Chapitre 3

Ah, ce n'est pas vrai...

Il a suffi, il y a à peine un quart d'heure la publication d'un simple article relatant « l'exploit » de ce fameux All Might la victoire contre un Vilain de catégorie C, pour que le monde entier soit en extase. Ça en devient agaçant. On arrive peu à peu à un état de véritable obsession. Que y a-t-il de si ahurissant pour l'acclamer de la sorte ? Encore heureux qu'il est remporté le combat !

J'envoie un dernier message à mon oncle pour l'avertir de ma sortie, avant de ranger mon téléphone dans la poche de mon manteau tout en repensant à l'appel reçu plutôt. J'ai décroché, mais personne n'a répondu. À peine avais-je eu le temps d'ouvrir la bouche que j'avais entendu un bruit étrange, quelque chose d'analogue à un tonnerre lointain ou encore à un bruit sec de la batterie d'un pistolet, ce qui est étrange au vu du soleil radieux. En temps normal, je ne me préoccupe pas autant des numéros masqués, mais celui-ci était plus que déconcertant.

Reprenant mes esprits, j'active le pas. À tous les coups, ça doit être un canular. Finissons vite les courses, si je veux rentrer tôt.

En pensant ces mots, un individu me bouscule par l'arrière, manquant maladroitement de tomber. Et quand je me redresse, déjà furieuse par la violence du geste, le bougre ; dont seul le bonnet affreusement vert avait retenu mon attention, avait lâchement fichu le camp.

Je fixe un moment l'endroit où la silhouette du fourbe avait disparu. Voilà ! Voilà pourquoi je déteste sortir. Les gens sont d'un égoïsme démesuré. J'ai du mal à croire que les héros le sont par pure bonté d'âme, ils doivent forcément y trouver leur compte. Mais heureusement que j'ai mon « nouveau casque derniers cri, réducteur de bruit et sans fil !!! ». Mon précieux petit bébé, je prendrais soin de toi !

Après une bonne dizaine de minutes de marche, prodigieusement sans encombre, j'arrive enfin au supermarché. Le chariot en main, j'entame les courses. Rien qu'en prenant les ingrédients nécessaires pour les gyozas, j'en ai l'eau à la bouche. Classique mais tellement bon. Ça me ferait presque oublier la journée médiocre que j'ai passée aujourd'hui. Du moins, jusqu'à ce qu'un individu se mette à crier sans vergogne. À en juger la tonalité de sa voix, il est assez proche pour que je l'entende jacasser, mais assez loin pour ne pas connaître les détails. Bien évidemment, il a fallu que le seul ingrédient qu'il me reste à prendre ; soit : la sauce soja, se trouve précisément ou la dispute fait rage.

Il m'a fallu un temps de réflexion pour savoir si la sauce était si fondamentale dans la recette, pour finalement décider de m'y rendre. Non pas que j'ai peur d'y aller, loin de là, je n'ai seulement pas l'esprit à assister à une dispute, qui, bien évidemment doit être puéril et frivole.

Je m'engage prudemment dans le rayon, loin de moi l'envie de me retrouver avec un objet non identifié en pleine face.
Tu me prends pour un c*n ?! Je vais te b*ter !
Je lève aussitôt les yeux vers le geignard.
Katsuki ?

Évidemment que c'est lui. Ça ne pouvait être que lui. Moi qui pensais que c'était à cause des cours qu'il était aussi colérique, je me suis trompée. C'est inné chez lui.

Minutes ! Ce bonnet vert hideux !
Je ne sais pas ce qu'il a fait pour mettre Bakugo dans cet état ; et j'imagine que ce doit être pour quelque chose d'excessivement futile connaissant le personnage. Mais je dois bien avouer que ça me fait un bien fou de voir le fourbe se faire remonter les bretelles.

La colère insensée peinte sur son visage, Bakugo agrippe fermement le col de l'individu, plaqué contre l'étagère. Le pauvre, il s'en est pris à la mauvaise personne.

Bon, pour une fois Inari, écoute les conseils d'oncle Kai et ne te mêle pas de ce qui ne te regarde p...
Oh, ce n'est pas vrai ... soufflais-je.
Je lève les yeux au ciel et m'approche nonchalamment vers eux.
Excusez-moi ?
Je tente d'engager, mais sans résultat.
Bon...

Je retire préalablement mon casque pour le déposer autour de mon cou et lui éviter une éventuelle frayure. Enfin, je m'interpose entre eux, agacée, retirant l'emprise de Bakugo sur l'homme qui ne devait avoir pas plus de la trentaine. Je ne saurais dire si l'étonnement du blond était lié à ma simple présence ou par le culot froissant de la manière dont je l'ai risiblement tiré par le dos du col de son pull. Il faut dire que je n'ai pas été de main de morte. Ceci dit, son expression se change aussitôt en irritabilité.
De quoi je me mêle ? braille-t-il, indigné.

Je rêve ou il me crie dessus ?
Je ne relève pas et me contente de le décaler d'un revers de la main pour récupérer la bouteille de sauce soja qui se trouvait derrière lui ; là où il avait plaqué plutôt le trentenaire.

Ça va, je voulais juste finir mes courses, pas la peine de se mettre dans cet état, crétin, vous n'aviez qu'à régler vos comptes ailleurs. Non mais je rêve, faire ça en public. Un peu de respect pour les autres ?!

Tandis que je fulmine intérieurement, le geignard s'est mis à poursuivre l'homme au bonnet à travers le magasin.
Ne t'excuse pas surtout ! criais-je à l'attention de Katsuki.

Je lève les yeux au ciel. Pauvre homme au bonnet abject, je commence vraiment à avoir de la compassion pour lui. Tu m'étonnes qu'il le fuît. Qui veut avoir affaire à un gamin mentalement instable ? Il n'y a plus de respect pour les adultes !
Je vous prie d'excuser mon fils. Il a un tempérament quelque peu sanguin, s'excuse un homme à lunettes plutôt réservé, semblant être le père de Bakugo.

Un PEU sanguin ? Il plaisante j'espère ?!
Je n'avais pas du tout remarqué sa présence jusqu'ici. Mais ce qui m'étonne le plus est le contraste bluffant entre lui et son fils. Ce qui est sûr, c'est que Katsuki ne tient pas de son père. Malheureusement.
Qu'est-ce qu'il s'est passé pour qu'il se mette dans cet état ? je demande intriguée, en rangeant la bouteille dans le chariot.

Maintenant que j'y pense, il avait le sang bouillonnant. Du moins, plus qu'il ne l'est d'habitude. C'était presque imperceptible mais bien présent. Le fait qu'il le soit constamment m'empêche de le cerner. C'est d'ailleurs l'une des seules personnes dont je n'arrive pas à acculer. C'est extrêmement perturbant et intrigant. Ça me pousse à me demander ce qui le déchaîne autant.
À vrai dire, cet homme aurait volé le portable de Katsuki en le « bousculant », enfin, selon les dires de mon fils.
Eh bien, cet homme a le chic pour bousculer tout le ...

Il m'a fallu une demie seconde de réflexion pour comprendre la situation. Les mains dans les poches, je les fouille énergiquement à la recherche de mon portable. Mais rien, que nenni. Oh le sale...

Je jette un coup d'œil à l'endroit par lequel les deux silhouettes venaient de disparaître. Il est évident que le sale truand va vouloir essayer de sortir. Poussant un soupir plaintif, je tourne vivement à gauche au bout du rayon et me mis à courir, persuadée du raccourci que j'entreprends pour les rattraper. Il n'y a que deux sorties, et vue par laquelle le voleur est parti, il est clair qu'il ne connaît pas les lieux étant donné qu'il a bêtement pris le chemin le plus long. Après avoir bifurqué, je suis soulagée de constater que mes suppositions étaient justes. Ils étaient plus qu'à quelques mètres de moi. En quelques secondes, je réussis à rejoindre Katsuki dans une course effrénée, troublant les clients qui criaient de stupeurs et de mécontentement. Le bougre, il est rapide.

Qu'est-ce que tu fous là ? demande Bakugo encore bien remonté.
Pose pas de question et rattrape-moi cette enflure.
Il me fixe un instant, jaugeant sûrement mes attentions.
Ne me donne pas d'ordre ! Je n'ai pas besoin de ton aide, alors dégage !
Je lève les yeux au ciel, il va me rendre chèvre celui-là.
Je ne fais pas ça pour toi, crétin. Je veux juste récupérer ce qui m'appartient !

Il ne relève pas, se contentant de continuer sa course. Nous allions d'ailleurs bientôt arriver à la sortie du supermarché. Ce qui a l'air de réjouir le blond, qui commence déjà à émettre des étincelles d'explosion, le sourire sardonique aux lèvres. Lui qui a l'air d'être une personne écervelée et téméraire, il me surprend à être quelqu'un de réfléchit et prévenant. Il aurait pu utiliser son alter à l'intérieur du supermarché pour le rattraper plus rapidement, mais ne l'a pas fait, sûrement à cause des dégâts que ça aurait pu engendrer. Quant à moi, je ne peux pas n'ont plus utiliser mon alter. Du moins, pas encore. Il me faut impérativement une brèche. Je jette un coup d'œil vers l'autre crétin. Je vais avoir besoin qu'il me donne un coup de pouce sur ce coup.

À peine le pied à l'extérieur, Bakugo utilise ses explosions pour se propulser en avant, me laissant derrière, en retraite. À quelques mètres plus loin, le malandrin prend à gauche, et entre dans une ruelle étroite, longeant des murailles pour aller s'arrêter tout au fond d'une impasse. Il voulut rebrousser chemin, reconnaissant qu'il s'était fourvoyé dans un cul-de-sac, mais Katsuki a était plus rapide, l'empêchant de faire un pas de plus. Il est fait. C'est ce que nous pensions, avant que le blond se rue sur lui des explosions en mains.
Crève ! vocifère le forcené.

Mais l'enflure se propulsa en arrière évitant de justesse l'attaque de Bakugo, avant de rebondir dans un élan inhumain par-dessus le mur mal plâtré qui le retenait, s'écorchant par la même occasion. Il a donc un alter qui lui permet de se propulser plutôt loin. Pas mal, mais c'est trop tard.

Un sourire sardonique s'installe sur mes lèvres. Ça y est. Tandis que Katsuki s'apprête à le rejoindre pour lui régler son compte avant qu'il ne s'enfuie, je ferme un instant les yeux, avant de les rouvrir aussitôt, l'iris d'un rouge vif plus lumineux que d'ordinaire. La paume de la main relevée en direction du pillard, je la referme ardemment avant de brusquement ramener ma main à quelques mètres de ma poitrine, telle une ficelle invisible qui me relie à lui que je tire. À cet instant, il tombe lourdement au sol. Au vu de la hauteur de la chute, je pensais qu'il s'était au moins cassé un bras, mais rien. Je ne sentais rien de cassé, ni même de foulé. Il est coriace.

Tiens ? Il ne tente même pas de se relever. Bon, de toute façon, même s'il le voulait, il ne le pourrait pas. Pas même un petit orteil.

C'était quoi ça ? questionne Bakugo cachant tant bien que mal son air surpris.
Ignorant volontairement sa question, je m'avance d'un pas attentif en direction du voleur affolé.
Qu'est ce... Qu'est-ce que tu m'as fait ?!

Arrivée face à lui, je m'accroupis à sa hauteur et fouille sans tarder son large manteau brun. Moi qui me demandais ce qu'il faisait avec un si gros habit en cette période de l'année. Katsuki me rejoint, toujours aussi crispé de ne pas avoir de réponse à ses questions. Mais se calme dès lors que je retire son téléphone du manteau, le récupérant hâtivement. Il n'y avait pas que nos deux portables qui ont été volés. J'en ai retrouvé quatre autres, ainsi que des montres d'une assez grande valeur, deux portes feuilles et quelques bijoux. Une véritable caserne d'Alibaba.

Rendez-moi ça, sales morveux ! s'énerve l'éclopé. Je vais...
Je ne crois pas que tu sois en mesure de faire quoi que ce soit. Alors si j'étais toi, je la bouclerais, le menaçais-je placidement.

À cet instant, le son des gyrophares retentit au loin. Ils ne pouvaient pas mieux tomber.
Argh, fait chier, se plaint Bakugo.

Vu sa tête, ou il est irrité de devoir se coltiner la réprimandassions des policiers, une hypothèse que j'écarte aussi vite, ou alors par celle des parents. Une éventualité qui me plaît assez bien. Mon sourire sarcastique redescend vite en pensant à oncle Kai. Moi aussi, je vais devoir y passer.

En quelques secondes, la police était sur « les lieux du crime », selon leurs dires. Un bien grand mot pour ce qu'il s'est passé, mais qui donne un air dramatique plutôt appréciable. Les officiers ont embarqué le truand dans leur voiture tandis que la police scientifique a récupéré les objets volés préalablement fourrés dans un sac en plastique. À cette vue, mon visage se crispe. Je sens qu'on va se faire sermonner quand ils vont apprendre qu'il y a toutes nos empreintes sur les « indices » ... Minutes... Il n'y a QUE les miennes. Au vu du sourire moqueur que me lance le blond, il a deviné mes pensées. Le sale bougre.

Bien expliquez-moi ce qu'il s'est passé en détail, demande l'inspecteur un carnet de notes à la main.
Alors que nous lui avons expliqué la situation, chacun de son point de vue. Nous apprenons que les policiers ont été avertis par Masaru Bakugo, inquiet de ce qui aurait pu nous arriver. Nous sommes également informés sur l'identité du truand, qui est en fait un pickpocket « recherché » par la police. Domoto Nobosuke, alias « le pickpocket ». Très recherché comme nom... Enfin, ce qui m'étonne, c'est qu'il a fallu que ce soit deux gamins qui arrêtent un tel abruti. J'espère profondément que si la police ne l'a pas fait avant, n'était pas par incompétence. Dans le cas contraire, il y aurait de sérieuses questions à se poser.

Comme attendu, nous avons été réprimandés par le danger encouru, et par l'utilisation d'alter dans les lieux publics, qui sont interdits. On dirait que de simple remerciement d'avoir fait leur boulot était trop demandé. Nous acquiescions machinalement, écoutant à moitié ses remontrances, jusqu'à ce que l'inspecteur me demande le numéro de mon responsable légal pour qu'il me récupère au commissariat.

Pitié... Pourquoi j'ai l'impression d'être traitée comme une criminelle, c'est injuste.

Katsuki tu...
La ferme. J'aurais très bien pu m'en occuper, je n'avais pas besoin de ton aide.
Je le fixe d'un œil rond et réponds sarcastique :
Moi aussi, c'était un réel plaisir d'avoir collaboré avec vous, cher acolyte, exagérais-je en levant les deux pouces en l'air. On forme un duo de choc, rajoutais-je pour l'aigrir davantage.
Ce qui a l'air de marcher vu son regard blasé qu'il lève au ciel.
Ton alter, commence-t-il très légèrement plus calme. C'est une sorte de télékinésie, c'est ça ?

Je le fixe un instant, essayant de percevoir une quelconque forme d'ironie, mais j'éclatai en fou rire lorsque je compris qu'il était réellement sérieux. Je le surprends à rougir faiblement avant de se confondre en injures.

Nous montons dans la voiture de police dans un silence accablant. Pour le coup, même les gyozas ne pourront pas me faire oublier cette journée foireuse. Oh non... les gyozas ! C'est sûr que là, oncle Kai va me tuer.

Bon les enfants. Maintenant qu'on est seul, commence l'inspecteur. Je tenais à vous féliciter. Vous avez réussi à arrêter un vilain, et ce n'est pas rien. C'est vrai que vous avez pris des risques, mais au-delà de ça, vous avez été très courageux. Bravo ! 
Je ne sais pas si on peut appeler ça du courage étant donné qu'il n'y avait pas grande difficulté. Mais bon, on prend.
Merci ? je réponds perplexe.
Ne vous inquiétez pas pour vos parents, je vais m'arranger pour qu'ils ne soient pas trop sévères avec vous.

Eh bien, je lui tirerai mon chapeau s'il arrive à convaincre oncle Kai, lui qui est toujours dans l'exagération. Enfin, ça reste généreux de sa part. On n'en serait pas là si Bakugo n'avait pas perdu son temps à s'énerver sur le pickpocket et l'avait dépouillé plutôt au supermarché.
Eh, Katsuki, l'interpellais-je.
Quoi encore ?
Tu me dois des gyozas, déclarais-je en remontant mon casque aux oreilles

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