Chapitre 48

La musique battait son plein et les corps transpirants et alcoolisés se trémoussaient au milieu de la pièce, insouciants et semblant s'amuser comme des fous. La forte odeur de sueur, d'alcool, de tabacs et éventuellement de drogues me donnaient mal à la tête. Néanmoins, la mélodie sur laquelle les gens présents dans cette demeure bougeait était entraînante et m'inciterait presque à me joindre à eux. Le problème était l'air intoxiqué par ces senteurs très peu agréables.

Une part de moi regrettait d'être venu ici. Ce genre d'ambiance était tout sauf ce qui m'attirait. J'aimais tout ce qui était calme et non aussi bruyant. Et je savais à quel point ce genre de soirées étaient dangereuses, mais j'avais tout de même supplié mon grand frère de m'y emmener.

Malgré le fait que cela ne me plaise pas fortement, je comprenais tout de même ceux qui appréciaient venir ici. Il y avait de la musique, à boire, à manger et c'était facile de trouver quelqu'un avec qui coucher, car certains étaient spécialement là pour ça. Dans des coins, je pouvais apercevoir des personnes s'embrasser goulûment, tout en se tripotant. Cette légèreté, ce sentiment d'être libre de pouvoir faire ce que l'on voulait... Pouvoir se détendre, tout oublier et ne pas se prendre la tête l'histoire d'une nuit était quelque chose de... tentant.

Lorsque je réalisai que j'étais restée là, totalement immobile, analysant toute la pièce des yeux, je finis par détourner le regard, pour ensuite le poser sur mon frère. Il semblait ailleurs et ne cessait de regarder tout autour de lui, un peu comme s'il cherchait quelqu'un. Personnellement, je ne savais pas trop quoi faire, à part rester sans bouger devant l'entrée comme une idiote. Absolument personne ne faisait attention à moi et se permettait même de me bousculer.

- Okay Kelly, tu vas t'asseoir là-bas, à cette table et tu ne bouges pas, c'est compris ? finit-il par dire, après avoir remarqué mon regard sur lui.

Il venait de me pointer du doigt une table, avec environ trois chaises et deux jeunes étaient déjà assises en train de discuter. Quoi ? Était-il réellement en train de me dire qu'il allait me laisser seul dans un endroit rempli de personnes alcoolisées et certainement droguées ? Et il y avait tellement de monde !

Rien que le fait de me dire que je devais me glisser entre tous ceux qui dansaient et se collaient les uns aux autres me fichait la frousse. Je n'avais pas du tout peur de la foule, mais ça m'angoissait toute cette masse de monde. En fait, ce qui m'angoissait réellement était le fait que je ne connaisse personne et que je doive rester toute seule, à attendre que mon frère revienne... Après tout, c'était moi qui lui avait demander de m'emmener alors je ne devais pas me plaindre. C'était de ma faute...

- Mais... Il y a des gens, ne pus-je m'empêcher de dire, ne savant pas trop quoi répondre.

- On s'en fout. C'est pas leur baraque à ce que je sache.

Je regardai la table du coin du l'œil, me sentant soudainement anxieuse.

- Panique pas. Je te promets que je reviendrai dans quelques minutes à peine.

- D'accord.

Avant qu'il ne parte, je l'entendis grommeler un "pourquoi je l'ai emmené ici", puis il disparut dans la foule. Moi aussi je ne comprenais pas pourquoi j'étais venue...

Lorsque je réalisai enfin qu'il était parti, je me dirigeai vers cette table et m'assis maladroitement sur l'une des chaises libres. J'étais affreusement mal à l'aise. Ces inconnus avec qui j'étais assise ne semblait pas du tout éméché, contrairement aux autres. Ils se contentaient simplement de discuter. Je ne pus m'empêcher de les regarder faire, sans un mot. Malheureusement, ils captèrent mon regard et l'un d'eux fronça les sourcils, avant de se mettre à sourire doucement.

- Salut. Je ne t'ai jamais vu ici, comment tu t'appelles ?

La jeune femme qui venait de m'adresser la parole avait légèrement élevé la voix pour que je puisse l'entendre. La musique était forte et donc, ce n'était pas facile de se parler sans hausser le ton.

-...Kelly.

Je pouvais sentir mes joues brûler tellement j'étais gênée par cette situation.

- Jamais vu ici ? Il y a des milliers de personnes qui viennent ici chez toi, comment tu peux savoir qui vient régulièrement ou pas ? lui demanda son ami.

"Chez toi" ? Alors comme ça, c'était chez elle ? J'aurais aimé que Cam soit là pour que je lui dise qu'il s'était trompé et que s'était réellement sa "baraque".

- T'es nouvelle en ville du coup ? me questionna-t-elle, en ignorant son ami.

- Non, j'habite ici depuis toujours...

- Hein ? Parle plus fort, s'il te plaît !

Il était vrai que lorsque je ne me sentais pas à l'aise avec quelqu'un, je parlais plus doucement qu'à l'accoutumé. Il fallait que je me répète en hurlant presque.

- J'habite ici depuis toujours, répétai-je en haussant un peu plus le ton.

- Je t'ai jamais vu, pourtant. De toute façon, c'est une grande ville donc on ne pas connaître tout le monde.

Je ne lui répondis pas et détournai le regard, ne me sentant pas à mon aise. Je n'avais plus réellement élevé la tête et préférai regarder mes pieds. Mais au moment même où la jeune femme reprit la parole, je fus bien obliger de la regarder, par respect.

- Je m'appelle Marie et c'est moi qui organise toutes les fêtes. Comme j'ai une grande maison, j'en profite.

- Oh euh... c'est cool.

Sans faire exprès, mon regard se glissa sur le jeune homme à côté d'elle, qui était sur son téléphone. Marie, l'organisatrice, finit par lui donner un coup de coude et lui dit quelque chose que je ne pus entendre, à cause du bruit. Il releva ainsi la tête pour me regarder, puis leva les yeux au ciel. Bon sang... Je ne savais pas pourquoi, mais je trouvais qu'il ressemblait un peu à Alex. Enfin... il avait des airs... Il abordait la même coiffure qu'Alex et il avait énormément de trait en commun avec lui. Mais le problème était son regard... Il n'avait pas le même que lui.

- Hey, gamine, on t'a jamais dit que fixer les gens c'était malpoli ?

- Je suis désolée...

J'étais troublée par cette curieuse ressemblance qu'ils avaient. Je m'étais excusée sans même prêter attention au ton qu'il avait employé avec moi, tant j'étais déstabilisée.

- Max, parle mieux.

- Okay, okay...

Il tendit ensuite le bras pour prendre une bouteille, qui se trouvait sur la table et la porta à ses lèvres. Ce n'était clairement pas de l'eau, là-dedans.

- T'en veux ? demanda "Max".

- Non, je ne bois pas.

- Bah qu'est ce que tu fous ici ?

Plus il me parlait, plus j'avais l'impression que sa voix lui ressemblait. P*tain, mais pourquoi cet idiot ne voulait pas sortir de ma tête ? Je pensais sincèrement que soirée allait me faire me changer les idées, mais il semblerait que ce soit tout le contraire. Et mon frère qui ne revenait pas...

Accablée par mes pensées, je finis par me lever et me dirigeai vers ce qui semblait être un balcon. L'air frais de l'extérieur me calma pendant quelques instants, jusqu'à ce que je me remette à penser à Alex et à cette ressemblance qu'il avait avec ce fameux Max. Pourquoi fallait-il que tout me rappelle mon ex ? Parce que tu l'aimes encore, idiote. C'était ça... Je l'aimais encore et les sentiments que j'avais à son égard ne diminuaient pas. Ils étaient toujours aussi présents et toujours aussi forts... Il me manquait. Sa présence me manquait, son toucher, ses baisés, son rire, son sourire... Tout chez lui me manquait. Je pensais réellement qu'avec le temps, j'arrêterai de penser à lui et que je réussirai à faire le deuil, mais les jours passaient, les semaines passaient et rien ne changeait. Je me remémorai alors la phrase de Gabriel : "J'ai pris six mois à faire le deuil de ma relation". Mais même dans dix mois, je continuerai encore de le voir partout où j'irai et de l'aimer toujours aussi intensément. Il me donnait des envies de meurtres à toujours être dans ma tête...

D'un seul coup, je me souvenus de tous les mots qu'il avait prononcé ce jour-là, et je sentis les larmes rouler sur mes joues, sans que je ne puisse le contrôler. Cette plaie-là était toujours ouverte...

- Tu chiales ?

Je sursautai, puis me retournai violemment, bien plus que surprise.

- Doucement, je ne suis pas si moche, hein.

C'était le garçon d'il y a environ vingt minutes, avec qui j'étais assise. Le même qui ressemblait à Alex, sans réellement l'être.

- Ah non, tu ne vas pas encore chialer...

- Laisse-moi tranquille... J'étais très bien toute seule, lui dis-je d'une voix encore tremblotante.

- Figure toi qu'ici, c'est chez ma sœur, donc chez moi. Ça veut dire que je peux aller où je veux.

Je le fixai pendant quelques secondes, puis fis un mouvement pour m'en aller, mais "Max", m'arrêta.

- C'est bon, tu peux rester. J'arrête de te faire chier.

A ces mots, je lui tournai à nouveau le dos et reniflai un bon coup.

- Qu'est ce qu'une gamine toi fait ici ?

- Je ne suis pas une gamine... J'ai seize ans, répondis-je simplement.

- Et moi, dix-neuf, donc à mes yeux, tu l'es.

- Y a plein de mineurs ici, aussi.

- Pour moi c'est des gamins.

- D'accord.

- Du coup, qu'est ce que tu fous ici ? Ça se voit que ce genre d'endroits ne te plaisent pas.

-...En effet. Je pensais que je pouvais me changer les idées, mais c'est tout le contraire. J'arrête pas de penser à...

Je m'arrêtai en plein milieu de phrase, me rendant compte que j'étais sur le point de tout déballer à un inconnu.

- A ?

-...Laisse tomber.

- Pas besoin de finir, c'est un mec, c'est sûr.

Je ne dis rien, préférant rester silencieuse.

- Tu veux vraiment te changer les idées et tout oublier ?

Je me retournai pour le regarder, les sourcils froncés. Qu'est ce qu'il racontait ?

- Prends ça.

Je baissai les yeux sur ce qu'il tenait dans ses mains. C'était une bouteille pleine, ne contenant certainement pas de l'eau.

- C'est quoi ?

- A ton avis ? C'est une bière.

- Tu me conseilles de boire pour oublier ?

- T'es à une fête avec littéralement tous les alcools possibles à disposition et tu me dis que tu ne sais pas comment faire pour arrêter de penser à un mec, alors je te conseille ça, oui.

- Je n'ai jamais dit ça.

- Peu importe. Tu veux l'oublier ou pas ? L'espace d'une soirée, c'est largement suffisant.

J'hésitai, tout en regardant la bouteille des yeux.

- C'est tentant, n'est-ce pas ? Pouvoir se détendre, tout oublier et ne pas se prendre la tête l'espace d'une nuit...

 Sans réfléchir une seconde de plus, je lui pris la bouteille des mains et bus une moitié, cul sec. Lorsque je finis, je me sentis légèrement étourdie. Mon corps était en train de se réchauffer et mon esprit, en train de se libérer. Mes pensées commencèrent à ne plus être totalement clair et la seule pensée que je pus avoir à ce moment précis fut... m'amuser. Était-ce donc ça les effets de l'alcool ? C'était l'une des premières fois que j'en prenais et je me sentais si... étrange. Mais tellement bien.


- Doucement ! Cette décente, p*tain ! Tu cherches à te bourrer la gueule le plus rapidement possible ou quoi ? Quoique... tu l'es peut-être déjà.

- Est-ce que je peux en avoir une autre ?

- Ouais, prends la mienne. Ça va me faire marrer de te voir complètement pétée. Je sens que je vais m'amuser.

Dans son autre main, il avait une autre bière, à moitié pleine. Il me la tendit et je la bus en l'espace de quelques secondes. Je me sentais encore plus détendue et j'en voulais toujours plus.

Mon regard s'ancra dans celui du jeune homme devant moi, tout en fronçant les sourcils. Pourquoi est-ce qu'il ressemblait tant à mon ex ? Pendant l'espace de quelques secondes, j'aperçus Alex, juste devant moi, effaçant totalement le visage de Max. Sans réfléchir davantage, je m'approchai de lui et plaquai mes lèvres sur les siennes en murmurant son prénom. Je m'éloignai ensuite et le regardai, voyant toujours ses yeux.

- Wow... Pour une gamine, t'embrasse vachement bien.

Pourquoi est-ce que c'était son visage que je voyais ? Pourquoi est-ce que c'était ses yeux ? Je le voyais, c'était lui. Et tout ce que je voulais, c'était le retrouver.

- Alex, tu veux danser ?

Il me regarda d'un air surpris, puis je vis un sourire naître sur ses lèvres.

- Alex ? T'es déjà bourrée ? C'était rapide.

- Tu ne m'as pas répondu.

- Bien sûr que oui, bébé.

Il passa sa main autour de ma taille et m'attira à lui, en m'embrassant à nouveau.

- Je sens qu'on va bien s'amuser...

Je bus une nouvelle gorgée, de la bouteille et finis même par la viser, tandis que nous nous dirigions vers la piste de danse, prêts à tout donner. Je me sentais bien. Très bien. Trop bien. J'avais l'impression d'être capable de tout faire. La chose que je voulais le plus faire, c'était prendre du bon temps, le temps d'une soirée. J'allais enfin m'amuser.

25/01/22

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