- Bonsoir, Sasuke-sama.

Au seuil de la porte se trouvait une femme d'une grande beauté. Des cheveux courts et carrés d'un noir corbeau encadraient son fin visage pâle et raffiné. Elle avait de grands yeux onyx, couleur caractéristique des Uchiha. Son corps svelte avait une certaine aura féline, et dangereuse. C'était Yuna Uchiha, aînée de la seconde branche, la plus proche cousine de Sasuke. Les autres cousines de l'Héritier avaient peur d'elle, car elle était cruelle, possessive, et froide. Yuna était également connue pour être la favorite du futur chef, sous entendant qu'elle était aussi celle qui satisfaisait ses désirs masculins. Dans le clan Uchiha, remplir ce rôle était un honneur. C'est pourquoi elle obtenait un certain respect, une jalousie dissimulée, et de la fierté pour ses parents. Mais ce que tout le monde ignorait, c'était ses sentiments pour l'Héritier. Oui, elle était amoureuse de lui, et ce, depuis bien longtemps. Et quelle surprise elle avait eu en apprenant que Mikoto Uchiha avait choisit deux prétendantes à l'extérieur du clan (chose inimaginable à cette époque) au lieu d'elle, ou d'une de ses cousines. Mais avant même qu'elle puisse faire part de son avis, le clan Fujiwara essaya de la kidnapper une première fois avant de la mettre dans un sale état, et une deuxième fois, mais... une jeune fille l'avait sauvée. Elle ne l'avait aperçue que de dos, mais sa chevelure bleu nuit lui était peu familière. Bref. Ce soir, elle était venue faire part de son avis, et peut-être être utile à son maître.

Elle referma la porte coulissante, et se tint debout, plongeant son regard dans celui de son interlocuteur, jusqu'à ce que celui-ci lui ordonne quelque chose.

- Assieds-toi, Yuna.

- Oui, Sasuke-sama.

Elle obéit, et s'assit avec grâce.

- Comment vas-tu ? Tes blessures ont commencé à cicatriser ?

- Un peu mieux, Sasuke-sama . Elles sont bénignes, donc oui.

- Bien.

Un silence s'installa. Il n'était pas pesant, ni gênant. Ils avaient l'habitude. Yuna attendait que l'Héritier ait fini ses comptes. Une question lui brûlait les lèvres. Mais elle craignait la réaction de son interlocuteur. Elle finit néanmoins par la poser :

- J'ai entendu dire que les héritières de la famille Hyuga et Haruno sont ici. L'une d'elles sera votre future épouse, si j'ai bien compris... ?

- En effet. -répliqua-t-il froidement, tout en continuant ses comptes.

- Etes-vous d'accord avec ça ?-osa-t-elle demander.

- Mon avis importe peu.

- L'une d'elles vous plaît, au moins ?

- ... « plaire » est un grand mot.

Yuna ne rajouta plus rien. Il semblait ne pas vouloir en parler. Elle le connaissait depuis qu'elle était née. Elle n'avait que deux ans de moins que lui, même si elle semblait aussi mature que ce celui-ci. Il n'avait jamais été intéressé par les femmes : « tomber amoureux » ne lui disait absolument rien. Elle se souvint de la première fois où elle avait satisfait les désirs de l'Héritier. C'était un soir, où le garçon pleurait. Oui, du haut de ses seize ans, il pleurait après s'être fait réprimandé, en cachette dans sa chambre. Yuna l'avait suivi. En voulant le consoler, en le prenant dans ses bras, elle avait réveillé en lui « l'homme ». Elle n'avait pas refusé, puisque pour elle, c'était surement le moment où elle avait été le plus heureuse. Elle était amoureuse, après tout. Et l'était encore.

- Sakura Haruno est une fille très calme, et maître d'elle-même. Hinata Hyuga est plutôt timide et gentille. C'est d'ailleurs elle qui t'a sauvée.

Le petit sourire qui apparût sur les lèvres de l'Héritier la surprit. Le voir sourire était... presque inimaginable. Elle découvrit alors la jalousie. Qui était cette femme qui avait réussi à la faire sourire ? Sakura ou Hinata ? Même elle... elle n'avait pas pu. A moins qu'il se moquait d'elle pour ne pas avoir pu se protéger. Elle était trop confuse. Mais le cacha.

- Hinata Hyuga... Il faudra que j'aille la remercier.

Elle se tût et le laissa continuer ses calculs. Son regard détaillait le magnifique visage de l'Héritier. Qu'il était bien fait, un chef d'œuvre de la nature. Bon nombre de jeunes filles d'autres clans espéraient secrètement devenir sa compagne.

Sasuke mit fin aux flots de pensée de sa cousine en rangeant soigneusement sa plume, et son parchemin.

- Tu me contemple depuis le début, tu as tant envie de moi ? -demanda-t-il en se levant et en rajustant ses vêtements.

- Peut-être... -répliqua celle-ci en lançant un coup d'œil malicieux à son cousin.

- Tu es blessée, il vaut mieux que tu ailles te coucher.

Yuna se leva, et s'approcha de son cousin. Elle l'enlaça doucement, et posa sa tête dans son cou.

- Mes blessures ne seront guéries que si vous les couvrez de vos baisers, Sasuke-sama.

L'Héritier ne mit pas longtemps à réagir. Yuna avait toujours eu cet effet sur lui : dès que leurs corps se touchaient, il sentait une envie de la prendre, tout de suite. Il la plaqua contre le mur le plus proche, avant de l'embrasser fougueusement. Yuna mit ses bras autour de son cou afin d'approfondir le baiser. Elle sentait les mains baladeuses de son Sasuke-sama parcourir son corps, et en explorer les endroits les plus sensoriels et intimes. La température de leurs corps montait, en même temps que leur désir.

Sakura posa la dernière assiette dans l'emplacement prévu pour, tandis que Shizuru finissait de nettoyer la table. La rose était très fatiguée, mais il fallait qu'elle remplisse son devoir en tant que domestique, mais aussi faire celui de sa prétendue rivale qui était en train de dormir. Sakura avait eu vent du kekkei genkai des Hyuga, le Byakugan. Il saurait voir des choses que le Sharingan ne pourrait pas, et vice-versa. Mais ce n'était pas un œil évolutif, c'était leur grande différence. Elle était l'Héritière d'un puissant clan. A vrai dire, la rose avait pensé avoir à faire à une femme arrogante, et surestimant ses capacités. Mais absolument pas. Elle n'avait aucune confiance en elle, timide et introvertie. Mais pourtant, très courageuse. Au point de se mettre en danger pour protéger une personne qu'elle ne connaissait même pas. Au fond d'elle, Sakura l'enviait un peu. Pour sa force de caractère dissimulée, mais aussi pour avoir pu être dans les bras de Sasuke. L'image d'une Hinata endormie et portée telle une Princesse par la personne qu'elle aimait la blessait. Elle ne pouvait oublier cette image. C'était comme ancré en elle.

- Haruno-san ?

Shizuru la réveilla.

- Oui, Shizuru-san ?

- Je vois que vous avez fini, est-ce-que vous pouvez aller rapporter ceci à Sasuke-sama ?

La médic-nin posa son regard sur ce que lui tendait la domestique : deux rouleaux de parchemin scellés avec un ruban rouge. Elle les prit soigneusement, avant de la saluer et de partir.

La jeune fille arpentait les longs couloirs du bâtiment principal. C'était du parquet, et pour éviter de déranger les autres, elle avait pris soin de se mettre pieds nus. Alors qu'elle s'approchait des bâtiments de l'Héritier, elle vit deux jeunes filles (une de son âge, et une autre beaucoup plus jeune), à la longue chevelure noire, marcher lentement en chuchotant. Leurs visages exprimaient la surprise, mais aussi un peu de jalousie. Leurs kimonos richement décoré, et leurs gestuelles assez snob renseigna Sakura sur leur identité : deux des nombreuses cousines de Sasuke. Lorsqu'elles aperçurent Sakura, elles se donnèrent un coup de coude, et lui jetèrent un regard désolé. Chose qui surprit Sakura. L'une d'entre elles, surement la plus âgée, la salua :

- Bonsoir, uhm... Haruno-san.

- Bonsoir, ... ?-répliqua la rose, avec un sourire amical.

- Oh, excusez-moi, je ne me suis pas présentée. Je suis Misa Uchiha. Et elle, c'est ma petite sœur, Yume Uchiha.

Yume hocha rapidement la tête en signe de bonjour, avant de détourner le regard, apparemment embarrassée.

- Pardonnez-la, Yume est assez timide. -expliqua Misa, en caressant la tête de sa petite sœur.

- Ce n'est pas grave, Misa-san. -fit Sakura en adressant le même sourire à Yume, qui le lui rendit.

- Puis-je savoir ce que vous faîtes ici, et à cette heure, si ce n'est pas indiscret ? -demanda Misa.

- Et bien... Shizuru-san m'a demandé de donner ça à Sasuke-sama. -déclara la medic-nin en lui montrant les deux parchemins.

Misa fut tout d'abord surprise, puis regardant autour d'elle, elle finit par dire :

- Je... Je pense que ce n'est pas une bonne idée d'aller le voir maintenant. C'est que...

La jeune Misa cherchait ses mots sous le regard inquisiteur de Sakura.

- ... il n'aime pas être dérangé la nuit. Je vous conseille de poser ces parchemins devant sa porte.

- Oh... très bien, merci. Sur ce, bonne soirée, Misa-san, Yume-san.

- Bonne soirée. -firent en chœur les deux sœurs avant de s'éloigner.

Une fois loin de Sakura, Yume (qui avait trois ans de moins que Misa), demanda :

- Pourquoi tu ne lui as pas dit... que Yuna-sama était avec lui ?

- Cette fille... tu as vu ses yeux lorsqu'elle a prononcé le prénom de Sasuke-sama ? Elle est amoureuse, alors...

Misa leva les yeux vers le plafond, en soupirant :

- ... je ne voulais pas la blesser.

Sakura s'enfonça encore plus dans les bâtiments principaux. Sa maison était bien plus petite que ça. Les Haruno étaient un clan mi-civil, mi-ninjas. Sa famille était particulièrement respectée pour son statut et ses relations politiques, rien de plus, rien de moins. Elle aperçut un garde, qui lui lançait un regard effrayant. Elle l'ignora et continua sa route. Elle tourna à gauche, et vit que c'était vide. Un long couloir, qui n'avait aucune porte, et aucun garde. C'était bien la description que lui avait donné Shizuru. Elle allait entrer dans le domaine de Sasuke Uchiha, éloigné des autres, au fin fond de l'immense bâtiment. L'Héritier avait demandé à ce qu'aucune garde ne soit présente dans ses appartements, ou près d'eux car il saurait se défendre seul.

Etrangement, Sakura trouvait cette partie bien plus sombre dans les couleurs, et dans la décoration. Ce n'était pas aussi somptueux que dans les parties centrales de l'immense maison. Quelques vases par-ci, par-là. Néanmoins, beaucoup de parchemins avaient été accrochés aux murs, et on lisait : « Courage » , « Feu », « Puissance », « Foudre », « Sharingan », « Respect » et d'autres mots, calligraphiés. Sakura les contempla, un par un. C'était peut être sombre, mais c'était en quelque sorte mystérieux, et élégant. Un peu comme le propriétaire. La jeune fille arrivait enfin au bout du couloir, et aperçut la porte coulissante menant à la chambre de l'Héritier. Elle était grande, sombre. Sakura hésita, et se souvint de ce qu'avait dit Misa. Elle se décida à poser les deux parchemins devant la chambre. Alors qu'elle allait partir, un cri la surprit.

« Aaah... encore... S-Sasuke-sama... »

Le cœur de Sakura s'arrêta net sur le moment. Une voix de fille... trop sensuelle. La rose sentit alors la colère monter en elle. Comment est-ce-qu'un homme pouvait se permettre de coucher avec une autre, alors que sa future femme (que ce soit elle ou pas) était dans sa propre maison !? Elle retint d'ouvrir la porte et d'aller les étrangler, et se contenta de repartir le plus vite possible. Son cœur lui faisait mal, et des larmes menaçaient de couler. Il était hors de question qu'elle pleure pour un goujat pareil.

Deux grands yeux nacrés s'ouvrirent. Il était six heures du matin, et Shizuru était venue réveiller la jeune demoiselle, qui semblait avoir récupéré pendant ses 13 heures de sommeil. Bien que contrariée, Hinata se dépêcha : elle enfila le kimono bleu nuit, avec le obi bleu marine, qui faisait ressortir sa peau et ses yeux. Malgré son bandage au bras, et son pansement à la joue, la jeune fille se sentait prête à attaquer une armée. Elle attacha ses longs cheveux bleu nuit en une queue de cheval, et mit du crayon noir pour souligner son regard forcée par Shizuru (car une domestique se devait être parfaite autant physiquement que dans son travail).

- Haruno-san vous rejoindra dans la salle des domestiques dans quelques minutes. Commencez déjà à préparer le petit déjeuner des jeunes maîtres, je vous rejoins dans une vingtaine de minutes. -indiqua Shizuru, avant de disparaître.

- Bien.

Hinata se dirigea donc dans la salle des domestiques, où se trouvait la rose. Elle était assise sur un coussin, pensive, le regard vide. Des cernes décoraient son si beau visage. Sans oublier deux yeux rougis par les pleurs. Elle ne s'aperçut même pas de la présence de l'Héritière. Celle-ci dut hurler le nom de la rose pour que la concernée se réveille de sa léthargie.

- Excusez-moi, Hyuga-san... j'ai... très mal dormi. -se rattrapa Sakura, lui offrant un sourire assez faux.

- Ce n'est pas grave... Shizuru-san m'a dit qu'on devait aller préparer le déjeuner des « maîtres »...

- Ah oui... Allons-y, dans ce cas.

Le trajet vers la cuisine se fit en silence. Hinata sentait que quelque chose n'allait pas, mais n'osait pas demander. Elle n'était pas très proche de Sakura. Elles arrivèrent finalement à la cuisine, propre et vide. Sakura commença à sortir les feuilles de thé, tandis qu'Hinata faisait bouillir l'eau.

- Vous vous sentez mieux, Hyuga-san ? -demanda Sakura, de dos à Hinata.

- Mieux, merci beaucoup. Vous êtes vraiment douée, Haruno-san. -répliqua Hinata, sincère.

- C'est trop de compliment, mais merci quand même. -fit Sakura, un petit sourire éclairant son visage en se tournant vers l'Héritière.

Cette-dernière versa l'eau bouillante dans deux tasses, tandis que Sakura mettait les feuilles de thé dedans. Elles étaient à côté. Hinata finit par oser :

- Que s'est-il passé, Haruno-san ?

Un grand silence s'installa. Sakura fixait l'eau qui devenait peu à peu verte. Devait-elle lui dire ? Après tout, elles étaient dans la même situation, non ? L'aiderait-elle ? La rose finit par regarder la Hyuga, qui la fixait de ses grands yeux candides. Sakura déglutit, et des larmes coulèrent malgré elle, perlant de ses magnifiques yeux émeraude. Hinata ne réagit pas, et attendit que les mots sortent.

- Sasuke...-sama... hier soir... Shizuru m'a dit d'aller lui donner deux parchemins... très tard, vers onze heures du soir. Une de ses cousines m'a dit... qu'il n'aimait pas être dérangé le soir... Alors il serait mieux que je les pose devant sa chambre... c'est ce que j'ai fait... et ... j'ai entendu... des cris de femme... des cris de plaisir... de sa chambre...

Plus elle avançait dans sa narration, plus elle avait la gorge nouée, et plus elle pleurait. Elle fit de son mieux pour qu'aucun son ne sorte de sa bouche, mais qu' est-ce qu'elle avait envie d'hurler. Elle avait mal...

- ... Ne pleurez pas, Haruno-san. Nous allons... lui faire comprendre des choses. -répliqua Hinata, déterminée.

Devant Sakura se tenait une vraie femme, avec deux yeux brillants de motivation et peut-être même de colère.