Chapitre 34 (suite)
J'aurais aimé pouvoir ramener quelque chose plutôt que d'arrive la bouche en coeur et les mains vides. Mais je n'ai pas pris d'argent liquide sur moi, et ce serait bien trop risqué de payer en carte. Mon père pourrait regarder mes comptes et savoir que je me trouvais à proximité du café. Que j'y sois allé ou pas, en compagnie de Su-Jin ou non, n'enlèvera pas le risque d'éveiller ses soupçons. Je vais donc me présenter devant la mère de Jimin comme le pire des voyous.
Su-Jin :
Je suis rentrée !
SMS 18:34
Su-Jin :
T'as pu parler avec
Jimin et sa mère ou
pas encore ?
SMS 18:35
Moi :
Non pas encore le
café ferme à 20h.
SMS 18:36
Su-Jin :
Outch encore une heure
et demi à tenir.
SMS 18:36
Su-Jin :
Ça va aller ?
SMS 18:37
Moi :
Aucune idée... mais il
faudra bien... j'ai promis
à Jimin de les rejoindre
à la fermeture ça me laisse
le temps de me préparer
pour ce que je vais leur
dire
SMS 18:37
Su-Jin :
Dis-leur la vérité et soient
ils comprendront et les
choses seront claires
pour tout le monde soient
ils ne comprendront pas
mais au moins les choses
seront claires pour tout le
monde 😂
SMS 18:38
Moi :
On t'as déjà dit que t'avais
un sacré talent pour remonter
le moral des gens ? x)
SMS 18:38
Su-Jin :
Tous les jours 😜
SMS 18:39
Su-Jin :
Bref soit sincère avec
eux peu importe leur
réaction. Ils seront
certainement en colère,
prépare toi à ça, mais
au moins tu apaiseras
leur conscience et la
tienne
SMS 18:39
Je continue de discuter avec Su-Jin jusqu'à ce qu'il soit presque l'heure du verdict. L'angoisse que j'essaie de contenir depuis tout à l'heure me remonte dans la gorge et j'ai l'impression d'étouffer. J'ai déjà eu un avant goût de la réaction de Jimin mais celle qui m'inquiète davantage, c'est celle de madame Park. Je ne sais pas si c'est le genre de personne à me hurler dessus et à me balancer à la figure tout ce qu'elle pense, ou si, au contraire, elle se contentera de me transpercer d'un regard dur avant de m'ignorer royalement. Quoi qu'il en soit, je serais fixé dans quelques minutes. Je traverse la rue et m'approche de la porte du café, priant pour que personne ne me suive et ne rapporte à mon père que j'ai repris contact, même brièvement, avec eux.
Quand les derniers clients sortent, j'ouvre la porte et entre. Jimin est de dos, en train de nettoyer une table. La petite cloche retentit et il se retourne pour indiquer à des potentiels clients que le café est fermé. Quand son regard tombe sur moi, il s'illumine, comme s'il doutait que j'allais vraiment venir ce soir.
"Tu es là, souffle-t-il, sans bouger de l'endroit où il se trouve, sans esquisser le moindre pas dans ma direction."
Je ne sais pas trop comment je dois prendre cette distance qu'il met entre nous. Est-ce que ça signifie que je ne dois pas franchir cette barrière parce qu'il ne veut plus rien à voir affaire avec moi, ou est-il simplement prudent, attendant de savoir pour quelles raisons je suis parti. Dans tous les cas, c'est sûrement mieux ainsi. S'il m'avait sauté directement dans les bras, je ne pense pas que j'aurais eu la force mentale suffisante pour rentrer chez mes parents. Nous nous regardons pendant plusieurs secondes, sans bouger, attendant que l'un de nous fasse quelque chose. Il serait normal que je sois celui qui fait le premier pas, mais la boule dans ma gorge m'empêche de parler. La porte du fond s'ouvre et une voix nous sort de notre immobilité.
"Jimin qu'est-ce que tu trafiques ? Viens m'aider je-"
Elle se coupe au milieu de sa phrase quand elle prend conscience que je suis là, au milieu de son café, fantôme tout droit sorti des profondeurs. Elle fait un pas, puis deux, puis trois, avant de s'arrêter, incertaine. Son regard est empli d'incompréhension et ses yeux font des aller-retour entre Jimin et moi. Soudain, ses sourcils se plissent légèrement, et d'une expression emplie de détermination, elle se précipite sur moi.
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