10. Un réveil Solaire (terminé)
Partie III : Ak'Dhoum Le Maillon de la mort
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Plaines d'Engoro. Centre de l'île de l'eclipse. J-() () () () avant l'arrivée des colons.
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L'agréable fraîcheur du sanctuaire solaire n'était plus qu'un lointain souvenir. Après une nuit à se laisser dériver sur la Traverse, celle-ci n'était plus que l'ombre d'elle même. Une rivière aux rives asséché et soulevés de vents chauds.
A la suite d'adieux déchirants pour leurs embarcation, Goul'Disor, Ylia et Ounatos mirent pieds dans les plaines désertiques du volcan d'Engoro. Le four, comme l'appelait les hommes. Ici la chaleur venait du ciel comme du sol. Les arbres y perdaient leurs couleurs et les rares buissons épineux s'etalaient en compagnie de cactus.
Le desert d'Engoro demeuraient le chemin le plus direct pour rejoindre le nord de l'île de l'eclipse. La direction commune des deux compères. Ounatos maintenait son cap pour sortir des terres raciés, tandis que Goul'Disor gardait comme objectifs les mines d'Oldinard.
Ils avaient couverts leurs visages de voiles claires négociés dans une ferme à l'entrée du désert. Une protection qui ne les soulageaient qu'à peine de la canicule. Ils y avaient aussi marchandé trois montures contre le reste de potion encore en possession de Goul'Disor depuis le relais.
Trois chamelops d'âge murs rejoignait le trio. Des camelidés au poil roux et à la face d'ahuri natifs de la région. Au lieu des deux bosses qu'avaient leurs cousins les chameaux, eux en portaient quatre disposés comme les points cardinaux. Quatres excroissances qui formaient une assise aux arrondies agréable.
Au dessus d'eux un soleil sans nuage tapait sans interruption et le sol brûlant absorbait la moindre humidité. Chaque goute de sueurs perdu explosait en une mini fumé de vapeur sur le sol. Un environnement hostile et aride qui devait son existence aux veines volcaniques souterraines qui traversait le désert de part en part.
C'etait dans ce contexte étouffant qu'Ylia, après plus de vingt heures de sommeil, reprenait ses esprits.
Un tour d'horizon de son regard amorphe la fit émerger en sursaut.
- Où suis-je? Qu'est ce que ? Toi! Qu'est-ce que tu m'as fait? criait Ylia sans repère à Ounatos.
- Et une double ration de pain pour moi! S'enjailla Ounatos.
- J'étais pas loin de gagner c'est injuste!
- Qu'est-ce que tu racontes, t'avais parié sur sa mort je te rappelle.
- Où sont mes parures de fleurs? S'énerva Ylia ignorée jusqu'alors.
- Elles ont fané des qu'on est sortie de la forêt. On les a remplacé par une tenue plus adapté, assura Ounatos.
- "Tu" les as remplacé, corrigea Goul'Disor.
- La où on va, vous n'en aurez pas besoin, reprit Ounatos.
- Tu parles d'une excuse! Le souffla Goul Disor.
- T'étais pas sensé être occupé à réparer mon arc toi? lança-t-il à son compère en douce réprimande.
- Quoi! Tu comptes toujours là-dessus? Qui est venu te sauver de cette folle furieuse de femme arbre? S'emporta Goul'Di
- Qui t'as empêché de tomber à l'eau avec les crocodiles? rétorqua Ounatos.
- C'est toi qui voulait m'y jeter je te rappel, s'outra Goul'Disor.
- JE SUIS LÀ! intervint la Solaire prise en étau être les deux compères.
- Quel est ce que ce lieu sans arbres? Pourquoi m'avez vous enlevé? Vous voulez me vendre ? je sais que les hommes dans votre genre se permettent ce genre de chose. Je vous préviens enfant maudit, je n'hésiterais pas à me battre.
Ylia houspillait a qui voulait l'entendre et imposa le silence malgré sa voix fragile.
Goul'di avala une gorgé de salive sèche et se raidie.
- Ne suis-je pas un peu vieux pour porter encore le surnom d'enfant maudit, chuchota Ounatos à son compère.
- On peut difficilement faire pire que Face-de-Tueur, chuchota ce dernier sans oser totalement interrompre la Solaire.
- Répondez moi, hurla Ylia.
- Vous devriez ménager vos ardeurs princesse, l'énergie vient vite a manquer ici. Attendons la nuit pour les réponses, déclara Ounatos avec calme. On ne vous vendra pas d'ici là ne vous en faites pas.
- Princesse ? Releva Goul'Disor.
- Je n'attendrais pas une seconde de plus, exulta Ylia. Vous me devez des réponses, continuait elle de s'emporter couvert en partie du cri ahuri de son chamelop. Maintenir son acharnement sous cette fournaise relevait du défis et elle ne tarda pas à en subir les retombés, abandonnant sa soif de réponse, pour une soif plus rudimentaire.
- A boire, j'ai besoin de boire! Ressurgit-elle.
De combien de nectar disposez-vous? Je peux me contenter d'un demi litre par jour en cas de voyage.
- Je crois bien que la grosse bêbette qui vous transporte à bu la dernière goutte il y a une heure. Annonça Ounatos en regardant la vieille monture avec une sorte de triste empathie.
- Faut dire qu'elle avait pas l'air bien, confessa Goul'disor.
- C'était ça ou elle rendait l'âme. C'était d'ailleurs plutôt efficace, renchérit Ounatos.
- Comment?! Est-ce une mauvaise blague!? Ce nectar est une eau de vie. Je ne peux survivre sans, s'exasperait Ylia.
Vous ne m'avez tout de même pas capturé pour me laisser mourir?
- Pas "nous"! Seulement lui! S'immisca Goul'Disor.
- Donc vous m'avez capturé et vous allez me laisser mourir, sans même me dire la raison de ma présence. Vous êtes... Vous êtes... bande de... Bande de... Troub.
- Troub? s'étonnait Gouldi.
- Troub? pouffa Ounatos. Avec autant d'années derrières moi je pensais connaître toutes les insultes, mais celle-là...
- Ça n'a pas l'air si terrible que ça, réfléchit Goul'Disor.
- Oh croyez moi les Troubs sont tout ce qu'il y a de plus répugnant. Rétorqua la solaire les sourcils froncés.
Les deux compères s'échangèrent un regard complice. Un regard qui ne put que déboucher en un rire aux éclats des plus sincères . La solaire était si en colère que plus un mot ne pouvait sortir de ses lèvres pincés. L'hilarité de deux compagnons ne prit fin qu'à cause de la difficulté à la maintenir sous cette chaleur.
Puis une fois calmé, le Défaiteur d'Helvet s'adressa à Ylia, une gourde pleine à la main.
- On n'en a pas des masses, mais vous devriez essayer un truc qu'on appel "l'eau".
Malgré sa colère, sa soif était terrible et elle ne se fit pas prier pour prendre la gourde en main.
- Et je ne vous ai pas capturé, on était poursuivie et une chose en entraînant une autre. Vous êtes libres de partir à votre guise princesse, s'irrita Ounatos
- Quoi ?! Que ?! Je ne sais même pas où je suis. Comment je pourrais.. Je reviendrai vous hanter dans ma mort, jura t'elle. Elle avala d'une traite le reste d'eau que contenait l'outre, certaine de ne pas tenir longtemps sans nectar.
La gourde encore au dessus de ses lèvres, sans crier gard, sa monture s'affaissa brutalement. Les genoux osseux de son Chamelop, fragilisés par l'âge, se lancèrent dans une série de zigzags puis s'écroulerent au ralentit sur le sable.
Sans retenue l'animal chavira sur son flanc, la Solaire à son bord. Au devant la scène Ounatos et Goul'Disor visionnerent sa chutte sans en perdre une miette.
La poussière blanchie qu'avait dégagée l'animal en chavirant restait en suspension. Quelques toussotements provenant d'Ylia traverserent le brouillard. A peine relevée, les cris de sa monture en souffrance perçait le silence désertique. Les beuglements jugés jusque là idiots du chamelop attiraient désormais des regards de compassions. Du moins pour Goul'Disor et la Solaire dont les lèvres s'arquaient d'impuissance.
Remis de sa chutte, Ylia se pencha au dessus du Chamelop, le visage grave.
- Il lui faut du nectar! urga t-elle, oubliant qu'ils n'en possédaient plus une goute.
Elle se reprit aussitôt.
- De l'eau, de l'eau devrait lui faire du bien, pressait la Solaire.
À côté Goul Disor reculait. Il faisait place à son compère qui avançait déterminé, sa fine lame argenté Lunatel hors de son fourreau. Ylia qui comprenait ses intentions plaça en urgence son corps entre son bourreau et l'animal.
- N'avez-vous aucun cœur sous toutes ces cicatrices? cracha t-elle en serrant les poings prête à défendre l'animal.
Le défaiteur d'Hapubou l'écarta d'un bras ferme, puis se positionna perpendiculaire à la bête, sa lame tendue. Il essuyait tous les dérivés de Troub et autres déluges d'insultes que connaissait Ylia. Feignant l'indifférence, il usa de sa lame d'un coup net. Ylia et Goul'di se couvrirent les yeux. Le Gobelin reçut une gerbe de sang qui l'eclaboussa de la tête au pied tandis que la bête propulsa un énième cri dont elle seule avait le secret.
- Gourde! lança-t-il à Goul Disor face à lui, incrédule et maculé de sang de chamelop.
Soudain de l'eau saumâtre comme sous pression se mit à jaillir de la bosse du Chamelop qu'avait transpercé Ounatos avec sa lame. Goul'Disor se précipita avec la gourde. Le Défaiteur d'Hapubou essuyait sa lame en gardant un regard railleur envers la Solaire ébahie. Contre toute attente, il n'avait fait que perçer la bosse droite de l'animal avec precision.
- Ce problème arrive souvent à leur âge. L'eau ne circule plus correctement et se bloque dans leurs reserves.
Si on suture cette plaie et qu'on fait boire à mamie Chamelop le surplus qu'elle vient de nous offrir, alors ça devrait la redémarrer pour quelque temps, rassura l'enfant maudit sur un ton neutre.
- Désolée je vous ai vu avec cette épée j'ai cru que... Balbutiait Ylia, confuse.
Peut-être que je vous ai mal jugé. Je voudrais m'excuser pour...
SLASH!
Elle se stoppa en horreur. Ounatos venait de décapiter la monture encore au sol sans sourciller.
Une deuxième giclée de sang de Chamelop peignit de pourpre le vêtement en haillon de Goul'Disor.
- Comment j'ai pu croire que... IGNOBLE! MONSTRE! hurlait Ylia.
- C'était nous ou elle. Avec votre descente en eau on aurait bientôt été à sec. On a désormais de l'eau plus ou moins potable, de la viande et un espoir de survie. Enduisez-vos corps avec les contenus des bosses avant. Ça vous protégera un peu contre les rayons du soleil. On doit s'arrêter bientôt. Nos montures ont besoin de repos ou elle finiront vite dans le même état que Mamie Chamelop.
- Dans le même état? Mais c'est vous qui venez de la décapiter, criait la Solaire abasourdie.
- Je me passerais des conseils d'une personne ayant passée sa vie entière dans dix hectares de forêt humide pour survivre dans un désert, la recadra Ounatos, plus sèchement que voulue.
- Oh c'est vrai vous n'avez besoin de personne vous hein! Si je ne vous écoute pas, je vais moi aussi finir dans le même état que cette créature, c'est ça? La lueure dans les pupilles d'Ylia prenait de la profondeur et son emportement défiait le calme de l'enfant maudit dont l'ironie chronique tardait à arriver. Il n'affichait cette fois qu'un sourire qui laissait dépasser ses imposantes canines inférieurs.
Goul'Disor, décidé à ne pas intervenir dans un débat qui n'était pas le sien s'approcha de la carcasse du Chamelop. Sans se laisser décontenancé par le sang visqueux, il découpait des filets de l'animal l'eau à la bouche.
- Qu'est-ce qu'il y a dans la dernière bosse? S'enquérit-il en tattant la texture sans obtenir de réponse. Ounatos était trop occupé à réagir au déluge de reproches et d'insultes pour répondre.
- Serais-je trop demander que vous trouviez un peu de courage pour me dire ce que je fais ici avant que je ne meurt déshydraté ? hurlait Ylia.
- Vous auriez préféré peut être retourner sur votre poteau sur le Traverse. On a de l'eau et de la nourriture pour ce soir. Si vous devez mourir, cela devra attendre demain.
- Je ne mange que de la nourriture venue de l'arbre sacrée! Tout autre chose mènerait à ma mort. En aucun cas ce noble animal. Est-ce que vous avez même réfléchit à ça avant de me kidnapper, s'ereintait Ylia dont l'emportement paru plus que justifié aux yeux des deux compagnons.
- Comment ça "vous mènerait à la mort" ? réagit sans attendre le défaiteur d'Helvet.
- Je peux boire de l'eau en extrême urgence. Cela peut me maintenir en vie un moment, mais rien d'autre que le fruit de l'arbre monde ne peut me nourrir. Et surtout pas de la chaire d'être vivant, continuait Ylia. Ses traits devinrent plus sombre encore en voyant pour la première fois l'inquiétude s'immiscer sur le visage d'Ounatos.
- Toute votre vie vous n'avez que.. Que survécu en buvant du Nectare et mangeant des feuilles et des graines de l'arbre monde, déplorait-il d'une voix calme, créant un silence entre les deux âmes.
- Ça m'est arrivé aussi quand j'ai goûté la nourriture Gobeline de ma tante. Plus de solide pendant un mois, intervint Goul Disor qui continuait de triturer la carcasse.
Certains gobelins ont encore du mal avec le principe de faire cuire les aliments, continuait-il sans se rendre compte que ni Ylia ni Ounatos ne lui prêtait la moindre attention.
- Du nectare et du pain fait des farines des noix d'arbre monde voilà tout ce que l'organisme solaire peut ingérer, jura la Solaire entre colère et désespoir.
- Est-ce que des Solaires ont déjà essayé de manger autre chose devant toi? Quels symptômes çela développe chez-vous? Reprit le défaiteur d'Hapubou sans caché une certaine appréhension.
- Je le sais c'est tout, Matrônela l'a appris des arbres mondes! Cela rendrait mon existence impur et je mourrais. Vous n'êtes qu'une bande de sale Troub! Tout les deux! Lança t'elle les larmes aux yeux, en obtenant cette fois une compassion certaine de la part de ses deux kidnappeurs.
- Vous n'aviez pas prévu de me vendre morte c'est ça ? Vous allez me ramenez chez moi maintenant ?
- Non.
- Quoi, s'interloqua la Solaire.
- Je vais éduquer votre palais, rétorqua Ounatos en étalant un filet de viande coupé par Goul'Disor sur sa selle pour le faire sécher. Et arrêtez de penser qu'on va vous vendre.
- Aaaaaah! Le cri que Goul'di venait de pousser capta cette fois l'attention de ses deux compagnons. Il avait percé la quatrième bosses du Chamelop et une gerbe de matière fécale l'avait aspergé de la tête au pied. L'image était unique.
Ounatos eut du mal à garder son sérieux et Ylia reteint de tout son être la commissure de ses lèvres de s'arquer.
La tension électrique encore présente entre les deux ne tenait plus qu'à un fil, mais aucun n'osait prendre la parole sans craindre de ne gâcher ce moment unique qu'offrait Goul'Disor. Cette image de son petit corps couvert de déjection se gravait dans leurs mémoire. Et c'est sur ça que le groupe reprenait la route en silence, à plusieurs mètre d'écart les uns avec les autres.
Dans le désert la nuit tombait vite. Après ce soir il ne resterait à Goul'Disor qu'une dizaine de jours pour avertir son peuple de l'arrivée des soldats de la métropole.
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Milieu de l'Océan bleu, Sud du continent uni des hommes
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Trois cents navires aux calles remplis de soldats en tunique blanche fendait la mer. Au dessus la tempête ne les ralentissant qu'à peine. Des rugissements d'hommes et de femmes s'élevaient aux grès des vagues. Tous suivaient un navire aux dimensions impressionnante et à la coque immaculé surmonté d'un pavillon blanc marqué d'un glyphe. Ce dernier était dirigé par un être en toge blanche à l'âge avancé. Un être capable de faire se dresser la chaire de poule d'Ounatos même en plein désert. Un être créé dans le seul but d'accomplir sa mission.
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