Partie 16 : "Opale"
Appartement de Dominicus et de Laura, Montréal
Quand Laura se réveilla, elle eut l'impression d'émerger d'un long sommeil. Le soleil était déjà haut dans le ciel. Elle se tourna vers sa table de chevet. L'horloge indiquait midi. Elle avait la bouche pâteuse et la tête lourde. Elle alla en traînant des pieds vers la salle de bains et avala d'un long trait, un verre d'eau. Il lui semblait avoir absorbé des litres d'alcool. Et pourtant... Elle se regarda dans le miroir et s'ébroua comme un petit chien. Elle avait sa tête des mauvais jours, yeux agrandis, teint blême, malgré sa belle couleur ébène.
Il y avait vraiment quelque chose qui ne tournait pas rond en elle. Après avoir attaché ses vanilles en une grosse natte, relevée sur sa tête, elle prit une douche longue et chaude. Elle se sentit un peu mieux.
Sur la table du salon, un mot de Dominic :
Ma chérie, je n'osais pas te réveiller, tu dormais si bien
Je suis déjà au travail
Profite de ce mardi, pour te reposer
PS/ j'ai averti Anna, que tu prenais off aujourd'hui.
PS/ texte moi
Je t'aime
D.
Ce mardi ? Pourquoi Dom lui parlait de mardi ? On était lundi, non ? Elle regarda son cellulaire et effectivement, c'était indiqué mardi. Avait-elle dormi 24 heures non-stop ? Elle ne se rappelait pas grand-chose. Tout était flou. Elle passa la main sur son front et ferma les yeux un court instant. Elle composa un message texte.
12 :40 Laura — Coucou Anna. Est-ce que tout va bien à l'agence ?
Ø 12 :43 Anna — Contente d'avoir de tes nouvelles. Comment va ?
12 :44 Laura — Un peu dans le vague. Mais ça ira. L'agence ? Ça va ?
Ø 12 :45 Anna — Tout est sous contrôle :)
12 :47 Laura — Si tu as besoin de moi, texte OK ?
Ø 12 : 47 Anna — Ne t'inquiètes pas et repose toi. Bisou :)
12 :48 Laura — bisou
Elle fourra son cellulaire dans son pantalon, prit son sac et décida de sortir un peu pour aller se promener. Il avait l'air de faire bon dehors. Après tout, c'était son jour de repos. Qu'elle en profite un peu!
Son manteau, son écharpe, ses bottes, ses gants, et hop ! Elle était dehors. L'air froid lui fit du bien.
Début avril, et il faisait encore bien frisquet. Habituellement l'hiver à Montréal est relativement long. Cette année, une tempête avait surpris la métropole début novembre. Ils avaient ressenti des températures aux alentours de - 30 degrés pendant plusieurs jours continus.
Aujourd'hui « ce n'était pas si pire » comme disaient ses amis Québécois. Un peu de neige et de glace traînant de part et d'autre des trottoirs.
L'hiver montréalais avait ses bons côtés : ski, chalet dans les Laurentides, spa en extérieur remplissaient le vide laissé par l'été.
L'appartement qu'elle occupait avec Dom, se trouvait sur le Plateau Mont-Royal. Un quartier charmant avec des bâtisses colorées, des parcs tout autour. De nombreuses petites épiceries se trouvaient sur l'avenue Mont-Royal. On trouvait de tout ici, des fromageries, des boulangeries, de nombreux cafés et autres endroits sympathiques pour boire un verre et discuter avec des amis. L'endroit à lui seul était un petit centre-ville. Pas besoin de prendre la voiture et partir faire ses courses ailleurs. Tout était à distance de marche. C'était un petit bijou urbain. Tout se faisait à pied et elle adorait cela.
Après seulement huit mois de relation, elle s'était installée chez lui, à la mort de ses parents, dans un magnifique "cinq et demi" sur la rue de Brébeuf.
Trois belles chambres dont l'une, immense, qui leur servait de chambre à coucher. Un bel appartement avec beaucoup de cachet malgré une décoration ne lui correspondant pas du tout. Mais vraiment pas. Tout y était froid. Du plancher au plafond.
De la couleur des murs, en passant par le sofa gigantesque dans le salon tout était blanc...
Les seuls éléments de couleur étaient les électroménagers en inox et les meubles noirs renforçant l'aspect de froideur. La décoration était très moderne. Un peu trop à son goût.
Tout était d'inspiration « Dominicienne » comme elle aimait le dire.
Elle ne se sentait toujours pas à l'aise dans cet appartement.
Quand elle avait emménagé chez lui, il lui avait promis qu'ils décoreraient ensemble, mais Dom n'avait jamais eu le temps pour cela. Et même si elle avait fait en sorte de mettre de la couleur un peu partout dans les pièces avec des peintures au mur, des cadres de couleur dans la chambre, il ne restait pas moins que rien n'y changeât. Et qu'elle détestait cela.
Elle passa l'heure dans son restaurant thaï favori à savourer son plat épicé. Elle flâna un peu sur l'Avenue Mont Royal. Rentra dans les boutiques. En ressortit. Ça lui fit du bien. Une envie de café la saisit. Après un passage dans une cafétéria, un gobelet à la main elle continua sa route.
« Tiens, cette boutique, je ne la connais pas, se dit-elle » en apercevant une nouvelle enseigne. Pierres précieuses, lut-elle en s'approchant tranquillement du lieu. De la baie vitrée, elle aperçut des étagères remplies de pierres, de pentacles de toutes couleurs accrochées aux murs de la boutique.
Elle avait toujours été attirée par ces petits « bouis-bouis ». Elle ouvrit la porte et une petite sonnette tinta. La caissière leva la tête vers elle et lui souhaita la bienvenue. Après un bref sourire, elle se dirigea vers le centre de la pièce. Il n'y avait aucun autre client dans la boutique.
Ce qu'elle aimait par-dessus tout lorsqu'elle rentrait dans une boutique de ce genre était cette sensation étrange d'être de retour à la maison. Elle ne comprenait pas vraiment le « pourquoi du comment » mais l'odeur de l'encens ou des bougies qui se dégageait ici et là, lui rappelait des souvenirs oubliés.
Cette sensation d'être plus légère, comme si vous vous trouviez dans une bulle qui vous transportait ailleurs, ou vous flottiez à l'intérieur. C'était totalement fou !
Laura se promena dans les différentes allées. Oh ce n'était pas si grand que cela mais il y avait des allées pour tout, des livres sur la spiritualité et sur le bonheur... Des CD et DVD. Des pentacles avec des formes diverses. Ses pas la conduisirent vers le milieu de la pièce où se retrouvaient des pierres. Il y en avait plein. De toutes les tailles et de toutes les couleurs. Des agates, des améthystes, du béryl... Trop pour tout citer.
Elle passa sa main droite au-dessus de toutes les pierres. Sans qu'elle ne comprenne pourquoi, cette dernière s'arrêta sur une pierre si brusquement qu'elle renversa un peu du café sur le plancher. Cela devait être la plus belle pierre qu'elle ait vue de toute sa vie. « Quelle est donc cette pierre ? » Elle resta à la fixer intensément.
— C'est une opale, lui dit doucement une voix.
Elle sursauta légèrement à la voix. Une femme se tenait sur une petite échelle en face d'elle, près de la porte de service. Laura ne l'avait pas remarqué. La femme descendit de son escabeau et se dirigea en souriant vers Laura.
Cette dernière eut le temps de la détailler. Elle avait des cheveux bouclés. La couleur ? Rouge pétant. Elle était petite, environ 1m55. Habillée avec un jeans noir et une blouse bleue. Elle avait les yeux pétillants de vie. Laura se sentit immédiatement à l'aise en sa présence.
— Elle est particulière pour une opale, non ? demanda Laura en baissant les yeux vers la pierre. Je sais que les opales peuvent porter toutes les couleurs mais celle la..., continua la jeune femme sans finir sa phrase.
— Les scientifiques l'appellent Opale Butte, répondit la petite femme. Elle est très rare. Elle a été trouvée il y a plus de cent ans aux États-Unis, d'après ce que l'on dit, expliqua-t-elle en ouvrant la vitre et en la prenant dans sa main. C'est un véritable joyau unique sur Terre. Je dirai même de l'Univers. Elle donne l'impression de voir l'océan à l'intérieur. Venez voir, lui suggéra-t-elle en se rendant vers la baie vitrée.
Laura la suivit. Effectivement, l'impression d'observer l'océan était époustouflante. Les rayons du soleil l'éclairaient tellement qu'elle étincelait dans la main de la femme aux cheveux rouges – elle ne connaissait pas son nom – .Celle-ci continua à expliquer les caractéristiques de la pierre précieuse.
— Bien qu'il ne s'agisse ici que d'une illusion d'optique, lorsque la lumière vient frapper les facettes de cette pierre, elle donne à voir le reflet d'une eau transparente où résiderait la présence d'algues marines, continua-t-elle. Dotée de plusieurs couleurs, cette opale unique en son genre qui semble avoir renfermé en elle une petite partie de l'océan, comporte différentes couleurs de bleu, de rouge, de jaune or, de marron, de vert et même un peu de violet. L'origine du terme opale vient du mot Upala signifiant « pierre précieuse ». Certains disent qu'elle vient d'une autre galaxie ...
Les paroles de la femme devinrent tenues pendant qu'elle parlait. Laura était comme hypnotisée par la pierre. Elle ne comprenait pas pourquoi. Elle n'arrivait pas à se retenir. C'est comme si la pierre l'appelait ... Elle ne se rendit pas compte que la femme fit passer la pierre de sa main droite vers sa main gauche, en l'observant. Elle eut un petit sourire satisfait quand elle sentit les yeux de Laura continuer à suivre la pierre.
—Est-ce que..., Laura en se mordant les lèvres. Est-ce que je peux la toucher ? demanda-t-elle en se reprenant. Elle n'osa pas regarder la femme. Elle savait juste qu'elle avait une envie irrépressible de toucher cette pierre. Cela la démangeait.
— Bien sûr que oui, lui répondit-elle en levant les deux mains légèrement au-dessus de sa tête.
Elle jeta un coup d'œil à la jeune fille qui avait accueilli Laura à la porte. Cette dernière ouvrit les yeux étonnés, mais acquiesça. Elle se dirigea vers la porte d'entrée et mit la pancarte « fermé ».
Comme un présent que l'on offrait a un roi ou une reine dans des temps plus anciens, elle présenta la pierre. L'opale brillait d'un éclat encore plus intense.
Laura déposa son gobelet sur une étagère et leva sa main droite. Au même moment, la femme aux cheveux rouge commença à scander à haute voix :
— « Ô Opal, Pierre Précieuse, combine le meilleur pour la plus belle des pierres précieuses : l'étincelle de la fine Almandine, le brillant pourpre de l'Améthyste, le jaune or du Topaze, le bleu profond du Saphir et la vive verte de l'Émeraude pour que toutes ses couleurs brillent et étincellent ensemble dans Opal »
En touchant la pierre, il se passa un truc impensable...
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