Aujourd'hui, nous étions finalement le jour de mon heure de colle. Elle aura lieu dans à peine quelques minutes et cela ne m'enchantait absolument pas de m'y rendre. Là, maintenant, je devrais être chez moi, à faire mes autres devoirs, ou à faire une sieste(essayer plutôt) pour rattraper mes heures de sommeil manquées.

Je m'étais plus ou moins réconciliée avec Matt, mais j'avais la nette impression qu'il me reprochait toujours quelque chose, mais je n'avais aucune idée de quoi il s'agissait. J'aurais aimé l'appeler là, maintenant, pour finalement régler tout ce qui n'avait pas encore été fait entre nous, mais je ne pouvais pas. Je devais me rendre à mon heure de colle...

En arrivant devant la salle que l'on m'avait indiqué, je pris une grande inspiration et toquai à ma porte. J'entrai ensuite et vis immédiatement mon professeur, assis sur sa chaise derrière son bureau.

- Vous êtes en avance, me dit-il, en me regardant avec son air sévère.

- Bonjour, monsieur.

La politesse, ça ne le connaissait visiblement pas.

- Oui, oui. Bon, allez vous asseoir.

- Oui.

Lorsque je fus sur le point de poser mes fesses sur ma chaise, le professeur m'arrêta soudainement.

- Attendez. Sachez que vous ne serez pas coller seule. Il y a une de mes élèves qui va vous accompagner.

- D'accord...

Je soufflai doucement, puis pus enfin m'installer. Un peu de compagnie ne me fera pas de mal. En espérant que cette fameuse élève, ne sera pas désagréable.

- Je vais aller chercher les exercices que j'avais préparé pour vous et votre camarade. Il me semble les avoir oublier dans mon casier. Ne bougez pas, me signala-t-il.

Il sortit de la salle précipitamment, me laissant ainsi seule. Ne sachant pas trop quoi faire, je posai ma tête sur le bureau en face de moi et fermai doucement les yeux. En à peine quelques secondes, je tombai dans un sommeil profond.

***

J'étais en ce moment même dans la cour du lycée, seul, avec mon ami. Il m'avait dit qu'il voulait m'annonçait quelque chose, mais je ne savais pas quoi. Il avait l'air nerveux. Au bout d'un certain temps, il releva finalement la tête, prit une grande inspiration et se décida enfin à parler.

- Je crois que... je suis amoureux de toi.

- Attends quoi ?

- Oui, tu as bien entendu. Je t'aime depuis le début.

- Mais enfin Gabriel... Tu sais bien que je te considère comme mon ami.

Je nageais en plein rêve. Gabriel était juste en face de moi et me regardait droit dans les yeux. Son regard était remplit d'espoir. J'étais bouche-bée. Alors... Mes amis avaient donc raisons ? Gabriel était véritablement amoureux de moi ? Maintenant que je l'entendais de sa bouche, cela me paraissait encore plus irréel.

- Moi, je ne t'ai jamais considéré comme une amie. Je t'aime...

Il fit quelques pas dans ma direction, des cœurs dans les yeux. Je reculai presque instinctivement.

- Si tu m'acceptes, je te rendrai heureuse comme jamais tu ne l'avais été.

- Sauf que... Je ne t'aime pas.

Il s'approcha à nouveau, tandis que je continuais à faire des pas en arrière. Je n'avais pas peur, je voulais simplement ne pas être proche de lui.

- Pourquoi tu recules ?

- Espace personnel. Arrête d'avancer.

Soudain, je trébuchai sur une pierre et tombai en arrière. Le choc fut tellement grand que je finis par m'évanouir presque immédiatement.

***

- Kelly ?

Une voix, venu de nulle part, me réveilla de ma petite sieste, me sortant également de ce rêve étrange. En relevant la tête, je croisai le regard d'une personne que j'aurais préféré ne pas voir.

- Alexandre ? Mais qu'est ce que tu fais là ?

Il avait l'air tout aussi confus que moi. Comme moi, il ne s'attendait pas à me voir.

Nous nous regardions comme deux idiots, l'air perdu. Au bout de quelques secondes de silence, Alex décida enfin de répondre à ma question.

- Je suis... venu pour mon heure de colle.

Je fronçai les sourcils, encore plus confuse. Comment ça, en heure de colle ? Ce n'était pas censé être une fille ? Mon professeur m'avait pourtant dit que c'était UNE élève... 

- C'était pourtant censé être une fille.

- Et pourtant, je suis bien un garçon.

Et quel garçon... Je ne pouvais m'empêcher de l'examiner et ce, de la tête aux pieds. J'avais l'impression que son séjour au Japon l'avait embelli. Même il avait l'air quelque peu épuisé, les cernes qui se trouvait en dessous de ses yeux le rendait d'autant plus séduisant. Ses cheveux noirs qui formaient de légères ondulations, retombaient sur son front, allant presque dans dans ses yeux. Ses lèvres rosées, que j'avais embrassé tant de fois dans le passé, semblaient être encore plus attirantes qu'avant. Il était déjà grand avant, mais il avait certainement pris quelques centimètres en plus, le rendant encore plus impressionnant. Son nouveau style vestimentaire, qui étaient beaucoup décontracté que celui qu'il abordait avant, contribuait au fait qu'il soit encore plus attractif qu'il y a quelques mois.

- Hum... Kelly ?

La voix grave d'Alex me sortit de ma contemplation. J'avais presque sursauté à cause de la surprise. Je détournai presque immédiatement mon regard de sa personne, les joues rouges de gêne. Grillée...

- Je vais... m'asseoir là-bas, en attendant que le prof arrive.

- D'accord...

J'avais senti son regard sur moi, tout au long de son trajet en direction de la table, à l'autre bout de la salle. J'étais affreusement mal à l'aise. Mais bon sang, pourquoi avait-il fallu que son c*nnard soit aussi beau ?

Malgré tout ce qui s'était passé entre nous, j'étais toujours aussi attirée par lui. Il me chamboulait. Il chamboulait tout. J'avais même oublié le rêve étrange voire presque grotesque, juste en faisant irruption dans la pièce. En ce moment même, je le sentais derrière moi me regarder et je ne pouvais pas empêcher les battements de mon cœur s'accélérer. Pourquoi avait-il fallu qu'il se retrouve en heure de colle avec moi ? Qu'il aille se faire foutre...

Au bout de quelques minutes, qui m'avait paru comme une éternité, le professeur finit par arriver, en s'excusant platement. Il posa trois fiches sur chacun de nos bureaux et partit s'asseoir sur son siège.

- Monsieur ? l'appelais-je.

- Oui, mademoiselle Andrade ?

- Je voulais savoir... Ce n'était pas censée être une fille, qui aurait dû être collé avec moi ?

- Oh, je m'étais simplement trompé. Alexandre, Alexandra... J'avais oublié que c'était lui.

- D'accord...

- A présent, commencez vos exercices et évitez de me poser d'autres questions. Je veux entendre les mouches volées.

Je soupirai, puis commençai mes exercices. Ceux du début paraissaient plutôt faciles , mais j'avais l'impression que plus j'avançais, plus ils se complexifiaient. Mince...

Curieuse de savoir si mon "camarade" s'en sortait bien, je tournai la tête pour voir ce qu'il faisait. Ses sourcils étaient froncés et il mordillait légèrement son crayon, tel une ado réfléchissant à comment résoudre un problème. Je ne pus m'empêcher de le trouver attirant, avec cette expression d'extrême concentration sur le visage. Je savais que je ne devais pas, mais c'était la vérité.

 Il finit par remarquer mon regard de fouineuse et planta le sien dans le mien. Honteuse, à propos de moment gênant que j'avais passé il y a quelques minutes, je me remis bien comme il fallait les joues rouges. Bon sang mais Kelly, qu'est ce que tu fous, c'est ton ex !

Je me sentais comme une ado, qui avait un crush sur un garçon, mais qui n'osait pas lui dire. Sauf que je n'avais pas de crush sur lui et que c'était mon ex. A part ça, je restais tout de même une jeune fille de dix-sept ans.

Le temps passa lentement. Et pendant une bonne dizaine de minutes, j'essayai de faire mes exercices, enfin, surtout de les comprendre, mais sans succès. Ce professeur était un vrai sadique. Il savait pertinemment que j'avais supprimé les mathématiques de ma vie l'année dernière et pourtant, il m'en donnait. En fait, il était prêt à tout pour me faire souffrir. Sale sadique. Dire que tout ça c'était à cause de mes devoirs non faits...

- M*rde !

Ce juron, qui ne venait ni de moi ni d'Alex me fit relever la tête en direction de mon professeur. Il se leva de son siège et se saisit de son sac et sortis précipitamment dans la pièce en hurlant qu'il reviendrait dans quelques minutes, qu'il s'excusait, et qu'il avait des choses à faire. Je nus même pas le temps de réaliser ce qui s'était produit à l'instant, que je réalisai que j'étais seule, avec mon ex.

A la limite de l'agonie, je fis volte-face, pour regarder mon ex, pour quatrième fois depuis qu'il était là. Et encore une fois, nos regards s'accrochèrent l'un à l'autre. Nous venions tous les deux de réaliser que nous allions être seuls, pendant une durée indéterminée. Lui, pouvait être ravi, mais moi, j'étais sur le point de faire une syncope. Oh bon sang, pourquoi est-ce que la vie me haïssait à ce point ?

20/02/22