Chapitre 10 (suite)
La nuit a déjà revêtue sa robe étoilée, lorsque je referme la porte métallique derrière moi. Appuyé contre le mur, la tête en arrière, je laisse mon regard se perdre dans les constellations. Le paysage oscille au rythme de ma respiration, me donnant la sensation que les étoiles dansent pour moi, dans l'immensité d'ébène. C'est rare de les voir avec autant d'intensité. J'ai l'impression qu'elles essaient de m'envoyer un message en scintillant de toutes leurs forces. Ne perds pas espoir Yoongi, les choses vont s'arranger.
Tu parles. Comment les choses pourraient-elles s'arranger ? Je suis amoureux d'un garçon que je ne pourrais jamais rendre heureux et qui n'éprouve pour moi qu'un sentiment de pitié. Je ne peux pas venir en aide à mon ami, sous peine de briser définitivement sa vie. Et je ne veux pas quitter cet endroit de malheur parce que j'ai trop peur de me retrouver seul à nouveau.
Finalement, si je regarde un peu mieux, ce sont plutôt des bras qu'elles me tendent, pour m'inviter à les rejoindre par mes propres moyens. Ce serait si simple. Mais j'ai promis à Jae-Won d'être là pour lui, jusqu'à ce qu'il réalise son rêve. Je ne peux pas l'abandonner maintenant.
Un petit miaulement me sort de mes pensées lugubres et je vois Ha-Ru un peu plus loin. Je m'accroupis, toujours appuyé contre le mur pour ne pas perdre l'équilibre et me retrouver les fesses par terre. Ma petite boule de poils se précipite vers moi, tout ronronnant, me tournant autour pendant que je le caresse. Lui non plus, je ne peux pas l'abandonner.
Je l'attrape et le tiens contre moi pendant quelques secondes pour m'apaiser. Il n'y a que Ha-Ru qui ait le pouvoir de diminuer la douleur qui m'étreint le cœur. Même si ce n'est que l'espace de quelques minutes.
La porte s'ouvre soudain et je lâche Ha-Ru qui court se réfugier dans une des rues adjacentes. Deux pieds s'avancent vers moi et je me redresse pour me retrouver nez à nez avec Jae-Won.
"Tout va bien ? me demande mon ami, visiblement inquiet.
- Ça va. Je suis juste sorti prendre l'air deux minutes.
- ça fait déjà vingt minutes que tu es là mon chat. Lemy m'a demandé de venir voir si tu n'avais pas fait un malaise.
- C'est fou comme le temps passe vite quand on s'amuse... je réponds avec ironie en m'adossant à nouveau au mur."
Mon ami ne dit rien et me rejoint pour observer avec moi le ciel étoilé, profitant du calme de la ruelle.
"Pourquoi tu ne pars pas d'ici mon chat, si tu es si malheureux ? me demande-t-il au bout d'un moment.
- Pour aller où ?
- N'importe où ailleurs. Trouve un autre boulot, dans un bar par exemple, et part vivre dans un petit appartement ou-
- Personne ne voudrait de moi comme barman, je le coupe. Encore moins louer un appart à un mec seul, sans apport ni garantie.
- Je peux t'aider si tu veux. J'ai quelques économies de côté. Tu me rembourseras dès que tu auras repris une vie normale."
Sa proposition me touche. Mais je refuse d'utiliser l'argent qu'il a si durement gagné. Rien ne dit que je pourrais le rembourser un jour.
"C'est gentil mais non. Je préfère que tu gardes ton argent pour le jour où tu te décideras à partir pour de bon.
- Tu viendras avec moi ce jour-là ?"
Je tourne la tête et plonge mes yeux dans les iris aux reflets d'automne de mon ami.
"Bien sûr. Je te suivrais partout où tu iras. Tu es la seule famille qu'il me reste... ma réponse semble l'avoir rasséréné, ce que me confirme son sourire confiant.
- Dans ce cas, on va quitter cet endroit le plus vite possible. Tu penses pouvoir tenir encore un peu ?"
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