🚪 Porte mystère

Cette fois-ci le thème découlait d'une photo : 

L'inspiration était libre, cependant, il fallait respecter une contrainte. Placer trois mots dans notre écrit : lune, cavité et portail.  

***

Je détestais lorsqu'elle faisait ça, se perdre dans son entêtement au point d'oublier tout ce qui l'entourait.

— Alia... soufflai-je une énième fois. Je suis fatiguée, j'ai envie de rentrer.

— Nous y sommes presque.

Malgré mes jérémiades, ma petite amie ne ralentit pas. Bien au contraire, elle traversa les hautes herbes comme si sa vie en dépendait. Et moi, je la suivais, quand bien même mes pieds me faisaient souffrir et même si la nuit s'imposait à nous.

— Tu dis ça à chaque fois.

— Je ne serais pas une exploratrice de ce nom si j'avais pas la foi ! cria-t-elle. C'est pas loin, j'en suis sûre.

Alia était une grande aventurière. Pas dans le sens ludique du terme, c'était son métier ; partir dans des contrées inconnues pour découvrir des trésors cachés. Une archéologue un peu spéciale. Sa dernière mission l'avait entrainé au cœur de cette forêt écossaise. De nombreuses légendes soufflaient qu'entre ces arbres centenaires se cachaient des cavités mystiques. Après des mois de recherche à ne rien trouver, la mission s'était achevée pour passer à une autre, cependant, c'était mal connaître Alia. D'une détermination sans faille, elle décida de poursuivre seule ces investigations.

Et mon amour pour elle m'obligeait à la suivre. Vivre sans elle un mois c'était déjà compliqué, mais davantage ? Hors de question.

Perdue dans mes pensées, j'oubliais de scruter le chemin sur lequel je marchais et inévitablement, mes pieds se prirent dans une racine, me faisant trébucher.

— Alia !

Mes genoux furent les premiers à heurter le sol, suivi de mes mains. La vache, c'était douloureux. Un gémissement s'échappa d'entre mes lèvres tandis que je m'asseyais contre un arbre.

— Oh, Jenny, tu peux pas faire plus attention ! rouspéta-t-elle en me rejoignant. Tu t'es blessée ? Montre.

Elle inspecta mes mains, épousseta la terre incrustée dans mes paumes avant de les embrasser.

— Je suis fatiguée, chuchotai-je.

Ma tête cogna contre l'écorce de l'arbre et mes yeux observèrent le ciel dégagé. Le soleil s'était déjà couché et le bleu devint plus sombre, presque gris. J'adorais contempler les étoiles, mais ce soir, mon regard fut attiré par l'énorme lune qui nous surplombait.

— Bon, on rentre, capitula ma petite-amie. On reviendra demain.

— Merci.

Elle m'aida à me redresser en tirant sur mes bras, toutefois, avant même d'être debout et stable, elle me lâcha comme si elle s'était brulée.

— Qu'est-ce que c'est ? s'exclama-t-elle en se jetant au sol.

Je l'observai gratter la terre pour révéler quelque chose d'enfoui. Elle écarta un tapis de feuilles, de branches et de brindilles. Mon cœur sursauta dans ma poitrine tandis que mes prunelles captèrent ce que j'avais raté. Plusieurs planches de bois étaient camouflées. En quelques instants, je vis l'intégralité de l'objet.

— On dirait...

— Une porte, terminai-je.

C'était bel et bien un ensemble de vieilles planches réunies à l'intérieur d'un cadre pour former une porte. Le bois était terne, effrité et marqué par le temps. Les charnières et la poignée étaient rouillées et les dernières traces de peinture écaillée s'harmonisaient avec le vert de la forêt.

Ce fut étrange de voir une porte incrustée dans le sol de cette façon et ma petit-amie semblait captivée. Ses mains voyageaient sur le bois et tentaient de l'ouvrir. Un grincement s'éleva dans les airs, mais sans surprise, rien d'autre ne se passa.

— Elle est bloquée, grogna Alia.

— Bon, laisse tomber, il commence à faire vraiment noir, on va bientôt plus rien y voir.

Alia m'ignora et récupéra son sac à dos pour en sortir une lampe torche. Toujours équipée pour ses expéditions...

— C'est peut-être ce que je cherche.

Je la rejoignis pour toucher à mon tour le bois rugueux. Aucun doute, c'était une véritable relique. Cela devait faire des siècles que cette porte était là, pourtant elle était peu enfouie dans la terre, ce qui semblait incohérent.

— Comment ça pourrait être ça ? Tu ne cherches pas une grotte ? demandai-je.

— En vérité, dans les légendes, il est écrit cavité, cela peut se traduire différemment. Ça pourrait être un trou, un fossé, une grotte, un terrier, une tanière...

— Ouais, enfin, ça c'est une porte, soulignai-je.

— Une porte ou un portail.

Une fois de plus, elle tenta de tirer sur la poignée, mais c'était coincé. L'obscurité nous gagnait de plus en plus depuis quelques minutes, cependant, la lune nous éclairait de ses rayons d'une blancheur caractéristique. Je n'aimais pas beaucoup me retrouver dans une forêt en pleine nuit. Ma peau se couvrit de frissons et je resserrai automatiquement mes bras autour de moi.

— Je dois absolument l'ouvrir, persista Alia.

— On reviendra demain.

— Je ne peux pas partir maintenant, Jenny !

Agacée, je me relevai en soufflant et m'éloignai de quelques pas. J'étais exténuée par cette journée de marche et j'avais faim. La passion de ma petite-amie était quelque chose que j'avais toujours admirée, et secrètement, j'étais très excité par son côté aventure. C'était ma Lara Croft à moi, néanmoins, à cet instant, je la maudissais en silence.

— Ça y est ! s'écria-t-elle tout à coup, me faisant sursauter.

— Quoi ?

Je pivotai vers elle, le cœur battant, mais... Alia avait disparu. La porte en bois était ouverte, alors même que personne ne la tenait. Elle donnait l'impression d'être en lévitation et un malaise me comprima la poitrine. Je courus vers ce mystère pour découvrir que cette porte donnait sur un immense trou.

Je compris qu'elle avait peut-être réellement trouvé ce qu'elle cherchait. Et avec cette réalisation, ma panique jaillit. Alia était tombée !

— Alia ! hurlai-je.

L'angoisse me brûla les yeux, je n'arrivais plus à voir clairement ce piège mortel. Et Alia ne me répondit pas. Je criai plusieurs fois son prénom, tentai de voir un fond dans l'obscurité du trou, mais j'avais peur de me pencher. Peur de tomber moi aussi. Tout à coup, une lueur bleue perça la noirceur du fossé.

Je n'eus pas le temps de me questionner ; cette lumière azur m'avala. Je chutai alors même que je n'avais pas bougé. Quelque chose m'aspira, un tourbillon intense qui annihila pensées et réactions. Incapable de parler, de bouger, je me sentis sombrer dans ce trou qui devenait de plus en plus lumineux.

Le bleu était omniprésent. Éclatant et intense, je percevais des scintillements partout autour de moi. L'espace d'un instant, je pensais être dans un diamant, tellement la brillance était captivante.

Puis l'obscurité réapparut, absorbant tout ce bleu. Quelques secondes après, mon corps heurta violemment une surface place. Un cri de douleur résonna autour de moi. Sonnée, je peinais à me réorienter. J'avais mal partout et mes pensées étaient en désordre. Qu'est-ce qui s'était passé ?

— Jenny !

Cette voix me ramena à la réalité et je tentai de me redresser. Des mains se posèrent sur moi et Alia apparut dans mon champ de vision.

— Alia, soufflai-je, rassurée de la voir.

— Jenny, ça va ? Tu es blessée ?

C'était la deuxième fois qu'elle me demandait ça ce soir et je grimaçais. Cette escapade ne me plaisait pas. J'avais déjà vécu des expériences étranges en la suivant dans ces missions d'explorations, mais là...

— Jenny ?

Sa voix inquiète me poussa à reprendre contenance.

— Je... j'ai mal partout, mais ça va. Et toi ?

— Pareil, soupira-t-elle. Je ne comprends pas comment j'ai pu tomber, c'est comme si on m'avait...

— Aspiré, terminai-je. Oui, ça m'a fait pareil.

Elle m'aida à me relever – encore – et enfin, j'observai autour de moi. Nous étions toujours dans la forêt, c'était étrange. Les arbres s'élevèrent très haut et... Je m'aperçus que la nuit n'était pas aussi profonde qu'auparavant, comme si... comme si le crépuscule était toujours d'actualité.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demandai-je, confuse.

— Je crois que je l'ai trouvé, Jenny.

— De quoi ?

— La cavité. Le fossé. Le terrier. Peu importe. C'est ça, le portail pour le pays des merveilles.

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