Marché



Troisième jour chez les Uchiha – 7 :20

— Ma famille me manque…

Hinata préparait le thé avec une mine toute triste. Elle n'avait jamais eu pour but de séduire le Uchiha de toute façon. Elle était juste venue parce que son père l'y avait obligé. Cependant, il lui avait dit qu'il n'était pas nécessaire de se marier avec un Uchiha, et qu'il était obligé de l'envoyer parce qu'il ne voulait pas avoir de problèmes avec eux. Pourtant, Hinata appréciait de plus en plus l'héritier, et avait vraiment peur de tomber totalement sous son charme. Car si jamais c'était le cas, il n'y aurait pas de retour en arrière.

— Courage, Hinata. Il ne nous reste que quatre jours, et après tu seras libre. –la rassura Sakura sur un ton maternel.

— Oui,… tu as raison.

Shizuru rentra en trombe dans la cuisine, paniquée. Ses cheveux étaient défaits, et son obi mal attaché. Elle posa son regard châtain sur Hinata et fit :

— Hyuga-san…. ! Votre cousin est là !

Hinata la fixa quelques instants, le temps que l'information lui monte au cerveau.

— P-pardon ? Neji-nii-san ?

— Oui, Neji Hyuga-san ! Préparez lui également le thé, il faut que ce soit prêt dans cinq minutes !

Et Shizuru disparut de la cuisine, comme une tornade. Hinata resta planté là, encore surprise.

— Mais… pourquoi est-il là ? Il va causer de t-très gros problèmes s'il apprend que je suis une domestique ici ! –s'exclama Hinata, paniquée.

— Mais c'est une très bonne chose Hinata ! Peut-être que grâce à lui, on cessera de préparer les repas, de nettoyer les tatamis et de faire le linge ! –fit Sakura, heureuse d'être enfin libérée et se hâta de préparer le thé de Neji.

— C'est vrai mais… Neji-nii-san va être très… très en colère…

Neji Hyuga attira immédiatement l'attention lorsqu'il pénétra dans le village des Uchiha. Les femmes murmuraient et rougissaient à son passage. Oui, le génie du clan Hyuga était beau, et dégageait un certain charisme. Neji s'inquiétait réellement pour sa cousine. Dès le début, il avait été totalement contre cette idée. Cette histoire de passer une semaine chez les Uchiha l'horripilait. Il n'aimait pas les Uchiha, et encore moins leur héritier avec son air arrogant et agressif. Il ne convenait pas à sa douce et belle cousine. Il avait alors décidé de lui rendre visite, afin de voir comment elle allait. Il avait entendu dire que l'héritière des Haruno avait également été conviée, ce qui l'avait plutôt rassuré. Au moins, Hinata n'était pas seule.

Shizuo annonça la venue de Neji dans la salle :

— Hyuga Neji-sama.

Le cousin de l'héritière rentra dans la pièce, où se trouvaient déjà les deux fils du clan Uchiha. Ils s'inclinèrent tout trois pour se saluer, avant que Sasuke ne prenne la parole :

— Nous sommes ravis de vous accueillir Hyuga-san.

— C'est plutôt moi qui suis honoré d'être là. –répliqua le jeune Hyuga, avant de s'asseoir près de l'héritier.

Les deux hommes se détestaient. Cette conversation dégoulinait d'hypocrisie et d'étiquette. Ils n'avaient pas vraiment le choix, ils ne pouvaient pas déclencher de guerre entre eux.

— Vous devriez venir vous entraîner avec moi, un de ces jours. –proposa Sasuke.

Neji Hyuga, communément appelé « génie du clan Hyuga », avait depuis longtemps intéressé le jeune Uchiha. Et vice-versa.

— Quand vous voulez, Uchiha-san. Sinon, où est Hinata-sama ? –demanda le jeune homme.

— Patientez juste quelques minutes.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Shizuru rentra dans la pièce, accompagnée des deux héritières. Neji, en voyant le kimono de domestique que portait sa cousine, et la tasse qu'elle avait, écarquilla les yeux, avant de dire, sur un ton très menaçant :

— Uchiha-san, pouvez-vous m'expliquer ce que fait Hinata-sama, héritière du clan Hyuga, portant un kimono de domestique ?

— Mère veut tester ses capacités en tant que future femme du chef du clan. –répliqua calmement l'héritier, buvant sa tasse de thé.

— Ses capacités de quoi ? Savoir préparer un thé ? Nettoyer le plancher ? Hinata-sama, levez-vous, on rentre. –ordonna aussitôt Neji, en se levant.

— Shizuru, appelle Mère immédiatement !- fit Itachi, paniqué.

Elle obéit aussitôt, se dépêchant de sortir de la salle, où l'atmosphère était insoutenable.

— Uhm… Neji-nii-san… tout va bien, ne t'inquiètes pas… tu-

— Il est hors de question que vous soyez traité en tant que domestique. En tout cas, tant que je serais vivant !

Hinata jeta un regard à Sasuke, qui ne réagit absolument pas, et qui continuait tranquillement à boire son thé. Elle fut blessée de voir que cela lui importait peu qu'elle quitte cet endroit. Vexée, elle se leva, et fit :

— D'accord, Neji-nii-san. Je rentre. Je ne suis..., -elle hésita-, je ne suis pas intéressée par ce projet de mariage.

Au même moment, Sasuke posa son verre en porcelaine violemment sur la petite table devant lui.

— Hinata-san fait partie de la famille Uchiha depuis le jour où elle a posé les pieds ici, et ce, jusqu'à la fin de cette semaine. Vous n'avez pas le droit de la faire quitter notre village. –fit l'héritier, calmement.

— Uchiha-san, le nom de famille d'Hinata-sama est HYUGA, H-Y-U-G-A. Or, cela veut dire que bien qu'elle ait posé les pieds ici temporairement, elle reste un membre du clan Hyuga, et son futur chef. –rétorqua le cousin, toisant l'héritier.

— Ara, ara…. –fit une voix mélodieuse.

Au seuil de la pièce se trouvait Mikoto Uchiha, fière maîtresse du même clan. Vêtue cette fois-ci du kimono traditionnel des Uchiha, elle s'avança, adressant un doux sourire à Neji.

— Bonjour, Hyuga Neji-san. Je suis honorée de pouvoir rencontrer le « génie » du clan Hyuga.

Ce fut très discret, mais Hinata remarqua les joues de Neji rosir légèrement.

— Bonjour Mikoto-sama… Je suis également très honoré.

— Bien, que se passe-t-il donc ? –demanda-t-elle.

— Mikoto-sama, Hinata-sama est l'héritière du clan Hyuga. C'est inacceptable de la traiter comme une domestique. Je pense que cela vaut également pour l'héritière du clan Haruno.

— Hyuga-san, vous avez raison. Qu'est-ce qu'une maîtresse de clan pour vous ? –fit la mère, toujours avec son doux sourire.

— … C'est… Elle est la femme du maître, et le représente quand il est absent… ?

Tous les autres assistaient à cette scène, ne comprenant pas trop où voulait en venir Mikoto. Mais elle semblait avoir un tel sang-froid qu'ils ne s'inquiétaient pas réellement. D'ailleurs, elle rit légèrement à la réponse donnée par le génie.

— Vous avez raison, Hyuga-san. Mais ce n'est pas seulement ça. Une maîtresse de clan est le pilier du clan. Elle ne doit pas être une petite princesse oisive, qui ne connaît rien, ni aux tâches ménagères, ni aux combats. Le fait d'avoir réduit le rôle de nos jeunes prétendantes, ce n'est pas pour les humilier. Ce n'est pas mon intention. C'est pour leur forger un caractère, et leur faire comprendre que le monde ne se résume pas aux bains aux pétales de roses, et aux huiles essentielles. Si vous pensez que ma façon de faire n'est pas bonne, alors je vous prie de m'excuser.

Tout le monde resta en admiration devant le discours fait par la maîtresse du clan Uchiha, à part Sasuke qui finissait sa tasse de thé.

— Je vous prie de m'excuser, Mikoto-sama, d'avoir douté de vos méthodes. –fit Neji, en s'inclinant, convaincu par l'explication donnée par Mikoto.

— Voyons, jeune homme, ne vous inclinez pas. C'est tout à fait normal de réagir ainsi, si vous ne l'aviez pas fait, je me serais inquiétée. Cela prouve également à quel point vous aimez votre cousine. –répliqua-t-elle.

Neji sourit doucement. Hinata n'était pas sa cousine, mais sa précieuse petite-sœur, qu'il devait protéger à tout prix.

— Vous avez tout ce chemin pour venir la voir n'est-ce-pas,- elle posa son regard sur Hinata-, allez donc passer du temps avec votre cousin. Shizuru et Haruno-san s'occuperont du reste.

Le village du clan Uchiha avait une magnifique fontaine, devant laquelle se trouvait un banc en acajou. Hinata y emmena son cousin pour qu'ils puissent s'asseoir et discuter. C'était un endroit isolé, où personne ne viendrait les déranger.

— Aimez-vous votre vie ici, Hinata-sama ? Ne me cachez rien, s'il-vous-plaît.

— Je… Au début… Uchiha-san me faisait très peur… Mais il m'a sauvé lors d'une attaque ouverte du clan Fujiwara… En fait il est… il n'est pas méchant. C'est juste qu'il ne veut pas montrer ses sentiments, car pour lui c'est synonyme d'être faible. C'est dommage… -expliqua Hinata en regardant le trajet de l'eau dans la fontaine.

— Alors, si jamais il vous choisissait pour être sa femme, vous… accepteriez ?

— … Haruno-san l'aime, depuis le début. Je n'ai pas le droit… de le lui « voler ».

— Donc ça vous irait de le perdre ?

Une question que Hinata avait peur de se poser. Et voilà que son cousin la confrontait à la réalité. Elle réfléchit longuement, le regard rivé vers le sol. Etait-il devenu important dans sa vie, au point de regretter sa présence ? Elle balbutia ces quelques mots :

— … Je… je ne sais pas...

Neji remarqua que les yeux de l'héritière, qui s'étaient assombrit.

— … Donc vous allez abandonner ?

— Je doute qu'Uchiha-san me choisisse, et même si par miracle il le fait, je refuserais. Pour Haruno-san. Sinon… Comment va Hanabi ?

Hinata changea rapidement de sujet, ne voulant pas vraiment aborder ce sujet sensible.

— … Hanabi est très triste de ne plus vous avoir autour d'elle, et attends avec impatience la fin de la semaine. Elle ne mange plus autant, et a dit qu'elle le ferait que quand vous reviendrez…

— Hanabi me manque terriblement aussi… Toi aussi, nii-san…

Et les larmes d'Hinata coulèrent. Neji se contenta de poser sa main sur la tête d'Hinata, affectueusement :

— Vous aussi, vous nous manquez. La seule chose que je vous demande, c'est de ne pas vous blesser. Car je vous connais très bien, et vous êtes le genre de personne à vous soucier des autres avant vous-même.

— ….

Hinata venait tout juste de saluer son cousin, qui repartait au village des Hyuga. Elle se dirigea vers le bâtiment des domestiques, dans lequel elle vivait. Après avoir vu Neji, elle avait eu envie de repartir avec lui, ne voulant pas se blesser encore plus. Seulement, elle ne pouvait pas. Elle regardait par terre, perdue dans ses pensées. Etait-elle amoureuse de Sasuke ? Elle n'en était pas certaine, elle l'appréciait bien plus qu'il ne le fallait. Le voir indifférent à son départ l'avait vexé. Est-ce-que c'était ça ? Est-ce-que le fait que son cœur s'excite à chaque fois qu'il s'approche d'elle était une preuve qu'elle l'aimait ? Ou encore, quand elle sentait son odeur ? Aussi tête en l'air qu'elle était, elle se cogna contre quelque chose de dur. Elle failli tomber à la renverse, mais une main passa derrière ses épaules afin de l'en empêcher.

— U-Uchiha-san… Je suis désolée ! –fit la jeune fille, toute rouge.

Sasuke Uchiha la fixa un instant, et remarqua ses yeux rougis par les pleurs.

— Vous tombez au bon moment, Hinata-san. Etant donné que tous mes domestiques sont occupés, et qu'Haruno-san a été chargé de classer certains documents, et que vous êtes la seule de libre, accompagnez-moi. –ordonna-t-il, avant de passer à côté d'elle.

Hinata ne comprit pas tout de suite, mais obéit, en le suivant, un peu derrière lui, car étant une domestique, elle n'avait pas le droit d'être à ses côtés. L'endroit où il l'avait touché la brûlait, et le vent portait sa délicieuse odeur de menthe aux narines d'Hinata. Son cœur battait bien trop fort, mais elle essaya de paraître la plus impassible possible. Tous les villageois les regardaient, curieux. Notamment les cousines, qui ne purent s'empêcher de toiser la jeune héritière. Celle-ci se demandait où il l'emmenait, car ils avaient franchis les limites du village des Uchiha. Allait-il chasser ? En effet, ils marchaient maintenant dans un bois, qu'elle trouvait un peu sombre et effrayant. Elle n'osa pas poser de question, de peur de l'énerver. Il s'arrêta soudainement, et Hinata manqua de le cogner une seconde fois.

— Nous voici.

Devant eux s'étendaient des orchidées roses, violettes, bleutés à perte de vue. A droite se trouvait un petit lac, comportant un ponton rouge pour le traverser. Le soleil rendait encore plus beau l'endroit, et Hinata ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux et d'admirer la beauté du paysage.

— Magnifique… -murmura-t-elle.

Elle vit même des lapins courir au milieu des fleurs, et un petit lapin noir se dirigeait vers elle. Elle jeta un coup d'œil à l'Uchiha, qui regardait ailleurs, et en profita pour se baisser et caresser le petit lapin noir. Il était minuscule, et l'héritière avait vraiment envie de le prendre avec elle.

— Vous aimez les lapins ? –demanda le jeune homme.

Hinata fut surprise par la question qu'il lui avait posé. Sasuke Uchiha parlait de lapins !

— Uhm… oui… j'aime beaucoup les animaux… Quand ma petite sœur n'était pas encore née, je passais beaucoup de temps avec les lapins de mon jardin…

— … Vous voulez prendre celui-là ?

Hinata leva les yeux vers lui, encore plus surprise.

— Huh ?...

— Oui, je parle bien de ce lapin, le noir.

— C-C'est vrai ? Je peux ? –demanda Hinata, les yeux brillants.

— Oui. –répliqua-t-il, en détournant la tête.

— Uchiha-san… merci infiniment ! –s'inclina la jeune demoiselle.

— Hn…

— Il faut lui trouver un nom… je vais l'appeler… mm…, -elle prit le lapin dans ses bras-, … Oui, je sais, … Kuro!

— Kuro… ? Pas très original.

Hinata rougit, embarrassée, tout en posant son regard sur la petite boule de poil. Elle estima qu'il n'était qu'un bébé, vu sa taille. Elle caressa doucement son dos, et celui-ci réagit en plissant les yeux. « Il est vraiment trop mignon… ! »

— Bien, rentrons maintenant.

— Uh ?

— Il y a un problème ? –demanda le jeune homme.

— N-non…

Ils firent donc le chemin inverse. Hinata marchait toujours un peu en retrait. C'était nouveau et assez étrange pour elle qui avait l'habitude de marcher devant. Elle remarqua que Sasuke avait des épaules larges, accentué par le kimono traditionnel bleu marine qu'il portait. Voir ce dos lui donnait un sentiment de sécurité qu'elle ne pouvait pas décrire. Maintenant qu'elle y pensait, pourquoi était-il venu ici ? Il s'était juste contenté de regarder les fleurs, et n'avait même pas pris la peine de traverser le lac. Elle trouvait Sasuke difficile à cerner. Il était soit étonnamment gentil, soit vraiment blessant.

— Vous vous sentez mieux ?

Sa question la tira de sa rêverie, et elle bredouilla :

— Uhm… ou-oui…

C'est alors qu'elle réalisa : il voulait lui remonter le moral, après la visite de son cousin. En se rendant compte de ses réelles intentions, Hinata sentit une chaleur envahir son cœur, et un doux sourire se dessina sur des lèvres :

— Uchiha-san….

— Hn ?

— Merci infiniment… vous êtes v-vraiment gentil….

Sasuke l'observa du coin de l'œil, et arqua un sourcil :

— Vous m'aviez pourtant dit hier que vous me détestiez, et que j'étais dégoûtant.

— … V-veuillez me pardonner, Uchiha-san ! J-Je ne voulais vraiment pas vous blesser… J'ai dit ça… parce-que j'étais en colère… -fit la jeune fille en s'inclinant.

Ce qui se passa par la suite la choqua. Sasuke Uchiha émit un petit rire. Hinata leva promptement la tête, pour voir son visage illuminé par un sourire amusé. Et elle rougit. Qu'il était beau, avec son sourire. Qu'il avait l'air avenant, comme ça ! Son cœur battait très fort de sa cage thoracique. Ce n'était plus un battement de cœur gêné, ou apeuré. Non, c'était différent. Et Hinata en étant consciente.

— Vous êtes vraiment étrange comme femme, Hinata-san.

Sur ces paroles, il regarda devant lui, reprenant son visage froid. Hinata regretta que ce moment n'ait pas duré plus longtemps. Il devrait sourire plus souvent, ça lui va bien.

Ils arrivèrent au village rapidement. Ils franchirent les portes principales du village sous les regards indiscrets des gardes, notamment vis-à-vis du petit lapin noir que portait Hinata dans ses bras. Ils passèrent devant la magnifique fontaine, et se dirigèrent vers le bâtiment principal, où justement attendait Itachi, en dessinant sur le sol avec des cailloux.

— Ah, Sasuke ! Oh… Hyuga-san ! –s'exclama Itachi, les yeux brillants à la vue de la jeune héritière.

Sasuke soupira, avant de regarder son petit-frère :

— Qu'y-a-t-il ?

— Père est dans une colère noire. Il était en train de pester contre toi et-

— Sasuke !

Hinata vit Sasuke se raidir à la voix du chef, Fugaku Uchiha. Il marchait vers le trio, et à ses yeux, on pouvait voir sa colère. Même Hinata recula légèrement.

— Oui, Père ?

— Tu n'as pas fini d'écrire le traité, et tu t'en vas te promener ? Tu penses que c'est comme ça que tu vas pouvoir gérer le clan ? –demanda sur un ton ferme le chef du prestigieux clan, fixant son premier fils.

Hinata se sentait affreusement mal. Sasuke se faisait réprimander à cause d'elle. Tout ça, c'était de sa faute.

— Veuillez m'excuser, Père. –fit le concerné en s'inclinant.

Non… Ne vous inclinez pas… Tout cela est de ma faute ! Je suis désolée ! Pardonnez-moi ! Si seulement je n'étais pas un fardeau…

Fugaku observa son fils pendant quelques instants, avant de lever les yeux au ciel et de soupirer :

— Pardonne moi pour m'être emporté, Sasuke. Allons-y, nous devons terminer ce traité. –fit aussitôt Fugaku, en posant sa main sur l'épaule de son fils, avec un petit sourire.

— Oui, Père.

Sasuke s'en alla, avec son père, laissant Itachi et Hinata seuls. Cette-dernière se demandait si le chef du clan Uchiha n'était pas bipolaire sur les bords, pour changer aussi vite d'humeur.

— Père aime beaucoup Sasuke. Il n'est pas très rancunier, du coup il pardonne vite. –expliqua Itachi, devinant ce qu'Hinata pensait.

— Oh, je vois… -fit la jeune demoiselle.

Sasuke et Fugaku se dirigèrent vers ce que les Uchiha appelaient communément la « Salle des Traités ». Elle se trouvait évidemment dans le bâtiment principal, et était gardée par plus de cinq gardes. En effet, dans cette pièce se trouvait rangés tous les documents confidentiels appartenant au clan, notamment les grandes ordonnances et traités passés entre les clans. Seuls y étaient autorisés les membres de la branche principale, et parfois une domestique, qui était aussi surveillée pendant son travail.

Les deux hommes entrèrent dans la large pièce, couverte de tatamis proprement lavés et parfumés. Il s'y trouvait une domestique, l'héritière du clan Haruno. Celle-ci, qui était en train de ranger un parchemin dans une boite en ébène, se leva précipitamment et s'inclina respectueusement devant les deux hommes :

— Bonjour, Fugaku-sama, Sasuke-sama.

— Oh, Haruno-san ! Bonjour ! Grâce à vous, cette pièce auparavant poussiéreuse brille de partout. –fit Fugaku, avec un petit sourire.

Sasuke se contenta d'un simple hochement de tête. Remarquant l'attitude froide de son fils, Fugaku essaya de détendre l'atmosphère :

— D'ailleurs, Sasuke, qui as-tu choisi ? Il ne te reste quatre jours. Tu nous avais dit au début que c'était Haruno-san, non ? Dans ce cas-là, renvoie donc Hyuga-san chez elle, et ne lui fait pas perdre son temps.

Sasuke resta silencieux, fixant les yeux émeraudes devant lui. En fait, il ne regardait pas vraiment Sakura, son regard était vide. Il voyait devant lui l'image d'Hinata, en train de sourire, avec un léger rose aux joues. Il se donna une baffe mentale, et répliqua sur le même ton :

— Père, j'ai encore quatre jours pour décider. Concentrons-nous plutôt sur l'écriture et la ratification du traité.

Il avait esquivé subtilement la question. Mais Sasuke savait qu'il allait devoir donner une réponse dans quelques jours, et à ce moment-là, l'esquive sera impossible.

On pouvait voir un voile de tristesse dans les yeux de Sakura. Fugaku-sama a dit qu'il m'avait choisi au début, alors pourquoi il hésite maintenant ? Est-ce-que… est-ce-qu'il serait attiré par Hinata ? Non, c'est impossible… ! Il la déteste ! Alors pourquoi hésite-t-il ? Que s'est-il passé ? Non… je ne veux pas vous perdre… Sasuke-sama ! S'il-vous-plaît ! Sakura sentit son cœur se compresser et lui faire mal, avec en prime des larmes monter aux yeux. Elle s'inclina promptement, et salua les deux hommes, avant de sortir rapidement de la pièce.

Elle faisait un monologue intérieur paniqué. Elle avait peur. Elle avait pensé, durant tout ce temps, qu'elle serait celle que Sasuke choisirait. Il la traitait plus gentiment et respectueusement qu'Hinata, il lui avait fait des compliments, il aimait ses compétences en tant que medic-nin et en cuisine… Alors pourquoi hésitait-il ? Ses larmes menaçaient de couler, et de peur que les cousines la voit dans cet état, elle baissa la tête sans regarder devant elle. Evidemment, elle se cogna contre quelqu'un, mais réussit à garder son équilibre. Elle leva ses yeux embués vers la personne qu'elle avait cognée, et…

— Itachi-sama… pardonnez-moi, je…

— J'ai tout entendu.

— … Ah…

— Je vous propose un marché.

Sakura le regardait, surprise. Un marché ? Pourquoi ?

— Mais je pense qu'il ne vaut mieux pas en parler ici, car les murs ont des oreilles.

Il l'emmena loin du bâtiment principal, dans un lieu désert, où gambadait tranquillement des lapins. Il s'adossa à un tronc d'arbre, les bras croisés. Il avait réfléchit longuement, sur cette question. Mais c'était maintenant ou jamais.

— Haruno-san… vous aimez de tout votre cœur Sasuke.

Sakura ne voyait pas où il venait en venir, et se contenta d'hocher doucement la tête.

— …. Hyuga-san m'intéresse. Seulement, je ne peux rien faire si mon frère la choisit. C'est pourquoi, comme nous avons mutuellement besoin d'aide, je vous propose un marché.

Sakura le sentait plutôt mal, mais attendit la suite, pour s'exprimer.

— Je connais Sasuke mieux que vous, vous connaissez Hyuga-san mieux que moi. Alors entraidons-nous à conquérir le cœur de ceux que nous aimons….

— Comment ça ? –demanda Sakura en arquant un sourcil.

— Hyuga-san a prit un certain espace dans le cœur de Sasuke, plus que vous puisqu'il hésite. Donc, il faut que Hyuga-san commence par se désintéresser de mon frère. Et vous, vous allez devoir vous comporter comme je vous conseillerais de faire, car je connais ses goûts. Bien entendu, vous ferez la même chose de mon côté, car vous connaissez assez Hyuga-san.

— Itachi-sama, votre idée sonne bien, mais comment voulez-vous désintéresser Hyuga-san ? Elle n'est nullement intéressée par ce mariage.

— Non… Sasuke l'appelle « Hinata-san », il aime bien la taquiner… Et elle, elle lui sourit souvent, et rougit beaucoup en sa présence.

— … J'ai une condition.

— Je vous écoute, Haruno-san.

— J'accepte ce marché, si et seulement si ni Hinata, ni Sasuke-sama ne se trouvent blessés. Je.. Ce n'est pas dans mon but de les blesser. Si je trouve que ça va trop loin, j'arrête.

Itachi hocha la tête, avec un petit sourire :

— Je trouve ça admirable de votre part de protéger ceux que vous appréciez. Ne vous inquiétez pas, ce n' était pas non plus dans mon intention de les blesser.

— … Donc ? Vous proposez quoi en premier ?

— Etape numéro un : rendre Sasuke horrible aux yeux d'Hyuga-san. Et pour cela, on va utiliser Yuna.

— Yuna !? –s'exclama Sakura.

— Oui. Faire en sorte que Yuna et Sasuke fassent quelque chose sous les yeux d'Hyuga-san.

— « Quelque chose » ? Qu'est-ce-que vous sous-entendez par-là ? –demanda Sakura, ayant peur d'avoir raison.

— … Uhm… faire la même chose que la dernière fois… ? Ou du moins, rien que le début ? De toute façon, Hyuga-san va les interrompre, donc ils n'iront pas jusqu'au bout… Et quand elle s'enfuira, énervée, je la consolerais. Quand à vous, ce sera l'étape deux.

— Je… je ne sais pas vraiment si c'est une bonne idée… -souffla la fleur de cerisier.

— C'est à vous de voir : vous voulez épouser mon frère, ou ça vous va s'il épouse Hyuga-san ?

La réponse était évidente pour Sakura. Bien sûr qu'elle voulait épouser Sasuke, son premier amour. Mais pour le faire, devait-elle vraiment construire tout un plan presque machiavélique ? Sakura était une femme honnête, et n'aimait pas vraiment les cachoteries, et les stratégies qui vont à l'encontre de ceux qu'elle apprécie. Elle hésita. Je veux épouser Sasuke-sama… si je ne veux pas être mise de côté… si je veux me tenir aux côtés de celui que j'aime… il faut… Sakura… il faut que tu le fasses ! Si jamais cela devient du n'importe quoi, j'arrête… La fleur de cerisier posa son regard sur celui de l'Uchiha qui lui faisait face. Elle prononça doucement, et malgré elle :

— C'est d'accord.

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