Chapitre 3

Le dimanche est mon jour préféré de la semaine. Je n'ai pas besoin de sortir ni même me montrer sociable envers les autres, c'est ma journée. Celle où je ne fais rien.

C'est donc avec cette optique que je m'installe dans le canapé, une série lancée sur la télévision. Mais mon petit moment solitaire est coupé net quand le brun arrive dans la salle, vêtu d'un jean brut et d'un sweat bleu foncé, une casquette noir sur la tête recouverte de la capuche.

Il me fait un rapide sourire puis vient à mes côtés dans le canapé, mettant ses pieds sur la petite table en m'imitant parfaitement. Puis après un court moment à regarder l'épisode, il se tourne vers moi et prend la parole.

— Tu as vu Cora ce matin ?

Agacé, je mets mon épisode sur pause, puis lui réponds rapidement.

— Non.

J'appuie une nouvelle fois sur "play" pour relancer l'épisode, mais une nouvelle intervention du brun m'empêche d'entendre une réplique du personnage.

— Elle devait aller chez une amie, mais elle ne m'a pas prévenu de son départ. Elle ne t'a rien dit à toi ?

— Non.

Je soupire.

Le brun rit, je tourne donc la tête vers lui, et je lis dans ses yeux qu'il ne compte pas me laisser en paix. Je grogne et coupe mon épisode avant de remettre une chaine au hasard.

Mais alors que je pensais qu'il resterait silencieux, Malvi prend une nouvelle fois la parole, mais le sujet me surprend, ne m'attendant pas à ce qu'il me parle de ça.

— Toi et Juliette, ça fait longtemps que vous êtes ensemble ?

— Trois ans.

Il fronce les sourcils rapidement, puis il se frotte le menton avant de poser une nouvelle question, les yeux rivés vers l'écran de la télévision.

— Tu l'aimes ?

Quoi ? Je suis un peu déconcerté par sa question, n'étant pas assez proche de lui pour parler de ce genre de chose, surtout au vu de ce que je ressens pour lui. Mais ça, il l'ignore. Peut-être qu'il pose cette question sans sous-entendu ? Enfin, c'est obligatoirement sans sous-entendu.

Ne sachant quoi répondre, je lui réponds par une autre question, pour jouer en ma faveur.

— Tu aimes Cora ?

Il rit franchement, puis ses yeux gris se posent sur moi. Je ressens un courant d'électricité parcourir mes veines, mais j'essaye de rester neutre.

Je me sens défaillir quand il mordille sa lèvre inférieure, mais je ne le laisse pas paraître sur mon visage.

— Je ne sais pas. C'est cool avec elle, mais je ne pense pas que c'est de l'amour, juste de l'attirance. Pour moi l'amour, ça n'arrive qu'une fois, avec une seule personne, la bonne personne.

— Cora n'est pas la bonne du coup ?

Mon cœur cogne contre ma poitrine, je suis sur le point d'exploser alors que ses yeux passent des miens à mes lèvres. Malvi sourit, puis chuchote doucement.

— Non.

Le bruit de la porte d'entrée qui s'ouvre brusquement me fait sursauter, et je me tourne rapidement vers la porte, essayant d'avoir un air innocent alors que Cora nous rejoint dans la salle.

Malvi quant à lui rigole, puis il se lève en attrapant le paquet de cigarettes sur la table avant de se diriger vers la fenêtre de la salle. Il l'ouvre et se penche sur la rambarde avant d'allumer une cigarette. Or je suis tiré de cette admiration quand la voix de Cora m'interpelle.

— Tu comptes voir Juliette aujourd'hui ?

— Hein ?

Je me tourne vers elle, et Cora lève les yeux au ciel avant de s'avancer vers moi et me donner une tape sur l'arrière de la tête.

— Ta copine, tu comptes la voir ?

— Aïe, non, je ne pense pas, pourquoi ?

Ses yeux bruns m'observent avec persistance, puis elle passe une main dans ses cheveux frisés avant de lâcher une bombe.

— Tu aimes quelqu'un d'autre qu'elle ?

Je me mets à tousser, mes yeux verts s'écarquillant. Qu'est-ce qu'il lui prend ?

— Pas du tout, pourquoi tu me demandes ça ?

Le nom de Malvi clignote dans mon esprit, mais je le balaye rapidement en secouant ma tête. Cora ne me lâche pas, attendant que je lui dise la vérité. Puis finalement elle me sourit, enlevant son gros pull vert olive avant de le jeter sur l'accoudoir du canapé.

— Tu me le dirais si c'était le cas ?

— Bien sûr.

Je profite de ce sujet de conversation pour poser à mon tour une question, qui n'est pas si innocente que ça.

— Et toi, tu l'aimes, Malvi ?

Un sourire vient contraster avec sa peau métissée, puis elle jette un coup d'œil au brun avant de me répondre d'une voix un peu légère.

— Je ne sais pas, j'aime bien passer du temps avec lui. Mais c'est le genre de mec qui ne peut être avec une seule personne, je sais qu'il sera bien vite lassé de moi, et qu'il passera à une autre fille.

— Tu sais pourquoi il est comme ça ?

Elle me regarde rapidement puis soupire, haussant les épaules par la même occasion.

— Je sais qu'il y a quelque chose derrière tout ça, mais ça m'étonnerait qu'il m'en parle. Je ne serais qu'une copine parmi tant d'autres.

— Et ça ne te dérange pas ?

— Je passe du bon temps, c'est tout ce qui compte.

À mon tour, je regarde le brun. De la fumée sort de ses lèvres, son regard est perdu dans le vide, il est un peu courbé en avant, les bras appuyés sur la rambarde alors que ses jambes sont légèrement pliées.

Je l'observe et me dis qu'il est beau. Ce qui est la vérité.

Dimanche est passé assez rapidement.

Après ma petite discussion avec Cora, je suis parti m'enfermer dans ma chambre pour rester seul avec mes pensées.

Juliette a voulu venir me voir, mais j'ai inventé une petite maladie afin de la tenir à l'écart ce qui a contre toute attente fonctionné. Puis j'ai essayé d'éviter un maximum Malvi, cet homme me troublant trop pour que ce soit normal.

Puis est venu lundi 31 octobre.

Ce soir, c'est la soirée à la fraternité, et bien sûr Juliette est venue assez tôt, voulant avoir le temps qu'elle souhaitait pour pouvoir me maquiller et je ne sais quoi.

J'ai même failli faire une crise cardiaque quand j'ai vu tout ce qu'elle comptait mettre sur mon visage et mes cheveux. Je sens que je vais bien galérer pour enlever tout ça.

Par chance, j'ai réussi à repousser la séance de préparation jusqu'à 17 h 30, voulant rester tranquille avant, la soirée n'étant qu'à 21 h.

Malvi n'était pas présent aujourd'hui, préparant très certainement la soirée à la fraternité, et je n'en ai été que soulagé. Et puis, la fraternité est assez grande, il va donc y avoir peu de chance que je me retrouve face à lui durant cette soirée.

Du moins, je l'espère fortement.

17 h 30 n'est arrivée que trop vite, et même si Juliette s'est déguisée en première, mettant du rose et du bleu sur ses cheveux, mon tour est venu assez rapidement.

Et une seule fille ne suffisait pas, il a fallu que Cora se joigne à ma copine pour me transformer en méchant de Batman.

Cora quant à elle est déguisée en Indienne très sexy, et si elle n'était pas mon amie, j'aurais pu fantasmer sur elle. Enfin, c'est ce que je me force à penser.

— Et voilà, tu es terriblement beau, pas vrai Cora ?

— Ça, c'est sûr.

Je grogne et me tourne vers le miroir.

Mes cheveux naturellement roux sont devenus verts, un vert fluo que je ne saurai décrire comme naturel. Mes taches de rousseurs ont disparu sous la couche de blanc afin de me rendre blafard, puis des tatouages ornent ma peau pour me donner un côté méchant. Mon torse est lui aussi tatoué, seule une chemise pourpre me couvre le dos.

Le résultat n'est vraiment pas mal, et cela n'est dû qu'aux filles, étant donné que je n'ai rien fait.

— Mettez-vous à côté que je vous prenne en photo.

Je lève les yeux au ciel, trouvant le comportement de Cora digne d'une mère, bien que j'ignore si ma mère se comporterait de la sorte. Mais je ne peux y échapper. En effet, Juliette s'est précipitée vers moi, et m'a forcé à poser pour la photo. Même si je trouve ça stupide, je me prête au jeu, et finalement je trouve ça drôle et j'y prends même goût.

La séance photo terminée, nous réalisons qu'il est près de 20 h 50, et donc qu'il serait temps de partir.

Nous prenons ma voiture, étant donné que Juliette n'a pas son permis et Cora n'a pas sa voiture.

Sur la route se déroule la conversation la plus importante, celle concernant la personne qui ne boira pas durant cette soirée, et bien évidemment je suis le premier à m'exprimer.

— C'est moi qui bois !

Cora grogne alors qu'à son tour elle hausse la voix, afin de couvrir la musique qui emplit l'habitacle.

— Non ! C'est toujours toi qui bois, en plus de ça tu ne tiens même pas l'alcool, tu finis mort en quelques verres, ça ne se fait pas.

— C'est comme ça, je l'ai dit en premier. C'est à toi d'être responsable ce soir.

Je la vois me fusiller du regard dans le rétroviseur, mais je ne lui réponds qu'un sourire.

Malheureusement pour elle, c'est comme ça que nous fonctionnons, le premier qui le dit oblige l'autre à rester sobre. Et même si c'est embêtant pour l'autre, la personne qui doit rester sobre le reste, nous sommes tous les deux sérieux à ce sujet. Et je pense que les publicités contre l'alcool au volant nous ont assez marquées pour que nous respections ça.

C'est donc avec une petite victoire que je me gare devant la fraternité. Bien que devant soit un bien grand mot, si on considère que marcher dix minutes est devant la fraternité.

Cora sort de la voiture en claquant la porte.

— Tu m'énerves, c'est toujours toi qui t'amuses.

— Arrêtes, on dirait que tu ne sais pas t'amuser sans boire.

Cora s'arrête et me fusille du regard, la peinture indienne sur son visage rendant sa crédibilité bien faible, puis me fait un doigt d'honneur, reprenant sa route.

— C'est plutôt à toi de le dire. Tu finis la soirée au bout de 10 minutes, un verre t'ayant déjà fait tourner la tête.

— C'est faux.

— Menteur.

— Deux verres me font tourner la tête.

Cora rit jaune, puis elle tape des pieds alors que nous arrivons devant la fraternité. Elle lâche un dernier commentaire à mon intention.

— Je vais voir avec Malvi s'il ne peut pas nous raccompagner.

Je n'ai pas le temps de m'opposer, car la métisse est déjà entrée à l'intérieur. Et je sais que la retrouver ne sera pas facile, étant donné la musique qui parvient à mes oreilles comme si j'étais à côté des enceintes puis, ajouté à cela, le monde qui grouille partout, même devant la porte d'entrée.

Juliette me prend la main et me chuchote quelques mots à l'oreille.

— Ne t'inquiète pas, je vais te surveiller pour pas que la soirée soit trop courte pour toi.

Je lève les yeux au ciel. Voilà ce qui me manquait, un flic qui surveille le nombre de verres que je vais boire dans la soirée. Ça s'annonce déjà mal.

L'intérieur de la fraternité est empli de monde, des filles déguisées du zombie ensanglanté à l'infirmière sexy, tout y passe. Mais les hommes aussi jouent de leur atout, certains étant torse nu pour montrer leurs muscles, alors que d'autres sont restés dans le cliché des tueurs de films d'horreur en n'enfilant qu'un simple masque.

Ce qu'on peut dire c'est que les déguisements sont variés, et je suis même étonné de ne pas avoir encore rencontré un Joker numéro 2.

Juliette m'attrape par la main puis m'emmène un peu plus dans la soirée.

Je m'arrête cependant à un moment quand je vois un homme vêtu d'un costume noir, et je peux m'empêcher de rire en reconnaissant Théo.

Je dépose un baiser sur la joue de la blonde puis pars à la rencontre de mon ami. Ce dernier se met à rire quand il me voit approcher.

— Ethan ? C'est bien toi sous tout ce maquillage ?

Je lui fais un doigt d'honneur en guise de réponse, mais il n'arrête pas de rire pour autant et me tend un verre rouge.

Mon nez inspire le contenu et se plisse en reconnaissant l'odeur de désinfectant trop bien connu de ce genre de soirée.

— C'est quoi ?

— De la vodka.

— Oh ! À ce que je vois, tu commences fort. Tu sais bien que je ne pourrai pas suivre bien longtemps.

Théo me fait un clin d'œil puis prend une gorgée dans son verre, m'encourageant d'un regard à faire de même, ce que je fais.

Je ne tiens pas l'alcool, c'est un fait, mais je ne tire jamais de leçons de mes erreurs, et je bois même davantage la fois suivante, pensant que mon corps s'habitue. Grosse erreur, bien sûr.

Alors que la soirée avance tranquillement et que j'ai déjà commencé à absorber plusieurs verres, à cause de plusieurs jeux peu intelligents, je me retrouve à un moment dans une chambre, entouré de Théo, Juliette et plusieurs personnes que je ne connais pas. À vrai dire, je m'en fiche de savoir qui ils sont, je suis beaucoup trop saoul pour me souvenir de leur prénom.

À un moment, l'un d'eux, un gars prénommé Batiste, ou peut-être William, nous propose de faire un énième jeu. Sans même savoir de quoi il s'agit, je lui réponds positivement en hurlant presque.

— Tu devrais arrêter Ethan.

La voix de la blonde est faible et pourtant j'ai l'impression qu'elle me hurle dans les oreilles, ou peut-être est-ce moi qui hurle ?

Je hausse les épaules et l'ignore parfaitement. Je me ressers même un verre, sous son regard noir bien évidemment.

Le jeu commence, et très vite, je m'évanouis.

Quand j'ouvre de nouveau les yeux, je suis allongé dans un lit, une poubelle à mes côtés. Je me retiens de vomir quand je me lève, ma tête tournant affreusement.

Mon esprit essaye de recoller les morceaux, mais je ne me souviens de rien, juste de moi enchainant les verres à ce jeu stupide, dont je ne me souviens même plus les règles, puis plus rien.

Quand ma main passe dans mes cheveux, celle-ci rentre en contact avec du gel et je me souviens alors de mon déguisement. C'est aussi à cause d'un frisson que le fait que je ne porte qu'une chemise ouverte me revient en mémoire.

Putain de Joker, il ne peut pas avoir un peu plus de vêtements sur le dos ?

Je grogne puis m'assieds tranquillement sur le bord du lit, laissant mes pieds toucher le sol.

Ma tête me tourne, et je me reproche d'avoir autant bu. J'ignore l'heure qu'il est, et où je suis. C'est une chambre, mais je ne sais pas à qui elle est.

Tout à coup un sweat posé sur une chaise près d'un bureau en bois attire mon attention. Je me lève, titubant alors que j'essaye d'inspirer pour ne pas rejeter l'alcool ainsi que le peu de nourriture que j'ai dans l'estomac. Puis j'attrape le sweat, celui-ci est gris avec les manches noirs et étrangement il me dit quelque chose.

Je sursaute quand une voix s'élève derrière moi.

— Tu peux me l'emprunter si tu veux.

Je me tourne vers l'origine de la voix, le sweat toujours dans les mains. Ma respiration se coupe tandis que de grands yeux gris me fixent.

Malvi est devant moi, vêtu d'une blouse d'infirmier ensanglantée. Je vois trouble en regardant le faux sang le long de son visage, finissant au coin de sa bouche. Ma bouche devient sèche et je n'arrive plus à parler.

Le brun s'avance vers moi, puis me tend un jogging noir. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas ce que je peux faire avec ça. Il sourit alors doucement, puis ajoute quelques mots.

— Je pense que tu aimerais prendre une douche, surtout pour enlever le reste de maquillage qu'il te reste. Donc je peux te prêter des vêtements, je pense qu'ils vont être un peu grands, mais ce n'est pas gênant.

Je ne réponds pas. Mais je ne sais pas si c'est parce que je suis impressionné par sa beauté, ou si c'est parce que je risque de vomir si j'ouvre la bouche. Un peu des deux, je suppose.

Malvi me fait signe de le suivre, ce que je fais après qu'il m'ait donné le jogging. Je garde aussi le sweat entre mes mains, ne voulant pas le reposer.

Le brun m'emmène vers une salle de bain commune, avec cinq douches.

Je reste immobile, attendant qu'il parte, mais il ne bouge pas d'un millimètre. Je prends alors la parole, essayant de faire le plus court possible.

— Merci, tu peux partir.

Je ne sais pas si ce que j'ai dit était très compréhensible, mais il semble avoir compris, étant donné qu'il secoue la tête et s'assied sur le bord d'un lavabo.

Il soupire quand il ne me voit pas bouger, puis il finit par me parler.

— Je reste là, on ne sait jamais si tu t'évanouis sous l'eau ou un truc dans le genre.

— Tu n'as pas plus intéressant à faire ?

Il sourit et ses yeux se plissent de malice, puis il me fait un signe de la tête en direction de la douche alors qu'il s'adresse rapidement à moi.

— Non, je te surveille.

Je grogne, puis entre dans une cabine.

Cependant je m'arrête avant de fermer la porte, lui lançant un dernier commentaire.

— Je peux fermer la porte ou tu as peur que je reste bloqué.

Il me fait un doigt d'honneur et je ferme enfin la porte.

Après un certain temps et des litres de maquillages évacués dans les canalisations, et que Malvi m'ait donné une serviette par-dessus la porte, je finis par sortir.

Le sweat de Malvi ainsi que son jogging sur moi. Ce serait mentir de dire que je n'ai pas respiré son odeur avant de sortir de la cabine comme si de rien n'était.

Le brun s'est débarrassé du faux sang qu'il avait sur le visage. Il passe une main dans ses cheveux puis s'approche de moi, un air narquois sur le visage.

— Alors, un peu moins envie de vomir ?

— Je suis toujours saoul, mais ça va, je gère assez bien.

Je mens complètement, ma démarche d'alcoolique invétéré trahissant mes mots. Et bien que Malvi l'ait lui aussi remarqué, il ne m'en fait pas la remarque.

Nous sortons de la salle de bain et je profite donc pour l'interroger, cherchant les trous manquants dans mon esprit.

— Comment ça se fait que j'aie fini dans ta chambre ?

— Je t'y ai porté.

Je tousse, manquant de m'étouffer avec ma propre salive. Puis je secoue la tête pour paraître un peu moins gêné.

— Pourquoi ?

L'Australien rit doucement puis me répond comme si la réponse était évidente, bien que finalement elle l'était bel et bien.

— Tu t'es évanouie dans la chambre où les autres jouaient, tu as même vomi par terre. Du coup, Juliette m'a demandé si je pouvais te mettre autre part, plus au calme, et j'ai donc proposé de t'amener ici. Elle était d'accord.

Je me sens rougir.

Il m'a donc porté, ou trainé sur le sol, mais vu sa musculature ça ne m'étonnerait pas qu'il m'ait porté.

Pour éviter de lui montrer mon trouble j'enchaine d'une voix pâteuse.

— Et où est Juliette ?

Il fronce brusquement les sourcils, mais je ne sais pas comment interpréter cette émotion, il doit sûrement seulement chercher où il l'a vu pour la dernière fois.

Malvi me répond avec une intonation un peu particulière.

— Sûrement en bas, la soirée n'est pas finie.

— Quelle heure il est ?

— 3 h 30 à peu près.

— Et depuis quand je suis endormi ?

— 23 h 20, je crois.

Malvi essaye de cacher son amusement face à ma faible tolérance à l'alcool, mais je ne lui en veux pas. Au contraire, j'ai battu un record, d'habitude je comate à partir de 22 heures.

Nous descendons dans la salle.

Il y a moins de monde que quand nous sommes arrivés, mais la pièce n'est pas vide, au contraire des gens dansent encore, évitant de marcher sur les personnes endormies sur le sol.

Alors que je cherche Juliette, toujours accompagné de Malvi, je vois un attroupement dehors, et j'ai comme un mauvais pressentiment. J'attrape donc le bras du brun par réflexe. Tout à coup je sens sa peau chaude réchauffer mes doigts, et je comprends ce que je suis en train de faire. Je lâche donc brusquement sa main, alors que mes yeux scrutent son visage, attendant une quelconque réaction.

Mais rien, enfin... rien, excepté un rapide coup d'œil de sa part. Je décide donc de prendre la parole pour lui indiquer mes pensées.

— Je pense qu'elle est dehors.

Il acquiesce et me suit.

Juliette est bien dehors, mais pas seule.

En effet Théo est aussi là, accompagné de Victor. En face d'eux se trouvent Miles et sa bande de minable. Je ressens l'atmosphère lourde et pleine de tension, et il me faut peu de temps pour comprendre la situation.

Théo est devant Juliette, mettant un bras devant elle comme pour la protéger d'une menace, Miles. Miles, quant à lui, a un sourire goguenard sur les lèvres.

Bien que l'alcool fasse toujours effet, je m'impose rapidement, lançant un vif regard à mon meilleur ami.

— Qu'est-ce qui se passe ?

Juliette s'aperçoit de ma présence et se précipite vers moi, attrapant mon bras pour m'éloigner. Mais je reste là, fixant Théo pour avoir une réponse. Qu'il me donne après avoir un peu hésité.

— Miles était en train de forcer Juliette à l'embrasser.

Mon sang ne fait qu'un tour.

Certes, je n'ai pas de réels sentiments pour la blonde, mais je l'apprécie beaucoup, et je n'accepte pas qu'on l'agresse de cette façon.

Je me tourne vers Miles et fais un pas brusque dans sa direction alors que ma voix s'élève entre lui et moi.

— Sale connard.

Il sourit fier de lui, ne me craignant pas une seule seconde, puis il répond en gonflant sa poitrine.

— Qu'est-ce que tu comptes faire, petite pédale, ta copine a besoin d'un vrai homme, comme moi.

— Ferme ta gueule.

Il rit, se tournant vers ses potes pour afficher son air supérieur, puis il se tourne de nouveau vers moi pour me mettre davantage en rogue.

— Vas-y, enculé, je t'attends.

D'accord.

Sans réfléchir, mon poing s'abat en plein sur son visage. Je vois le sang perler le long de sa bouche alors que son visage s'assombrit. Puis il se met à pousser un grognement alors qu'il répond à son tour, et mon dieu qu'il sait frapper.

Ma tête part en arrière alors la sensation du sang qui coule de mon arcade sourcilière apparaît. Mais grâce à l'alcool, je ne sens rien, pas de douleur.

Je suis prêt à frapper à nouveau, mais un bras puissant enveloppe mon corps, m'empêchant d'avancer de nouveau. De son côté, Miles est lui aussi retenu et emmené plus loin. La colère court dans mes veines, et je me dis que je l'aurais bien frappé davantage.

Puis je me sens libéré, avant que l'odeur du tabac s'insinue dans mes narines alors qu'une voix grave hausse le ton.

— T'es totalement con ! Pourquoi tu l'as frappé ?

Je lève les yeux vers Malvi, son regard est choqué, mais aussi coloré d'une colère qui ne m'est pas vraiment destinée.

Je ne réponds pas, Juliette passant un mouchoir sur mon arcade d'une main tremblante. Je baisse les yeux et vois que le sweat est taché de petites taches rouges. Je regarde de nouveau le brun et m'adresse à lui d'une voix innocente.

— J'ai taché ton sweat.

Ce dernier soupire, mais je vois qu'il sourit malgré le fait qu'il essaye de rester sérieux. Puis il passe une main dans mes cheveux encore un peu humides, puis il lâche quelques mots d'un ton léger.

— T'es vraiment con.

Je souris alors que je sais qu'il ne me dit pas ça pour m'insulter, mais comme un ami pourrait le dire à un autre.

Mon estomac est empli de petites sensations agréables.

Finalement, cette soirée n'était pas si mal.


AudreyPh18

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