Chapitre 12, part 3
"- En effet, lorsque les victimes sont si marquées qu'elles préfèrent se terrer et disparaître il est difficile de retrouver des éléments à charge contre leur agresseur. Lança maître Chastain d'une voie forte à l'ensemble de l'assemblée répondant ainsi à la provocation de son collègue. Ce n'est pas comme si ce dernier allait se manifester pour signaler ce qu'il avait fait et simplement dire la vérité. Heureusement j'ai quelques preuves qui atteste de ce que vous appelez une théorie et qui n'est ni plus ni moins que le témoignage des victimes. Là où elles n'ont eu aucun mal a expliquer l'envoie de près de 400 messages votre client aura davantage de difficulté à nous dire d'où sortent tous ces bleues sur la femme qu'il venait de quitter quelques heures auparavant. »
L'autre avocat grimaça face à ce qui était le chef d'accusation le moins discutable pour son client. Malgré tout il garda constance et remit avec prestance ces vêtements comme pour rappelé à quel point maître Chastain était débraillé, mourant de chaud dans sa robe.
« - Je suis content que vous abordiez le sujet. Car comme vous avez pu le constater l'affaire de madame Arnoux est bien la seule des cinq comportant ce type d'éléments à charge. Bien que vous ayez fait dire à tous vos clients qu'ils étaient battus régulièrement il n'est jamais fait mention dans le dossier de mon client d'un deuxième événement de la sorte. Ni avant ni après. Ce qui en marque le caractère exceptionnel. Et je pense que chacun ici peut comprendre que, bien que ces actes soient tout à fait répréhensibles, ils soient également compréhensibles. Voyez vous mon client n'est pas comme vous le décrivez un homme violent et manipulateur. Votre vision de ce genre est biaisé maître Chastain. Il comme moi, comme vous messieurs les jurés, comme vous monsieur le juge, avant tout un homme sensible en ce qui concerne ses histoires d'amour. Nous le sommes tous. Même vous maitre Chastain, vous ne direz pas le contraire. Et cette sensibilité nous l'exprimons différemment. Sous pression ou lorsque les émotions le brûlent si douloureusement mon client perds son calme. Il ne trouve plus les mots et s'enflamme. Les coups partent tout seul et il regrette son geste aussitôt. Qui n'a pas déjà été prit d'une colère noire qui vous fait faire ou dire des choses que vous n'auriez jamais dites autrement ? Vous devez en temps que juré faire les mêmes efforts d'empathie envers tous les acteurs. D'autant plus envers mon client qui traine une mauvaise image ce qui biaise votre vision de son geste. Geste grave certes. Mais gestes involontaires d'un homme qui aime de manière passionnée et sans demi-mesure. Je voudrais que vous gardiez ceci à l'esprit tout le long de ce procès : mon client était amoureux. Véritablement. Avec la même possessivité que chaque Alpha a pour ses enfants ou son oméga. Une possessivité qui lorsque des adieux difficiles doivent être fait peut se retourner contre lui.
- Vous n'avez pas répondu à ma question ! Grogna Jérôme agacé de le voir si habilement noyé le poisson.
- Que pourrait je dire de plus ? Dites-le-moi ? Que voulez-vous entendre ? Que voulez-vous me faire dire ? Que mon client est violent ? Il ne l'est pas, s'énervé une fois ce n'est pas être un alpha violent, ça arrive à tout le monde. Même à vous maître Chastain, tous le monde le sait. En témoigne cette affaire de quelques années déjà ou vous aviez frappé un collègue après une audience.
- Comparons ce qui est comparable maître Singh. Cette affaire était d'ordre privé et si un alpha vous avait grossièrement pincé la fesse vous auriez réagit tout autant. Or ici il ne s'agit pas de se retourner après un geste particulièrement grossier mais bien de s'acharné pendant plusieurs minutes sur une femme à terre. 50 coups au moins disais-je ? Je vais vous donner une idée de ce que cela peut donner. Puis-je monsieur le juge ?
- Nous n'avons pas le temps pour ça. Allez directement au fait, refusa-t-il sans concession. »
Mais maître Chastain s'était déjà mit à taper du poing sur la table à un rythme régulier, très fort et une grimace de colère sur le visage. BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM !
« - ASSEZ ASSEZ ! ordonna il en tapant du marteau pour faire cesser maître Chastain.
- Je n'en étais qu'à 22, pas même la moitié. Fit remarquer l'oméga d'un ton froid. »
Un murmure monta de l'assemblé en état de choc. L'oméga se tenait la main qui était rouge et gonflé de manière bien visible, sans doute très douloureuse. Les spectateurs n'avaient pas été choqué de la désobéissance de l'avocat mais bien de la violence du geste répéter encore et encore de manière espacée, attestant d'une telle haine, d'une telle obstination, d'un tel but de détruire qu'il était difficile de ne pas être mit mal à l'aise. Aucun geste n'aurait pu aussi bien souligner la brutalité de l'action de Hamilton que la main de l'avocat de la défense à peine soulagé par une des poches froides que ce dernier s'appliquait sur la nuque pour faire descendre sa température.
« - Vous avez finis ce cinéma ? argua le juge aigre pour essayer de minimiser cet argument coup de poing.
- Oui. J'ai fini. » répondit il avec superbe malgré son état misérable, couvert de sueur et grimaçant de douleur, conscient d'avoir marqué les esprits pour la journée dans un véritable coup de maître.
Le geste avait mis un tel trouble dans la salle que le juge ne parvient pas à relancer les débats et dû demander une pause de cinq minutes pendant laquelle Jérôme alla s'isolé aux toilettes.
« - C'est quand je vois jusques où il est prêt à aller pour nous que je me dis que c'est un grand homme. Fit remarquer Oskar à son voisin.
- C'est vrai que c'était impressionnant ... concéda Alceo admiratif de voir toute l'implication de son professeur dans sa profession.
- Personne d'autre que lui ne ferais ça pour nous. Personne d'autre que lui ne peut changer la vision que ces gens ont de nous ... Des fois je le regarde et je me dis ... Tant qu'il est là les omégas peuvent avoir de l'espoir de connaitre justice pour leurs souffrances. » souffla le Hongrois d'une voix teinté de douloureuse espérance.
Oskar T. Iversen n'était sans doute pas le seul oméga de ce pays, voir même d'Europe à regarder au loin pour y voir la silhouette de Jérôme Chastain comme on observe le messie. Les deux hommes partageaient le même genre mais était séparé par un tel faussé. L'avocat devait briller à leurs yeux plus que personne d'autre. Alceo réalisa quelle pression incroyable devait se trouver sur les épaules de son maître qui catalysait les rêves de toute une population et leurs espoirs d'un monde qu'ils jugeaient meilleurs. Et malgré le fait que sa vie était scrutée et jetée en pâture dans chaque procès Jérôme continuait d'avancer avec cette détermination sans faille et sans faillir. L'oméga entra à ce moment dans la pièce et regagna sa place dans un grand mouvement de drapé qui laissa planer l'odeur de ses phéromones sur toute l'assemblé qui semblait s'écarter devant ses pas sec résonnant sur le plancher. Rien ne pouvait approcher ou arrêter cet homme. Il était à part.
Le juge réclama le silence et l'audience pu reprendre mais cette fois-ci les arguments de l'avocat Singh eurent bien du mal à ne pas vaciller face à ceux de son adversaire qui trouvait toujours moyen de renouveler ne serait-ce qu'un peu l'animosité de l'assemblé éprouvé à l'égard d'Hamilton. Singh était doué, il fallait le reconnaître. Il frappait là où son audience était la plus sensible, multipliant les parallèles avec son client pour que chaque attaque faite à ce dernier par un éléments quel qu'il soit soit ressenti comme une attaque personnelle. Une ou deux fois il réussi si bien son coup que l'escroc parut presque harcelé et victimisé par les omégas. Mais Chastain vendait très cher sa peau et parvint à maintenir un équilibre. Cependant sa fatigue était de plus en plus ostentatoire et Alceo dût assister avec impuissance à la perte progressive de pertinence dans les propos de son professeur qui touchaient de moins en moins juste. Jusqu'à 15h l'oméga garda le port droit et un discourt tranchant taillant en pièce l'argumentaire de son adversaire. Hélas rapidement avec l'avancé de l'après-midi le personnage s'émoussa. Jérôme cherchait ses mots, faisait de longues pauses entre deux mots pour ne pas fourcher ou faire de lapsus. Il avait besoin de prendre l'air, de boire toujours plus. Vers 16h30 il se mit à s'éventer même pendant ses prises de paroles debout devant l'assistance. Et il n'était pas le seul à avoir des bouffées de chaleur à cause de ses montées de phéromones traîtresses mais le juge refusa d'ouvrir les fenêtres, se délectant avec sadisme de voir les alphas tombés un a un comme des mouches, aussi en sueur que l'oméga au centre de la pièce. Et Singh se servait de la hargne de Berguet envers les autres dynamiques pour faire monter dans la salle une ambiance malsaine. A ce rythme la seule chose que retiendrais l'assemblée de la journée serait la chaleur que mettait ce parfum dans leur entrailles. Chastain grogna de frustration de voir son état être encore une fois utiliser contre lui, enragé par son impuissance et son incapacité à renouvelé sa dose de suppressant avant 18h. Ce fut le juge Sadoul qui sauva toute l'assistance en interrompant Jérôme qui avait été relancé une nouvelle fois dans ses explications par Singh pour qu'il n'ait pas le temps de soufflé et ce sous prétexte que son bégaiement de plus en plus fréquent rendait son explication inintelligible.
« - Excusez-moi maître Chastain, intervint-il, ce que vous nous dites est très intéressant et très pertinent mais nous n'avons pas prit de pause depuis ce midi et je n'en peux plus j'ai vraiment besoin d'aller aux water, souri il en amenant par ce geste délicat l'attention sur lui-même. »
Jérôme eu une expression qui sembla crié grâce au juge et soupira de soulagement car Berguet ne pouvait pas refuser d'accorder une pause à son collègue. A peine cette dernière fut elle prononcé que l'oméga se tourna vers son disciple.
« - Alceo ! Fenêtre ! » ordonna-il.
Le brun ne se fit pas prier et nombreux dans le publique furent ceux qui accédèrent à cette demande avec bonheur sans poser de question ni laisser au président de la séance de refusé une nouvelle fois. Des alphas se levèrent un peu partout dans la pièce pour créer de grands courants d'air avec des gestes pressés. Pas que les chaleurs du jeune avocat soient particulièrement forte ou déroutante comme cela pouvait être le cas pour des oméga plus jeune, célibataire vierge ou adolescent. Simplement la moiteur de la pièce surchauffée et mal aérée avait accumulé les faibles émissions de phéromones de l'oméga et avait transformé ses suées légèrement parfumées en un miasme poisseux de sueur humaine d'une foule d'alpha touché de plus en plus affecté par l'effet boule de neige de l'arôme musqué dans l'air et de cette odeur de concurrence dans l'air contre laquelle ils ne pouvaient lutter autrement que par leurs instincts. Alceo lui-même s'était senti se mettre à exsuder des odeurs dominantes en réponses à la compétition olfactive entre lui et celle des autres alphas présents pour se faire remarquer par l'oméga en chaleur. Celui qui avait transformé cette réponse habituellement cordiale et supportable en un enfer c'était ce beta belliqueux. Sans lui jamais l'oméga sous traitement n'aurait évoqué quoi que ce soi d'osé à l'assemblé. Et encore, l'odeur de la pièce était plus écœurant qu'agréable car la proportion d'hormones de dominant était largement supérieur, faisant davantage penser à une rame de RER bondé en plein mois d'Aout qu'à la sensualité d'une chambre à coucher. Grace à dieu les appelles d'air chassèrent pour beaucoup l'air vicié et assainir l'ambiance en quelques minutes. Après un grand bol d'oxygène le brun parvint à chasser les dernières nappes de brouillard qui avait insidieusement embrumé son esprit. Il sembla en être de même pour Jérôme qui revint avec du retard certes mais frai comme un gardon. Il avait dû se changer et prendre ses suppressants avec un peu d'avance car il n'émettait plus aucune odeur et avait perdu son regard vitreux et la rougeur de ses joues qui lui donnait un air fiévreux. Au début Alceo ne comprit par l'intérêt de changer de tenue à moins d'une heure de la fin de la séance. Il réalisa l'importance de ce geste quand Chastain réalisa une véritable performance d'éloquence ayant pour but d'effacer des mémoire ses approximations des heures précédentes -ou du moins d'en minimiser l'impact. Sans prompteur ni notes sous les yeux il démonta point par point les arguments mensonger, biaisé ou ad hominem de son concurrent. Il ne parvint visiblement à pas à convaincre l'ensemble des jurés, loin de là : ces derniers avaient été trop bien conditionné pour changer si facilement d'avis. Cependant il réussit au moins à achever sa prise de parole sur un constat qui mit le doute aux plus certains d'entre eux pour peu qu'ils soient de bonne foi :
« - J'aimerais pour finir qu'avec moi nous résumions le discours de défense de monsieur Hamilton et sa version des faits comparativement à celle donner par ma cliente. D'un côté monsieur défend que qu'il n'a jamais été violent, sauf quand elle le poussait à bout. De l'autre nous avons ces photos de coups violents et nombreux après que monsieur ai rompu avec elle. Ma cliente elle dit qu'après avoir été jeté et bien vite remplacé son alpha l'a blessé. Mon client dit qu'il se faisait harceler par son ex suicidaire à qui il ne voulait pas accorder d'attention, de temps ou de considération, sans doute car il n'avait plus de sentiments pour elle. Mais était-il si insensible qu'il ne s'inquiétait pas pour une vie humaine ? Ou a-t-il seulement été victime de négligence vis-à-vis de l'état de ma cliente ? Dans tous les cas elle était réellement dépressive et en danger à ce moment-là, comme l'atteste son médecin. Aujourd'hui elle avoue sans mal avoir eu, contrairement à monsieur Hamilton, beaucoup de mal à renoncer à leur relation. Peut-être car ils n'avaient pas le même investissement l'un et l'autre ? Que garde monsieur au sortir de leur couple qu'il n'avait pas avant ? Je cite grossièrement et de manière non exhaustive : deux voitures, 50 000 euros, trois montres de luxe et un nouvel oméga du nom de Etienne Boileau assis ici même. Ma cliente que garde elle ? Environs 78 000 euros de dettes, une maison en hypothèque, et sa nuque indélébilement marqué par les crocs de monsieur Hamilton. C'était il y a bientôt 15 ans et elle est toujours surendettée et n'a jamais fréquenter de nouveau quelqu'un. Elle témoigne que jamais elle ne refera sa vie. Nous ne vous demandons pas d'être impitoyable. Au contraire, nous voulons de la compassion envers ceux qui ont souffert. » acheva il en retournant s'asseoir au milieu des omégas avec cette tranquillité et ce respect que l'on voue au funestes nouvelles."
Après ça la dernière réplique du jour fut donner à la défense parut bien veine. Chaque fois qu'il niait les mots de maîtres Chastain il ne passait que pour un vil manipulateur. Le mépris pour les omégas prenait bien plus difficilement dans l'ambiance qu'avait instauré l'avocat. Et si la victoire n'était pas totale il était certain que l'accusation avait marqué quelques points. Les jurés partirent débattre un peu entre eux, les juges se concertaient également tandis que la défense se repliait rapidement et en toute discrétion. Jérôme lui attendit que l'ambiance retombe en discutant avec ses clients qui demandaient si les choses s'étaient passés aussi bien que prévus.
« - Il faut rester mesuré, les temporisa-il. Certes nous n'avons pas laisser la défense nous distancer mais nous n'avons pas non plus prit le pas sur elle. Ce n'est pas joué d'avance. Je me méfie. Il se peut que l'avocat de la défense ait joué le même jeu que nous et garde ses forces pour la fin, même si j'en doute. Restons prudent et efficace pour le moment tant que ça ne se présente pas trop mal pour nous. L'erreur serait de crier victoire trop vite et de créer une brèche : mon collègue est doué avec les mots, il s'y engouffrerait et peut presque tout faire dire à un témoignage. »
Les clients ne furent pas rassurés d'entendre de telles nouvelles mais pour les remettre en joie maître Chastain afficha un sourire calme et ajouta à sa tirade temporisatrice quelques mots optimistes qui ravivèrent les sourires :
« - Cela dit comme nous sommes au coude à coude c'est plutôt bon signe car nous nous n'en sommes qu'au premier tour d'attaque. J'ai confiance en notre dossier, j'espère que grâce à lui la défense va flancher. Maintenant rentrez chez vous, je vous accompagne. Nous avons tous besoin de repos. Suivez-moi. Il ne faut pas se faire prendre par la fureur médiatique, c'est toujours infernal. Montemini, passe part devant. Je suis désolé de t'imposer ça mais tu comprendras que c'est nécessaire. Ne répond à aucune question des journalistes, ne dit rien. Rentre juste chez toi te reposer. Allez, je te souhaite une bonne journée. On se revoit demain. »
Jérôme le salua d'une poignée de main qui traduisait son contentement qu'il avait au sortir de cette journée. Il réussissait peut-être à beaucoup cacher ses émotions dans sa gestuelle mais Alcéo parvenait à présent à lire les signes subtils qui trahissaient son état réel. Chastain était épuisé mais confiant et satisfait d'avoir triomphé des mauvaises langues, triomphé des débats, triomphé de ses chaleurs, au moins pour aujourd'hui. Il regarda le petit groupe d'oméga s'éloigné et quitter le tribunal vers les parkings par une porte dérobé. Lorsque ils eurent disparu de son champ de vision depuis un moment il parti lui aussi, se confrontant docilement à la marée humaine de journaliste que son pas déterminé et sa démarche digne écartait sans qu'il eût dit un mot. Une fois dans sa voiture il souffla et remercia sa dynamique d'alpha de lui donner l'autorité naturelle d'écarté les bêtas. Il comprenait dans ces moments là la façon qu'avait son maître de traité la presse de charognards. Une fois chez lui il se prépara rapidement pour sa nuit, lavant sous une bonne douche les derniers effluves des phéromones de son mentor. Alceo se coucha déterminer à leurs résister le lendemain avec la même fermeté que Jérôme Chastain contenait son corps et ses instincts pour exercer son art de la plaidoirie. Il voulait réellement le rendre fier et se rendre désirable.
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