Partie 19 Qui es-tu ?
Chapitre un peu long en raison de son dénouement, que vous attendez sans doute depuis quelques temps ... ;)
Quand je me suis relevé, j'avais toujours mal, et Reaper n'était plus là. Angel n'avait pas bougé, elle était face à l'étagère, bien coiffée, la main tendue. Elle se tourna alors vers nous avec un sourire énigmatique. Ne pas craquer, ne pas craquer. Je me suis approchée d'elle, plus qu'en colère.
- Non mais ça va pas la tête ?! Pourquoi tu lui as redonné ? On le tenait !
- C'est vrai que c'est pas malin, commenta Nora.
Le sourire d'Angel s'effaça aussi vite que Reaper. Nouvelle expression, je pose le brevet.
- Quand arrêteras-tu d'oublier mes paroles ? Je ne suis pas censé participer ! Je n'ai pas le droit d'être ici ! Vous devez récupérer vous-mêmes le sceptre, je ne dois pas faire le boulot pour vous.
J'ai froncé les sourcils.
- Si tu m'expliquai tout, aussi, je comprendrais peut-être un peu mieux la conscience qui t'anime !
- Je ne crois pas, non. Mais chacun ses vœux. On a eu ce qu'on voulait, partons avant que l'aube ne se lève.
Angel contourna une flaque de sang et d'autres choses plus proéminentes, puis elle disparut dans l'obscurité de la porte d'entrée.
Je râlais sur place, tapant du pied, énervée. Mon mollet me brûlait, tout comme mon bras. La fumée noire avait arrêtée de s'échapper de mes blessures, et je sentais que ma peau se reformait, ce qui ne fait pas du bien rassurez-vous.
- Si seulement Scooby-Doo existait, on l'appellerait et ça serait cloué, dit Nora.
- Plié, tu veux dire ? Ça serait plié.
- Non, non. Je sais ce que je dis quand même.
- Sherlock Holmes, sinon.
Nora me lança un regard étonné.
- Sherlock Holmes est bien plus doué que Scooby-Doo, affirmai-je.
Elle m'a gratifié d'un sourire, puis nous sommes sorties à notre tour, laissant derrière nous un désastre sanglant, qui allait traumatisé tous ceux qui entreraient dans cette bibliothèque. On n'avait pas le temps de nettoyer, désolée.
En chemin, je n'arrêtais pas de repenser aux paroles de Reaper à propos d'Angel. Il la connaissait, il savait même son nom. Ce ne pouvait pas être un heureux hasard. Angel ne souhaitait pas en parler, mais ils avaient forcément un passif. En plus, elle lui avait rendu son foutu bâton, il était de nouveau tout puissant, alors que nous pouvions enfin les stopper, sa folie et lui.
Je ne la comprenais pas. Pourquoi disait-elle avait tellement d'ardeur qu'elle ne devrait pas être ici ! Et même si c'était le cas, elle pourrait au moins nous aider un peu plus. Je veux dire, par exemple, ne pas rendre son sceptre au grand méchant !
Angel marchait devant nous, avec une longueur d'avance. Ses cheveux corbeaux ondulaient le long de son dos. Elle était en rythme, ni trop rapide ni trop lente. Je n'avais jamais remarqué qu'elle avait autant de prestance. Il faut dire qu'il était dur de voir un quelconque allure majestueuse en elle. Pourtant, la voyant droit devant moi, marcher avec un but en tête, sa présence devenait plus grande que n'importe laquelle. C'était une vraie prêtresse, qui dégageait la puissance de millions d'entre nous.
- Bon, maintenant, on va faire quoi ? me demanda Nora.
- Il faut qu'on trouve qui a fait sortir Maddie. Ce sera très simple, nous évoquerons la secte Saturne devant les autres, et celui qui aura un comportement suspect sera la taupe, expliquai-je.
Plan simple. Résultats garantis. Complications à prévoir.
D'un coup, Angel se stoppa net. Nora et moi durent nous arrêter promptement ou nous lui serions rentrer dedans. Angel se tourna, les sourcils froncés.
- Quelqu'un est aux abords du Manoir, annonça-t-elle.
- Comment ça ?
- Nous avons un visiteur.
Puis, elle reprit sa route un peu plus vite, ce que nous fîmes aussi.
Nous sommes arrivés à la colline. Les premiers rayons du soleil éclairaient le mur est du manoir, ainsi que l'herbe verdoyante tout autour. Le paysage était à couper le souffle, de jour. Le brouillard, derrière le Manoir, cachait les montagnes et laissait seulement entrevoir leurs pics nus. La lumière du soleil se propageait sur la colline, peu à peu, dévoilant un manoir aux murs rouges cendres, aux façades anciennes et décrépis.
Avant de retourner à l'intérieur, nous avons décidé de nous séparer pour trouver ce fameux visiteur. Selon Angel, il tournait autour du bâtiment.
Je suis allée à l'ouest, là où Maddie avait été retrouvée. Angel m'avait informé que son clone l'avait enterré dignement. C'est ce que je vis, lorsque j'approchais de l'arbre centenaire qui avait été témoin de la mort de la petite fille. Une croix en fer avait été placée, la terre retournée, et de petites fleurs de montagne avaient été disposées.
- Dead, ai-je chuchoté. Je te l'avait dit, pourtant. Pourquoi ne m'écoute-t-on pas ?
Un craquement mit mes sens en alerte. Une boule de lumière dans la main, je me suis avancée à pas de loups près de l'endroit où le bruit était survenu. On tenta de l'agripper par derrière, mais je fus rapide et retournai à l'état de fantôme en un claquement de doigts.
Je traversai le corps de mon agresseur, puis redevint matérielle pour l'attraper à mon tour. C'était un jeune homme, dont les cheveux sentaient un parfum plutôt délicieux.
- Qui es-tu ?
Mon air se fit menaçant. Probablement. J'espérais.
- Bonjour à toi aussi, a rit l'homme.
J'ai froncé les sourcils, puis j'ai vu que Nora et Angel arrivaient. Nora affirma qu'elle était fière de moi, Angel ne dit rien et se contenta de déshabiller du regard le nouvel arrivant.
- Je répète, qui es-tu ?
D'un seul coup, Angel tira la manche du jeune homme et lui fit une clé anglaise. La victime prit ça avec humour, même s'il grimaça un instant. Angel me sourit, puis disparut dans la foulée, me laissant la bouche grande ouverte sous la surprise.
Nora me tapota le bras.
- J'y crois pas, ai-je bafouillé.
- Tu crois pas au fait que les licornes existent, ou au fait qu'Angel soit partie sans rien dire avec ton prisonnier ?
- Euh ... Les deux, en fait.
Nora se gratta le menton.
- Oui, tu t'es fait volé ton prisonnier.
- Je sais.
- C'était un outil indispensable.
- Je sais.
- Tu l'avais dans les mains.
- Nora, arrête d'enfoncer le clou, là, ai-je grincé.
L'indonésienne haussa les épaules et se dirigea vers la porte d'entrée.
Il me fallut un moment avant de réaliser complètement ce qu'il m'arrivait. Angel venait de me piquer ma prise. Elle l'avait emporté je ne savais où. J'étais là, comme une idiote, à rester planté devant tant d'insolence.
Bordel, elle m'avait volé ma prise !
Nous sommes entrées dans le Manoir, tranquillement, comme si la nuit n'avait pas été mouvementé. Nora bâilla longuement.
- Va dormir, Nora, je t'appelle quand j'ai besoin de toi.
- Mais, on doit débusquer l'autre, répliqua t-elle.
- Pas tout de suite, repose toi. Il doit mijoter un peu, ai-je souri.
Elle a hoché la tête et est monté au premier étage. Quant à moi, j'ai essayé de contacter Angel par télépathie, mais absence de réponse. Enfin, elle réapparaîtra bien à un moment donné. J'avais une soudaine confiance en elle, c'était étonnant la façon dont nos avis peuvent devenir totalement différents.
Abandonnant l'idée d'aller au Conseil une nouvelle fois, je me suis dit qu'une petite visite vers Robin et Nash ne ferait aucun mal. Je me suis donc rendu dans la cuisine. Allez savoir pourquoi on les a foutu là-dedans.
Nash dormait à poings fermés, les mains attachées dans le dos. Robin était bien éveillé, assis avec lassitude contre le frigo. Il ne m'avait pas encore vu, alors il prit le loisir de soupirer profondément, fatigué par toute cette histoire. Il ne me montrait jamais ses faiblesses, ses coups d'accablements, ou toutes autres choses qui pourraient lui enlever l'image qu'il donnait d'homme super confiant.
J'ai contourné l'îlot central, et alors il m'a aperçue. Il a eut l'air étonné, un peu gêné par son comportement, puis il m'a sourit. Je me suis assise contre lui, le dos appuyé contre le frigo. Il m'a entouré avec ses bras, étant donné que ses poignets étaient liés.
Il a alors remarqué les marques qui se reformaient sur mon bras.
- Qu'est-ce ?
- Oh, ça. C'est rien.
Robin examina la blessure. Elle allait bientôt se refermer complètement de toute façon. Pas de quoi inquiéter un mammouth.
- Tu vas bien, toi ? Ça ne te fait pas mal, les menottes ?
- Non, d'aucune manière, répondit-il.
- Je vais t'innocenter, tu sais. Je sais très bien que ce n'est pas toi qui as fait sortir Maddie.
Robin baissa la tête, et la colla contre mes cheveux.
- Je le sais. Cependant, tu ne dois pas en faire une priorité. Tu dois trouver Mansyur et le détruire, c'est ce que compte le plus.
J'ai grogné. Bien sûr que je ferais de lui une priorité ! En fait, j'avais beaucoup de priorités.
Nous sommes restés quelques temps dans le silence. Je ressentais toute la chaleur de son corps, j'entendais les battements réguliers de son cœur, le signe qu'il était en vie. Alors que moi, même sous forme matérielle, je n'aurais plus rien d'humain.
- Ton frère m'a parlé de toi, dit Robin, me coupant dans mes pensées.
- Ah bon ? Qu'a-t-il dit ?
- Il m'a conté la fois où tu étais allée sur un lac gelé, malgré les interdictions de ta mère. Tu es tombé dans l'eau, mais au lieu de paniquer, tu es restée stable et tu as attendu que l'on t'aider. C'était très courageux, Lys.
J'émis un petit rire.
- Courageux, ou stupide ? Je suis allée sur un lac ultra dangereux, quand même ! Et puis ...
Et puis Nash ne connaissait pas cette histoire. Il n'était pas présent lors de ma chute, et j'avais fait juré à ma mère de ne jamais lui dire où il m'aurait démonté. Ma mère avait tenu parole, et mon frère ne s'était jamais douté de rien. Nash n'était pas au courant de cette histoire. C'était mes souvenirs à moi, pas les siens.
Je me suis levée d'un coup, soulevant les bras de Robin pour m'en défaire.
Nash était allongé a quelques pas. Il semblait respirer normalement. Je devais me faire des films, c'était évident. Mais il fallait que je sois sûre que faisais fausse route.
- Lys ? Que fais-tu ?
J'ai fait signe à Robin de se taire.
Je me suis accroupie près de Nash, l'ai retourné délicatement. Il n'a pas protesté ou semblé se réveiller. J'ai alors posé ma tête sur son torse pour entendre son cœur.
Le néant.
Il n'y avait aucun battement, aucune trace de vie. C'était un corps vide.
J'ai relevé la tête vers la sienne. Il me regardait droit dans les yeux. Ses iris étaient jaunes, luisantes. Robin a eu un hoquet de surprise lorsque Nash a arraché ses menottes en fer l'air de rien et qu'il m'a attrapé le visage avec violence.
- Vois ... Ce que je vois ...
- Mansyur ... Depuis le début, tu es ... Nash ...
Il ne m'a pas laissé réfléchir. Il ouvrit sa bouche, qui s'étira jusqu'à ce qu'elle atteigne la taille de mon crâne, puis il a commencé à aspirer. L'attraction était si forte que je ne pus résister une seule seconde. Je fus aspirer à l'intérieur de ce monstre, en un seul souffle. La dernière chose que j'entendis fut le hurlement de Robin, et ses pas qui s'approchèrent à grande vitesse de Nash. Après, ce fut le noir complet.
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