30. Le point de non-retour.


La porte fut claquée avec violence. On m'a jeté sans ménagement dans la pièce où Angelica se trouve. Il fait noir. Les idées se bousculent dans ma tête. Tout est allé très vite. Je me retrouve à nouveau prisonnier, mais cette fois-ci, le vice est poussé à l'extrême. Erwan, convaincu que je vais devenir un zombie dans quelques temps, veut que je m'en prenne à Angie. Ou bien veut-il que je meure des mains de sa compagne ? Je ne saurais pas dire, mais une chose est sûre, il veut que je me transforme en présence d'Angie, peu importe la finalité.

Angie. Elle est ici. Et pourtant, je ne l'entends pas. Mes yeux s'acclimatent, et je comprends que les volets de la pièce sont clos, mais elle comporte bien des fenêtres. J'attends quelques instants pour que ma vision soit plus claire. Et là, je la vois. Elle est allongée, sur un divan, inconsciente. Je me précipite auprès d'elle. Je ne distingue que sa silhouette. Je tâtonne. Ma main rencontre un morceau de tissu autour de sa tête. Elle est bâillonnée. Je tente de lui retirer mais c'est compliqué dans le noir. Je tente alors d'ouvrir la fenêtre, mais elle est verrouillée, je ne peux pas l'ouvrir. J'essaie alors de trouver un interrupteur près de la porte, mais je trébuche sur un meuble et je tombe.

Dans ma chute, je me fais mal, et je laisse échapper un petit cri de douleur, ce qui a pour effet de faire rire les deux gardes à l'extérieur. La chance que j'aie dans mon malheur, c'est que le bruit a également réveillé Angie, car je l'entends bouger. Je l'entends marmonner, puis tenter de s'exprimer, mais le bâillon l'en empêche. Je ne parviens pas à trouver d'interrupteur, alors je chuchote pour la rassurer et surtout pour ne rien laisser échapper que les gardes pourraient entendre.

"Angie ! C'est moi ! C'est Raphaël !

- Hmmmph huuuum humph...

- Chut ! Chut ! Il ne faut pas alerter les gardes... Attends, je vais te retirer ça de la bouche... Voilà.

- Oh Raph, je suis si heureuse de te savoir en vie ! Me dit-elle avec beaucoup d'émotion.

- J'ai vécu une nuit de dingue. Ce que ton gars fait, c'est tout aussi dingue que Madder.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? Me demande-t-elle.

- Il m'ont enfermé dans une cellule avec un zombie... Mais il n'était pas comme ceux que l'on connaît jusqu'ici. Il a été créé, formaté... conditionné. C'était comme s'il était programmé pour me tuer. J'ai été obligé de le tuer car il m'a mordu, et je pense qu'il a compris, en quelque sorte, que je n'étais pas un humain ordinaire. J'ai été obligé, Angie. Je... je voulais pas...

- Tu n'as pas eu le choix... Et on va certainement devoir tuer d'autres êtres vivants, Raph. La situation est catastrophique pour nous.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? Je m'inquiète.

- J'ai merdé. J'ai totalement merdé.

- Comment ça ?

- Erwan a compris qu'on préparait quelque chose. Il a tout compris...

- Comment ça, "il a tout compris" ? Il sait pour moi ? Me dis pas qu'il sait pour moi ?!

- Si Raph, il sait qui tu es. Tu es en danger.

- Mais, comment peut-il savoir que je suis un premium ?!

- Il ne le sait pas...

- Je ne comprends pas Angie, il va falloir que tu éclaires ma lanterne... Je m'impatiente.

- Il est de mèche avec Madder, et il a ton dossier en sa possession, Raph. Il sait ce que tu as fait.

- Mais bon sang, à la fin ! C'est quoi ces conneries encore ?! Tu sais ce que j'ai fait ?! Erwan t'a dit ? Gabriel t'a fait lire ?! Je commence à en avoir marre que tout le monde me parle de qui j'étais mais personne ne veut me dire !!!

- Je ne sais rien, Raph ! Je sais juste qu'il connaît ta véritable identité, et que tu aurais fait quelque chose de monstrueux avant d'être mordu... Et quand Erwan a voulu me confronter, et me faire culpabiliser, j'ai pris ta défense, et il est entré dans une colère noire. Je lui ai dit que je ne resterais pas ici si ce n'était pas sous mes conditions. Il m'a alors frappée et je suis là.

- Comment peut-on faire ça à la femme qu'on aime ? Je demande plus à moi-même qu'à Angie.

- Cet homme n'est plus le Erwan que j'ai aimé. Et je ne suis plus la femme qui l'a fait craquer. C'était avant. Il a choisi de partir et de me laisser. Il a choisi cette vie de petit chef tyrannique !... Raphaël, comment allons-nous sortir d'ici ?

- Je n'en ai pas la moindre idée. Les fenêtres sont scellées, la porte est gardée et nous nous trouvons en plein milieu de la ville... Il faudrait réussir à ouvrir ces fenêtres, pour commencer. Une fois sortis, nous pourrons nous fondre dans la masse et improviser.

- A-t-on une option moins risquée ? Me demande-t-elle.

- J'ai bien peur que non... L'idéal, serait de passer pour assommés tous les deux aux yeux des gardes, ça nous ferait gagner un peu de temps, mais comment faire ?

- Je sais ! Ta chute m'a réveillée... Fais de nouveau du bruit, suffisamment pour les faire entrer, et restes étendu par terre. Ils nous croiront inconscients et nous pourrons essayer de nous échapper.

- D'accord... C'est de la folie, Angie.

- Tu as une meilleure idée ?"

Sur ces mots, elle remet son bâillon en place et se rallonge. Je prends une grande inspiration, non sans me répéter intérieurement que tout ceci va nous faire tuer d'un instant à l'autre, mais comme elle l'a si bien dit, avons-nous une autre alternative ?

Je m'allonge également, puis je pousse un meuble. Je ne saurais pas dire de quoi il s'agit exactement, mais le vacarme qu'il déclenche fait son effet et les gardes entrent.

"Regarde-moi cet abruti ! Il a réussi à s'assommer tout seul !

- T'es sûr que c'est le cas ? Le meuble est tombé vers la porte, et il est allongé à l'opposé...

- Mais t'es con ou tu le fais exprès ?! Il était dans le noir, c'est précisément ce qui explique que c'est un vrai bordel...

- Je ne le sens pas quand-même...

- Tu as peur de quoi ? Qu'ils soient somnambules et aillent chercher la clé de la fenêtre dans le tiroir ?! Allez, laisse-les faire la sieste !! Au réveil, il sera certainement plus humain et la bouffera, si ce n'est pas elle qui le bute avant ! Ahahahahahah !!!

- Tu as raison... Allez, sortons."

Je rouvre les yeux, le sourire jusqu'aux oreilles. Je n'ai pas besoin de plus de lumière pour le voir, Angelica aussi est heureuse. Je ne sais pas si ces deux gardes sont d'une bêtise absolue ou si la providence a décidé de nous donner un petit coup de pouce, mais la solution à notre problème venait de nous tomber tout cuit dans le bec.

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