Partie 18 Esprits malveillants
Hey ! Je vous préviens que ce chapitre est assez long, je ne savais pas où le finir huehue :D Désolée pour les possibles fautes, je n'ai pas relu correctement, n'hésitez pas à me corriger !;)) ^.^
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Malgré le récit plus que troublant de Robin, je ne voulais pas le renier, j'avais fait pire. Bien pire. Sur le long terme, je veux dire. Oui, Robin a dérapé. Il le paye aujourd'hui. Ce qu'il a fait est loin d'être pardonnable, ce n'est pas ce que je dis. Je veux dire qu'il y a prescription, que son esprit est à jamais bousillé par cette histoire, et que sa punition est éternelle. Je pense que je n'ai pas besoin d'en rajouter en le reniant.
Je le pris dans mes bras. Une habitude chez moi, maintenant. Il parut surpris par mon geste.
- Tu ... tu ne t'enfuies pas ?
- Quand j'avais quatre ans, j'ai balancé un gamin de mon quartier sur la route quand une voiture passait parce qu'un esprit m'avait dit de le faire. Et puis, quelques jours plus tard, sa sœur m'a accusé de l'avoir tué, et ça m'a mise en rogne, alors je l'ai balancé du haut du sixième étage. J'ai réussi à faire passer ça pour un accident. Quand j'avais sept ans, j'ai roulé à vélo sur le chien du voisin parce que je n'aimais pas les bouledogues. À onze ans, je suis allé saccagé toutes les tombes du cimetière voisin, des esprits voulaient que ce soit plus joyeux alors j'ai acheté des bombes de peintures. Le maire m'a trouvé en train d'asperger la tombe de sa femme, il n'était pas ravi, alors je lui ai mordu le bras quand il a voulu me gifler et je lui ai balancé une pierre dans l'œil. Maintenant, il est aveugle d'un côté. À quinze ans, des filles de mon lycée me traitaient de sorcière, j'ai pas aimé. Je suis allée chez elles une par une et je leur ai coupé les cheveux pendant la nuit. On n'a jamais pu prouver que c'était moi. Et enfin, à dix-sept ans, j'ai planté un couteau dans l'œil du père de ma meilleure amie parce qu'un foutu esprit se trouvait devant lui. Qui est le véritable monstre, hein ?
Je n'avais jamais voulu balancer tout ça ! C'était sorti tout seul, comme si Robin m'avait inspiré une soudain confiance.
Toutes ces choses que j'avais faite, tout ça, je m'en voulais tellement. J'en voulais tellement à ma mère de m'avoir enfanté. J'aurais dû aller en prison, et pas dans un hosto comme ça. J'ai menti pour moi-même, j'ai menti à tout le monde. Je ne suis pas normale, je mérite tout ce qu'il m'arrive ! Tout est de ma faute, j'en paye juste les conséquences ! Je ne suis pas que "bizarre", je suis un monstre de foire !
Une putain d'héroïne de tragédie.
Je me dégoute. Toute ma vie, je ne l'ai bâti que sur un mensonge. Le rêve d'une foutue vie normale, mais ça ne peut pas arriver. J'ai fait des choses tellement horribles ... tellement ...
Maintenant, on était deux blaireaux pleurnichards dans une sorte de cave sinistre. Le tableau est sublime.
Nous sommes des épaves, échouées sur la mauvaise île.
Je ne sais ce qui est pire. Se dire que l'on mérite tous les malheurs qui s'abattent sur nous, ou se dire que l'on aurait pu éviter ça dès le départ.
Je ne sais plus ... je ne comprends plus rien ... m'avait-on donné une seconde chance pour prouver que je n'étais pas seulement une erreur de la nature ? Ou était-on en train de me punir pour toutes les actions horribles que j'avais faite ? Je ne sais pas ... Si seulement Nash était là. Mon dieu, faite qu'il vive heureux et qu'il m'oublie rapidement !
Soudain, comme pour me tirer de mes pensées, un souffle glacial dans le cou me fit frissonner. Robin releva la tête, et m'interrogea du regard.
Je lui fis signe de se taire, car j'entendais un chuchotement dans mon oreille. Un bruit sourd, comme si la personne murmurait et criait en même temps.
- Ils arrivent ... fuyez ... ils arrivent !
Je fis volte-face et tombais nez à nez avec Richard, le vieil homme à tout faire. C'était un esprit maintenant, il disparaissait progressivement.
- Quoi ? ... Richard ? dit Robin en reculant.
- Tu le vois ?!
Robin hocha la tête, terrifié et impressionné en même temps. Mais que se pas sait-il, bordel ?! D'abord cet asile inexistant, ces tarés qui ressemblent à des robots aux ordres du Dr Chevalier, le vieux Richard qui est mort, et maintenant Robin qui voit des fantômes !
- Ils arr ...
Richard ne put finir sa phrase, il partit dans une fumée blanchâtre. Il fut remplacé par une présence beaucoup moins sympathique. C'était un fantôme qui ressemblait trait pour trait au vieillard qui se cachait derrière le monstre aux yeux rouges. Ça ne pouvait ... pas être lui, n'est-ce-pas ? Les prêtresses l'avaient enfermé, non ?
- Surprise, gamine ?
- Ça ne peut pas ... être toi ...
Je tremblais, j'avais peur, j'aurais aimé que tout ceci soit un mauvais rêve. À côté, Robin ne comprenait plus rien, il était complètement largué. Il réussissait à les voir, tous. Il avait peur lui aussi, tout ça c'était nouveau pour lui. Mais, dans un instinct protecteur, il vint se mettre devant moi. Malgré toutes les choses que je lui avais révélé, il continuait à vouloir me protéger.
- Jeune protecteur, reste en dehors de ça, ton tour arrivera après, fit le fantôme, monstre ou je-ne-sais-quoi avec sa voix rauque.
- Qui êtes-vous ? se contenta de répondre Robin.
- Je suis un cauchemar. Je suis le Dr Chevalier. Je suis un songe, un magnifique songe ! Enfin, en réalité, je me nomme Charles. Un peu moins classe.
Le fameux Charles claqua des doigts. En une fraction de seconde, on était entouré par une multitude d'esprits.
- Mon dieu, c'est quoi tout ça ?! s'exclama Robin, plus très sûr de lui.
- Ça ? C'est un cadeau de bienvenue, je suppose, essayais-je de plaisanter.
Ça ne me faisait vraiment pas rire, en fait. Qu'allions nous faire ? On était encerclé, par des esprits qui plus est.
On allait vraiment mourir, cette fois-ci ? Non, les prêtresses viendrait nous secourir. C'était obligé, n'est-ce-pas ? Je commençai à douter. Je repensais à ce que m'avait dit Esméralda. Oui, j'en avais marre qu'on me sauve toujours les miches. J'en avais marre d'être la fille faible. Je voulais éveiller ces foutus pouvoirs qui, apparemment, étaient en moi.
Les esprits se rapprochaient doucement, comme si l'heure de ma mort n'avait pas encore sonnée.
Charles s'était "assis" sur une des machines du sous-sol, me regardant avec une lueur dans les yeux. Il chuchota quelque chose que je ne pus percevoir.
Les esprits nous sautèrent alors dessus. Je l'entendis crier, tandis que Robin me plaquait au sol, son corps sur le mien pour me protéger. Je sentis une vague de chaleur me submerger. C'était comme si j'étais sous un soleil doux mais brûlant. Mon corps entier résonnait. Mes doigts paraissaient en feu. Mais toute cett chaleur provoquait en moi un bien-être incommensurable. Ce n'était pas Robin qui me faisait cet effet quand même ?! Je me rendis compte que non, après coup.
Je me risquais à ouvrir un œil, et vis que tous les esprits autour de moi avaient disparu. Robin regardait la scène avec étonnement, et tournait la tête vivement dans tous les sens pour détecter la présence éventuelle d'un spectre.
- Que ... ?
Il ne comprenait plus grand chose à la situation.
Moi non plus, d'ailleurs. Ils avaient tous disparu. Tout était redevenu calme. Mais un calme extrêmement pesant, comme si c'était pire que le bruit de nos futurs tueurs.
Alors, au fond de la pièce, dans la pénombre, je distinguais une lueur verte.
- C'était toi ? demandais-je, en reconnaissant Esméralda.
La jeune femme était avachi sur une autre machine, et se limait tranquillement les ongles. L'air indifférent.
- Non, cette fois c'était toi. Fais attention, ou tu vas te faire bombarder par les paparazzi.
- C'était ... c'était moi ?
Sans blague ?!
- Faut que j'te le répète combien de fois ? Oui, t'en as terrassé la plupart, mais il reste l'autre là, comment il s'appelle déjà ... ?
- Charles, supposais-je.
- Ouais, voilà. Il s'en est tiré.
Purée, la seule fois où je déclenche enfin mon pouvoir, je loupe le plus important.
En tout cas, les prêtresses n'ont pas menti. J'ai réellement un pouvoir en moi ! C'est tellement ... waouh ! Je ne saurais jamais décrire ce sentiment. Je ressentais à la fois fierté et une toute-puissance étrange. Je me disais en fait que, ça y est, j'étais devenu quelqu'un. Quelqu'un d'indépendant qui pourrait se défendre seul. Qui pourrait provoquer la fierté chez les autres. Qui pourrait se débrouiller par ses propres moyens. Ce sentiment m'envahissait.
- Tu l'as fait ! Pétards de moine, tu l'as fait !
Robin venait de me prendre dans ses bras, l'air ravi. Il me félicitait, ou je rêve ?
Il avait l'air tellement heureux, tellement épanoui. Si cela le rendait content, alors ça c'était un bonus pour moi.
- Je l'ai fait, répétais-je.
- C'est ... magique ! Tu es extraordinaire, Lys !
Sans crier gare, il m'embrassa. Un baiser tendre, chaud. Un baiser nerveux et précipité. Un baiser inattendu, mais que j'attendais inconsciemment depuis si longtemps.
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