『2』

🌸

Finalement ce ne fut que le lendemain que le verdict tombait...

Apparemment il faut quand même 24h pour que ça fasse le tour du bâtiment.

Je les pensais plus rapides, c'est un peu décevant.


Debout devant la double porte en bois massif, j'attends sagement que l'angoisse se tasse légèrement histoire de me permettre d'avoir le courage de toquer à cette grande et effrayante porte. La secrétaire doit être derrière moi, à son bureau situé à environ dix mètres de là où je me trouve, et je suis sûr qu'elle doit me prendre pour un idiot. En même temps, ça fait combien de temps que je fixe cette poignée ? Cinq minutes, peut-être dix...


Je n'ai jamais eu ce genre de sentiment. D'habitude c'est moi qui intimide, qui fait baisser les yeux et battre le cœur à tout rompre. Alors pourquoi diable faut-il que les choses s'inversent avec lui ?

Ce n'est pas simplement sa place dans la hiérarchie qui le rend aussi charismatique. Son air froid, son regard vide, son impressionnante carrure, sa voix, sa grande taille... tout en lui me fait me sentir faible alors que je passe le plus clair de mon temps dans une salle de sport. Je sais que physiquement je suis plus musclé que lui, mais je suis sûr qu'il me surpasse en force, aussi bien mentale que physique, et ça, ça a le don de m'énerver.

Ça fait deux semaines que je l'ai rencontré, et depuis ce dialogue, dans son bureau, je n'ai heureusement plus eu de conversation avec lui. Chaque fois que je le rencontre dans les couloirs, je baisse lâchement les yeux, à chaque réunion je prie pour qu'il ne m'adresse pas la parole et le pire dans tout ça c'est que bon sang, il ne m'a absolument rien fait ! Alors pourquoi suis-je pratiquement effrayé rien que de penser à lui ?


Qu'est-ce que je vais lui dire ? Et qu'est-ce qu'il va me dire ? Il me prend pour un coureur de jupons alors il ne me croira jamais si je lui dis que ce n'est que de pur mensonge.

De toute façon je ne peux rien prédire alors autant se lancer une bonne fois pour toute. Dans tous les cas je ne pense pas perdre mon travail, ça me semblerait quand même exagéré, alors bon, autant se lancer.


Après avoir inspiré une énorme goulée d'air, je ne réfléchis pas plus et tape délicatement le dos de mon majeur sur le bois dur face à moi.

Une réponse se fait rapidement entendre et j'ouvre la porte, le regard fixant le sol. Je m'incline rapidement et le salue comme il se doit.

- Assieds-toi

Le ton autoritaire qu'il a utilisé a fait frissonner mon corps dans son entièreté. Mon ventre me fait un mal de chien et je pose les fesses lentement sur le gros et confortable siège rouge velours situé face au bureau. Il est également posé sur sa chaise au luxe exagéré, les bras posés devant lui, jouant avec son stylo, le regard planté dans le mien, qui lui est complètement ailleurs.

Pourquoi est-ce qu'il ne parle pas ? Ça m'angoisse inutilement.

- Vous vouliez me voir ? demandé-je, mal à l'aise

Il ne dit toujours rien, ce qui m'oblige à lever le regard, et lorsque ses yeux glacials se bloquent dans les miens, de désagréables frissons parcours de nouveau mon échine.

Il soupire en pinçant l'arête de son nez et finit par replacer son regard face au mien, qui devient de plus en plus angoissé.

- Je pensais qu'elles allaient se lasser de toi, mais ça n'a pas l'air d'être le cas, souffle-t-il

Il s'appuie dans le fond de son siège et croise les bras, semblant réfléchir, tandis que je baisse de nouveau la tête, trifouillant mes doigts.

Il a tout de suite compris que je n'avais absolument rien fait avec qui que ce soit, ça me touche et me soulage tellement. Mais comment je vais pouvoir tasser les rumeurs ?

- Je suis désolé de te poser une question aussi personnelle mais, tu n'as réellement personne d'intime à tes côtés ? pose-t-il de son visage neutre

Les battements de mon coeur double de vitesse.

Même si je suis sûr qu'il n'est pas quelqu'un de méchant, je n'arrive pas à me sentir à l'aise avec lui.

- Vous voulez parler de relation amoureuse ? demandé-je, perdu

- Pas forcément amoureuse... juste intime

- Euh... dans tous les cas, non, je n'en ai pas, dis-je, les sourcils froncés

Il se lève soudain, et vient poser ses fesses contre le bureau, à quelques centimètres de moi, l'expression inchangée. Il me surplombe totalement de sa taille et son élégance, alors que moi je me fais tout petit, assis dans ce siège.

- Est-ce que tu veux garder ton travail ? dit-il d'une voix intimidante à souhait

- Que... bien sûr que je veux le garder, claqué-je, l'esprit toujours embrouillé

- Je peux t'aider pour faire stopper ces idioties à ton sujet, est-ce que cela t'intéresse ? demande-t-il les sourcils légèrement redressés

Mes joues prennent feu pour je ne sais quelle raison, alors que je bascule la tête en arrière et tente un regard paumé en sa direction. Le fait qu'il me tutoie me déstabilise encore plus.

- Si c'est pour sauver mon emploi alors c'est un grand oui, souris-je, pour tenter de reprendre une consistance, plus, masculine

Alors que je pensais qu'il allait simplement me suggérer quelque chose, il s'approche encore plus de moi, se penche, et pose les mains sur les accoudoirs de la chaise sur laquelle je suis. Mon cœur commence à battre à vive allure et je me demande ce qu'il va faire. Je n'ose rien, mes mains moites sont immobiles sur mes genoux et mon regard fixe le premier bouton de son élégante veste de costume bleu nuit. Il s'approche de plus en plus, ce qui m'oblige à reculer au fond de mon siège. Je ne peux aller au-delà, je suis totalement bloqué entre son visage et le dossier. Il tient à présent mon menton entre son pouce et deux autres de ses doigts et redresse légèrement ma tête tout en la penchant sur le côté. J'ai l'impression d'être un pantin qui suit simplement les mouvements de son marionnettiste. Il s'approche de mon cou et je sens son souffle chaud se répercuter contre celui-ci. Quelque chose d'humide s'aventure sur ma peau et je frissonne immédiatement face à ce contact.

La langue de mon patron est actuellement en train de me lécher !

Je n'arrive toujours pas à bouger. Les yeux fermés, les sourcils froncés, les oreilles bourdonnantes et les mains tremblantes, je ne contrôle rien de cette situation et je panique de plus en plus.

Ses lèvres se collent à ma peau et je sens qu'il suçote plusieurs parties de mon cou. Mon bas-ventre fourmille et je me mords la lèvre pour éviter de laisser d'éventuels soupirs passer la barrière de mes lèvres. Il penche ma tête dans l'autre sens et continue de mordiller cette partie sensible de mon corps.

J'ai de plus en plus chaud, mes joues sont en feu, tout comme mon bas-ventre et ma respiration est tellement haletante que je ne me concentre pratiquement plus qu'à tenter de la faire plus silencieuse.

Il finit par se reculer avec une lenteur monstre et je n'ose toujours pas ouvrir les yeux, la honte beaucoup trop présente pour oser le faire.

Ma respiration se calme avec difficulté et j'entends finalement le bruit de sa chaise en cuir qui couine, signe qu'il s'est assis.

- À partir de maintenant, les gens comprendront que tu appartiens déjà à quelqu'un

Sa voix masculine et profonde ne fait qu'accentuer les frissons qui se baladent toujours sur mes avant-bras. Son autorité me glace le sang, mon estomac se tord dans tous les sens et je me lève d'un bond, les joues bouillantes.

- Merci d-de m'avoir aidé, soufflé-je en m'inclinant et filant à toute vitesse vers la sortie

Je cours jusqu'aux toilettes et m'enferme à l'intérieur d'une cabine.

Il faut que je reprenne consistance, si je sors dans cet état les gens vont me trouver bizarre.

Bordel, mais qu'est-ce qu'il vient de se passer ?

Sentant que mes jambes pouvaient de nouveau me porter, je finis par sortir et me passe un coup d'eau sur le visage pour tenter de remettre de la clarté à mon esprit.

La couleur sang qu'on prit mes joues s'estompe difficilement alors que je me concentre enfin sur mon cou. On peut y apercevoir quatre énormes suçons, dont un sur ma pomme d'Adam, celui qui m'a fait le plus de- mais qu'est-ce que je raconte, bon sang !

Je me gifle violemment et me regarde de nouveau dans le miroir.

Je me suis laissé faire.

Je n'ai rien dit, rien fait. J'ai juste, attendu que ça se finisse...

Je n'ai plus rien fait avec quelqu'un depuis beaucoup trop longtemps, c'est ce qui doit me rendre sensible. Je n'ai jamais été attiré par les hommes et ce n'est certainement pas maintenant que ça va commencer.

Il faut que je fasse attention et que je m'éloigne de lui. S'il retente quelque chose je ne sais pas si je pourrai le repousser. Je ne veux pas perdre mon travail et puis... peu importe, évitons juste de le recroiser.

- Alors ? Comment ça s'est passé ? T'es viré ? Tu vas me quitter alors que tu viens d'arriver ? m'agresse de question mon collègue

Tiens, mes jambes m'ont conduit jusqu'à mon bureau sans que je ne m'en aperçoive.

- Non, soufflé-je, épuisé alors qu'il n'était que 10h30. Il voulait simplement avoir ma version des faits

- Je vois, et c'est avant ou après les suçons qu'il a bien voulu te croire ? dit-il après avoir relevé la tête en ma direction, un sourcil haussé

- Que- Ce n'est pas lui qui m'a fait ça, ne raconte pas d'idioties ! paniqué-je, les joues se réchauffant de plus en plus

- Tu ne sais pas mentir Hoseokkie, sourit-il enfin. Je te connais par cœur, je te rappelle que je suis ton meilleur ami, dit-il, avec un clin d'œil

Il n'a pas l'air d'en être dégoûté, ça me rassure, même si je n'en attendais pas moins de sa part. Il a même l'air de l'accepter plus facilement que moi.

- Ok, digère un peu le truc, tu m'expliqueras ce soir, je rentre avec toi, insiste-t-il avec son sourire éblouissant habituel

J'hoche la tête et me concentre corps et âme sur mon travail, histoire de ne plus penser à cette situation complètement absurde et bizarre.

🌸

- Alors ? questionne déjà mon ami alors que nous étions à peine assis dans le canapé, une canette de coca à la main et deux pizzas sur la table

- Je ne sais même pas comment tu as pu tenir jusqu'ici, soufflé-je, mordant ensuite dans ma nourriture

Il me répond avec un grand sourire, la bouche pleine, et attend patiemment que je parle.

Mes joues s'échauffent déjà et je continue de fixer ma boisson.

- Il a dit qu'il pouvait m'aider à faire stopper les rumeurs qui courraient sur moi. Il m'a demandé si je tenais à garder mon travail et si je voulais de son aide, e-et j'ai bêtement dit oui, conclus-je, empli de honte

- Attends, t'es en train de me dire qu'il a abusé de toi en utilisant ta peur de perdre ton emploi ? s'énerve-t-il

- Calme-toi Kihyun, essayé-je de le calmer, posant ainsi la main sur son avant-bras. Ce n'est pas aussi grave que ça le laisse croire, soufflé-je

- Ah non ? Pourtant ça ressemble exactement à ça Hoseok ! s'emporte-t-il

- Je suis certain que si j'avais dit stop, il se serait arrêté, murmuré-je. Mais je n'ai rien dit, et je me suis laissé faire. Ce n'est pas sa faute, tenté-je de le convaincre, et moi par la même occasion

- Tu n'as rien dit parce que tu avais trop peur de perdre ton travail, ce n'est pas toi le fautif, c'est lui, ne pense pas le contraire, soupire-t-il. Tu es toujours trop gentil, tu m'énerves !

Je pouffe nerveusement et le regarde désolé tout en me frottant la nuque.

- Il ne t'a rien fait d'autre, rassure-moi ? s'inquiète-t-il, le regard peiné

- Non, ne t'inquiète pas, souris-je timidement

- Rassuré, mais à moitié, souffle-t-il

- Ça va, je t'assure, ne prend pas ça trop à cœur, d'accord ? Et puis si vraiment ça marche et que ces folles me laissent tranquille, ce sera un véritable miracle, et je te demanderai sûrement de m'aider à en refaire ! souris-je de toutes mes dents

- Beurk, même pas en rêve ! dit-il avec un air de dégoût

- Pfff, et ça se dit meilleur ami, levé-je les yeux au ciel

- Justement, j'suis ton pote, pas ta pute !

- Parce que tu penses que je t'aurais payé ? pouffé-je

- J'vais t'buter !

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