Partie 17 Secrets

Je sentis que la femme m'avait lâché, et je dois avouer que je suis tombée honteusement au sol. Je me suis écrasée au sol, en fait. Je n'en pouvais vraiment plus.

En relevant la tête, j'aperçus Robin qui cognait le crâne de l'homme contre le mur. À mes côtés, étendue sur le carrelage, la femme aux cheveux noirs avait été assommée grâce à un cadre photo.

L'homme aux cris tomba lourdement au sol, la tête ensanglantée.

Robin me souleva en faisant attention à mes griffures.

- Tu vas bien ? Tu peux marcher ?

- Oui, t'en fais pas. C'était juste deux tarés.

- Non, ce n'était pas juste deux tarés.

- Pardon ?

Robin me prit la main et m'entraîna à l'extérieur du bureau. Puis, il se mit à courir dans les couloirs en évitant tous les infirmiers et les malades. Ça y est, Robin aussi devenait mystérieux !

Nous nous arrêtâmes devant une porte, et Robin sortit de sa poche un trousseau de clé. Il en inséra une dans la serrure et nous descendîmes les escaliers jusqu'à arriver dans une pièce sombre, qui abritait tous les disjoncteurs et diverses choses inconnues. On se cacha derrière une énorme machine pleine de poussière. Robin inspecta un peu les environs du regard et souffla, signe qu'il n'y avait personne et qu'on ne nous avait pas suivi.

- Arthur s'est fait prendre, déclara Robin.

- Quoi ? C'est quoi ce bordel ?!

Robin prit un masque sérieux, tellement que ça m'effraya.

- Ils sont tous contre nous. Ils savent tous ce qu'on est, qui TU es.

- Qui "ils" ?

- Le personnel, les pensionnaires. Ils sont tous au courant.

- Pourquoi ils en ont après nous, alors ? Ils doivent savoir qu'on ne représente pas une menace !

- Ouais, va dire à une bande de cinglés convaincus d'une chose que ce n'est pas du tout ce qu'ils croient !

- OK j'ai compris. Et pour Arthur ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Il est où maintenant ?

Robin le pria de baisser le son, de peur que l'on ne nous entende, puis il prit une mine désolée.

- On était ensemble, on essayait de retenir le Dr Chevalier. Arthur m'avait informé de ton plan. D'un coup, on t'a entendu crier. À ce moment-là, le Dr Chevalier s'est mis à rire et un infirmier a injecté un sédatif à Arthur. Un autre a essayé de m'en injecter aussi, mais je l'ai évité de justesse. Et j'ai couru te retrouver. La suite, tu la connais.

Je soupirai. Qu'est-ce qu'il se passait ? Pourquoi tout un bâtiment qui n'est pas censé exister cherche à nous tuer ? Qu'avons nous fait ? Qui étaient réellement le Dr Chevalier et sa bande ?

- Ce bâtiment n'est même pas censé exister. Comment peut-il y avoir de la vie ici ?

Robin me regarda avec de grands yeux.

- Que veux-tu dire ?

- J'ai découvert un tas de documents qui montrent que cet asile a brûlé et a été fermé depuis plus de trente ans. J'ai pas eu le temps d'en voir plus, l'autre est arrivé. Je me demande comment tous ces pensionnaires se sont retrouvés là. Et puis, comment ma mère a-t-elle pu connaître cet endroit s'il n'existe pas ?

- En ce qui me concerne, j'ai été trouvé directement par le Dr Chevalier. Pour moi, il a toujours existé ! C'est impensable !

- Ouais, je sais. On s'est tous fait avoir.

On se perdit dans le regard de l'autre. Il me fixait et je le fixais. On essayait de comprendre comment tout cela avait pu être mit en place.

Robin descendit son regard sur mes bras, et posa délicatement sa main sur ma peau.

- Comment vont tes blessures ?

- Ça a arrêté de saigner, c'est cool.

- Je suis navré de ne pas être arrivé avant.

- Ne t'excuse pas pour ça. Tu es venu, au final. Et je ne suis toujours pas morte !

Robin acquiesça.

Je me perdis dans mes pensées. Des pensées que je récitais à voix haute sans m'en rendre compte.

- On est coincé, on arrivera jamais à partir d'ici s'ils sont tous contre nous, soufflai-je.

- Peut-être. Mais je n'irais sûrement pas me jeter dans la gueule du loup. Qu'ils viennent me trouver, ils devront me tuer immédiatement car je n'abandonnerai jamais la lutte. Je suis sûr qu'ils vont utiliser Arthur comme un appât, mais je ne cèderai pas. Je sais qu'Arthur préférerait mourir que d'être considéré comme un faible otage.

Je hochai la tête.

- Bon esprit, protecteur.

- Protecteur ... ricana t-il. La vie peut être drôle, quand elle veut. L'assigner un tel titre ...

- Pourquoi tu dis ça ?

Je pense que le moment était venu de raconter nos vies. On n'avait que ça à faire, de toute façon, en attendant un combat épique. Mon corps en tremblait de peur, mais j'essayais de le masquer. Si je montrais à Robin que j'étais terrifié, il me protégerait deux fois plus, et je ne voulais pas ça. Je voulais qu'il pense d'abord à sa survie. S'il meurt, qui sera là pour moi ? Alors que si JE meurs, il sera libéré d'un poids et pourra peut-être s'enfuir.

- Je n'ai pas envie de passer pour un monstre à tes yeux.

- J'en ai vu plein, des monstres, tu n'as pas du tout la carrure. Tu peux tout me dire, au point où on en est.

Robin regardait dans le vide, son esprit semblait chercher ses mots.

- C'était il y a une dizaine d'années, je crois. Ma mère ... non, mon père rentrait tard les soirs. Ça énervait maman, elle disait toujours que c'était sa faute si on vivait mal ... si ELLE était mal dans sa peau. Elle disait qu'il ne la chérissait pas assez ... elle disait que je ne pouvais pas le remplacer, que je n'étais rien comparé à lui. Quand mon père rentrait, je l'attendais, tout comme ma mère. Alors, il me prenait dans ses bras et me souriait. J'aimais ce sourire, parce qu'il m'était destiné. C'était rien que pour moi qu'il souriait le soir.

Il marqua une pause pour observer l'entrée. Je pense qu'il voulait surtout mettre ses idées en ordre. Il reprit :

- Ma mère était jalouse et je subissais cet état d'esprit à chaque fois que je la voyais. Elle me lançait des regards meurtriers, des menaces, parfois des coups.

Robin s'arrêta une nouvelle fois, afin de calmer sa respiration. Il semblait revivre ces scènes là, et je m'en voulais de l'avoir forcé à remonter dans ces moments douloureux.

- Un soir, on attendait papa comme à l'habitude. Mais maman n'était pas pareille. Quelque chose la tracassait. Quand je lui ai demandé ce qui la rendait nerveuse, elle m'a répondu : "Toi, c'est TOI qui m'énerves !" puis elle m'a sauté dessus. Elle a voulu ... me tuer ... elle a ... elle a mis ses mains autour de mon cou et elle a serré ... j'étouffais ... j'étouffais tellement ... j'avais tellement peur ...

Robin respirait de plus en plus vite, comme s'il revivait cette strangulation. Il commençait à pleurer. Je n'aurais jamais cru qu'il portait un tel secret.

Je lui mis ma main sur son épaule, et il eut un frisson. Il se tourna vers moi, la peur se lisait dans ses yeux.

- C'est fini, tu n'as plus rien à craindre maintenant, lui ai-je chuchoté.

- Si ! Tu ne comprends pas ! Elle me hantera toujours, comme mon père ! Quand elle a commencé à m'étrangler, j'ai ... je lui ai planté un couteau de cuisine dans le ventre ... elle était déjà morte et pourtant ... pourtant j'ai continué à frapper ... son sang ... il y en avait partout ! Je l'a tuai, encore et encore, sans m'arrêter, et j'aimais ça ! Alors, quand papa est rentré ... quand je l'ai aperçu dans l'encadrement de la porte ... quand j'ai vu son air horrifié ... je lui ai lancé le couteau à la figure ! Mort instantanée !

Robin pleurait à chaudes larmes et riait nerveusement. Il se balançait d'avant en arrière. Son regard s'était perdu dans le vide, son esprit semblait éteint. Il y avait juste cette espèce de poupée balancier.


——————

Hey ! Juste une note d'auteur inutile !(tiens, ça change)

D'abord, merci de continuer à lire cette fiction, ça me fait super plaisir !! Merci de votez, de commentez, tout ça, merci !!<3

Lorsque Prêtresses sera terminée, je commencerai une nouvelle fiction, pour l'instant ça penche vers Pseudo-Cambrioleur ! Allez voir INFORMATIONS pour plus ... d'informations x')

Bisous bisous ! ^.^

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top