Partie 18 Loups apprivoisés

Angel a relevé la tête, et observé les alentours. Puis, elle reprit son magasine qu'elle avait attrapé je ne sais où, et le feuilleta. En clair, elle s'en foutait. Sympa.

Je me suis levée. Je suis descendu au rez-de-chaussé, où Nora était censée se situer, puisque les ordinateurs n'étaient qu'en bas.

Lorsque j'ai aperçu Nora, elle était appuyée contre une étagère enfoncée dans le mur. J'allais la rejoindre pour lui demander ce qu'elle faisait, quand je décortiquai son expression. Elle était apeurée, tremblante, soucieuse de ne pas faire le moindre bruit. Même son souffle, elle le contrôlait à merveille. Elle me vit, en bas des escaliers, à l'opposé de sa position. Elle bougea la tête en guise de contestation.

Trop tard. Un loup me sauta dessus.

Quand la poisse est avec toi, elle t'apprécie tellement qu'elle ne veut plus te lâcher.

Nora hurla enfin, comme si elle relâchait une pression énorme.

Quant à moi, je me débattais pour que ce loup me lâche. Mais son poids était supérieur au mien, et il m'aplatit au sol à la façon d'un crêpe. Tout s'est passé très vite. Un court instant, nous nous sommes observés, dénichant chez l'autre ses pensées. Les yeux de ce loup étaient jaune étincelants, figés sur ma personne. Son pelage était blanc neige, avec une pointe de gris autour des pattes.

Il montra les crocs. Un grognement profond et rauque sortit du fond de sa gorge, accompagné par de la bave appétissante. Il allait me mordre.

Comme prise par un réflexe, j'ai mis mon bras au dessus de ma tête en guise de protection. Ses crocs se sont plantés dans ma chair, juste avant que je ne redevienne un esprit. Je fus hors d'atteinte. Toujours couchée au sol, le loup sentait ma présence et semblait me voir, mais il ne pouvait pas me toucher. Ses crocs claquèrent les uns contre les autres, ses pattes s'agitaient.

Je me suis relevée, ma main sur mon bras qui me faisait atrocement souffrir. Je n'étais pas censée ressentir une quelconque douleur, et pourtant, comme dans la cage, je la sentais comme si j'étais humaine.

J'ai traversé le loup, qui me cherchait en reniflant. Il se tourna vers ma position et donna des coups de griffes. Heureusement pour moi, elles ne faisaient que passer au travers de mon corps.

Pendant qu'il faisait son cirque, je jetai un coup d'œil à mon bras anormalement douloureux. À l'endroit où il avait planté ses crocs, de la fumée noire s'échappait. Je grimaçais. Ce n'était pas censé faire ça, pas du tout. Une autre expérience en cours ?

J'eus la réponse quand je tournais la tête vers l'entrée. La porte était grande ouverte. Pile au centre, tel un roi apparaissant au seuil de son palais, l'homme à la cape était là. Reaper, la faucheuse, avait-il dit. Pourquoi les méchants avaient-ils toujours des noms classes ?! On fait abstraction de Francis, dans Deadpool.

Il avait toujours son bâton et sa pierre de l'Aube, qu'il agita d'un coup sec.

- Cours ! me cria Nora.

Encore une fois, trop tard.

Je sentis mes forces me quitter, mon pouvoir disparaître de mon être. Le loup recommença sa manœuvre, et cette fois ses griffes se plantèrent dans mon mollet.

Je poussais un hurlement de douleur. J'ai menacé le loup du regard. Trop crédible. Avec les forces qu'ils me restaient, et un coup de pouce de la part de Miss volonté, j'ai envoyé le loup à l'autre bout de la salle grâce à une boule de plasma verte.

Cette fois, j'étais vidée. Je me suis écroulée au sol, consciente et bien vivante, mais épuisée. Je pouvais voir de la fumée noire s'échappant également de mon mollet. Je sentais la froideur du sol sur lequel j'étais allongée. J'entendis les pas discrets se rapprochant de moi.

Reaper se présenta devant moi, et s'accroupit en penchant la tête. Son visage était ombragé par sa capuche. Il pointa son bâton vers moi, et la pierre se mit à scintiller.

- Expé ...

Il fut coupé par le cri de Nora, qui le chargea sans prendre conscience du danger. Elle lui sauta dessus et entoura son cou avec ses bras. Elle s'accrocha fermement. Reaper tournait sur lui-même comme un hystérique, mais Nora tenait prise.

Au bout d'un moment, excédé, il siffla. Je n'avais jamais entendu un tel sifflement. Puissant, monstrueux, une mélodie enterrant ton passé et ton futur, te plongeant dans tes pensées les plus sombres.

Je me suis relevée difficilement pour voir de quoi il en retournait.

À la porte, de nouveaux loups, noirs, étaient apparu. Ils avaient tous les crocs sortis, prêt à dévorer une proie. Leurs yeux bleus m'apprirent que le loup blanc était en réalité Mansyur. Mansyur m'avait de nouveau eu. Cet esprit était puissant, c'était sûr. Pourquoi les méchants étaient-ils toujours super puissant ? Ça fait tellement cliché.

En entendant remuer derrière Nora, qui regardait effarée le spectacle en tenant Reaper, j'en ai conclu que Mansyur s'était relevée, de nouveau prêt à charger. Nous allions nous faire dévorer par un meute enragée.

Reaper a une nouvelle fois sifflé. D'un coup de patte, les loups se sont élancés dans notre direction. J'ai hurlé, désespérément, espérant que l'on viendrait me sauver, que la mort définitive irait vite et que je ne penserai plus à rien après. J'ai entendu Nora crier de même, et je l'ai vu se faire éjecter contre une table par Reaper.

Ce dernier s'est écarté, et a laissé entrevoir la silhouette de Mansyur et sa stature qui fonçait sur nous.

Les loups sautèrent tous en même temps sur Nora et moi, qui regardions, choquées, la scène se dérouler.

Alors que nous pensions être perdues, les loups ont tous explosés. Même Mansyur. Littéralement explosés, de l'intérieur. Leur sang et leurs organes se sont retrouvés projetés sur les étagères, les tables et les ordinateurs. Des tripes ont même atterri sur le lustre. Des flaques visqueuses découvraient les trois quart de la surface de la bibliothèque.

Nora et moi étions couvertes de choses dont je ne voulais pas savoir l'identité. C'était dégoutant.

- J'aimerais pas être la femme de ménage, marmonna Nora.

J'étais sale, et j'avais mal. Quel mélange subtil. Néanmoins, même si je ne comprenais pas la situation, je me suis tournée vers Reaper en le défiant.

Il avait l'air étonné, partagé entre dégout et haine. Il leva son bâton, mais celui-ci s'envola en l'air, et fut maintenu par je ne sais quelle magie contre une étagère à deux mètres de l'homme. Maintenant, il était abasourdi, il ne comprenait pas ce qu'il se passait. Il voulut se jeter sur son bâton, mais lui aussi fut maintenu contre son gré sur l'étagère.

- Sorcières ! s'écria t-il.

- Sans blague ? me suis-je exclamée, trouvant le commentaire hilarant.

Reaper regarda autour de lui, dans l'espoir d'avoir une porte de sortie. Il siffla une nouvelle fois, mais aucune aide ne vint. Mansyur et ses sbires étaient occupés à se reconstituer ailleurs, malheureusement.

Des pas m'ont fait sursauté. J'ai fait volte-face et découvrit Angel, qui descendait les marchés habilement, malgré le fait qu'elle était plongée dans un article de son magasine. Était-ce elle qui avait fait tout ça ? Elle serait puissante à ce point ? Défaire Mansyur comme cela, c'était une chose. Manipuler un homme possédant la pierre de l'Aube, une autre. De ce que j'avais compris, c'était une protection. Mansyur ne pouvait pas l'atteindre, et pourtant j'avais fait l'expérience de son champ de force !

- Toi ! cria derechef Reaper.

- Oui, oui, chuchota Angel. Une minute, je suis à vous.

Sous nos yeux ébahis, elle finit sa lecture tranquillement, posa le magasine sur une table à peu près propre et releva les yeux vers nous. Elle nous souriait tour à tour, avant de porter une entière attention sur notre ennemi principal.

- Quel secte, Nora ?

- L-la secte Saturne, bafouilla l'indonésienne, prise de court.

Reaper écarquilla les yeux, et je crois que j'en fis de même. On avait réussi ! On avait le nom de son espèce d'organisation cherchant notre destruction ! Les trouver serait beaucoup plus simple. Bon, il y avait eu des petits contretemps, mais on ne vas pas s'en plaindre. Même si j'avoue que mon bras et mon mollet son en train d'insulter de contretemps.

- Tu ne peux plus te cacher, faucheuse, a continué Angel.

- Je te connais ! Je suis sûr que je te connais !

- Mais bien sûr, je suis bénévole lors de conventions pour grands psychopathes. Tu as dû me voir là-bas.

Elle se tourna vers moi, et me fit un clin d'œil, sans doute fière de sa blague.

J'étais un peu plus concentrée sur les propos de Reaper, en fait. Il la connaitrait ? Peut-être que, de son vivant, Angel et lui s'étaient connu. Pourtant, Angel n'avait pas l'air d'être amie avec cet homme. S'étaient-ils mal connu ? Possible, la haine semblait les habiter tous les deux.

- Tu es ... Si, si, je te reconnais ... Tu es, tu es Angel ! Angel !

Sans prévenir, Angel a foncé sur lui et a plaqué sa main sur la bouche se Reaper. Celui-ci tenta de se dégager, mais la prêtresse le maintenait avec une main de fer.

- Ton heure n'est pas encore venue non plus, constata Angel.

Elle s'écarta de lui, tendit la main vers le bâton qui atterrit dans sa paume. Elle le rendit ensuite à Reaper. Attend... Replay ... Elle le rendait à REAPER !

J'ai voulu courir lui dire d'arrêter, reprendre ce foutu bâton, mais un vent violent m'a projeté en arrière quand Reaper a touché son bâton du bout des doigts. Nora a volé avec moi.

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