Partie 13 Tensions
Finalement j'ai le temps de poster aujourd'hui ! Donc voilà, tadaa ! :)
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Je ne sais combien de jours étaient passés. Je n'avais plus aucune notion du temps. Pas seulement dans cette maudite chambre, dans l'asile entier. Depuis combien de temps étais-je cloîtrée ici ? Depuis combien de temps pourrissais-je ici ? Bonne question, encore une fois sans réponse. Je commencerais bien à m'y habituer.
Un matin, ou un soir, en tout cas dans une journée, le Dr Chevalier vint me sortir de cette prison, m'enleva la camisole et me sourit tendrement pour me dire que je n'avais rien fait, que c'était une erreur de jugement. D'après ce que j'avais compris, je n'aurais jamais eu assez de force pour décapiter un homme de cet envergure. Belle explication, surtout que maintenant je m'imaginais en train de découper un homme. Je vous conseille de ne jamais le faire, c'est répugnant.
Lorsqu'on me remit dans ma chambre de départ, ma chambre sans vie qui semble chuchoter sans arrêt, Arthur m'attendait. Je me couchais sur mon lit, et il vient près de moi. Il n'avait pas de médicaments, ce qui voulait dire qu'il voulait parler, ou juste me regarder divaguer, comme Philippe regardait Aurore quand elle dormait.
- Je suis sûre que tu as plein de questions à poser, soupirais-je.
- Oh que oui !
Devant son air impatient, je pris une position confortable sur mon matelas et lui dit que j'étais prête à recevoir ses interrogations.
- C'était bien à l'extérieur ? Tu as vu une prêtresse dehors ? C'est possible si elle venait ramasser l'âme de ce mec. À moins qu'il était mort depuis longtemps. Il était mort depuis longtemps ? Comment il est mort, au fait ? On n'a pas voulu me le dire. Comment tu m'as découvert ? Je crois que tu as développé un instinct qui détecte les cadavres, d'abord Élie, maintenant ce type ... d'ailleurs, c'était qui ce type ?
- Jamais tu t'arrêtes de parler, ai-je gémi.
Miraculeusement, Arthur s'était tu. Le silence qui emplissait mes oreilles étaient si réconfortant que j'y serais resté pendant des heures. Quand je relevai la tête pour observer Arthur, je fus plus que surprise de découvrir Esméralda derrière lui. Elle avait les deux mains sur le crâne du moine, et celui-ci avait les yeux verts scintillants, comme s'ils étaient prêts à exploser en feux d'artifices.
J'examinai Esméralda. Elle avait l'air en forme, malgré son combat contre ce monstre bizarre, appelé spectre maléfique dans le jargon prêtresses.
Que s'était-il passé d'ailleurs ? Avaient-elles emprisonné ce truc ?
- Euh ... Salut, Esméralda ! Tu te souviens de moi ? Tu es sortie de mon ombre il n'y a pas très longtemps.
La prêtresse tourna ses yeux vers moi. Elle paraissait tellement en colère, tellement haineuse que je me demandais si c'était moi qui causait ce trouble psychique.
- Si c'est pas notre prêtresse favorite ! s'exclama t-elle ironiquement. Les tee-shirts à ton effigie font un carton à prêtresse-land !
- Ne te moques pas de moi, je n'ai rien fait ...
Elle me coupa net.
- Justement ! Justement, tu n'as strictement rien fait ! N'es-tu pas censé être la prêtresse dorée, la plus puissante, la plus majestueuse de nous toutes ? N'es-tu pas censé te battre avec tes consœurs ? J'ai perdu onze de mes camarades en essayant d'enfermer la chose qui TE poursuivait pendant que tu prenais des vacances ! Alors oui, tu n'as rien fait, et c'est ça mon problème.
Esméralda ne me laissa pas le temps d'argumenter mon point de vue, elle disparut dans une poussière verte. Dans le même temps, Arthur retrouva ses esprits et me regarda tout joyeux.
- J'ai une nouvelle mission, il faut que je te laisse ! Mais tu n'as pas intérêt à oublier, je veux tous les détails !
Arthur me laissa lui aussi.
Ce qui est bien, c'est que dès que des tas de questions traversent mon cerveau, plus personne n'est là pour me faire oublier qu'elles sont présentes dans ma tête. Personne n'est là pour me changer les idées. À croire qu'ils savent précisément quand ma réflexion est à son comble et qu'ils me laissent seule pour que je me torture l'esprit pendant une nuit entière, voire plus. J'aime. C'est cool.
En tout cas, je savais dorénavant que les prêtresses avaient réussi à enfermer la pourriture qui avait tué Élie !
Pour compléter ma magnifique journée, ma mère vint -enfin- me rendre une petite visite. Lorsqu'elle est entrée dans ma chambre de luxe, elle a poussé un large soupir et m'a regardé tristement, comme pour me plaindre. C'était un don qu'elle avait acquis au fur et à mesure dans son travail. Les regards compatissants, la peine retranscrit dans les yeux, la pitié, elle excellait dans le domaine de l'hypocrisie. Oui, même avec ses enfants. C'est fou, non ? Le pire, c'est qu'elle croit encore que nous la croyons sincère ! Mais j'ai appris à l'observer derrière ses grands airs. Le seul vrai regard empreint d'un vrai désespoir, c'était quand mon médecin généraliste a dit que j'étais folle. Comprenez bien, dans son milieu c'est une vraie tragédie d'avoir enfanter un tel bébé, c'est très mal vu, la réputation baisse. Elle a eu extrêmement peur des conséquences, mais tous ses collègues ont été faussement cléments, donc elle a été faussement une mère préoccupée.
Je la regardais poser ses affaires sur mon bureau, enlever délicatement son long manteau noir, puis remettre ses cheveux bouclés en place. Ensuite, elle vint s'asseoir à mes côtés sur le lit.
Elle me fit un large sourire qui se voulait rassurant.
- Alors, chérie, comment ça se passe ici ? Ressens-tu un ... changement ?
- Je suis toujours tarée, si c'est la question, ai-je répondu, de manière plus sèche que je ne l'aurais voulu.
- Je vois ... Ne t'en fais pas, tu guériras ! Ce n'est qu'une question de temps.
- Ou d'enfermement.
Je la toisais d'un regard mauvais. Si seulement ça pouvait la faire réagir. Si seulement je pouvais quitter ce Calvaire !
- Chérie, que s'est-il passé ?
- Comme si tu n'étais pas au courant ! La presse n'a pas dû arrêter d'en parler. J'espère que ça n'a pas trop "salit" ton nom, ça me ferait de la peine !
Pour la première fois depuis des siècles, ma mère paraissait réellement sincère. Je veux dire, vraiment vraiment sincère ! Elle cherchait incontestablement à savoir la vérité.
- Arrête de faire l'ignorance ! m'emportais-je. Ne me dis pas que tu n'es pas au courant pour les deux morts ?
La figure de ma mère se décomposa. Je crus un instant avoir affaire à un troisième cadavre. À ce rythme-là, je pourrais entrer dans les forces de police en tant que chercheur de macchabées.
Elle laissa même échapper un petit cri aigu. Elle me dévisagea pendant plusieurs secondes, qui parurent une éternité, la bouche ouverte et les yeux écarquillés, puis elle prononça enfin quelques mots avec une voix déchirée.
- C'est quoi ... cette histoire ?
Une pause. Elle se leva, abasourdie. Je fronçai les sourcils. Étais-ce donc pour cela que la police n'était pas venue ? L'asile avait caché ces morts au monde ? Pourquoi ? Pour la réputation du Centre ? Parce que ces morts n'étaient pas importantes ?
- Tu ne dois pas avoir assez de médicaments, je vais parler de ton état au Dr Chevalier, il saura quoi faire ! décréta ma mère.
- Je ne suis pas folle, maman ! criai-je en me levant à mon tour.
- Comment expliques-tu les choses que tu étais la seule à voir, alors ? Le fait que tu nous parlais constamment d'une présence étrangère dans la maison ? De bruits que tu étais la seule à percevoir ? Tu es folle, ma fille, un point c'est tout ! Tu resteras ici à vie s'il le faut, mais tu ne rentreras pas tant que ces délires ne te seront pas passés ! dit-elle sur le même ton que celui que j'avais employé.
- Papa m'aurait cru, lui !
- Ton père est mort et enterré ! Il n'a plus aucun pouvoir dans notre famille ! JE décide !
- Comment peux-tu avoir ce genre de pensées ? Et Nash, n'a-t-il rien à dire lui aussi ? Je suis sûre qu'il t'aurait empêché de me faire ça si tu ne l'avais pas envoyé en Amérique de force !
- Ton frère n'aurait rien eu à dire ! Je dirige cette famille, je TE dirige, c'est compris ?
J'eus un rictus moqueur.
- Tu te crois toute puissante. Tu verras bien le jour où je ferais en sorte que tu te retrouves tout en bas de l'échelle et que tu pourrisses dans ta misère. Tu ne me connais que sous mes beaux jours, maman, tu n'as jamais vu mon côté vengeresse.
- Suffit ! J'en ai marre de ces sottises ! Tu vas la fermer maintenant !
Elle prit ses affaires en urgence et fit claquer la porte.
Est-ce que je me vengerais d'elle ? Sûrement. Mais peut-être pas jusqu'à la mettre dans la misère totale. Je verrais bien. De toute façon, il faut d'abord que je sorte d'ici. C'est mon nouvel objectif à partir de cet instant. Je ferais tout pour sortir, quitte à mentir sur ce que je vois. La libération ne tardera pas.
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