Chapitre 22

   Les choses étaient trop complexent pour l'instant. Jolie Louve n'avait qu'une envie : se reposer. Pourtant, la voilà. Là. À marcher aux côtés de Nuage des Bois.

   Elle prit une respiration, alors qu'ils marchaient dans la prairie, leurs pattes s'enfonçant et disparaissant dans les champs de bruyère et de fleurs. Ses narines perçurent l'odeur puissante de son compagnon, une odeur protectrice de musc et de bergamote, mêlée à un agrume.

   "C'est drôle ça..." pensa-t-elle à voix haute

   Comment se faisait-il qu'il conservait des odeurs domestiques après tout ce temps ? Il ne retournait pas chez–

   Elle se tourna brusquement, et observa son pelage brun, rayé comme celui d'un tigre, luisant. Elle jurait pouvoir voir ses muscles rouler sous ses poils épais et courts.

   "H-hey ! Je sais que je suis très attractif, mais je vais commencer à croire que tu tombes pour moi, Mamie."

  Elle arracha son regard de sa cible, rougissante. Oui, il était musclé, mais cela cachait la perte de poids considérable depuis son arrivée.

  "Je... Je réfléchissais." déclara-t-elle, retrouvant son calme

   - Vraiment ?" Demanda-t-il, sceptique, avant de taquiner : "Allez, avoue que j'occupe tes pensées jour et nuit, ma Jolie."

   C'est à cet instant qu'elle cessa de fonctionner. En plus de lui avoir donné un nouveau surnom, beaucoup plus intime, qui les faisaient ressembler à un vrai couple, se chamaillant amicalement tout le temps, une petite voix avait murmuré, dépassant le seuil de ses lèvres silencieusement : oui.

   - Vraiment ?" Elle le vit demander.

   Sa fourrure semblait s'être hérissée et il la regardait, impatient, les yeux grands ouverts, contrairement à ses lèvres entrouvertes. Elle se dépêcha de se rattraper, fermant ses yeux agacés, le rouge aux joues :

   "Oui. Oui, je pense à toi. Et à comment tu vas te rater devant Houx Glacé, ou pire, Étoile de Lavande !"

   Elle lui donna un petit coup de patte sur le crâne. Non, il n'était pas plus grand qu'elle, juste assez pour la cacher, pour la prendre dans son étreinte. Elle trottina quelques pas devant lui, et il la rattrapa au même rythme. Il ne la lâchait pas, hein ?

   "Alors, qu'est-ce que vous vouliez me dire." se référa-t-elle à la promesse émise plus tôt

   - Ah non, non, non. On doit le faire ensemble et–"

   - Tu ne peux pas le faire toi-même ? Ne t'inquiètes pas pour lui, on se reparlera." Elle avait grimpé et le toisait du haut du rocher. Elle était majestueuse, illuminée par le soleil, son expression adoucie lui donna le courage de parler. Il la rejoint et murmura, les minois proches l'un de l'autre :

   "Je suis désolé."

   Elle déglutit. Être proche n'avait jamais été dérangeant, mais cette nouvelle proximité éveillait en elle quelque chose qui semblait enfoui. Un frisson parcourut son échine. Leurs deux yeux se plongèrent l'un dans l'autre.

   "Je suppose que je dois m'excuser aussi. Je n'ai sûrement pas été la meilleure des professeurs, je n'ai pas non plus été une bonne camarade. Tout semblait étranger. Je... J'avais quelques soucis." Elle posa son front et releva ses yeux qu'elle avait baissés au commencement : "Tu avais raison. J'ai besoin d'aide. Et je vais en trouver. Pour l'instant, je dois accomplir une mission. Et je compte la mener au bout."

  Ses orbes vertes s'écarquillèrent. Elle rit, anxieuse :

   "Je suis pas sûre d'y arriver. Mais je vais essayer !"

   Il fondit sur elle, plongeant son museau dans l'orage de sa personne, y restant là quelques instants.

   "Comment elle va ?" questionna sa voix, suivie par son éloignement, et d'une expression comme s'il venait de se réveiller

   "Qui ça ? Brume Plumeuse ? Oh, euh, bien, je suppose. En fait, je ne sais pas. C'est étrange, elle n'avait pas aussi heureuse que je l'aurais pensé. Elle a perdu quelques chatons, mais–"

   - Elle a perdu des chatons ?"

   Il la regardait comme si elle en était la coupable, mortifié.

   "Oui. Ça arrive souvent dans les clans. En plus de ça, elle n'était pas au camp quand c'est arrivé, et elle avait une hémorragie, donc c'était plus compliqué de la soigner–"

  - Elle avait une hémorragie ?"

   - Oui ! C'est toi qui devient sourd ou quoi ? Enfin, je suis compréhensible, non ?"

   - Oui, oui. C'est juste que je ne pensais pas que– Enfin je ne réalisais pas le danger. Chez nous, ça n'arrivait jamais."

   - Jamais ?"

   - Jamais." confirma-t-il

   - Ça doit être pour ça que vous vous la coulez douce. Vous n'avez pas tant de danger que ça." Elle soupira : "Je dois avouer que je vous envie un peu. Savoir que personne ne meure..."

   - Ce n'est pas ce que j'ai dit. Il y en a qui meurent. Mon père, par exemple." Ses saphirs se posèrent sur lui, curieux, inquisiteurs, mais il ne pouvait rien leur refuser. "Il– Je n'ai pas beaucoup de souvenir de lui. Je me souviens que je l'aimais beaucoup et ils s'adoraient avec ma mère. Mais, un jour, il a — pouf !— disparu."

   - Aww." Elle se frotta à lui, il la regarda, levant la patte, confus à propos de ce qu'il se passait. "Ton histoire était trop mignonne. Je promets de ne plus te maltraiter aussi durement qu'avant."

   - Ah ! Tu admets donc que c'était de la maltraitance."

  - Non ! Bien sûr que non. Mais c'était drôle de te voir faire mes corvées."

   Il riposta et elle ria. Non, elle n'avait pas la force de se lever. Et puis, il était confortable.

   "Jolie Louve. Je dois te dire quelque chose."

   - Mhm ?" Malgré son air nonchalant, elle sentait un sentiment d'impatience monter en elle

   - Je– Ne t'énerve pas, mais je– Enfin, voilà–"

   - Abrège. Je vais m'endormir pour de vrai, sinon..." le pressa-t-elle

   - Je continue de voir ma mère."

   Comme si elle fut frappée par la foudre, elle se releva et le regarda, un jugement dans ses yeux.

   - Pardon ?"

   - Je sais, je sais. Je ne devrais pas, mais–"

   - C'est pas un jeu. Tu crois qu'on fait ça pour quoi ? Pour rigoler ? Non. La réponse, c'est non."

   - Je sais. Mais c'est ma mère. Comment tu te sentirais si tu étais à ma place ?"

   - Je–"

   La guerrière fut prise au dépourvu. Elle songea. Évidemment qu'elle rendrait visite à sa mère. Mais elle saurait rester fidèle à une règle si on le lui demandait.

  Demande-lui à propos de Petit Soleil.

  Pas maintenant, grogna-t-elle.

   "Je pense que je suivrais la règle, quoiqu'il m'en coûte." assura-t-elle, sans trop savoir si elle le pensait

Demande pour Petit Soleil.


Non. Pas maintenant.

   - C'est encore une différence entre toi et moi."

Interroge-le sur Petit Soleil.

   - Qu'est-ce que tu veux dire ?"

N'oublie pas Petit Soleil.

   - Rien. Tu pourrais pas comprendre."

Petit Soleil. Le petit.

   - C'est pas vrai. Pourquoi personne ne veut rien me dire." s'énerva-t-elle

Le petit disparu de Pelage d'Orage et Jonquille Éclatante.

   "Explique-moi."

Retrouve-le.

   - Je t'assure ça va. Ça ne voudrait peut-être rien dire pour toi."

Petit Soleil, tu dois-

   "Bon ! D'accord." S'emporta-t-elle "Est-ce que tu sais qui est Petit Soleil ?"

   Il cligna des yeux avant de répondre simplement :
  "Non–"

Voilà ! Vous êtes contents ?

   "–mais, y'avait ce chat qui s'appelait Sunny. Tu le connais ?"


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