J'imagine légitime la stupeur d'Aristote apprenant qu'il est né en l'an -427 avant Jésus-Christ. À y penser, c'est assez étrange. L'histoire ne commence pas en l'an zéro, comme le bon sens le suggérerait. Nombreux sont les Hommes qui ont foulé de leur pied la terre sans toutefois percevoir le caractère négatif de leur condition. Ainsi, l'histoire prend sens dès lors où l'humain laisse des traces écrites. On remonte alors à l'an -3000 la fin de la préhistoire et le début d'une nouvelle ère. Pourtant, des traces, il y en avait déjà. Pour dire vrai, l'homme n'a cessé de laisser des témoignages de son passage. Inconsciemment, avec ses ossements et ses outils retrouvés des milliers d'années plus tard. Puis, prenant conscience de sa propre existence, il peindra des grottes. Au-delà du caractère arbitraire du choix du commencement de l'histoire, on constate que l'histoire n'est pas vraiment l'Histoire, mais l'histoire des Hommes.

Nous oublions parfois de la planète, qu'elle ne nous a guère attendue pour accueillir la vie. En réalité, nous sommes des nouveaux nés ; pas seulement nous, les Hommes préhistoriques l'étaient aussi. Par la beauté infinie de la chenille qui mue en papillon, par la grandeur du baobab, l'humilité du cerf et la discrétion du microbe, l'Histoire du vivant nous rappelle constamment que nous sommes nées hier. Pourtant, un caractère indissociable à l'espèce humaine a traversé les siècles.

La bagarre.

La guerre est probablement l'héritage le plus volumineux que nous possédons. Elle a tué et tue toujours. Elle a aussi créé le déséquilibre et parfois apporté la paix. Parmi les forces qui animent nos âmes, il semblerait que se chercher des poux soit la plus prenante. Chercher des poux, c'est faire naître là où il n'y a pas, des problèmes. Chercher des poux, c'est créer des conflits, apporter la querelle. C'est la rivalité malsaine, la jalousie puis la guerre. Mais, chercher des poux, c'est aussi la délicatesse, la proximité et l'amour. Chercher des poux, c'est chercher des poux. Littéralement ! Il s'agit non pas d'en créer, mais plutôt de les retirer. On peut observer dans la nature bon nombre d'animaux manifester leur amour en retirant les poux de leur congénères. Affection qui rapproche immanquablement, tissant par la même occasion les plus puissants liens. Mère et enfant, frère et sœur...

Aussi, pour celui qui croit sincèrement à la rationalité de l'esprit humain, l'expression précédente « chercher des poux », polysémie, condensée de paradoxes, le laissera songeur...