Chapitre 16 (suite)
"Demande d'abord à ta mère si elle a besoin d'une autre paire de bras, avant de proposer mon nom.
- Comme tu veux.
- Promets-moi que tu le feras."
On se fixe intensément, moi très sérieux, lui avec de grands yeux innocents.
"Jimin ?
- Ok c'est bon, t'as gagné hyung, soupire–t-il."
J'affiche un air satisfait et il me pousse doucement l'épaule du bout de son doigt.
"Enlève moi cette expression, sinon je vais finir par te sauter dessus..."
Haussant un sourcil de surprise, je regarde mon petit blond qui se tourne complètement vers moi, la tête légèrement penchée sur le côté.
"T'as pas la moindre idée de l'effet que tu as sur moi hyung..."
Sa voix se fait plus grave, ses yeux plus sombres. L'ambiance douce et joyeuse qui planait jusque-là, laisse place à une tension qui nous électrise tous les deux. Je n'ai jamais rien ressenti de similaire avant Jimin. Dans mon ancienne vie, celle précédant mon exil dans le monde de la rue, j'avais eu quelques amourettes. Je pensais même avoir aimé. Mais ce n'était en rien comparable de ce qui nous lie, Jimin et moi. Ce trouble qui s'empare de mon cœur dès que je croise son regard, ce vide que je ressens lorsqu'il est loin de moi. Ce besoin irrépressible de voir son sourire et d'entendre sa voix, presque aussi violent que le manque d'une drogue. Et ce feu qui nous consume, qui nous embrase, sans jamais nous brûler.
"Toi non plus... je murmure, juste avant d'attraper sa nuque et de plonger sur ses lèvres."
Notre échange ne dure que quelques secondes, suffisamment toutefois pour me faire oublier où nous sommes. Jusqu'à ce qu'un bruit nous sorte de notre transe. Derrière le comptoir, la mère de Jimin, extrêmement mal à l'aise, ramasse un plateau qu'elle vient de faire tomber.
"Désolée, s'excuse-t-elle avant de repartir précipitamment derrière."
Si sa réaction fait beaucoup rire Jimin, de mon côté je suis mortifié. Première journée de présentation officielle et déjà deux faux pas. Le premier dans la réserve où elle n'a eu aucun doute sur notre activité quelques minutes avant, le deuxième en me surprenant en train de bécoter son fils au beau milieu du café. Si la possibilité d'une embauche était envisageable, je pense que je viens de perdre mes cartes.
"C'est bon t'inquiète pas, tente de me rassurer Jimin.
- J'aurais quand même préféré que ça n'arrive pas...
- J'irais lui parler si tu veux.
- Non, je vais aller lui présenter des excuses. C'était inapproprié.
- Mais hyung, on n'a rien fait de mal. On était simplement en train de s'embrasser... je dis pas qu'elle a l'habitude, mais c'est déjà arrivé avant. D'ailleurs, c'est comme ça qu'elle a su... alors je te promets qu'il n'y a aucune raison de t'inquiéter."
Je me lève tout de même, bien décidé à ne pas laisser la moindre ambiguïté sur mes intentions envers son fils.
"Je reviens."
Je vois bien que Jimin est un peu contrarié par mon initiative, mais il ne me retient pas. Lorsque je franchis la porte du fond, un bruit provenant de la réserve m'indique que madame Park est en train d'y faire un peu de rangement. Je toque à la porte et attend qu'elle m'invite à entrer, avant de pousser doucement le battant. Son regard surpris me scrute quelques secondes, avant qu'elle ne prenne la parole.
"Je suis désolée, je ne voulais pas vous déranger...
- C'est moi qui suis profondément désolé. Mon comportement était déplacé et je ne voudrais pas que vous ayez une mauvaise opinion de moi suite à-
- Oh non, tu n'as pas à t'excuser enfin."
Elle arrête ce qu'elle était en train de faire et se dirige vers.
"J'ai essayé d'être discrète et de repartir sans faire de bruit, mais ma maladresse m'a rattrapée. Vous pensiez être seuls, c'est moi qui ait débarqué sans prévenir. Il n'y avait rien de déplacé, enlève toi vite cette idée de la tête."
Ses yeux transpirent la sincérité. Elle semble penser tout ce qu'elle me dit et une étrange chaleur se répand dans ma poitrine. Est-ce que c'est... du soulagement ? Un sourire étire ses lèvres et elle ajoute.
"Tu sais, moi aussi j'ai été jeune. Ne t'excuse jamais d'aimer quelqu'un, d'accord ?"
Je hoche la tête, un peu perdu par cette réaction aux antipodes de celles que j'ai toujours connues. Je me rends soudain compte qu'en dehors du cercle dans lequel j'ai évolué, je ne connais rien du monde dans lequel je vis. Tout n'est peut-être pas aussi hermétiquement défini que ce qu'on m'a toujours appris. Finalement, être gay n'est peut-être pas une tare, comme on me l'a rabaché. J'ai soudain envie de pleurer, de me perdre dans les bras de cette femme emplie d'une bienveillance telle, qu'elle brise les images intengibles que je me faisais de ce monde.
Elle pose délicatement une main sur mon bras, un peu hésitante, comme si elle attendait un refus de ma part. Et il est vrai que ce contact inconnu m'a tout d'abord surpris mais, comme avec Jimin, la gentillesse que transmet son geste, provoque en moi un sentiment de bien-être plus que de rejet.
"Tu viens manger à la maison ? me propose-t-elle avec douceur.
- Avec plaisir, je reprends sur le même ton.
- Jimin va être ravi. Je te laisse lui annoncer la bonne nouvelle pendant que je finis l'inventaire."
Et elle me pousse doucement vers la porte pour m'inviter à rejoindre le garçon qui fait battre mon cœur.
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