1. "Que Boive Le Brave" (terminé)
PARTIE I : L'ivrogne aux deux visages
***
frontière sud de la Province humaine de Bleinhem
Relais de Coursier 223
***
Il était de coutume de dire que toutes les bonnes histoires débutaient dans un Relais de Coursier. A la frontière entre taverne et apothicaire, ces établissements incarnaient une âme, une culture, un terroir. Et Cela n'en était que plus vrai pour le relais 223. Il personnifiait avec fidélité sa région boueuses et ses habitants aigris.
Une fois passée l'épaisse porte à double battant qui faisait office d'entrée, une salle bondée et haute de plafond se découvrait. Reflux d'alcool et odeur de bois moisie donnaient le ton. La grande salle contenait non sans mal un brouhaha saccadé de cri de colère accompagné de rires imbibés. Partout les visages étaient sombre, le mobilier mal entretenu, et les couteaux prêt à danser pour un simple mot mal placé.
L'arrivée de l'hiver, une escarmouche Lunatel, une attaque de loup, la pendaison d'un Ouroboros.. Parmi les clients du relais, les mêmes sujets donnaient lieu aux mêmes débats alcoolisés.
Au centre de l'établissement, un groupe de six gaillards avait prit ses aises. Assis sur de solides chaises de hêtre, ils garnissaient une table ronde remplie de cendre de pipe et d'alcool renversé. En plus de leurs accoutrements guerrier, le groupe s'illustrait par la véhémence de ses échanges. Une bouteille presque vide au milieu de la table, ils entamaient une partie de que Boive le Brave.
- Par l'estomac d'un Mange-tout puisque je vous dit que j'ai tuer un Ouroboros à main nu. Et pas plus tard que l'hiver dernier! Résonnait la voix du plus âgé. Une longue natte de cheveux roux gris lui tombait sur l'épaule.
- Bien sûr Papi! Même que t'as gagné la guerre des raciés à toi tout seul, repondit la voix condescendante d'un autre membre du groupe, qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à son voisin.
- Et que tu pisses de la potion de force, appuya son jumeaux, qui en plus du meme visage grossier partageait la même coupe au bol et la même cape en peau d'Ours noir.
- Un peu de respect pour votre grand vieux les deux cons, s'emporta un quatrième timbre qui les fit taire d'un poing sur la table. Sa carrure était de celle qu'on aime avoir près de soit sur un champs de bataille.
- Si grand père dit que c'est vrai alors moi je le crois, ajouta avec un cheveux sur la langue le plus jeune de la bande dont la bouche bancale faisait se vriller son nez mal mouché.
De la barbe aux cheveux gras, la teinte rousse et les traits grossiers des six hommes rendaient l'air de famille évident. On comptait également parmi eux. Un grand homme remplis de cicatrice apparentes qui s'exprimait avec des signes et dont la langue coupé apparaissait parfois lors d'emportement colérique.
Tous sauf un jouaient une part importante de la cacophonie ambiante du relais de coursier. L'établissement était plein à craquer. Dehors le blizzard en avait surpris plus d'un et les options dans le secteur étaient peu nombreuses.
- "Que boive le brave qui" ... À déjà avalé de l'urine de Troll ? Lança le grand père lorsque ce fut son tour de jouer. Toujours en colère pour la manche précédente il défiait du regard quiquonque osait le soutenir.
A l'entente de la question, ce fut son fils, le costaud aux parures de fourrure qui vida le contenu de son verre avec le sourire.
- C'est amer comme une prune cuite au vinaigre, mais je confirme l'efficacité de la pisse de troll quand il s'agit de concocter un bon remontant pour bastonner.
- J'ai fait regretter à deux Ouroboros de m'avoir croiser par la suite, acheva l'homme d'un rot vomitif en finissant le verre permis par sa réponse positive à la question.
Personne d'autre ne prit de gorgé. Le reste de la famille se contenta de le regarder avec une suspicion à peine dissimulé.
- A mon tour. Intervint cette fois la voix fluette d'un des deux jumeaux au visage aquilin.
"Que boive le brave qui" .. A déjà pendu un Lunatel avec la corde de son propre arc ?
Cette fois ce fut le plus jeune de la bande de six qui réclama sa gorgée. Sa mâchoire proéminente lâchait des nuées de postillons volants.
- Deja fait, insista t'il de son cheveux sur la langue.
- Menteur, protesta sans attendre son voisin d'un poing sur la table. Impossible que la corde d'un arc soit assez longue pour pendre quoi que ce soit. Tu mens! Protesta l'un des jumeaux.
- Ouai.. Impossible, confirma l'autre jumeaux qui avait posé la question.
- Si' C'est vrai.. Zozota de manière plus marqué encore l'accusé à la mâchoire bancale. Même que c'était un lunatel bien maigrichon de manière que j'ai pu lpendre avec sa corde, se défendit-il.
- Si fils d'Helvet dit que c'est vrai, alors c'est vrai, s'énerva le grand père à la longue natte. A quoi ça sert de jouer à qui boive le brave si personne ne croit personne, criait-il en imposant par la même occasion sa position de leader de la famille.
- Il y a une chose sur laquelle on est tous d'accord cela dit, affirma le mercenaire costaud en fourrure. C'est à son tour de payer son coup.
Les jumeaux aquiescerent. L'oncle muet fit de même.
En réaction le jeune mercenaire se tappa les poches et entama de sa bouche étrange ce qui semblait être un sourire inversé.
- Tu connais la sanction neveu. Si tu ne peux pas payer à boire alors.. Dans son suspens les jumeaux arboraient un large sourire.
- Un gage.. Un gage.. Scanderent-ils de concert.
- Soit tu raques, soit tu fais le spectacle, lança le premier.
- J'ai le gage tout trouvé, lança le second.
De colère, fils d'Helvet montrait les dents autant que sa mâchoire le lui permettait.
- Et pourquoi ça serait pas d'embrasser le postérieur de notre prise du matin, intervient l'un des jumeaux au nez rougie par l'alcool.
Le jeune mercenaire loupa un battement. Il vérifia à nouveaux ses poches vides avec le même succès.
D'un visage à l'autre le gage obtenait l'approbation général et comme le voulait la coutume familiale, le jeune mercenaire à la bouche bancale n'avait plus le choix.
Le petit fils montrait les dents. Il commença d'abord par faire voler un coup de pied sous la table. Recourbée à la manière d'un fœtus sur le plancher moisi du relais, enchaînés aux poignets et aux chevilles, une créature répondit d'un faible étirement V l'appel du coup de pied. Sa peau était verte et lisse sur le corps et virait au brun rugueux aux extrémités. Vêtu d'une simple toge en tissu grisâtre, la créature était couverte d'hématomes et d'un collier de corde qui lui serrait le cou.
- On se lève le déchet, ordonna fils d'Helvet à pleine bouche en mêlant des coup d'haleine à ses coups de savate.
Un deuxième coup de botte vint frapper les hématomes deja présents de la créature qui se redressait aussi vite que ses jambes tremblantes la lui permettaient.
- Debout, ordonna le jeune mercenaire.
Fébrile, la créature s'exécuta. Le sommet de son crâne chauve atteignait à peine la table. Seul en dépassait une paire d'oreilles bleuit par le froid. Un rabbatement de laisse du petit fils força la créature à ouvrir deux larges paupières violacées par le froid. Dessous apparurent deux larges yeux jaunes et parfaitement ronds.
- Vous savez que je peux pas blerrer les Gobelins, zozota fils d'Helvet en cherchant du regard le soutient de son grand père.
- Si tu es incapable de le faire toi même, alors force n'importe qui ici présent dans le relais à le faire à ta place, nuança ce dernier en soutient.
- Stupide déchet tout est ta faute, s'énerva le petit fils en assenant en conséquence au prisonniers verdâtre un énième coup de pied au fesse. Il tira ensuite d'un coup prompt sur la corde qu'il utilisait en laisse pour faire avancer son prisonnier. Le cou du Gobelin imprimait déjà un collier de sang.
- Doucement débile, lui intonna l'un des jumeaux.
- Mort la prime d'un racié est divisé par deux, le houspilla son frère par dessus son épaule.
- Tu me le paieras, rala le jeune enragé sans se laisser attendrir par les gémissement retenus du gobelin.
Rempli de nonchalance, debout et immobile au milieu du relais, fils d'Helvet cherchait quelqu'un capable de faire son gage à sa place. Il analysait le réfectoire bondé du relais de coursier et ses occupants. La grande salle était pleine d'un panel de tout ce que l'on pouvait trouver dans cette région frontalière. Mercenaires, marchand véreux, femmes de joies, pacificateurs déchu, tous semblaient avoir mieux à faire que d'accorder plus qu'un bref regard au gobelin traîné sans vergogne sur le sol.
Les narines remplies par les relans de vinasse, le petit fils multipliait les allées retours du regard lorsqu'au bout du relais, dans un recoin peu éclairé. Il repéra un ivrogne encapuchonné éloigné de la masse de la clientèle. Il prit sa direction d'un pas assuré en faisant claquer le métal de son épée contre sa ceinture.
A son approche de l'individu choisi pour cible, l'odeur de vin virait à l'écœurement. L'ivrogne dégageait à lui seul des effluves d'alcool plus intense qu'un litron de liqueur fermenté. Les bras étalés sur la tables devant lui, il écrasait du torse un amas de bouteilles vide. Il était vêtu d'une veste de cuir brune rapiécée elle même recouvert d'une cape de tissus kaki dont une partie essuyait le sol et de l'autre lui servait d'appui tête.
Affalé au possible sur la petite table qui lui faisait face, les couinements de la chaise qui supportait son poids appelaient à l'aide. L'ivrogne ne devait son maintient qu'a son baluchon a la taille exagérée à ses côtés, sur lequel il calait une partie son poids.
- On se réveil le crasseux ! Cracha sans introduction le jeune mercenaire. Seul un ronflement saccadé s'échappait du client.
- J'te cause ! Réitéra le petit fils en poussant l'homme de sa paume.
Le jeune mercenaire subissait les regards impatients de sa famille à l'autre bout du relais. Les sourcils froncés sous la pression, ce dernier approcha sa main de la capuche qui recouvrait le crâne de l'ivrogne. Il allait pour l'ôter. Il la touchait presque, lorsque l'homme se réveilla d'un bond. Comme tiré d'un cauchemar il se redressa sur sa chaise et dégagea un rot puissant mêlé d'une fumée verdâtre qui fouetta le jeune mercenaire en plein visage.
S
urprit fils d'Helvet recula de trois pas. Des moqueries suivirent de la part de quelques clients attentifs et de sa famille en bout de salle. Comme par habitude pour calmer sa colère, le jeune mercenaire soulagea le Gobelin d'un double coup de savate.
- Quel cauchemars, s'agita l'ivrogne à peine réveillé. J'ai rêvé qu'un gamin a trois jambes cherchait à me faire boire de l'eau, lança t'il à qui veut l'entendre.
D
e ses bras lourd il tentait sans succès apparent de se redresser sur sa chaise et faisait valser les corps de bouteilles vides sur le sol. La tête renversée en arrière, il remarqua finalement le jeune mercenaire à ses côtés.
Parmis les nombreux détails étranges qui apparurent en même temps que le réveil de l'ivrogne. Le plus notable était le masque de blanc et de noir qui lui couvrait le visage. La surprise continuait d'envahir fils d'Helvet.
De par sa tenue et son allure l'ivrogne différait en tout point de l'archétype du mercenaire ou du marchand locale. De plus en plus de regard se portaient vers l'individu. Dans cette région frontalière on aimait pas beaucoup les gens suspects et on avait tendance à suspecter tout le monde.
- Sûrement un éloigné, cracha le petits fils à la bouche bancale en fixant le masque de l'ivrogne face à lui, de nombreux mourant ayant attrapé l'alcanite utilisaient ce genre de masque pour cacher leurs plaies.
Le jeune mercenaire balbutia.
- Tu es.. Tu es.. Ce masque ne te sauvera pas. Les soupçons sur la contagion de la maladie avait néanmoins fait reculer plusieurs clients.
D'un geste sec le jeune mercenaire tira sur le gobelin en laisse et laissa apparaître sur son propre avant bras une tâche blanche.
- Pas de bol, moi aussi je l'ai attrapé cette putin de malédiction, donc rien à foutre que tu l'aies. Je n'ai qu'une chose à dire. Tu vas embrasser les fesses de ce gobelin et sans ton masque.
- Là c'est sur je suis encore en plein rêve, souffla l'ivrogne. Faut que j'arrête de mélanger les liqueurs, observa t'il en cherchant un reste d'alcool parmi les bouteilles vides sur sa table. Il tendit la main pour récupéré un fond de bouteille lorsque le jeune mercenaire la saisie avant lui.
- Écoute moi bien. T'es pas en train de rêver. J'ai un gage à respecter. Tu vas bientôt mourir de toute façon alors n'abregeons pas ce qu'il te reste. Embrasse les fesses de ce déchet ou je te transperces la gorge de mon épée.
- Humm.. Plutôt sur que je suis encore dans un rêve, répondit l'ivrogne, septique.
- Ferme la bon sang ! Fais le sans discuter je te rend cette bouteille. Tu pourras ensuite continuer de te soûler jusqu'à te décomposer.
L'ivrogne masqué secoua son visage de quelques mini claques alors que le mercenaire médusé tira sur la corde pour rapprocher le gobelin.
- L'heureux élu j'imagine, souffla l'ivrogne en scrutant brièvement le petit être en piteux état.
L'ivrogne poussa la table dans l'intention de se lever, mais le premier essai fut un échec. Il réitéra son essai plusieurs fois avant d'y parvenir en titubant. Sa carrure impressionnante surplombait celle de tout les clients présents et pourtant. Ses vêtements déchirés, son odeur rance, ses tremblements occasionnels, son dos voûté et son élocution alcoolisé, le tout participait à le rendre plus pathétique que dangereux.
- Désolé jeune garçon moche, mais je n'ai pas le temps pour tout ça. Tu embrasseras ton ami gobelin ou tu veux pour moi, mais je dois y aller. Avec maladresse l'ivrogne multipliait les tentatives pour enfiler son énorme sac sur ses épaules.
Le jeune mercenaire laissa entrevoir une partie de la lame de son épée en avertissement.
- Tu ne bougera pas d'ici avant d'avoir fait ce que je te d'mande, ordonna t'il.
- Faut vraiment que je fasse un tri dans ce sac, grommela l'ivrogne qui n'accordait pas même un regard au mercenaire, tandis qu'il passait avec difficulté l'une des bretelles de son baluchon sur l'épaule.
Fils d'Helvet regardait colérique la scène de l'ivrogne qui tentait de trouver l'équilibre malgré le mouvement de balancier de son sac, lorsqu'une bouteille vide le fit glissera. Dans sa chute, une fiole glissa de l'une des poches de son sac et heurta le plancher sans se briser. Elle rebondit par cinqs fois sur les lattes de sapin et roula jusque sous le pied d'une chaise au centre de la grande salle du relais de coursier.
Quelques secondes suffirent pour transformer le brouhaha présent en un silence de mort. Comme un coup de tonnerre, les clients stoppèrent leurs bavardages et les secondes devinrent minutes. Tous regardaient la fiole de verre au contenu rouge sang qui s'était arretée de rouler.
Une étiquette y était relié. On y lisait "Berserk" .
Les regards se mesuraient les uns aux autres et les poignes rejoignaient les fourreaux. Nier la tension montante revenait à contredire qu'une merde de troll ne sentait pas la rose. Par ici il était aussi rare de voir une potion comme celle-ci que le soleil percer les nuages. La plupart des coursiers avaient déserté le continent insulaire. Et ceux capables de réaliser les potions ou élixirs de ce niveaux préféraient de loin l'ambiance de la capitale que cette zone aux portes des terres primitives.
Autant de raison qui expliquait pourquoi l'ensemble de la clientèle en mal d'opportunité lorgnait sur ce liquide rougeâtre encore au sol. Assis sur la chaise où s'était stoppée la fiole, un marchand ventripotant au lourd collier d'argent se mit à hurler.
- Elle s'est arrêté sous ma chaise, elle est à moi! Cria t'il en approchant sa main.
Une main aussitôt découpé par une dague affûtée sortie par son voisin de table, qui quelques minutes plutôt négociait avec lui la main de sa fille. Ce fut ensuite le départ du chant des lames qui s'empara du relais.
La famille d'Hapubou se déchaîna. Chacun des membres aux cheveux roux défiait de son arme et du regard quiquonques s'opposait à leurs saisit du butin. Quelques membre volèrent en éclat, quelques bides furent percés. En quelques coups bien placés la famille de mercenaires mit fin à la concurrence et bon nombre de clients quittaient le relais malgré le blizzard.
Une option que choisit également l'ivrogne qui sans égard pour sa potion laissée derrière lui, se dirigeait vers les portes battantes de la sortie. Il atteignait son but lorsque le flanc d'une épée lui barra le torse.
- On a un gage à terminer, annonça le grand père.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top