Chapitre 1
Paris, La Buvette des Marionnettes du Jardin du Luxembourg - 30 Juin 2016
Chloé venait d'ajouter un deuxième sucre dans son traditionnel café-crème lorsqu'elle aperçut enfin sa meilleure amie avancer dans sa direction, un sourire excessif aux lèvres et la poignée d'une grosse - et manifestement, lourde - valise bleue dans la main. Elle n'hésita pas un seul instant à se lever de sa chaise en abandonnant sa boisson pour rejoindre sa confidente qu'elle attendait depuis une trentaine de minutes qui lui avaient semblées interminables.
- Enfin, j'ai cru que tu viendrais jamais ! rit Chloé en prenant sa meilleure amie dans ses bras, la forçant ainsi à lâcher son bagage. En plus, je voyais très bien tes parents te retenir au dernier moment et tout annuler, le pur cauchemar quoi !
- Je sais, s'excusa sa confidente, j'ai beaucoup de retard. Pour ma défense, moi aussi j'ai pensé qu'ils ne me laisseraient jamais partir, je te raconte pas la journée de fo-lie que je viens d'avoir ! Ma mère ne m'a pas lâchée d'une semelle depuis ce matin, huit heures. À un moment, j'ai même eu peur qu'elle fasse ma valise à ma place ! Si tu savais tous les trucs inutiles qu'elle m'a achetés... À croire qu'on va passer nos vacances dans la jungle ! Sérieusement, qu'est-ce que je pourrais bien faire du sac à dos "spécial survie en lieu hostile" à Los Angeles ! ricana Astrid alors qu'elles rejoignaient leur table. C'est sûr qu'elle a dû payer ça à un prix astronomique en plus, enfin.
- Oh non, l'horreur ! sourit Chloé, amusée par la théâtralité habituelle avec laquelle son amie se plaisait à lui raconter les faits.
- Il a fallu que je le cache dans le grenier derrière une pile de vieux fringues pour qu'elle arrête de me prendre la tête avec ce foutu sac, je te jure ! continua Astrid avec entrain. Et évidemment, pile au moment où j'allais enfin me débarrasser d'elle et de ses conseils oppressants en prétextant un rendez-vous avec Lucas, mon père est rentré et a pris le relais ! Ils sont infatigables ces deux-là, quand c'est pas l'un, c'est l'autre ! Ensuite mon portable n'avait plus de batterie, et j'ai préféré directement partir plutôt que de rester une seule seconde de plus dans cet appart', sinon j'y serais encore, ce qui explique que je ne t'ai pas prévenue avant.
- Pas grave, et puis c'est pas comme si c'était la première fois que tu te pointais avec une demi-heure de retard, ajouta Chloé en adressant un regard malicieux à la blonde. Quoiqu'il en soit, c'est la dernière ligne droite maintenant, et demain, bye bye Paris !
- Ouiiiiiiiii, s'enthousiasma sa meilleure amie en appelant un serveur.
Elle commanda sans surprise la même chose que d'habitude, une limonade (selon elle la meilleure de toute la capitale) et ce rendez-vous planifié depuis bien longtemps entre les deux meilleures amies prit soudain une allure de déjà-vu.
Paris, même endroit - 30 Juin 2014
- Mes parents m'ont annoncée hier qu'on ne partait plus à Singapour à cause de leur boulot, encore une fois... se lamenta Astrid en touillant tristement sa limonade avec une paille. Ça fait plusieurs étés qu'ils me font le coup, je ne vois pas pourquoi chaque année je recommence à espérer inutilement. J'aurai jamais ces vacances de rêve, un point, c'est tout ! Quand je pense que je vais jouer à la baby-sitter avec mes petits cousins pendant au moins un trois semaines, j'ai l'impression que mes nerfs vont lâcher.
Les deux amies venaient d'arriver et Chloé se rendait bien compte que le double d'elle-même en blonde passait vraiment une journée désastreuse. À vrai-dire, elle l'avait su dès le moment où elle avait entendu la voix désespérée d'Astrid au téléphone une heure plus tôt, mais après avoir constaté que leur bistrot préféré était fermé (ce qui les avait menées à cette petite buvette quelconque au milieu du Jardin du Luxembourg), la situation semblait encore plus pénible à supporter pour la jolie blonde et Chloé ne savait pas trop quoi dire pour tenter de la réconforter, si bien qu'elle utilisa en guise de dernier recours la carte du petit-ami attentionné.
- T'inquiète pas, je suis sûre que ce sera pas si terrible, en plus Lucas reste tout le mois de juillet, donc vous aurez sûrement l'occasion de faire quelques trucs sympas ensemble, obtempéra Chloé.
- J'en ai rien à faire de Lucas, protesta directement Astrid, déterminée à déballer sa rancune envers sa famille. Chaque année, c'est la même histoire ! Depuis qu'on se connaît toi et moi, les vacances d'été sont toujours pareilles ! Toi, tu pars pour te la couler douce dans un lieu paradisiaque pendant que moi, je reste plantée là, comme une cruche, à regarder des séries toutes la journée ! Ça craint...
Chloé était carrément embêtée de savoir que sa meilleure amie était jalouse de ses vacances car cela l'empêcherait par la suite d'être totalement honnête. Elle ne pouvait pas possiblement lui dire qu'elle non plus n'appréciait pas beaucoup l'été que ses parents lui réservaient, parce que même si c'était fondamentalement vrai, elle savait bien qu'Astrid ne comprendrait pas.
Comment lui expliquer que ses vacances en famille à l'Île Maurice ne s'annonçaient pas reposantes du tout ? Comment lui dire en long et en large que ces journées passées à glander au bord de la piscine ne lui convenaient pas sans qu'Astrid la pense parfaitement incapable de profiter des bons moments ?
Son amie lui en aurait sûrement voulu encore plus si Chloé avait émis la moindre plainte, ce qui l'obligeait à passer sous silence la manière dont elle envisageait réellement ce séjour à Port-Louis pour la énième année consécutive.
Et c'est là, en cherchant à se sortir du pétrin, que Chloé eut l'idée du siècle, cette idée qui allait redorer instantanément le moral de sa meilleure amie et qui allait, sans qu'elle s'en doute, transformer le cours de sa petite vie deux ans plus tard.
- Et si on partait en vacances toutes les deux l'été prochain ? proposa la belle brune.
Les yeux d'Astrid s'emplirent en une seconde d'une lueur nouvelle au son de cette question, lueur qui disparut néanmoins bien trop vite.
- Ce serait super Chlo', mais nos parents ne nous laisseront jamais partir seules dans la nature, surtout les miens, et puis ça coûterait hyper cher. Le voyage, l'hôtel, les restos, ça devient très vite beaucoup trop gros à assumer pour deux lycéennes comme nous. Et le voyage encadré par une association, non merci. Les petits cons qui te réveillent dans la nuit avec des bombes à eaux, j'ai déjà donné, répliqua Astrid en retombant dans sa tristesse.
- Astrid, sois pas ridicule, on peut négocier. Bon, effectivement il faudrait trouver de l'argent, mais je suis sûre que si on économise à fond, peut-être qu'un an ne suffira pas mais deux, sûrement. Et puis on est pas obligées de payer l'hôtel, on pourrait par exemple séjourner chez des amis ou dans une de nos maisons à l'étranger.
- En tout cas, certainement pas dans la résidence de ma tante au Brésil ! prévint la blonde. J'y suis allée une année quand j'étais petite et c'était l'horreur, je n'ai jamais été piquée par autant de moustiques de toute ma vie ! Mes parents ont loué la villa à Marrakech, donc je pense qu'on peut faire une croix dessus aussi.
- Oh je sais ! s'exclama Chloé en faisant pratiquement un bon sur sa chaise en rotin. La maison à Los Angeles, ça fait des années qu'on y va plus et le dernier locataire a tellement peu respecté les conditions que mes parents ne voudront plus jamais en reprendre un. Ils seraient sûrement d'accord pour qu'on y aille !
Chloé crut qu'Astrid allait traverser la table en rampant juste pour la prendre dans ses bras.
- On va faire ça ! annonça sa meilleure amie, ravie. L.A. toutes les deux, que demander de plus !
- Tu verras, on va absolument tout mettre en œuvre pour les avoir, ces vacances. Et on les aura, promis Chloé d'un ton malicieux en se félicitant d'avoir pensé à cette magnifique maison au bord de la plage.
30 Juin 2016
Inutile de dire que les négociations avaient été rudes pour permettre aux deux amies d'aboutir à une réponse positive, mais elles s'étaient battues avec tellement d'acharnement, brandissant leurs multiples bonnes notes comme des coups d'épées, que leurs efforts avaient enfin fini par payer. Les deux ans s'étaient à présent écoulés pour Chloé et Astrid, et jamais elles n'avaient attendu quelque chose avec autant d'impatience. C'était la toute première fois qu'elles ne seraient sous aucun contrôle extérieur, livrées à elles-mêmes à des milliers de kilomètres de leur zone de confort.
Ce rendez-vous marquait le début de leur aventure ensemble, et elles se remémorèrent avec excitation cette fameuse après-midi, deux ans plus tôt à la même date, durant laquelle l'idée de ce séjour organisé avait pris place dans leurs cœurs. Et elles rirent beaucoup en réalisant que la petite buvette qu'elles avaient alors considéré comme un endroit de second rang, tout juste une alternative potable, était devenue au fil de ces deux-années leur lieu de rendez-vous obligatoire, une sorte de QG bourré de charme où elles aimaient se retrouver minimum deux fois par semaine afin de savourer respectivement le délicieux café-crème de Chloé et la limonade sucrée d'Astrid tout en imaginant chaque instant de leur périple qui approchait.
Chloé et Astrid pensaient alors avoir tout planifié dans les moindres détails, du déroulement de leur séjour aux tenues qu'elles allaient porter en passant par les activités qu'elles allaient faire sur place, pourtant dans la Mercedes qui les amenait à l'appartement de Chloé, les deux amies étaient bien loin de s'imaginer tous les imprévus qui n'attendaient qu'elles et qui bientôt, se déchaîneraient.
Si seulement elles avaient su.
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Hello hello ! xx
Le premier chapitre est enfin posté ! J'espère qu'il vous plaît et que vous aimez la situation initiale et les personnages. ;)
Que pensez-vous de Chloé ? D'Astrid ? De leur mode de vie ? Comment envisagez-vous leur voyage ? J'ai vraiment hâte d'avoir votre opinion ainsi que vos premières théories. :D
Le prochain chapitre sera sûrement posté la semaine prochaine au plus tôt, car pour l'instant je m'occupe de ma première histoire. N'oubliez pas de voter si vous avez apprécié ce chapitre, ça fait toujours plaisir. N'oubliez pas également de me le dire si jamais vous n'avez pas aimé, des critiques constructives m'aident beaucoup.
On se retrouve très vite pour le prochain chapitre, gros bisous , Anne. xx
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