Partie 9 Prisonnière

Une voix résonnait dans mes oreilles. J'avais l'impression de la connaître, mais en même temps elle m'était totalement inconnue. J'étais plongée dans le noir le plus complet. Je n'étais pas attachée, cependant je ne pouvais pas bouger. J'étais prisonnière de cet espace.

Soudain, en plus de cette petite voix qui semblait jouer avec mes tympans, un cliquetis se fit entendre. En l'écoutant, j'avais l'image d'un homme traînant un boulet au pied. Et ça s'approchait dangereusement. J'ai voulu hurler, aucun son ne sortit. J'ai voulu toucher quelque chose, me repérer, il n'y avait que le vide. Je voulus apercevoir des formes, une lumière, n'importe quoi, tout n'était qu'ombre. On m'avait privé de mes sens ! Bordel ! On m'avait privé de mes sens ! Sauf de mon ouïe, étrangement, vu que j'entendais toujours ces horribles bruits métalliques.

La fin est proche. Il va renaître, et il va anéantir l'humanité. Personne n'y échappera.

Ce message ... Cette voix ... Je la reconnaissais enfin. C'était celle de Robin, enfant.

La fin est proche. Il va renaître, et il va anéantir l'humanité. Personne n'y échappera.

C'était de plus en plus fort. Je fermais les yeux, espérant que tout cela cesse. J'en avais marre de toutes ces visions, sérieux. Qui rêve de vivre un cauchemar en réalité ? Je vous le donne en mille ! Personne !

Je réalisais que plus aucun son ne se laissait ouïr. Quel verbe.

Je me décidais à ouvrir les yeux, doucement.

Enfant Robin était à quelques centimètres de mon visage, des creux abyssales à la place des yeux, une peau blanchâtre et fissurée. Son souffle brutal frappait mon visage. Je sursautai tellement fort que je suis sûre que j'avais réussi à bouger.

- Personne n'y échappera, répéta t-il, d'une voix totalement abîmée. Même pas toi.

C'était nouveau, ça.

Des cafards sortirent en grand nombre de sa bouche, c'était à la fois incongru et répugnant. Je commençais à me débattre, mais la pression était trop forte. Les insectes me submergeaient, peu à peu j'étais ensevelie. Ils parcouraient mon corps, essayaient de m'emmener avec eux dans les ténèbres. Et l'enfant était toujours au dessus de moi, sans expression, sans aucune intention de se pousser.

Ma peur ne faisait qu'augmenter. Je ne pouvais plus sentir mes jambes, c'était mauvais signe. Les insectes se mirent alors à entrer dans mes orifices. Je les sentais grimper, prendre possession de quelque chose qui ne leur appartenait pas. J'avais mal, j'étais terrifiée.

Je réussis enfin à crier. Je réussis enfin à pousser un hurlement digne des plus grands.

À mon grand soulagement, une lumière apparut. Ma vue fut de nouveau opérationnelle complètement. Face à cette étincelante lueur, les insectes s'effacèrent. Enfant Robin avait disparu. Je pouvais bouger à nouveau. Lorsqu'une main provenant de la lumière se manifesta, je la pris immédiatement. Si on voulait me sortir de cet enfer, je n'allais pas dire non !

Au fond de moi, j'espérais que ce soit ma mère. Ça aurait pu être possible, non ? Tout est possible, de nos jours.

Quand j'ouvris les yeux derechef, je me rendis compte que j'étais dans une pièce fermée, sombre et pas très accueillante. On ne ferait pas une pyjama party là dedans, si vous voulez mon avis. Trop hébétée par cette aide soudaine dont je n'arrivais pas à savoir la provenance, je mis un bout de temps avant de capter que j'étais enfermée dans cette pièce. Mais surtout que je n'avais plus aucun pouvoir. J'avais beau essayer de disparaître, de l'illuminer, n'importe quoi, mon pouvoir semblait bloqué par une force supérieure.

- Bordel de merde !

Je pouvais toucher tout ce que je voyais, comme si j'étais vivante. Je ne pouvais plus voler. J'étais coincée ici. Coincée je ne sais où, là où personne ne sait que je suis. Super. J'étais vraiment énervée. Tellement que j'ai tapé du pied, oui comme une enfant de quatre ans.

Que se passait-il, nom d'un hot dog ?! Où étais-je ? Pourquoi mes pouvoirs avaient-ils disparu ? Je réussis alors a remarquer, avec mon œil de faucon, un point rouge au plafond.

- C'est un plaisanterie ?

On me filmait ?! C'était carrément une violation d'intimité là ! Je dois avouer que je me suis alors amusée à faire des grimaces à cette caméra, comme si j'étais dans un concours. Mais ça n'a attiré personne, visiblement, puisque seul le vent me répondait.

C'est alors que je me suis soucié, un peu, de ce qui m'entourait. Je me suis approché du mur pour me guider dans la pièce. Il faisait tellement sombre que je ne voyais pas mes pieds. Après un tour, j'en conclus que ma cellule était petite, carrée, et que j'en avais rien à faire de sa forme mais que je n'avais que ça pour réfléchir à "comment me sortir de là ?".

Soudain, un couinement a résonné. J'ai avancé d'un pas, tentant d'entendre une nouvelle fois le bruit. En tendant l'oreille, je le perçus de nouveau. Quelqu'un était en train de souffrir dans cette pièce, ou bien à côté. La voix me paraissait si proche, et pourtant elle était étouffée, résonnant en écho.

- Euh ... Y a quelqu'un d'autre que mes kidnappeurs ici ?

Pas besoin de signaler que la question était stupide. Pourtant, on me répondit. Peut-être pas comme je l'espérais.

- Lysou ... ?

Silence. Mon monde venait de s'écrouler à l'instant même où ce nom fut prononcé. Un seul homme sur Terre m'appelait comme ça.

- Lysou ? reprit la voix avec plus d'assurance. C'est toi ?

- Nash ...

J'entendis du mouvement quelque part, quelqu'un se levant et s'appuyant contre une chose instable.

- Lysou ! Que fais-tu là ? Tu n'es pas blessée ?

- N-non ...

J'avais du mal à réaliser ce qu'il se passait. Mon frère, enfermé de la même façon que moi. Mon frère à qui j'avais dit adieu quelques mois plus tôt. Mon frère aimé, souffrant, se trouvant à côté de moi sans que je ne puisse rien y faire.

Des néons se sont soudainement allumés, me rendant aveugle pendant quelques instants. Des points noirs semblaient danser devant mes yeux. Je fis le tour de la pièce du regard. Pas de Nash. Juste du béton froid et abîmé.

Sa voix se fit entendre de l'autre côté de mur droit. Je tendis l'oreille.

- Lysou, tu m'entends ?

- Je t'entends ...

- Tu vas bien ?

- Oui ...

Que dire de plus ? Que dire à son frère au travers un mur glacé quand on ne sait pas ce qui se passe ? Comment lui dire que je suis morte, et que tout ça n'est qu'un putain de cauchemar ?

- Je ... commença Nash. Je croyais que tu étais morte ...

Je l'entendais sangloter. Comment me briser encore plus ? Pleurer sur mon sort.

- Je le suis, ai-je répondu d'une petite voix.

Aucune réponse. Peut-être ne me croyait-il pas ? En même temps, je n'avais rien d'une morte en ce moment. J'étais redevenu la fille simple et sans protection. Mes pouvoirs étaient toujours bloqués je ne sais comment, et c'était très énervant.

- Où sommes-nous ? lui ai-je demandé, espérant qu'il connaisse la réponse.

Toujours le silence de l'autre côté du mur. J'ai toqué contre le béton, peut-être s'était-il endormi ? Tomber inconscient à cause de la douleur ?

Je me suis retournée, j'ai glissé le long du mur et me suis accroupie.

- Élie, si tu m'entends, je t'en prie, aide-moi, ai-je prié.

Une lumière verte est alors apparue dans l'angle opposé au mien. Je me suis vivement redressé, sourire aux lèvres.

Le sourire s'est vite dissipé lorsque j'ai vu une personne que je connaissais bien.

- Tu ne peux pas ... Tu es morte !

Esméralda se tenait juste en face de moi, sa peau mate et ses cheveux noirs habituels. Son bermuda et son bandeau verts reluisaient sur son corps. Elle était encore plus majestueuse que dans mes souvenirs. Mais, malgré la ressemblance certaine, je ne pouvais pas le croire. On m'avait dit qu'elle était morte, que Cynthia l'avait tué en enfonçant sa main dans son ventre.

- Alors, gamine, surprise ?

- Tu es morte ...

Je commençais à en douter de plus en plus. Et si Élie s'était trompée ? Et s'il existait une chance infime qu'Esméralda est survécu ?

Elle avança d'un pas.

- Je viens te filer un coup de main, comme d'habitude quoi.

Elle avança encore, et je vis une lueur dans son regard. Une lueur terrifiante.

Je réussis à éviter la boule de feu qu'elle projeta dans ma direction. Couchée au sol, j'ai relevé la tête juste pour voir le visage d'Esméralda se décomposer.

- Tu n'es pas Esméralda ! ai-je hurlé en me relevant.

D'un coup, cet esprit écarta les bras et produisit une sorte de champ de force qui me plaqua contre le béton. Je remarquai que la caméra était toujours active. Sérieusement ? On me privé de pouvoirs et après on m'envoie dans l'arène ? Ils m'ont pris pour Gladiator ou bien ?!

J'ai essayé de résister à ce champ de force mais il était trop puissant. C'est alors que l'esprit a totalement changé de forme. Ses yeux jaunes m'ont tétanisé.

- Mansyur ...

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