Chapitre 3

Oliver

Un coup d'œil à ma droite pour découvrir une Tacha complètement nue, étalée sur le drap housse et sans un centimètre carré de couette pour la recouvrir. Un sourire involontaire s'épanouit sur mes lèvres, quand je me rends compte que je vais pouvoir soulager ma trique matinale, qui me démange depuis plus d'un quart d'heure.

Ma main droite trouve sa hanche, et l'autre se faufile entre ses jambes, ce qui fatalement lui arrache un gémissement, qui, hélas, tient plus du mécontentement que du désir, je crois. La miss se tortille, mais recale sa joue sur l'oreiller, sans même ouvrir les yeux.

— Moi... dormir, râle-t-elle.

Merde, c'est bien ma veine, tiens. Une nana dispo, et elle n'est pas partante. Je baisse les yeux vers mon érection, soupire, et me mets à tergiverser. Evidemment, je pourrais m'astiquer le manche dans la douche mais... c'est quoi l'intérêt d'avoir une fille dans mon lit si c'est pour me retrouver à me soulager tout seul ? Je grimace, mais décide de ne pas m'avouer vaincu : j'amorce un rapprochement, colle mon bassin à la croupe de la demoiselle, et effectue quelques mouvements de reins presque involontaires, en l'embrassant dans le cou. Peut-être qu'en y mettant un peu les formes, ça peut marcher ?

Bingo, elle ne me repousse pas, et semble suivre mes mouvements.

— Tu veux... ?

Pas de réponse. Qui ne dit mot consent, non ? Arf, non, parait que ça ne marche pas comme ça. Fait chier !

— Toi... peux. Mais laisser dormir moi.

J'arque un sourcil, un peu éberlué : elle me laisse faire, mais ne compte pas participer, c'est ça ? Bordel, ça n'est même plus marrant. Et quelque part, j'ai beau être le pire salaud du monde, en arriver à baiser une nana qui pionce, non, c'est un truc qui ne m'attire guère, même si elle m'en a donné l'autorisation.

Un peu déboussolé, et déçu, je débande à moitié, et me recule, en dardant un œil sur la porte de la salle de bain privative de ma chambre. Finalement, l'option douche et coït en solo me parait plus sympathique que de tringler une comateuse.

Je repousse la housse, engage un pied à l'extérieur du lit, mais au moment où je tente de m'assoir au bord du matelas, un bras m'attrape et me fait basculer sur le dos. Un peu pris de court, c'est avec surprise que je découvre Tacha penchée vers moi, les yeux à moitié embrumés, un rictus blasé sur le visage.

— Toi... pas patient, grogne-t-elle.

Je n'ai pas le temps de répondre que son visage descend vers mon entrejambe et que mon sexe disparait dans sa bouche comme par enchantement.

— Hein ? Mais si, je... oh putain !

Ma réponse se meurt dans le hoquet de stupeur que j'émets quand elle se met à me pomper comme une dingue. Merde, pour le coup, elle est réveillée, là ! Ma demi-molle n'est plus qu'un souvenir, et se retrouve bichonnée comme une reine ! Merde, y a pas à dire : Tacha a tout juste vingt ans, mais bordel, elle suce comme une pro !

Mes yeux se ferment, et j'oublie l'option douche vitesse grand V, alors que la Russe déploie tous ses talents. Elle lèche, passe sa langue le long de ma veine, tout en m'avalant presque en entier. Mon gland tape dans le fond de sa gorge, mais ça n'a pas même pas l'air de la gêner. Putain, trop douée !

Mes hanches s'avancent seules, et je tente de les réfréner pour ne pas l'étouffer, essayant de m'immobiliser. Mes doigts agrippent le drap, l'arrière de mon crâne frappe l'oreiller, et mes yeux se ferment pour ne pas la regarder. Peine perdue : mes paupières s'ouvrent sur le plus fascinant des spectacles, celui de ma queue qui disparait entre les lèvres pulpeuses de la blonde. Hélas, il ne m'en faut pas plus pour décoller dans un râle et abandonner la partie sans pouvoir me retenir plus longtemps.

Heureusement que je n'étais pas dans une tentative de longévité, parce que j'aurais loupé le test haut la main ! Alors que je redescends difficilement de mon orgasme parti bien trop vite, je pousse un gros soupir en passant une main nerveuse dans mes cheveux trop longs. Putain, ça, c'est de la pipe !

— Voilà, murmure la miss. Maintenant, moi dormir.

Un ricanement franchit la barrière de mes lèvres, tandis que ma main claque sa fesse droite. Elle ne réagit même pas, bien déterminée apparemment à continuer son sommeil matinal. Putain, c'est dans ces cas-là que je ne regrette pas de l'avoir dans mon lit depuis presque un mois !

Au bout de quelques minutes, j'entreprends de délaisser ma couche pour prendre une douche, qui s'avère bien plus rapide que prévu, du coup, et je rejoins le séjour juste vêtu d'un boxer noir. Comme je l'imaginais, je ne suis pas seul : ma sœur Lili est déjà dans la place, habillée et coiffée, assise sur un des tabourets de bar de la cuisine ouverte.

Lili habite ici depuis un an, lorsqu'elle a quitté son mari et s'est réfugiée chez nous, Matthew et moi. Et quand Mat a emménagé avec Eilidh, elle a récupéré la chambre de notre frangin, et on cohabite depuis.

Honnêtement, c'est pas désagréable. Non seulement je n'ai plus besoin de partager mes conquêtes avec mon jumeau, mais en plus je profite du vivier permanent de ses copines de passage pour faire mon marché, et coucher sans avoir besoin d'aller draguer en boîte. Une sorte de livraison de meufs à domicile, sans lever le petit doigt.

Lili travaille dans la mode, depuis son divorce. Repérée à Cannes lors des MTV Music Awards pour les tenues qu'elle avait choisies pour Matthew et Eilidh, elle a vite fait son trou dans le monde de la haute couture. Elle est douée, rien à redire là-dessus, et son boulot de stagiaire chez Alexander Mac Queen se passe merveilleusement bien, si j'en juge par son enthousiasme permanent.

Ça me fait plaisir qu'elle ait trouvé sa voie, alors qu'elle semblait si dévastée par l'échec de son mariage. Mais là, je crois qu'elle va bien, et j'en suis heureux. Je suis le mec le plus crétin de l'univers, mais je tiens à ma sœur plus que tout au monde, et qu'elle ait un travail qui l'inspire, ça me rassure. D'autant qu'elle côtoie un max de mannequins professionnels, ou débutants, comme Tacha, et que du coup, ses copines sont toutes à tomber.

— Hello ! me salue-t-elle dès mon entrée.

Mes lèvres trouvent son front pour toute réponse, et je la sens sourire sous mon attention spontanée.

— Bien dormi ? reprend-elle.

— Impec.

Je m'empare d'une tasse que je remplis à ras bord, et mes fesses se posent en face d'elle, de l'autre côté de l'îlot central.

— Tacha dort encore ?

— Ouais, elle était fatiguée.

— Mince, grogne-t-elle. La pauvre. Les castings la crèvent.

— Nan, la contré-je aussitôt. J'la culbute trop souvent.

Le rictus instantané qui me répond me fait ricaner, tandis que les yeux de ma sœur trouvent le plafond.

— T'es vraiment obligé de me raconter ça ? râle-t-elle.

— C'est jouissif, riposté-je. T'as pas envie d'entendre que je la baise, que je la tringle, que je la laboure dans tous les sens ?

Les mains de Lili se plaquent sur ses oreilles, tandis que j'éclate de rire quand elle se met à chanter à tue-tête pour ne plus entendre mes élucubrations.

— Oh ! Moi aussi adore Ed Sheeran !

La voix fluette de Tacha nous fait nous retourner vers la jolie blonde qui déploie son mètre-quatre-vingts sous nos yeux. Les cheveux lâchés, sans maquillage, elle sourit de toutes ses dents, insouciante de toutes les horreurs que je viens de balancer.

— Tu as encore un casting, ce matin ? l'interroge Lili, sans doute pour changer de sujet.

Son ton enjoué me signifie que je dois me taire, d'autant que sous ses airs avenants, ma sœur me foudroie du regard.

— Oui, soupire la grande blonde. Pour Dior !

Elle cale sa hanche contre le comptoir, et ses yeux se posent sur la tasse que les deux mains de Lili entourent avec ferveur.

— Waouh ! s'exclame Lili. J'espère que ça va marcher. Ils ont une collection hiver juste renversante, de ce que j'en ai aperçu.

Elle marque une pause, comme si elle semblait absorbée par des images que je ne peux capter, puis se reprend, en secouant la tête.

— Tu veux un café ?

Les yeux du mannequin passent de la tasse de ma sœur à la mienne, puis son visage se ferme, comme si elle était contrariée, ou frustrée.

— Nan ! s'écrie Tacha. Trop de calories. Moi déjà trop mangé, ce matin.

— Ah ? s'étonne ma sœur. Je croyais que tu te levais.

— Oui, confirme Tacha. Mais déjà trop calories.

Le clin d'œil coquin qu'elle me balance me fait recracher mon café sur le plan de travail, et elle profite de l'inattention de ma sœur pour filer à l'anglaise, et refermer prestement la porte d'entrée, tandis que Lili éponge mes méfaits.

— Bordel, Oli, t'es un vrai porc.

C'est vrai, dans tous les sens du terme, mais je me garde bien de le lui expliquer. Y a pas à dire, j'aime bien Tacha. Pas prise de tête, et toujours prête pour les galipettes !

D'un coup, une question ô combien fascinante me vient à l'esprit, sur les qualités nutritives du sperme, mais je referme la bouche aussi vite que je l'ai ouverte. Ouais, non, pas à ma sœur, quand même...

— Merde, j'ai pas mon portable, constaté-je, déçu. J'ai dû le laisser dans la chambre.

— Profites-en pour t'habiller, alors. Le reste des troupes ne va pas tarder.

Mon pied gauche stoppe net, et je me retourne pour la dévisager.

— Hein ?

Ma sœur me fait les gros yeux, et je me retrouve comme un petit garçon pris en faute. Mince, qu'est-ce que j'ai oublié ?

— Oli ! s'écrie-t-elle. T'as oublié la première réunion de préparation du mariage ?

J'arque un sourcil, cherchant dans ma mémoire ce que j'ai visiblement loupé. Il me semblait bien, aussi, qu'il y avait un truc, aujourd'hui, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Faut dire que je ne suis pas très organisé, je l'admets.

J'esquisse un bref geste du bras, mais trainant ma mauvaise foi jusqu'au bout, je mime d'être vexé, et file vers la chambre. Mon premier réflexe est de vérifier dans mon téléphone, non pas ma recherche initiale, que je remets à plus tard, mais mon agenda. Effectivement, pas de doute, cette réunion prénuptiale était bien notée. Oh, pas par moi ! Aucune chance ! La plupart du temps, je file mon portable à la secrétaire de James, notre manager, pour qu'elle note toutes les dates importantes.

Enfin, je file... c'est beaucoup dire : je l'observe le faire, sans quitter l'appareil des yeux. Depuis que je l'ai baisée il y a deux ans, je crois qu'elle m'en veut. Bon, peut-être qu'elle n'a pas tort, et que j'aurais dû éviter de le faire, histoire de ne pas foutre la merde avec James.

Waouh, rien que ce remord soudain me glace le sang : merde, faudrait pas que je devienne mature, non plus.

Au premier coup de sonnette, au lointain, je lâche mon portable pour enfiler un jean propre, et un t-shirt sérigraphié d'une mariée ensanglantée réduite à l'état de squelette, avec le joli titre évocateur « Bloody Wedding ». Oui, je sais, à trente-trois ans, j'ai la maturité d'un gosse de trente années de moins.

Mes chaussures enfilées, je glisse mon téléphone dans la poche arrière et rejoins le salon, où je découvre, sans surprise, Mat et Eildidh. Bras dessus, bras dessous, ils sourient à mon arrivée, et malgré le regard sévère que me jette mon frère quand il avise mon t-shirt, j'octroie un bisou sonore sur la joue de ma belle-sœur sans le quitter des yeux. Eilidh s'en fout, et se met même à rire quand elle comprend le message.

Décidément, j'adore cette fille.

— Oliver, laisse-moi te présenter Abigail. Je crois que tu ne la connais pas.

Une petite brune se détache soudain, cachée par la haute stature de mon jumeau, et je fronce les yeux en la dévisageant. Jolie, même carrément renversante, avec des yeux chocolat fondu qui me laissent perplexe. J'ai l'impression de l'avoir déjà vue, mais mon cerveau a beau chercher, rien ne me vient à l'esprit.

— Bonjour Oliver, me salue-t-elle.

J'accepte sa main tendue, parce que parfois, quand je veux, je peux être poli, mais continue à rester perplexe.

— Vous êtes wedding planner ? demandé-je, curieux.

— Oh non, me rabroue ma soeur. La seule organisatrice, ici, c'est moi. C'est à moi que Matthew et Eilidh ont demandé de tout organiser, et à personne d'autre.

Je brûle de demander la fonction de la fille, ou son métier, mais Lili me coupe l'herbe sous le pied en proposant à tout le monde de s'assoir. Heureusement, nous avons trois grands canapés en cuir, ainsi que quatre fauteuils, achetés quand on se faisait des soirées « potes » lorsque nous avons emménagé. C'était il y a dix ans, et les soirées réunissaient tous les membres du groupe et de nombreux amis, à l'époque. Et pas mal de filles plus ou moins habillées, d'ailleurs, soit dit en passant.

Depuis que les autres sont mariés ou en couple, et surtout parents, ils ne servent plus beaucoup, si ce n'est à mes siestes. Putain, je vieillis.

Je pose mes fesses dans un des fauteuils, pile poil en face de la brune, histoire de la zieuter en toute tranquillité. Ce sentiment de la connaitre me turlupine, et commence à me taper sur le système. Il faut que je trouve ! Pas que ce soit primordial, mais je n'aime pas rester dans le flou. Possible que je l'ai tringlée un jour. Mais quelque chose me dit que ce n'est pas ça.

Je la sens mal à l'aise, mais pas en colère : peu de chance que je l'ai baisée, et jetée. Non, elle parait vouloir fuir mon regard, comme si elle espérait qu'en m'évitant, j'allais arrêter de la dévisager. Bon sang, c'est mal me connaitre ! C'est le contraire qui va se passer, forcément : ça me donne encore plus envie de la fixer.

— Voilà, nous sommes donc au complet. Il ne manque que le témoin de la mariée, mais elle n'a pas pu se déplacer jusqu'ici.

— C'est qui ? demandé-je, recentrant mon attention sur ma sœur.

Lili semble ne pas vouloir me répondre, et me tend une feuille A4, sur laquelle je baisse les yeux instinctivement.

— La sœur d'Eilidh, bien sûr. Mais elle est en Ecosse. Je lui ai envoyé le document hier soir. Elle a dit qu'elle ferait au mieux, de là-bas. De toute façon, c'est elle qui va s'occuper des prestataires sur place.

Dans mon esprit, j'essaie de faire le focus sur la fameuse Alba. Une jolie blonde qui ressemble terriblement à Eilidh, les courbes en moins. Pas dégueu, mais intouchable, car mariée, et mère de famille. Rappel à moi-même : ne pas baiser le témoin. Ouais non, j'ai quand même quelques principes. Pas beaucoup, mais celui-là, quand même, si.

— Le tout premier rendez-vous aura lieu dans trois jours, enchaine Lili. Ce sont les essayages des tenues. Est-ce que tout le monde peut être là, vers dix heures ?

L'adresse étant notée, en plein cœur de Londres, je me contente d'acquiescer en silence, imité par les autres. Je m'abstiens d'émettre mon avis sur les fameuses tenues obligatoires, apparemment. Ils ont l'air d'y tenir.

— Oli, m'interpelle Lili. Faudra que tu préviennes Tacha.

Je cligne des yeux, incapable de faire le lien entre les deux actions.

— De ?

— Du lieu et de l'heure ! Pour sa robe !

Je bugge instantanément sur les paroles de ma sœur, avant de comprendre.

— Pourquoi, elle vient ?

Là, ce sont tous les regards qui convergent vers moi comme si j'étais un extraterrestre. Ou que j'avais dit la plus grosse connerie du monde. Et visiblement, c'est le cas.

— C'est ta copine, non ? me demande Lili en plissant les yeux. Donc... c'est ta cavalière ?

Selon la logique du monde entier, sans doute, mais selon la mienne... Merde, je couche avec elle, mais est-ce que pour autant je dois la ramener à un événement si... intime ? Familial ? Ma sœur me fixe, les lèvres de plus en plus pincées, et je rétropédale devant son air presque outré.

— Euh oui, bien sûr ! tenté-je de rattraper. C'est juste que je ne suis pas certain qu'elle pourra se libérer, elle court les castings en ce moment, pour la Fashion Week ! Elle en a tous les jours, du coup...

Je n'ai pas dû être trop mauvais, parce que Lili se détend, et qu'elle finit même par sourire.

— Ah oui, pas faux. Raison de plus pour que tu lui en parles au plus vite.

Ouf sauvé, le reste des convives reprend la contemplation de sa feuille.

— Pour vous, Abigail, est-ce que ça ira ?

La fille relève la tête et se contente d'opiner du chef en souriant. Et moi, ça commence à me turlupiner sérieux de ne pas savoir ce qu'elle fait ici, et pourquoi.

— On peut peut-être tous se tutoyer, non ? propose la fille.

— Pas faux, s'amuse ma sœur en interrogeant tout le monde du regard. Après tout, on risque de se voir très souvent dans les prochains temps.

— Euh... m'entends-je intervenir. J'ai peut-être loupé un truc, mais... je n'ai pas bien compris quel était ton rôle dans ce mariage, Abigail.

L'intéressée se tourne brutalement vers moi, et ses yeux semblent d'un coup aussi chaud qu'une fondue au chocolat laissée trop longtemps sur le feu. Est-ce positif ? Aucune idée, mais un pressentiment négatif me prend soudain.

— Ah, je ne te l'ai pas dit, c'est vrai, s'amuse Lili en se tapant le front de la paume de sa main. Abigail est journaliste. C'est elle qui va faire les photos du mariage et de tous les préparatifs.

Mon sang se glace à l'évocation du mot employé et j'écarquille les yeux en fixant mon frère.

— T'es devenu fou ? Pourquoi t'as convié une paparazzi ? Ils ne vous ont pas fait assez de mal comme ça ?

Des souvenirs récents des événements qui ont failli faire rompre les fiancés me reviennent en mémoire. La douleur qu'Eilidh a ressentie quand les tabloïds se sont lâchés sur elle et ses kilos en trop, lorsque la relation entre elle et mon frère a été rendue publique. Une sale période, qui ne m'a laissé que des images amères.

— Je ne suis pas paparazzi ! s'exclame la fille. Je suis journaliste pour London Match. C'est moi qui vais réaliser le reportage de leur mariage.

— C'est une blague ?

Mon frère souffle devant mon air épouvanté, alors que je ne parviens même plus à regarder la brune sans avoir envie de l'étrangler.

— On a vendu les droits au magazine, me répond Eilidh aussitôt. La somme sera reversée intégralement à l'association pour sans-abris que nous soutenons depuis deux ans.

Son explication, bien que plausible, ne me calme pas. J'ai beau savoir qu'ils s'investissent à fond dans cette cause, parce que Eilidh a vécu dans la rue à un moment de sa vie, l'information tourne en rond sans réussir à atteindre mes neurones.

Je hais la presse. Je les déteste. Reporters, journalistes ou paparazzi, pour moi c'est du pareil au même. Ils s'incrustent dans votre vie comme un ver dans une pomme, vous rongent de l'intérieur et exposent chaque morceau grignoté à la vue de tous. Des parasites, voilà ce qu'ils sont ! Et celle-ci ne s'en démarque pas.

Je me lève d'un bond, incapable de rester assis plus longtemps.

— C'est juste quelques photos ! reprend Eilidh d'une voix douce. Rien de compromettant, juste de quoi satisfaire la curiosité des fans sur les tenues, la robe, le menu ou la déco.

— Et l'article ne sera publié que quand les mariés auront donné leur accord sur l'intégralité du reportage. Du texte aux photos, tout sera sous leur contrôle.

L'intervention de la journaliste, loin de me calmer, me fait la regarder avec encore plus de méfiance. Cette voix...

Oh putain !

Ça y est. Telle une lame de fond, le souvenir me revient en pleine face. Je la connais ! J'en étais sûr ! Une invitation au resto, et un plantage en sortant !! Je m'en rappelle, maintenant ! Je l'ai rencontrée lors d'une conférence de presse, je lui ai proposé un dîner, et ensuite elle m'a planté comme un malotrus avant même que j'aie pu lui proposer de finir la soirée chez moi.

Comment ai-je pu oublier cet affront monumental ? Une vraie gifle, ce soir-là, alors que je pensais conclure et qu'elle m'a jeté comme si j'étais un vulgaire insecte qui ne lui arrivait pas à la cheville.

Dans ses yeux, aucun doute : elle, elle s'en souvient parfaitement, et ce, depuis le début. Voilà pourquoi elle était si mal à l'aise.

Je me redresse, et me mets à la fixer avec un sourire froid qui lui fait plisser les yeux.

Ainsi donc, il va falloir que je me coltine cette enquiquineuse fouineuse de merde pendant un mois ? Putain, j'y crois à peine ! C'est trop facile, pour elle, et les individus de son espèce. Ceux qui se gavent de la vie des autres, et qui gagnent du fric à les emmerder. Des photos qui se vendent des millions, mais qui peuvent détruire une vie en quelques secondes de parution, sans qu'ils ne s'en émeuvent une minute.

Des rats. Voilà ce qu'ils sont.

Ou des cafards. Parce qu'elle n'est pas bien grande, celle-ci. Et je vais me faire un immense et putain de plaisir à l'écraser sous mes pompes. 

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