🌼 Les Ouillamis

Texte écrit pour un défi en l'honneur de Pâques.

Et si le lapin de paques n'existait pas, et que ce n'était pas les cloches qui amenaient des chocolats ? Et pourquoi du chocolat à Pâques ? Réinventons cette tradition !

***

L'éternuement secoua tout le corps de mon amie. Elle renifla exagérément en soupirant de désespoir.

— Je n'en peux plus de ces maudites allergies ! rouspéta-t-elle.

— Tu sais ce qu'on dit...

Elle me jeta un regard noir et s'affala contre le dossier de sa chaise de jardin. Installés au soleil, sur sa belle terrasse en teck, nous prenions le temps de savourer une limonade en écoutant les enfants hurler leur joie. Ils couraient partout sur l'herbe, chassaient les papillons et profitaient de la douce chaleur de ce printemps.

— Je ne veux rien entendre, je souffre, ok ?

Un éclat de rire s'échappa de ma gorge avec automatisme. Elina détestait qu'on lui rappelle le côté féerique de cette manifestation corporelle désagréable. Ses cheveux roux foncé donnaient des reflets cuivrés grâce aux rayons de l'astre solaire et son petit nez retroussé sublimait son expression renfrognée.

— Je ne fais qu'exposer une vérité, soulignai-je, un léger sourire aux lèvres.

— Une légende, Max, c'est une légende, rectifia-t-elle en plissant les yeux.

— Une légeeeeeeeeende ! hurla tout à coup l'un des mioches de ma meilleure amie.

Julia courut aussi vite qu'elle le pouvait, considérant ses minuscules jambes. Son frère, Matteo, l'imita et la dépassa naturellement. Il fallait dire que ses jambes, à lui, étaient plus grandes ; à huit ans, on se déplaçait plus vite qu'à cinq !

— De quoi tu parles, tonton ? s'enquit le mioche numéro un en me regardant avec des gros yeux

— Rien du tout, il dit des bêtises, comme d'habitude, répondit sa mère.

— J'adore les bêtises ! Tu me racontes, tonton, hein, s'il te plaaaaaaît !

— Je ne faisais que parler des Ouillamis, indiquai-je.

La tête que fit le môme me renseigna sur son ignorance absolue. Sa sœur arriva enfin, essoufflée et les cheveux en bataille. Une brindille se dressait au sommet, comme pour scander qu'elle s'était roulée par terre.

— Les... quoi ? souffla-t-elle de sa voix cristalline.

— Les Ouillamis, répétai-je. Vous ne connaissais pas ?

L'étonnement dans ma voix transparaissait sans mal, je jetai un coup d'œil vers Elina et elle haussa les épaules.

— Possible que j'aie oublié d'en parler.

— Tu as oublié ? Comment peut-on oublier de parler de ces merveilleuses créatures ?

— Des créatures ! Quelles créatures ? cria Julia.

— Les Ouillamis, ce sont de petites bestioles bienfaisantes qui apparaissent au printemps.

Mon explication fit réagir les enfants de concert, tandis que Mattéo écarquilla les yeux, la petite rousse, portrait de sa mère, ouvrit la bouche en grand et regarda partout autour d'elle.

— Ne fait pas ça, Max, soupira mon amie en fermant les yeux.

— Oh que si !

D'un bond, je me levai de ma chaise et fis signe aux enfants de me suivre pour s'assoir sur l'herbe. Pour une fois, ils écoutèrent sans broncher, avec docilité et impatience.

— Alors c'est quoi, tonton, les oullemamies ?

— Ouillamis, Julia.

— Oui-ouilla-

— Bon, tais-toi et laisse-le raconter, gronda Mattéo.

— C'est une petite bestiole qui naît à l'équinoxe de printemps et vit seulement jusqu'à l'été. On fête sa naissance le 21 mars, lorsque le jour et la nuit sont égaux, en s'habillant en jaune et en buvant du sirop de miel. Durant sa courte vie, la petite bête sème partout où elle passe une fumée jaune.

— Une fumée jaune ! s'exclama le gamin numéro un. Comme Smoker ?

Cette énième interruption m'interloqua suffisamment pour que je plonge mon regard dans celui du petit bonhomme. Même nez que sa mère, yeux noirs comme son père, il ferait des ravages plus tard.

— Comme qui ? demandai-je en sachant déjà que je le regretterais.

— Smoker ! Dans One Piece ! TU CONNAIS PAS ONE PIECE ?!

— Tais-toi toi-même d'abord ! s'écria Julia en direction de son frère. Je veux savoir la suite des Oullalamis.

Mattéo plissa les yeux de manière exagérée et s'apprêta à répliquer, certainement une grossièreté. Ainsi, je m'interposai rapidement :

— Et donc ! Cette fumée a le pouvoir de rendre vivace ce qui est endormi, d'embellir les couleurs, de faire éclore les bourgeons...

— Pourquoi j'en vois jamais ? demanda minus numéro deux.

— Parce que les Hommes ne sont plus capables de voir la magie et les êtres enchantés. Mais les Ouillamis sont là et même si nous ne les voyons pas, nous les sentons, expliquai-je.

Le rire tonitruant de ma meilleure amie déchira le silence paisible. D'un même mouvement, nos têtes se tournèrent vers elle.

— Pour les sentir, on les sent ! rigola-t-elle. C'est une horreur.

— Ces bêtes puent ? interrogea Mattéo en ricanant.

— Pas du tout, protestai-je avec vigueur, elles sentent les fleurs et elle agit sur les humains aussi.

— Ouais, elles nous filent des allergies ! On se retrouve en vrac à cause de ces Ouillamis, d'ailleurs, on devrait les appeler des Embrouillaminis, ça leur irait bien mieux. Je suis sûre que ça vient de là, râla Elina.

— Cesse de divulgâcher mon récit !

Mon amie leva les yeux au ciel et croisa les bras sur sa poitrine. Les enfants, perdus, rivaient leur regard tantôt sur leur hurluberlue de mère, tantôt vers moi. Je me raclai la gorge et repris ma petite explication :

— Cette fumée jaune est là pour insuffler un renouveau à la nature et chasser les dégâts de l'hiver. Pour les humains, c'est pareil, elle provoque des éternuements, des pleurs, mais c'est pour sortir toutes les énergies négatives de leur corps.

— Maman, elle les sent beaucoup ! MAMAN ! TU LES VOIS AUSSI ? s'émerveilla la petite fille en se dirigeant à toute vitesse vers sa mère.

— Nom d'un leprechaun, heureusement que non ! marmonna Elina.

— Et ils ressemblent à quoi ces machins bidules ? demanda Mattéo.

— D'après les légendes, ce sont de petites bêtes au pelage scintillant, ils se déplacent soit en bondissant comme les kangourous, soit grâce à leurs ailes aussi fines que des libellules.

— JE CROIS Z'EN AI VU ! hurla Julia en revenant vers moi.

Son frère s'esclaffa, moqueur, mais ne répliqua rien. Dans son regard d'obsidienne s'allumait une petite lueur, celle que l'on avait enfant et qui nous poussait à croire. À croire en ce qui a de plus beau dans la nature, ce qui ne se voit pas, mais qui se ressent tout de même, parce que c'est là, que c'est partout autour de nous et que c'est essentiel. Cette étincelle mourrait en grandissant, en tout cas, chez la majorité des adultes.

Mais certainement pas chez moi.

***

Informations Culturelles

Ostara

Ostara est une fête païenne, célébrée lors de l'équinoxe de printemps 🌸, généralement le 21 mars, lorsque le jour est aussi long que la nuit 🌗. Cette célébration met à l'honneur la saison printanière, quand la vie s'éveille dans un processus de renouvellement. C'est le réveil de toutes les énergies sur Terre 🌍.

Les rituels d'Ostara se déclinent sous plusieurs formes : la décoration des œufs 🥚, symbole de renaissance et de fécondité, avant de les utiliser dans des rites sacrés et de les manger (ça vous dit quelque chose, j'espère !). Les bébés animaux tels que les poussins 🐥, les canetons ou les lapereaux sont tous symboliques de la saison et sont honorés. Le lapin 🐰 notamment, ancien symbole de la Lune, représente le renouvellement de la fertilité de la Terre (voici le lapin de Pâques, ahem).

Ostara est un Sabbat Solaire 🌝, il met en avant la Jeune Déesse, ainsi que le Jeune Dieu, seigneur du Soleil levant et gardien des plantes. Il est représenté comme l'Homme Vert 🌳 entouré de verdure et aussi grand qu'un arbre (géant vert, c'est lui). Lorsque la Déesse sort de son sommeil pour apporter la fertilité, le Jeune Dieu gagne en maturité et parcourt les prairies verdoyantes (nu comme ver) ; c'est pourquoi la période est réputée comme la saison des amours auprès des animaux...

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