12. Baignade Interdite (terminé)
Sous un ciel d'Azur sans nuage, les raies orangés de l'aube naissante illuminaient le désert tel un immense lac d'or. De partout, la grouillante faune nocturne retournait occuper les crevasses et cavités rocheuses pour laisser place à leurs homologues du jour, ceux capable de résister à la lumière brûlante et au sol de fournaise.
Des cris d'Heliodactyles à la recherche de cadavres laissé par la nuit résonnaient déjà en altitude.
Une poignée d'entre eux dessinait d'ailleurs des cercles au dessus du trio encore ensommeillé. Probablement attiré par l'odeur de feu de bois qui recouvrait déjà le campement de si bon matin. De la même manière les odorats développés de Goul'Disor et Kaze fraîchement nommé étaient déjà titillés par les effluves de viandes omniprésente. À n'en pas douter, du Chamelop grillé était préparé à foison.
Une fois les yeux ouverts par l'odeur, c'est la surprise qui fit se lever Goul'Disor et Ounatos. Sur une pierre plate, Ylia grillait des tranches de viandes avec ce qu'il restait de graisse de Chamelop. Elle qui hier pensait mourir en les ingérants en faisait maintenant cuire assez pour un régiment. Les réserves pour plusieurs jours grillaient pour le petit-déjeuner. Une cuisson effréné, par laquelle la solaire ne manquait pas de s'approvisionner de quelques tranches gouteuses par-ci par-la.
- Cuisiner ça creuse! osa-t-elle la bouche encore presque pleine face aux regards ebahis de ses deux compagnons encore cernés.
Elle ne semblait meme pas réaliser la quantité disproportionnée de graisse et de viande qu'elle cuisait. Effrayant, se comprirent les deux compères.
La graine de folie qui emplissait Ylia avait neanmoins de quoi leurs donner un sourire matinale. Après tout, ce n'était pas tous les jours que l'on découvrait pouvoir manger et boire autre chose que du nectar.
De plus, l'odeur aidait à camoufler le restant de matière fécale qui couvrait toujours Goul'Disor et qui n'avait pas encore totalement disparu malgré la nuit.
Redressé face à la pierre plate remplie de viande grasse que leurs servait Ylia de si bon matin, les deux ne purent refrainer un rire gêné.
- Qu'y a-t-il? répondit Ylia encore excitée de sa nouvelle passion.
Ounatos fut le premier à tenter de lui expliquer.
- C'est que, pour le petit-déjeuner, en général, les gens mangent quelque chose de plus...
- Digérable? tenta Goul'di.
- Non je voulais dire quelque chose de moins...
- Riche et tellement gras qu'on dirait une soupe de graisse? intervint de nouveau le gobelin.
- Non! S'agaca Kaze.
Après tout chacun à sa définition d'un bon petit déjeuner, confia t-il avec retenue en dissimulant ce qui ressemblait à quelques fruits sec et des racines à infuser dans le baluchon attaché à sa monture.
La Solaire ne paru plus savoir où se mettre. Sa gêne plus mignonne que de raison força pour la première fois le sourire d'Ounatos. Ce dernier se flagella du regard et enfila en réaction son masque d'eloigné. Trop tard cependant, son compère Gobelin lui envoyait un hochement de tête aprobateur qu'Ounatos se dépêcha de nier.
- Plus qu'une demi journée avant l'Oasis d'Aroukh. Là-bas on fera le plein de vivres et on se dirigera vers le carrefour d'Okhadoum. Une petite ville où les routes du nord se divise en direction de bleinheim au nord Ouest, la forêt de lune au nord et les côtes bleu à l'est. C'est aussi la route pour les mines Gobelines..
Si tout se passe bien, deux jours suffiront pour y arriver, annonça Ounatos comme pour motiver les troupes à la longue chevauchée qui les attendait encore.
Plus tôt, Ylia avait été mis au parfum de leur état de fugitif, de la servitude des gobelins et du fameux pacificateur a l'haleine fétide Usul.
- Pour y arriver on a besoin d'eau! J'espère que cet oasis n'est pas à sec, glissa Goul Disor. Je n'en peut plus du jus de Chamelop au goût de bouse.
- L'oasis D'Aroukh n'est jamais à sec et cela malgré les veines d'Engoro, le rassura Kaze en avalant sans réelle envie une tranche grasse de Chamelop proposé par Ylia avant le départ.
Le trio continuait vers le nord-est, face au soleil. Kaze usait ses bottes de cuir sur le sol de roche et de sable chaud tandis que ses camarades continuaient sur les deux chamelop encore debout.
- Tu penses qu'on va devoir manger de la viande tous les matins? Chuchota Goul'Disor a son compère. C'était tellement gras que j'ai l'impression que ma langue glisse dans mon estomac.
- Toi au moins tu ne t'ai pas fait renommé Kaze. C'est le nom d'une plante qui soigne la diarrhée et je n'arrive pas à me l'enlever de la tête, confessa Ounatos.
À la vue d'Ylia qui leur sourit, tous deux se redresserent comme pris la main dans le sac, se crispèrent, puis forcèrent un sourire. Dupée mais ravie, Ylia tourna son regard vers l'horizon. Le campement n'était déjà plus visible. Ils profitaient des vents frais matinaux pour avancer sans pause. Goul'di fermait la marche. Par trois fois il surprit d'ailleurs Ylia à grignoter une tranche de Chamelop restant du petit dejeuner.
Ils avançaient désormais a travers des gorges rocailleuse qui prenaient en profondeur. Faites de hauts murs de roches rouges, les paroies grandissantes les protégeaient des rayons solaires. Elles ne les épargnaient pas néanmoins de la chaleur venue du sol.
La zone semblait vide de vie. Comme un cimetière à ciel ouvert où des carcasses décrepies dépassaient du sable. Seuls de petits buissons épineux survivaient ici et là et abritaient quelques coléoptères.
Le soleil maintenant proche de son zénith les épuisaient. Les montures dont la démarche accusait la vieillesse avançaient aussi lentement que le sol brûlait. Une erreur de parcours et tous s'en irait agrandir le cimetière osseux qui les entouraient.
Une pause était nécessaire quand soudain, les Chamelops qui portaient Ylia et Goul'Disor redresserent leurs face d'ahuri et écarterent leurs naseaux couleurs caramel.
Défiant toutes attentes, les deux grands-mères Chamelop se mirent à accélérer, presque trotter. Elles venaient d'avoir un regain d'énergie et atteignaient ce qui pour ces deux mamies était un rythme de croisière.
Il ne fallut pas longtemps pour comprendre. L'oasis était proche et ces deux Chamelop expérimentés le savaient. Des buissons secs apparaissait. Au loin on distinguait même des palmiers en paquet. L'oasis d'Aroukh. Un enchantement mystérieux qui rendait ce paradis du désert possible. L'eau ne s'y évaporait pas comme à son habitude, mais se concentrait en un profond lac turquoise.
Il était interdit d'y baigner plus que la main, mais on pouvait s'y abreuver. Les lois ancestrales des Ourobos étaient claires sur le sujet et n'avaient pas changer depuis des siècles. Il était cependant difficile de résister à la tentation de pénétrer ses eaux claires. D'autant plus pour des voyageurs non avertis comme Ylia et Goul'disor.
Le pouls de Kaze monta d'ailleurs en flèche alors qu'arrivé aux abords de l'oasis, la solaire commençait à oter une partie du peu qu'elle portait, prête à se jeter dans l'eau turquoise à corps perdu. Le défaiteur d'Helvet détournait le regard avec une force mentale qu'il ne se connaissait pas et n'eut sur le moment pas le cœur de lui faire part de l'interdiction. Cent ans de torture était destiné à celui qui ose nager dans les eaux claires et sacrées de l'oasis.
Aujourd'hui la solaire n'était pas la seule à transgresser les lois. La suivant de peu, c'est totalement nu que Goul'Disor se jeta d'une roche surplombant le lac. Le splash maladroit et le manque de pudeur du gobelin fit rire ses camarades à gorge déployé. Un rire qui termina en un regard complice entre Ylia et Kaze.
L'oasis d'Aroukh avait ce pouvoir, celui d'apaiser les âmes des voyageurs. C'était l'un de ces moments où le bonheur était tel que tout paraissait possible. Une joie que même le raffut de Goul'Disor s'ébrouant dans l'oasis ne suffisait pas à entacher.
Ce fut cependant autre chose qui y mit fin. Et dans l'urgence qui plus est. L'odorat sans faille d'Ounatos sentait le danger. Des Ouroboros. Peu nombreux. Des beuglements de Chamelops et d'autres créatures porteuses du désert leurs parvenaient. Un petit groupe apparaissait des collines opposées.
- Qui sont ces gens? s'inquiéta Ylia en sortant rapidement de l'eau.
- Des Ouroboros... De différentes tributs... À n'en pas douter des renégats. Exilés de leurs pairs pour avoir manquer d'honneur ou de bravoure. Ou de nos jours pour avoir convoité une place qui n'était pas la leurs ou refuser d'obéir aveuglément, annonça la voix de Kaze teintée de nostalgie.
Goul'Disor se rhabilla en vitesse. L'ennemi naturel du Gobelin restait les Lunatels, mais les Ouroboros n'avaient que guère plus de pitié pour sa race.
- Il n'y a rien à craindre d'eux... Ils sont peut-être même plus apeurés que nous ne le sommes. La chasse au renégat est courante à travers ce territoire et ils ne s'attarderont pas, reprit Kaze qui tout de même regroupait ses affaires et encourageait les Chamelops à remplir leurs bosse de cet eau cristalline.
- Nous devrions nous dépêcher avant qu'une tribut en chasse ne débarque, s'inquiéta Goul'Disor, qui de toute évidence savait de quoi il parlait.
- Des Ouroboros qui chassent d'autres Ouroboros ? Sont ils si terrible pour ne pas pouvoir profiter plus longtemps de cette oasis d'eau pure? interrogea naïvement Ylia qui ne tenait pas à quitter son nouvel endroit préféré sans complaintes.
- Certaines tribut sont plus accomodantes que d'autre, et l'eau.. Disons qu'elle n'est plus si pure depuis que Gould s'est jeté dedans plein de merde... Ricana Kaze en ajustant son masque d'Eloigné.
- Une énergumène comme celui là, Goul'Disor montra Ounatos du menton, il y aurait fort à parier que sa tête finissent en trophée.
- Quant à moi je serais sûrement servie en pâté pour Tark, conclu-t-il le ventre déjà traversé de bruyant gargouillis.
- Un Tark? Quel genre d'animal est cela? s'étonnait Ylia, qui pouvait lire sur le visage de ses deux compagnons à quel point sa méconnaissance du monde les amusaient.
- Le genre pas commode avec une intelligence limitée, lança Kaze.
- La peau grisâtre, dix bon pieds de hauts, la moitié de large, renchérit Goul'di sur un ton moqueur.
- Hahaha! Moquons-nous de la Solaire qui ne connaît rien, ni personne. Ni même qu'elle était capable de manger normalement. D'ailleurs je pense que nous devrions nous restaurer avant de reprendre la route, continua t-elle sur sa lancée. J'espère qu'il ne faudra pas abattre une autre de ces braves bêtes.
Les visages des deux compères avaient perdus toute trace de moquerie. Le changement de sujet avait été trop radicale pour ne pas penser que la solaire avait développé une obsession certaine pour la nourriture.
- Vous devriez voir vos têtes, ricana Ylia.
- Je plaisantais. Je ne veux pas réellement qu'on en tue un autre. Enfin sauf si sa vieillesse et sa souffrance l'exige bien sûr...
Elle s'arrêta. Elle venait de comprendre le manque de retour de ses compagnons et sentait elle aussi vibrer le sol sur lequel elle se tenait. Quelque chose n'allait pas. Au loin l'agitation séparait déjà les renégats à peine arrivés. Des cris s'élevaient de l'autre côté de l'oasis.
- Vous vouliez voir des Tarks Princesse? Votre vœu va être exaucé, intona Kaze en vérifiant les attaches de son masque.
- On doit fuir et vite! Urga Goul'Disor qui essayait sans succès de réveiller les Chamelops avachis.
- Vu leur état on irait plus vite à pieds. La dernière ligne droite les a mis K.O pour un moment. On a pas le choix, regretta Kaze les yeux posé sur les deux braves bêtes.
Si la situation se gâte on devra se défendre.
Dans un clinquement que Goul'Disor commençait à connaître, Ounatos ôta ses deux lames de leurs fourreau.
- Quoi!! Contre des Tarks?! Je t'ai vu à l'œuvre dans les bois, tu es balèze, mais là, on parle d'Ouroboros.. Ils sont sans pitié. Ils n'ont pas ta retenue quand il s'agit de tuer un adversaire.
Goul'Disor paniquait, incapable de se ressaisir en s'imaginant empaler d'une Berserk. Ils sont nombreux ?
- A leurs raffuts au moins deux cents ames, lâcha Kaze d'un ton calme et concentré.
- Deux... Deux-cents... Goul'Disor tournait de l'œil.
Plus loin les renégats prennaient la fuite dans le chaos. Ils laissaient derrière eux le peu de biens qu'il leurs restaient ainsi que les chariots de graines et de bétail.
- Ne peut-il s'agir d'une autre tribut? Comment savoir si ce sont des Tarks ou une tribut d'Ouroboros peut-être plus... Accomodante, s'enquérissait Ylia.
- Nous allons bientôt le savoir, lança amèrement Ounatos en fixant les collines environnantes.
Parvenue de nulle part et de partout à la fois, un bruyant chant guerrier crié à l'unisson démarra.
Ah ouh ! Ouh Ah ! Ah ouh ! Ouh Ah ! Tark ! Tark ! Tark !
Mêlé aux claquements rythmés de leurs montures au galop, l'hymne brutal glaçait le sang du trio.
Puis sans halte, une ligne d'âme dépassa l'horizon. Ils arrivaient de partout, des Tarks, sans aucun doute possible. Les fameux chevaucheurs de Goa, ils dévalaient la pente sur le dos de ces énormes autruches couvertes d'ecailles. Leurs hautes pâtes de volatile faisaient claquer le sol séché et soulevaient d'immenses colonnes de poussières dans leurs chahut.
Malgré la chaleur torride, la foulée de ces oiseaux a peau de dinosaure n'avaient pas d'égal sur ces terres volcaniques.
Comme estimé par Ounatos, l'escouade se composait d'environ deux centaines de chevaucheurs Tark suivit d'une douzaine de chariots. Ils se déversaient sur l'oasis comme une tempête de sable poussé par le vent. En rythme ils faisait résonner leurs lames sur leurs unique épauliere métallique dans une soif de sang affiché sur leurs visages.
Les petites dents de Goul'Disor claquaient autant que ses mains serraient un bâton de fortune qu'il orientait en direction de la meute. Ylia respirait avec difficulté. Face à eux les Tarks se deversaient en continue de la colline de sable. Ils étaient parés d'armure faites d'os, de peau et de métal. Tout dans leurs chevauchés dégageait l'odeur de la mort.
Kaze se tenait tel un bouclier devant ses deux compagnons. Son épée d'argent Lunatel tenue dans sa main gauche, son épaisse Berserk dans la main droite.
La collision était imminente et la meute ne ralentissait pas.
Goul'Disor tremblait. Ylia priait les premiers êtres et Kaze serrait ses poings sur les manches de ses épées. Ils étaient tout les trois assez proche pour distinguer les détailles de leurs faucheurs Ouroboros. Leurs peau brunatres couvertes de scarifications et les reliques mortuaires qui decoraient les manches de leurs Berserk. Sans oublie leurs yeux d'ocres entourées d'un voile noir à la manière d'Ounatos qui réclamait violence.
Tous suivait un Tark reconnaissable à sa peau entièrement noir. Il menait la meute de son interminable Berserk tendue à bout de bras.
Ounatos serra le manche de sa Berserk lorsqu'une main accrocha l'arrière de son veston.
- Retire ta mimine Gould. Tu en auras besoin pour te battre, lança Kaze d'une voix sérieuse à son compagnon qui lâcha prise à contre cœur, les poumons comprimés.
Les Tarks à moins d'une vingtaine de foulée d'eux, une main agrippa de nouveau son veston.
- Gould je t'ai dit...
Il se tue. C'était Ylia cette fois.
Les trois compagnons prirent une profonde inspiration. La même que celle que l'on serait tenté de prendre face à une vague prête à nous balayer.
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