Mon éveil fut douloureux. J'ouvris les yeux si vite que j'en eu mal à la tête. Oui, même les morts ont des migraines.

J'avais la respiration rapide, me souvenant encore des moindres détails de ce foutu rêve bizarre. Que se passait-il dans mon cerveau, je vous le demande ? Je crois que j'ai un problème. Ou c'est une option du programme prêtresses.

Je me trouvais actuellement dans mon siège en velours rouge, juste à côté de celui d'Élie. En tournant la tête, je sursautai à croire que j'avais un violent hoquet. Une des prêtresses était juste à côté, m'observant en profondeur.

- Ne fais plus jamais ça, Angel, lui ordonnai-je.

- Navrée, répondit la prêtresse. Je ne le referais plus, si je pense à ne plus le refaire.

Je crois qu'Angel était de loin la prêtresse la plus étrange que j'avais jamais rencontrée. Ses yeux l'étaient, surtout. Son être aussi, remarque. C'était une énigme ambulante. Son regard exprimait une rêverie sans pareille, mais aussi un vide intersidéral. C'était comme magique. Lorsqu'elle se perdait dans ses pensées, nous avions l'impression d'avoir affaire à une poupée géante.

Angel était aussi l'une des plus belles prêtresses que je connaissais. Cette femme avait tellement d'atouts. D'abord, sa chevelure. Longue, soyeuse, magnifiquement ondulée, noire tel un corbeau. Ensuite, ses yeux en amandes, avec des iris vertes aux reflets noisettes. Puis, ses lèvres, pulpeuses, écarlates sans même un brin de rouge à lèvres. Enfin, sa figure en général, fine et délicate. Une peau blanche pareille à de la soie.

Le pire, c'était qu'elle ne s'en rendait même pas compte !

Effectivement, je suis jalouse. Je n'ai pas tous ces attributs, loin de là ! Bon, on se contente de ce qu'on a, mais ces beautés rares donnent des envies de meurtres.

Je me levai soudainement. Angel me suivit du regard.

- Je dois voir Élie, annonçai-je.

- Elle doit se trouver dans la salle Obscure. Je ne la vois pas beaucoup en ce moment. Sais-tu pourquoi ?

- Non, mais je sais que tu vas me le dire !

- Parce que je ne la vois pas beaucoup. C'est étrange.

Je soupirai. La seule chose étrange ici, c'était elle.

- Élie manque de convictions, reprit-elle. La Grande Prêtresse devrait avoir la bravoure de faire ce qu'il se doit de faire. Une telle bravoure ne se trouve pas chez n'importe qui. Élie n'en a pas. J'en ai. Je ne désire pas être Grande Prêtresse plus que ça, mais le monde irait mieux si je l'étais. Tu comprends ?

Un petit détail que j'avais sûrement oublié d'évoquer, Angel aimerait énormément diriger la ruche, si vous voyez ce que je veux dire.

- Angel, je ne suis pas psy pour prêtresses. Élie a une place qui lui revient, tu n'as pas à t'en soucier.

- Oui, oui, navrée. Je disais juste ...

- Silence, tonna une voix que je reconnus fort bien.

Élie était juste derrière nous. Angel sourit curieusement, et se retourna tranquillement vers la rouquine, qui ne la quittait pas du regard.

Toutes les prêtresses avaient entendu cet ordre, et naturellement s'étaient tues. Elles attendaient un quelconque ordre.

Je remarquai, dans un coin, Jade qui priait Hugo de se taire. Ce dernier devait demander à la jeunette pourquoi ce silence soudain. C'était pas le moment de demander, s'il voulait mon avis. Élie avait l'air particulièrement énervée. Ses yeux brûlaient de colère.

- Angel, appela t-elle. Suis-moi. Isallys, tu peux venir aussi si tu le souhaites.

Angel se leva et se rendit directement dans la salle Obscure. J'attends qu'Élie bouge pour faire le moindre mouvement. C'était vraiment une situation stressante.

Élie regarda l'assemblée devant elle.

- Reprenez vos activités, sourit-elle.

Je crois que la place de Grande Prêtresses rend les gens un peu schizophrène, non ?

Je suivis Élie lorsqu'elle s'engagea dans la salle Obscure, que j'admirais une nouvelle fois.

Lorsqu'on fut toutes les trois à l'intérieur, je fus la seule à m'asseoir par terre. Je ne trouvais pas ça gênant, mais c'était énervant de devoir lever la tête pour regarder les deux autres. J'aurais pu me remettre debout, mais c'était trop fatiguant. Même si je ne ressentais plus vraiment ce genre de choses, étant un esprit.

Élie et Angel se faisaient face, et j'aurais pu mettre des éclairs entre leur regard. Élie savait très bien qu'Angel essayait de monter les prêtresses contre elle, ce qu'elle n'appréciait pas particulièrement. Angel, quant à elle, n'avait pas spécialement l'air de détester la Grande Prêtresse, elle souhaitait sans doute juste le respect, le pouvoir. Elle était bizarre, c'est le meilleur mot qu'on pourrait lui attribuer. J'imagine bien les gens avec un mot sur leur tête qui les qualifierait. Ce serait tellement plus simple de savoir ceux qui sont à éviter ! Je pars trop loin, là.

Bref, c'était la guerre de regard. Élie brisa enfin ce silence interminable.

- J'ai reçu des nouvelles de ta dernière mission. Elles sont extrêmement mauvaises, tu en es consciente ?

- Cela dépend de ta définition de "mauvaises", répondit Angel.

- Ne joue pas à ça avec moi, ordonna Élie en fronçant les sourcils.

- Je ne joue jamais, sauf quand c'est le cas. Qui penses-tu que je suis ? Je ne suis personne. Je suis tout le monde. Je suis le centre, mais aussi les bords. Qui suis-je, alors ?

Le visage d'Élie montrait clairement sa frustration. Angel faisait toujours ça, parler par sortes d'énigmes. Elle aimait se décrire comme quelqu'un empli de mystères et, de ce fait, comme quelqu'un de passionnant.

- Une ombre, lui dis-je.

- Une ombre en pleine lumière, sourit Angel.

Élie soupira.

- Angel, tu ne dois pas éliminer un esprit en voie de devenir un bon esprit, c'est pourtant clair, non ? Tu aurais dû le guider, c'est notre premier devoir. Décider de prendre la mort à quelqu'un, ce n'est pas humain, ni spirituel. Ne fais plus jamais cela, c'est compris ?

Angel s'avança vers la Grande Prêtresse. Ses cheveux noirs voletèrent autour d'elle, créant des spores verts magnifiques.

- J'ai compris ton discours. Est-ce que je l'appliquerai ? Non. Peut-être. Sûrement. Je ne sais pas encore.

Sur ces paroles, elle sortit de la salle Obscure sous le regard désapprobateur d'Élie.

- Un jour, elle réussira, soupira la rouquine.

- Comment ça ?

- Elle prendra ma place. C'est une meneuse née, contrairement à moi.

- Ne dis pas n'importe quoi. Si ça arrive, ce sera pire qu'une sortie au musée.

Élie sourit.

- C'est sympa, les musées.

- J'en ai vu qu'un dans ma vie, c'était pas super intéressant, ai-je déclaré.

La petite rousse s'assit alors à son tour, en face de moi et prit un grande inspiration.

- Je suppose que tu souhaites des explications. Tu as rencontré Nora, il me semble.

J'en déduis que c'était bien mon amie qui avait envoyé cette protectrice. Oui, tout à fait, j'ai enfin balancé le mot "amie" ! Je pense que je mérite une crêpe au caramel au beurre salé, non ?

- Sache que je ne suis pas désolée de l'avoir caché, c'était nécessaire.

- Sympa, remarquai-je.

- Ce n'est pas contre toi, je t'assure. Écoute, tu as dû te rendre compte que tu avais des dons, comment dire ... particuliers.

- Développe, tu m'intéresses.

- Tu as un don extrêmement rare, et precieux, qui est celui de la divination. Tes rêves, tes cauchemars, tes visions, tout est dû à ce pouvoir que tu as.

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NDA inutile ! Oui, j'arrête le chapitre là, j'aurais voulu continuer, mais j'ai des devoirs ! Promis, je poste la suite demain après-midi pour me faire pardonner ! Merci de permettre à cette histoire d'exister, n'hésitez pas à me faire part de votre avis, je vous répondrai à chaque fois ! ❤;)