Partie 20 Lame maudite

Ma gorge fut nouée l'espace d'un instant. Je pleurais, encore une fois. Le jeune infirmier voletait en face de nous, il n'avait plus de pieds, il n'était plus que transparence. Son corps bougeait comme s'il y avait du vent, il grésillait comme les vieux postes de télévision. 

Robin étouffa un cri, et je vis des larmes lui monter aux coins des yeux. 

- Non ... l'entendis-je murmurer. 

Arthur s'examina, et en fut impressionné. Il n'était pas triste, non, juste impressionné. 

Moi, j'étais triste.  Ce n'était pas juste ... Un de plus qui mourrait à cause de moi ! Un ami, qui plus est ! J'allais revivre ce que j'avais vécu avec Élie, m'enfermer dans mes sentiments, ne pas les laisser déborder. Mais merde à la fin ! Arthur n'aurait jamais dû mourir ! 

- Y a plus urgent que moi, là ! dit le moine, impatient de nous dire ce qu'il voulait nous dire. Il faut que vous alliez récupérer une lame qui se cache dans la chambre d'Isallys. Sans ça, vous ne pourrez pas tuer ce monstre !

- Une ... lame ? le questionnais-je.

- Ouais, les prêtresses m'ont envoyé la chercher ! Lorsque j'ai dû te quitter précipitamment, c'était pour ça.

Je n'en revenais toujours pas d'avoir affaire à l'esprit de mon ami. C'était juste ... impossible ! 

Robin n'avait toujours rien dit, mais je voyais que la rage et la haine s'étaient immiscées en lui. Il jurait vengeance, et je le comprenais parfaitement. 

- Ça serait bien de vous bouger, parce que ce mec n'est pas parti pour longtemps ! précisa Arthur. 

Je pris Robin par la main et commençai à courir en direction de ma chambre. Ça avait l'air important, alors je pouvais bien faire abstraction du fait que je détestais courir ! 

- Elle a quoi de spéciale, cette lame ? demandai-je en courant. 

Arthur volait à côté de moi. 

- Elle est appelée "Lame maudite". Apparemment, l'âme du bourreau des enfers serait enfermé dedans. C'est trop cool, non ? 

Il paraissait tellement heureux alors qu'il était mort. C'était ... invraisemblable.

- Et elle sert à quoi, cette lame ? ai-je insisté. 

- C'est simple : elle peut détruire n'importe quel esprit. 

- Oh. Intéressant.

- Franchement intéressant, tu veux dire ! sourit Robin, content d'avoir trouvé l'objet de sa vengeance, je suppose. 

Jusqu'à ma chambre, je ne lui ai pas lâché la main. J'avais peur que, dès l'instant où je la laisserais, il disparaîtrait lui aussi. Ce n'était pas une idée à écarter. Tout était possible, maintenant. 

C'était effrayant. J'en avais la chair de poule. Une boule dans mon ventre s'était formée. Je ne pouvais pas, je n'avais pas le droit de le perdre aussi. 

Ma chambre était ravagée. Mon lit était à la renversé, le matelas était déchiré, le bureau était démembré. Tout avait été fouillé.

- Ils sont au courant, pour la lame ?! m'exclamai-je. 

Arthur eut l'air gêné.

- Eh bien, j'ai un peu cafté ... les décharges électriques, ça fait mal ! 

Et en plus, ils l'avaient torturé ! Le tuer ne suffisait pas, il fallait lui laisser des séquelles psychologiques ! Ils allaient payer ... 

Le moine s'en alla au plafond l'espace d'un instant, puis revint vers nous, un sourire lumineux sur le visage. 

- Elle est encore là ! Ils ne l'ont pas trouvé ! 

Robin me fit la courte échelle pour que j'atteigne le plafond. Je soulevait un carreau, glissai ma main à l'intérieur en essayant d'oublier la sensation de la poussière sur ma peau, et attrapai un paquet bien calé au milieu de fils. C'était un sac noir, léger.

Je le tirai à moi, faillis tomber une dizaine de fois avant de pouvoir le descendre. 

J'ouvris le sac sous les yeux impatients des deux garçons et en tirait un magnifique couteau, dont la lame était longue d'à peu près vingt centimètres. Des pierres précieuses rouges étaient incrustées dans le métal. Ça lui donnait un aspect :"je viens des enfers" plutôt cool. 

- Avec ça, on pourra défoncer Charlou, déclarai-je. 

- Charlou ? dirent-ils en chœur.

- Quoi ? J'ai bien le droit de donner un surnom au méchant, non ? 

Ils hochèrent la tête. Charlou, ça faisait moins peur je trouve. 

- C'est mignon, Charlou. J'aime beaucoup, dit une voix dans l'encadrement de la porte. 

Instinctivement, je cachai la lame derrière mon dos. En fait, c'était débile parce qu'il m'avait sûrement déjà vu. 

Charlou était de nouveau dans le corps du Dr Chevalier, qui portait cet habituel air las de tout. Derrière lui, j'aperçus Marie et d'autres infirmiers arborant tous la même tête. Du genre : "je vais te tuer". 

Je repensais à toute cette histoire. Tout le personnel était en fait mort ? C'était tous des esprits qui s'étaient emparés de leur cadavre ? Bizarre. 

Encore derrière, je distinguai la tête de mon presque-voisin de chambre, l'homme aux cris. Les pensionnaires aussi, ils étaient tous morts ? Quel pays, je vous jure ! 

Le Dr Chevalier alias Charlou alias Charles alias le monstre aux yeux rouges, faut arrêter de lui donner plusieurs identités ça devient long, avança vers nous. 

- Vous êtes pris. Jouer avec vous aura été amusant, mais ma soif de jeu est finie. Dommage pour vos têtes. 

Robin mit un bras devant moi. 

- Sers-toi de la lame, me chuchota t-il. 

Arthur s'était aussi rapproché, mais je sentais qu'il ressentait la présence de tous ces esprits, et ça le mettait mal à l'aise. 

Je sortis la lame, dont les pierres scintillaient. Pitié, que le bourreau ne sorte pas de la lame. Avec la poisse que j'ai, ça serait tout à fait possible. 

D'un coup, le Dr Chevalier s'effondra au sol. 

- Que ... ? dit Robin, avant de comprendre. 

Tous s'étaient effondrés. Les esprits étaient au-dessus des corps, nous fixant machiavéliquement. J'aimais pas ça. 

C'est alors que le mur droit de ma chambre s'effondra à son tour. Il fut défoncé, plus exactement. Des têtes que je connaissais bien en sortirent, l'air prêtes au combat. 

Charlou en fut choqué, ce qui était assez marrant. 

- Il à un problème, face de bouledogue ? dit Esméralda. 

Oui, des prêtresses étaient là. Esméralda avait ramené Reine et Élie, ainsi que deux autres dont j'ignorais les noms. 

Esméralda se plaça au milieu de la pièce. Elle brillait tellement, de rage sans doute, qu'elle faisait limite de l'ombre à Reine. 

- Je ne t'aime déjà pas ! Viens te battre, face d'huîtres ! 

Au moins, Esméralda n'insultait pas ma face en permanence en trouvant de nouvelles comparaisons. Pauvre Charlou. 

Au lieu de répondre à ce duel, Charles envoya ses sbires contre nous. À ce moment-là, je me suis dit que tout était perdu. Il y avait trop d'esprits pour seulement quelques prêtresses. Puis, je me rendis compte qu'Esméralda avait dû ramener l'élite. 

Je m'en suis rendu compte quand elles commencèrent à se battre, en fait. C'était tellement ... Waouh ! On aurait dit des lionnes enragées. Pourtant, je vis que Reine ne se battait pas. Était-elle trop vieille pour ça ? N'avait-elle plus la force ? Ou n'en avait-elle pas envie ? Ce qui était possible, le combat n'est pas quelque chose d'excitant pour tout le monde. Il l'était pour Esméralda en tout cas. Quant à Élie, elle semblait un peu réticente, mais elle devait sentir, si elle ne se battait pas, elle était morte. Enfin, de nouveau. 

- Vous commencez à M'ÉNERVER ! hurla Charles. 

Un immense coup de vent nous projeta tous en arrière, même les prêtresses. Sauf Reine, qui se tenait maintenant devant nous. 

- Nous avons besoin d'un plan. Nous nous retirons pour l'instant, annonça t-elle. 

- Qu ... 

- Pas de protestations, Esméralda. 

La jeune prêtresse baissa les yeux devant la grandeur de Reine. Cette dernière commença alors à briller comme jamais. Elle ne cessait de s'illuminer, et je dus me cacher les yeux ou je serais devenue aveugle. 

Et là, je ne compris plus rien. Des t'as de choses volaient autour de moi, les bruits étaient sourds, ma vue se brouillait, des flashs apparaissaient, j'étais tournée dans tous les sens. Et ma tête heurta enfin quelque chose. Le sol. 

----------------

Hey ! Juste pour vous dire, quand les esprits commencent à attaquer, j'écoutais Awake ans Alive, de Skillet, ça allait trop avec le moment ! Voilà, c'est tout !;) ^.^



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top