temps que lors de leur précédent déjeuner.

Cette fois-ci, ce fouteur de trouble avait intérêt à se montrer reconnaissant, prendre ce stupide entrepreneur qui jouait les philanthropes et sortir de la vie de sa famille !

Déjà impatient d'en finir, il souffla pour se contrôler, offrant un signe de tête à un steward, qui remplit aussitôt son verre.

Curieux, il observa de loin, son regard perçant scrutant chaque interaction. Daeho, charmé dès les premiers instants, ne cessait de parler : ses propriétés à travers le monde, ses yachts, ses œuvres caritatives. Yoongi, quant à lui, écoutait avec une attention feinte, ponctuant chaque anecdote de hochements de tête subtils ou de légers sourires. Mais Taehyung remarqua des détails que Daeho ne semblait pas voir, la façon dont le brun jouait distraitement avec sa chaîne de cheville, ou les éclairs d'ironie dans son regard lorsqu'il répondait. Sentant une migraine pointer à l'idée que si cet idiot ne faisait pas plus d'effort, le démon qui portrait également du Prada, allait lui faire perdre davantage de son précieux temps, Taehyung finit son verre d'une traite, puis se leva, pour s'éloigner le plus possible et avancer son travail.

Il ne les rejoignit pas pour le dîner, ayant perdu toute notion de ce qui n'était pas sa prise de tête professionnelle du moment, personne n'ayant osé le déranger, à part pour lui servir à boire. Daeho, loin de se plaindre d'être en tête-à-tête avec celui qu'il convoitait, ne fit même pas semblant d'en être contrarié, misant tout sur un repas divin pour arriver à ses fins. Une succession de plats raffinés accompagnés des meilleurs vins furent servis, pendant qu'il faisait miroiter au jeune homme la vie de rêve qu'il pouvait lui offrir, tout en faisant attention à se montrer toujours sous son meilleur jour.

Pourtant, lorsqu'ils rentrèrent au port, tous réunis sur le pont et que Daeho proposa à Yoongi de l'accompagner à une vente aux enchères privée, la réponse fut sans appel :

- C'est très gentil, mais je vais devoir décliner, répondit le sugar baby avec une douceur désarmante.

Le quadragénaire dissimula sa déception sous un sourire poli, ajoutant quelques propos banals à la discussion pour ne pas sembler fuir, puis finit par trouver une excuse pour se retirer, non sans laisser tout de même son numéro de téléphone à celui qui l'intéressait toujours.

Une fois seul avec Taehyung, Yoongi retira la lavallière de sa robe et croisa les bras.

- Trop bavard, déclara-t-il. Et ses tentatives pour faire croire qu'il est "un type bien" ? Ennuyant.

Le blond inspira profondément, ses mâchoires se contractant.

- Il est riche. C'est tout ce qui compte.

Yoongi lui adressa un regard amusé, inclinant légèrement la tête.

- Tu es vraiment prévisible.

Puis, sans attendre de réponse, il tendit la main au steward qui l'aida à quitter le yacht. Ses talons claquaient légèrement sur le ponton tandis qu'il disparaissait au loin, le laissant seul avec sa frustration.

꧁ ꧂

La lumière était tamisée, les stores à moitié baissés laissant juste assez de place pour que les lumières de la ville filtrent à travers. La vue sur Cassia, scintillante de néons et de phares, avait d'abord paru agressive à Taehyung et maintenant, affalé dans son fauteuil en cuir, il la trouvait suffocante.

Sa migraine enfin passée, mais les traces encore bien présentes, il massait sa tempe droite d'une main, l'autre tapotant nerveusement le bureau. Il avait l'impression d'avoir le cerveau en bouillie et rêvait de pouvoir retirer ses yeux pour les reposer dans un flacon sombre, loin de toute stimulation. L'horloge murale indiquait 22h34, mais la fatigue accumulée lui donnait l'impression que la nuit était déjà à moitié consumée. La pièce sentait légèrement le cuir et le bois ciré, des odeurs familières qui, d'ordinaire, lui apportaient une certaine stabilité. Mais pas ce soir.

Son téléphone vibra à côté de lui, brisant le silence relatif. Il le saisit machinalement, lisant le message de Namjoon :

"Comment ça s'est passé avec Daeho ? Une réussite ?"

Il hésita un moment avant de répondre simplement :

"Non."

Posant le téléphone face contre le bureau, il laissa échapper un soupir.

Ses yeux étaient lourds, sa vision légèrement floue, mais il savait qu'il ne dormirait pas même s'il rentrait chez lui. Son estomac noué réclamait de la nourriture tout en lui donnant l'impression que le moindre aliment finirait régurgité immédiatement. Il se passa une main dans les cheveux, révélant une tension qu'il n'admettait jamais. Tout en lui trahissait une fatigue profonde : ses épaules rigides, son visage tiré, et cette sensation désagréable dans sa poitrine qui refusait de disparaître.

- Foutu Jaebum, murmura-t-il avec mépris.

Il se redressa, son regard glissant sur les piles de dossiers. L'un d'eux portant l'étiquette Park Jaebum. Son esprit dériva brièvement vers sa sœur. Que ferait Natty si elle apprenait la vérité sur Jaebum ? Une part de lui espérait qu'elle le découvrirait, qu'elle se réveillerait enfin. Mais une autre, plus protectrice, voulait la préserver à tout prix. Il savait que comme pour les autres avant lui, elle n'était pas amoureuse, ou aveugle. La preuve, elle n'avait pas semblé particulièrement émue par la soudaine absence de son si charmant fiancé de son quotidien, ne prononçant même plus son prénom, comme s'il n'avait jamais existé. Mais même sans amour, Taehyung la connaissait assez pour savoir que voir des gens ne s'intéresser à elle que pour une seule chose, lui faisait du mal. Jaebum, elle ne l'aimait peut-être pas, mais elle l'avait choisi en espérant combler un vide, en cherchant de la tendresse et en voulant offrir celle qu'elle avait. En échange, cet enfoiré avait profité d'elle et de son argent.

Comme toujours ces derniers jours, une image s'imposa, le sourire ironique de Yoongi, sa voix moqueuse, son assurance exaspérante.

- Parasite, murmura-t-il pour lui-même.

Et pourtant, l'écho de cette pensée refusait de le laisser tranquille.

꧁ ꧂

La galerie d'art, au cœur d'un bâtiment historique, accueillait du très beau monde.

Ses hauts plafonds et ses colonnes de marbre étaient éclairés par une lumière tamisée qui mettait en valeur les peintures modernes accrochées aux murs. Un murmure de conversations élégantes et de verres s'entrechoquant résonnait dans l'air.

Taehyung était arrivé en avance, comme toujours.

Il portait un costume bleu nuit, parfaitement ajusté, et son regard balayait distraitement la salle, cherchant à repérer l'homme qu'il allait présenter au sugar baby ce soir : un collectionneur d'art influent dans ses cercles, réputé pour son goût impeccable et son amour de la fête. Lui trouvait ses préférences en matière d'art aussi vides et superficielles que les œuvres exposées, mais il n'était pas là pour faire semblant d'apprécier les tableaux.

Pire, songea-t-il, tu es là pour perdre ton temps.

Les regards se tournant souvent vers lui, on aurait pu se demander ce qui de l'exposition ou de lui attirait le plus l'attention. Nombreux étaient ceux qui s'étonnaient de le voir à un si "petit" événement et tous cherchaient, sans oser être le premier, une raison pour l'aborder. On l'avait salué, certains avaient échangé quelques banalités, mais il avait rapidement mis fin à tout début de conversation, avec sa désormais fameuse politesse glaciale, que les egos trouvaient généralement humiliante.

Taehyung n'était pas là pour nouer des contacts et ces gens n'avaient de toute façon rien à lui apporter. Déjà agacé, anticipant la suite, il se perdit de nouveau dans de sombres pensées, son regard fixé sur un tableau qu'il ne voyait pas en réalité, trop absorbé par le souvenir de son petit frère. Le son de talons délicats sur le sol poli détourna son attention.

Yoongi venait d'entrer.

Le blond ne savait pas pourquoi il était si sûr que c'était lui, alors que de très nombreuses personnes présentes portaient des talons et sa certitude lui parut ridicule. Il choisit de ne pas s'y attarder, mettant ça sur un coup de chance.

Le brun portait une robe en satin rouge, ajustée à la taille et évasée à partir des hanches. Ses clavicules visibles, grâce à la large ouverture en forme de cœur, brillaient légèrement, comme parsemées de paillettes. Ses cheveux noirs étaient attachés en une queue de cheval basse, le devant plaqué par un serre-tête fin, en perles, assorti au reste de ses bijoux. Ses lèvres étaient rehaussées d'un rouge discret et ses yeux de chat mis en valeur par crayon marron. Les conversations autour d'eux parurent ralentir, et Taehyung remarqua plusieurs regards fixés sur le sugar baby, certains admiratifs, d'autres intrigués. Même lui dut admettre, à contrecœur, qu'il avait une présence magnétique.

- Je suppose que c'est moi, l'artiste en quête de mécène ce soir ? lança Yoongi en s'approchant, un sourire moqueur aux lèvres.

Taehyung roula des yeux et lui désigna un homme près du buffet.

- Là-bas. Choi Hyungmin. Un collectionneur d'art, excentrique, mais riche et influent.

Suivant la direction indiquée, le brun aperçut un homme d'une cinquantaine d'années, vêtu d'un costume coloré à carreaux, discutant avec animation.

- Intéressant, murmura Yoongi en plissant légèrement les yeux.

Avant que Taehyung ne puisse répondre, Choi Hyungmin les rejoignit, son regard brillant d'intérêt en rencontrant le sugar baby.

- Taehyung ! Toujours aussi ponctuel. Et qui est cette merveilleuse personne à vos côtés ?

Le brun tendit gracieusement la main, son sourire transformant la tension de l'instant en quelque chose de plus fluide.

- Yoongi. Enchanté.

Hyungmin la serra avec une admiration non dissimulée.

- Le plaisir est pour moi. Vous êtes une vision. Avez-vous déjà posé pour des artistes ?

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Le reste de la soirée suivit un schéma devenu familier.

Yoongi charmait Hyungmin avec des questions pertinentes et des observations précises sur l'art exposé, tout en gardant cette distance subtile qui empêchait le quinquagénaire de croire qu'il avait gagné. Taehyung, posté non loin, observait en silence. Il remarqua les regards persistants du collectionneur sur la silhouette de Yoongi, et ses propres mâchoires se serrèrent involontairement. L'homme manquait vraiment de subtilité, ça en était presque insultant pour lui. Pourquoi se comportait-il comme s'il faisait face à un morceau de viande ?

- Tu pourrais être son père, siffla-t-il contre le cristal de son verre.

Lorsque Hyungmin tenta finalement une invitation plus personnelle - un dîner privé dans sa villa pour lui montrer "sa collection personnelle" -, Yoongi déclina poliment.

- C'est très gentil, mais je ne peux pas accepter ce soir, répondit-il en inclinant légèrement la tête.

Comme les autres avant lui, l'homme, visiblement déçu, se retira après quelques paroles aimables et, bien évidemment, laissa son numéro.

Taehyung attendit que Yoongi revienne vers lui, son expression impassible masquant mal son irritation.

- Alors ?

Le sugar baby haussa les épaules, l'air vaguement amusé.

- Trop... théâtral.
- Théâtral ? répéta Taehyung, sa voix froide.
- Oui, répondit Yoongi, un sourire effleurant ses lèvres. Les vêtements, les histoires grandiloquentes... Un peu trop pour moi.

Le blond inspira profondément, cherchant à garder son calme.

- Je commence à croire que le seul problème, c'est toi, murmura-t-il.

Yoongi le regarda avec amusement. Ses yeux vairons étincelaient sous les lumières de la galerie.

- Peut-être, souffla-t-il. Mais ça reste ton problème à résoudre.

Avant que Taehyung ne puisse répliquer, Yoongi tourna les talons, laissant derrière lui un léger parfum floral et une exaspération grandissante.

꧁ ꧂

La ville prenait progressivement vie avec le lever du soleil.

L'appartement modeste était encore silencieux, bien que les rayons lumineux filtrant à travers les rideaux fins, annonçaient la fin du sommeil et le début d'une nouvelle journée chargée. Une pluie de photos, de dessins, de posters s'invitait sur les murs défraîchis. L'endroit était propre et chaleureux. Décoré avec goût, le salon était envahi de plantes vertes, de livres et de magazines. Assis à la table de la cuisine, les yeux rouges, Yoongi feuilletait un manuel de théorie musicale. Son manque de sommeil était visible, et il se massait parfois la nuque et le bas des reins en grimaçant. Un café fumant devant lui, une pile de feuilles annotées à sa gauche, des portées tracées à la main et des lignes de texte griffonnées en marge, il tentait de se concentrer.

- Yoonie, t'es encore debout ?

La voix endormie de Hong Joong, son frère cadet, résonna depuis le couloir. Yoongi releva la tête pour voir le garçon de quatorze ans se frotter les yeux, ses cheveux noirs en bataille.

- Je t'ai réveillé ? demanda-t-il doucement, refermant son livre.
- Non, c'est le réveil, répondit l'adolescent en bâillant, avant de s'approcher de la table.

Yoongi esquissa un sourire et passa une main dans les cheveux de son frère qui avait posé son menton sur son épaule. Comme lui, Hong Joong tenait de leur père et n'était donc pas très grand, mais vu que sa croissance était loin d'être fini, il allait sans aucun doute le dépasser rapidement, ce qui amusait le plus jeune et ravissait le brun. C'était la preuve que l'adolescent était en pleine forme. Qu'il n'avait connu aucune privation, malgré les nombreux moments difficiles. Qu'il n'était pas marqué par l'horreur des conflits.

Son frère était né ici, à Dagny et ça changeait absolument tout.

- Tu travailles encore ?
- Quelqu'un doit le faire, répondit Yoongi.

Hong Joong haussa les épaules, prenant place en face de lui.

- Tu devrais dormir un peu. Même un génie de la musique a besoin de sommeil.

L'aîné rit doucement, un son qui fit naître un sourire chez le plus jeune.

- Allez, file te préparer. Je m'occupe du petit-déjeuner.

Grommelant, l'adolescent rejoignit, sans enthousiasme la salle de bain. Yoongi se redressa, s'étirant avant de s'installer au comptoir de la cuisine et de sortir quelques ingrédients achetés la veille. Alors qu'il coupait des pommes, un bruit léger provenant du salon attira son attention. Le plus jeune de la fratrie, âgé de sept ans, dormait encore. S'approchant doucement, il ajusta la couverture autour d'Eunwoo, recroquevillé sur le canapé et lui caressa les cheveux.

- Dors encore un peu, murmura-t-il doucement.

Le visage de l'enfant se détendit, et Yoongi retourna à la cuisine, fatigué, mais déterminé.

꧁ ꧂

Les coulisses du Dahlia étaient un mélange de chaos organisé et d'effluves de maquillage, de costumes en velours, et de parfums en tout genre.

Yoongi se tenait devant un miroir encadré de lumières, sa longue chevelure noire ondulant sur ses épaules et son dos.

- Yoongi, t'es prêt ? lança une voix féminine depuis l'entrée des loges.
- Toujours, répondit-il en se levant.

Il portait une jupette noire et un large tee-shirt rose pastel, la couleur accentuant son côté poupée et son air juvénile. Mina, la gérante, savait bien que parmi les fans du jeune homme, il y avait des gens à problèmes, attirés justement par le fait qu'il pouvait avoir l'air jeune, voire très jeune, tout en étant parfaitement majeur et ça l'inquiétait beaucoup. Mais elle veillait du mieux possible à la sécurité de ses artistes et peu de gens osaient dépasser les limites. En plus de craindre une Mina encore plus terrifiante depuis qu'elle se baladait avec un gros bidon et des réactions dictées par ses hormones, ils n'avaient aucune envie d'offenser le propriétaire du cabaret.

Il y a des familles avec lesquelles il valait mieux ne pas plaisanter.

- Jiho, bébé, tu étais époustouflant, s'exclama-t-elle à un jeune homme trempé de la tête aux pieds.

Enroulé dans une serviette et un peignoir, il se séchait les cheveux. Elle lui prit la serviette des mains et tamponna délicatement les mèches gris platine dégoulinantes.

Yoongi, but une gorgée d'eau, leur jetant un dernier regard attendri, toujours amusé de voir la dernière recrue du Dahlia, désarçonnée face aux marques d'attentions des autres, particulièrement celles de l'explosive Mina.

Jiho avait dû vivre des moments difficiles aussi.

Lorsqu'il monta sur scène, le cabaret vibrait d'une énergie familière. Les lumières tamisées, les rires étouffés des clients, et le tintement de verres formaient une toile de fond parfaite pour sa prestation. Il s'approcha du micro, ses doigts effleurant le support. Il adorait les moments où il chantait, même s'ils le ramenaient souvent aux rêves qu'il avait dû abandonner. À l'homme, qu'il avait dû laisser partir.

Cette nuit, avec cette chanson, il y penserait plus que jamais.

Les premiers accords de guitare retentirent, et sa voix grave et envoûtante emplit la salle. Ses yeux fixant un point indéfini dans la pénombre, il songea au passé, une mélancolie douce-amère l'envahissant.

"You and me, we used to be together. Every day together, always. I really feel that I'm losin' my best friend. I can't believe this could be the end. It looks as though you're lettin' go. And if it's real, well, I don't want to know."

Lorsque Hoseok et lui avaient été pris dans ce groupe, il avait cru qu'enfin, la chance lui souriait. Qu'après toutes les années de galères, il allait pouvoir enfin trouver un véritable bout de bonheur, juste pour lui. Quelque chose qui n'appartenait à personne d'autre, qu'il ne devait qu'à lui-même et qu'il pourrait partager avec son premier amour. Mais rien ne s'était passé comme prévu.

"Our memories, well, they can be inviting. But some are altogether mighty frightening. As we die, both you and I. With my head in my hands, I sit and cry. Don't speak, I know just what you're sayin'. So please stop explainin'. Don't tell me 'cause it hurts, no, no, no. Don't speak, I know what you're thinkin'. And I don't need your reasons. Don't tell me 'cause it hurts."

Chaque mot semblait porter une part de lui-même, une émotion brute qu'il ne laissait transparaître qu'à travers sa musique. Le public était suspendu à ses lèvres, captivé par sa présence et son talent. D'autres instruments rejoignirent la guitare, accompagnant la montée en puissance des émotions. Quand il termina, un silence éloquent suivit avant que des applaudissements nourris n'éclatent.

Yoongi esquissa un sourire, heureux et reconnaissant envers Mina. C'était elle qui alors qu'il ne chantait que dans des numéros d'esprit plus cabaret, lui avait proposé d'essayer de varier parfois, profitant de l'absence de certains artistes ou de périodes moins chargées. Et c'était grâce à elle qu'il pouvait revivre ce genre de moments. Il aimait beaucoup travailler au Dahlia et il appréciait autant ses numéros sexy, que ses chansons rétros, mais se présenter simplement sur une scène, face à un micro, restait ce qu'il aimait le plus au monde. S'inclinant légèrement, il quitta ensuite la scène, les derniers mots de la chanson résonnant encore dans son esprit.

"You and me. I can see us dyin'. Aren't we?"

Dans les coulisses, il s'appuya contre un mur, fermant les yeux un instant. Une main se posa sur son épaule.

- Magnifique, comme toujours, lui dit San, un de ses collègues.

Il répondit par un sourire fatigué.

- Merci.

Mais dans ses pensées, une autre voix résonnait, celle de Taehyung. Une irritation qu'il n'arrivait pas à chasser, un visage qu'il se surprenait à revoir mentalement, encore et encore.

꧁ ꧂

La musique pulsait dans la boîte de nuit.

Basses profondes et rythmes électrisants faisaient vibrer le sol et les corps. Les lumières colorées baignant la foule d'un tourbillon saturée de néons et de fumée artificielle.

Natty, enfoncée dans la banquette confortable, riait aux éclats. Sa coupe de champagne à moitié vide fut rapidement remplie, le liquide coulant sur la table et ses doigts. Elle portait une robe noire et or qui brillait à chaque mouvement, et ses cheveux noirs étaient coupés en un carré long qui mettait parfaitement en valeur son visage.

- Et voilà ! annonça-t-elle soudainement, levant son verre comme si elle venait de révéler une grande nouvelle. Jaebum et moi, c'est fini !

Ziwen, une très petite jeune femme à la chevelure courte sombre et aux yeux pétillants, s'exclama aussitôt :

- Dieu merci !

Elle reçut un coup de coude rapide de Moonbyul, assise à côté d'elle. Cette dernière, avec ses cheveux blonds impeccablement lissés et son aura décontractée, se contenta de lever les yeux au ciel.

- Sérieusement, Ziwen ? murmura-t-elle.

Mais Natty éclata de rire, comme si tout cela n'était qu'un détail insignifiant dans sa soirée.

- Non, mais elle a raison, déclara-t-elle en levant son verre encore plus haut. À mon célibat !

Les trois femmes portèrent un toast, même si Moonbyul semblait légèrement plus réservée. Ziwen, elle, ne se fit pas prier, buvant une gorgée généreuse avant de sourire malicieusement.

- Alors, qu'est-ce qu'on fête en vrai ? demanda Ziwen. La fin d'une relation merdique ou le début de quelque chose de mieux ?
- Les deux ! s'exclama Natty, glissant de son tabouret. Venez, on danse !

Les tirant vers la piste de danse, sans attendre, elle se laissa emporter par la musique. Ses mouvements désinhibés et sa beauté attiraient des regards intéressés, tandis qu'elle semblait ne rien voir en dehors de ses amies.

Un peu réticente au début, Moonbyul finit par se laisser gagner par l'énergie des deux autres, amusée par Ziwen qui sautillait comme si elle célébrait une victoire personnelle. Natty tournoyait, sa robe scintillant sous les lumières. Il y avait une certaine frénésie dans ses gestes. On y ressentait une urgence à vivre, à oublier. Un besoin de remplir un vide qu'elle ne voulait pas reconnaître.

Moonbyul se pencha près de son oreille pour se faire entendre malgré la musique.

- Tu es sûre que ça va ?

Natty hocha la tête, un sourire exagéré aux lèvres.

- Jamais été mieux !

Puis elle se remit à danser, emportant ses amies dans un tourbillon de mouvements.

꧁ ꧂

La salle d'attente était étrangement calme pour un cabinet médical en fin d'après-midi.

Yoongi, assis sur une chaise rembourrée près de la fenêtre, chantonnait inconsciemment avec la radio. Il se souvenait encore des paroles de cette vieille chanson étrangère, que sa mère adorait. Elle l'écoutait toujours au pays, avant que les choses ne dégénèrent. Ensuite, la voix de sa mère seule avait pris le relais des radios et des plateformes de streaming.

Ses jambes maigres croisées, il jouait légèrement avec la chaîne à sa cheville, une habitude nerveuse qu'il ne remarquait même pas. Les notes légères de la mélodie, pourtant innocentes, s'infiltrèrent dans son esprit. Comme de l'eau dans une fissure. Les paroles, bien que douces, éveillèrent des souvenirs plus précis, et loin d'être agréables. Une image floue s'imposa d'abord, sa mère, Ji Hyun, assise sur un vieux tabouret dans une cuisine rudimentaire, une casserole fumant sur un poêle de fortune. Elle fredonnait cette chanson, la transformant en une berceuse dans la pénombre d'un soir où les sirènes n'avaient pas encore hurlé.

Mais bientôt, ce souvenir doux se mêla à d'autres.

Le bruit métallique des bottes frappant le sol. Les hurlements d'une foule. Les visages des voisins paniqués. Les mains de sa mère, tremblantes mais fermes, le serrant contre elle dans une ruelle étroite.

Sa respiration s'accéléra.

La mélodie continua de flotter dans la salle d'attente, mais à ses oreilles, elle devint une litanie oppressante. Chaque note semblait plus forte, chaque parole plus nette, comme si le volume avait été brusquement augmenté. Il cligna des yeux, mais la lumière stérile du cabinet se brouillait. À la place, il voyait des ombres mouvantes, des flammes dévorant l'horizon. Un sifflement strident envahit ses oreilles, balayant tout. Il se redressa brusquement, ses doigts serrant le bord de sa chaise comme si cela pouvait l'ancrer dans le présent. Autour de lui, la salle d'attente était toujours calme. Une femme lisait un magazine, l'enfant près d'elle jouant sur sa tablette. Ils ne remarquaient pas son souffle saccadé, n'entendaient pas son cœur battant comme un tambour de guerre dans sa poitrine.

Yoongi n'était plus là.

Il était à nouveau ce garçon de six ans, tapi dans une cave sombre, le souffle coupé par la peur. Le sol tremblait légèrement sous les explosions au loin, et sa mère fredonnait cette chanson, sa voix brisée, éraillée par la fatigue et le désespoir.

"Reste silencieux, Yoonie. Ferme les yeux. Ça ira..."

Ses doigts glissèrent sur sa chaîne à la cheville, la serrant jusqu'à ce qu'elle morde légèrement sa peau.

- Monsieur ?

La voix douce de la réceptionniste brisa l'étau du souvenir. Il releva la tête, ses yeux cherchant désespérément un point d'ancrage.

- Tout va bien ?

Yoongi inspira profondément, mais son souffle restait coincé quelque part dans sa gorge. Il hocha la tête, incapable de prononcer un mot. La femme lui adressa un sourire inquiet avant de retourner à son poste. Il passa une main tremblante sur son visage, cherchant à effacer les images persistantes. La chanson continuait, mais il n'entendait plus rien. Juste le martèlement de son cœur et la sensation brutale d'être à nouveau un enfant impuissant.

Quand son nom fut enfin appelé, il se leva trop vite. Ses jambes vacillèrent légèrement sous lui. Il suivit le médecin jusqu'au cabinet, mais chaque pas était un effort pour repousser les fantômes qui refusaient de se taire.

- Bonjour, Yoongi, l'accueillit le médecin en levant les yeux de son ordinateur.

Park Heechul était un homme d'une soixantaine d'années, chaleureux mais professionnel, toujours précis dans ses observations.

- Bonjour, répondit le brun, sa voix tremblotante
- Un problème ?

Yoongi, prenant place sur la chaise en face du bureau, eut un sourire plus proche de la grimace.

- Un petit moment de panique, souffla-t-il.

Le médecin hocha la tête.

- Vous voyez toujours ma consœur ?
- Je doute que je puisse arrêter un jour, lâcha le patient.

Le médecin parcourut rapidement le dossier sur l'écran en lui répondant.

- Et bien, une thérapie, si elle vous fait du bien, est une excellente chose.

Le brun acquiesça, puis ils discutèrent un peu avant de passer à l'occultation.

Yoongi retira son manteau, révélant une chemise fine qui accentuait la délicatesse de sa silhouette.

- Toujours pas de prise de poids significative, remarqua le médecin en ajustant son stéthoscope. Vous mangez bien ?
- Aussi bien que possible, répondit Yoongi avec une pointe d'humour.

Le médecin hocha la tête tout en notant quelque chose.

- Vous avez toujours un métabolisme rapide, probablement dû à vos habitudes de vie et à vos antécédents. Vous êtes resté petit, mais ce n'est pas surprenant vu...

Il s'interrompit un instant, cherchant ses mots.

- Disons que votre enfance n'a pas offert les meilleures conditions pour une croissance optimale.

Yoongi approuva sans rien dire. Ce genre de remarques n'était pas nouveau pour lui.

- Pas d'anémie, mais vos réserves en fer et en vitamine D sont basses. Rien d'alarmant, mais vous devriez prendre des suppléments. Et pas ceux hors de prix et sans intérêt que de nombreux pharmaciens veulent nous vendre à la moindre occasion. Vous êtes souvent fatigué, n'est-ce pas ?
- Oui, mais je m'en sors, répondit le patient, le ton léger.

Le docteur lui jeta un regard perçant avant de reculer pour s'asseoir à nouveau.

- Vous êtes solide, Yoongi. Mais n'oubliez pas que votre corps, qui a dû compenser depuis si longtemps, a ses limites.

Le brun haussa légèrement les épaules, un sourire discret aux lèvres.

- Je note, docteur.

Le médecin ne fit pas d'autres commentaires, préparant l'ordonnance pendant qu'il se rhabillait rapidement. Mais avant de le laisser partir, il ajouta :

- Et si vous ressentez un épuisement trop important ou des douleurs inhabituelles, venez me voir.
- Merci, répondit Yoongi, en quittant le bureau.

En sortant du cabinet, il inspira profondément l'air frais de la fin de journée. Observant un instant le ciel, il se sentait calme, bien que son esprit était déjà tourné vers la liste des choses à faire. Il devait s'occuper d'Eunwoo, vérifier les devoirs de Hong Joong, puis se préparer pour le Dahlia.

Laissant la musique remplir l'espace entre ses pensées, il se dirigea vers la station de métro, écouteurs aux oreilles. Nullement dépassé par les tâches restantes, il dégageait l'assurance tranquille de quelqu'un ayant appris tôt à porter des fardeaux seul.

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Sous les lumières artificielles du soir, le bureau de Taehyung semblait encore plus austère.

Ou peut-être l'humeur du maître des lieux déteignait-elle sur la pièce.

- Il va me rendre fou, grogna ce dernier, la voix empreinte d'une colère sourde.

Des piles de dossiers, impeccablement alignées, côtoyaient ses téléphones, tous silencieux pour une fois. Taehyung, debout près des baies vitrées, fixait la ville illuminée en serrant les mâchoires.

Namjoon leva les yeux de son carnet.

- Qui ? demanda-t-il, même s'il était certain de la réponse.

Le blond se retourna brusquement.

- Qui d'autre ? Ce Yoongi ! Il est impossible, insupportable, et rien qu'à l'idée de le voir ce soir, je suis déjà fatigué !

Namjoon arqua un sourcil, mais garda le silence, attendant la suite.

- Chaque fois, c'est pareil, continua Taehyung, faisant les cent pas. Il rejette tous les candidats que je lui présente avec ce sourire moqueur, comme s'il faisait ça pour le plaisir de m'ennuyer.

L'autre esquissa un sourire.

- Peut-être qu'il prend plaisir à t'ennuyer.
- Ça ne m'amuse pas, Joon, siffla le milliardaire. Cette fois, s'il rejette encore mon candidat, je vais lui faire avaler son sourire.

Le brun posa calmement son carnet, ses lèvres tremblant légèrement d'un rire qu'il retint.

- Et s'il accepte ?

Taehyung s'arrêta, comme pris au dépourvu. Il ouvrit la bouche pour répondre, mais un son strident interrompit sa pensée. Son téléphone vibrait sur le bureau. Il s'avança d'un pas rapide, saisissant l'appareil.

"Parasite" s'affichait à l'écran. Avec une crispation visible, il répondit :

- Quoi ?

La voix grave et légèrement amusée de Yoongi résonna à l'autre bout.

- Pas la peine de te déplacer ce soir. Je dois annuler.

Un silence s'installa. le milliardaire resta figé, les lèvres entrouvertes, incapable de répondre immédiatement.

- Tu annules ? répéta-t-il, presque incrédule.
- Oui, répondit Yoongi, d'un ton presque désinvolte. On remet ça à une autre fois.

Avant que Taehyung ne puisse répliquer, l'appel se termina. Il resta un instant immobile, le téléphone toujours collé à son oreille.

- Quelque chose me dit que tu es déçu, lança doucement Namjoon, un sourire en coin.
- Déçu ? explosa le blond en abaissant brusquement le téléphone. Je suis furieux !

Il commença à faire les cent pas à nouveau, sa colère débordant.

- Après m'avoir harcelé pour lui trouver le candidat parfait, après m'avoir fait perdre des heures, des soirées, il ose annuler comme si ce n'était rien ?

Namjoon croisa les jambes, toujours aussi calme.

- Au moins tu seras tranquille ce soir.
- Il me fait perdre mon temps, aboya Taehyung. Il est ingrat, insupportable, et...

Il s'interrompit, les poings serrés.

- Tu as fini ?

Taehyung, exaspéré, fit volte-face et s'approcha de son bureau.

- Non, mais toi, tu vas finir par me dire quelque chose d'utile ?

Namjoon haussa légèrement les épaules.

- Tu es surmené, Tae. Ce Yoongi est un casse-tête, certes, mais tu peux gérer. Et peut-être que cette annulation te donne une chance de mieux réfléchir au prochain candidat.
- Je n'ai pas besoin de réfléchir, rétorqua Taehyung. Je vais lui trouver quelqu'un demain et régler cette histoire une fois pour toutes.
- Alors fais-le, correctement, répliqua doucement Namjoon.

Le blond roula des yeux avant de se laisser tomber dans son fauteuil, massant ses tempes.

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Yoongi, muni d'un thermomètre et d'une serviette froide était assis près de son petit frère. Eunwoo, recouvert d'une couverture épaisse reniflait doucement, ses joues rougies par la fièvre.

- Ça va aller, murmura le brun en ajustant la couverture. Encore un peu de repos, et tu seras en pleine forme.

Le malade hocha faiblement la tête, ses grands yeux brillants fixés sur son frère.

- Yoonie, je peux rester avec toi ce soir ? demanda-t-il d'une petite voix.
- Bien sûr, répondit Yoongi en souriant, posant doucement une main sur son front pour vérifier sa température.

Hong Joong pénétra dans le salon, habillé avec soin, un blouson en cuir un peu trop large sur le dos.

- Je pouvais m'occuper de lui, tu sais, lança-t-il.

L'aîné secoua la tête, souriant.

- Toi, tu as une soirée avec tes amis. Va t'amuser.
- Mais tu avais un truc ce soir, non ? répondit l'adolescent en croisant les bras.

Yoongi haussa les épaules, épongeant délicatement le front d'Eunwoo.

- Rien d'important.

Hong Joong roula des yeux avec un sourire moqueur.

- Tu veux dire le riche que tu adores faire enrager ?

Le brun rit doucement, levant la tête vers son petit frère.

- Ma vie n'est pas aussi triste, merci.

L'adolescent sourit, puis se pencha pour embrasser le front du malade avant de se diriger vers la porte.

- Si tu le dis. Mais tu pourrais t'amuser un peu plus souvent toi aussi, Yoonie.

Yoongi le regarda partir, secouant légèrement la tête. Mais alors qu'il ajustait à nouveau la serviette froide sur le front d'Eunwoo, il sentit un petit pincement au fond de lui.

Il murmura doucement, presque pour lui-même :

- C'est vrai que ça va me manquer un peu, de ne pas l'entendre râler ce soir.

Son petit frère le fixa avec curiosité, mais il détourna rapidement le regard.

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L'horloge murale indiquant presque minuit.

Les rues de Cassia, visibles à travers les immenses baies vitrées, bourgeonnaient. Son activité contrastait avec l'austérité silencieuse de l'étage. Taehyung était à son bureau, ses mains crispées sur les accoudoirs de son fauteuil en cuir. Face à lui, Namjoon, un dossier en main, observait avec une tranquillité déconcertante son patron en train de perdre patience.

- C'est terminé, grogna le blond en tapant sur le bureau. Je vais lui trouver quelqu'un et le sortir de ma vie une bonne fois pour toutes.

L'autre posa calmement le dossier sur la table, croisant les bras.

- Et tu comptes faire ça comment ?

Taehyung, le regard sombre, se redressa et activa l'écran holographique intégré dans le bureau.

- En utilisant ce que j'ai de mieux, mes ressources.

Il posa ses doigts sur l'écran, ouvrant une interface où défilaient des centaines de noms, visages et informations détaillées.

- A.M.Y, lança-t-il d'un ton sec. Trouve-moi les hommes riches, jeunes, et beaux de mon carnet de contacts. Priorité à ceux que je ne croise jamais. Les autres informations n'ont pas d'importance.

Une voix féminine répondit instantanément :

- Recherche en cours.

Namjoon leva un sourcil, amusé.

- Tu es vraiment déterminé, soudain.
- Plus que jamais, répondit Taehyung, les yeux rivés sur l'écran où des profils commençaient à apparaître.

Les images se succédèrent, des investisseurs, des héritiers, des entrepreneurs, tous triés selon les critères fournis. Le milliardaire cliqua sur plusieurs profils pour les examiner rapidement, son expression de plus en plus crispée à chaque nouveau visage.

- Pas lui, il est insupportable, marmonna-t-il. Lui non plus, il m'a déjà causé des ennuis.

Namjoon, appuyé contre le bureau, regardait la scène avec une curiosité détachée.

- Tu es sûr que plus de renseignements ne seraient pas préférables ? Ce n'est pas comme si tu n'avais pas ses informations.

Taehyung ignora la remarque, continuant à faire défiler les profils. Enfin, il s'arrêta sur un visage qui semblait correspondre à ses attentes : un homme dans la trentaine, au regard perçant et à l'air impeccable.

- Lui, annonça-t-il en cliquant sur Park Seojun. Riche, élégant, et... il vit à l'étranger la plupart du temps. Parfait.

Namjoon haussa un sourcil.

- Tu es sûr qu'il conviendra à Yoongi ?
- Peu importe, grogna Taehyung. Ce type a tout ce qu'il veut. Et s'il trouve encore à redire, il pourra bien aller au diable. Bien que je pense qu'ils doivent déjà être bons amis.

Le brun sourit légèrement, mais son regard restait attentif.

- Tu te rends compte que tu es de plus en plus contrarié ?
- C'est parce que ce genre de conneries me fait perdre mon temps.

Namjoon ne répondit pas, se contentant d'un hochement de tête entendu. Il savait que discuter davantage ne ferait que nourrir l'irritation de son patron.

- Organise un rendez-vous, sans moi, conclut ce dernier en fermant l'interface. Ils sont bien assez grands pour se débrouiller.

Le brun quitta la pièce en silence, laissant Taehyung seul, les lumières de la ville dansant sur son visage tendu. Malgré sa décision ferme, une part de lui ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi cette tâche qu'il aurait dû expédier en quelques jours traînait autant et pourquoi Yoongi occupait une telle place dans ses pensées.

Voilà voilà. J'espère que ce chapitre a été agréable à lire et que la suite vous fait envie.

S'il y a des retours, le chapitre 3 sera posté dans la semaine.

Merci encore

Prenez soin de vous

💜🤍♥️