54.
C'est lorsque l'odeur du bacon grillée caresse le bout de mon nez que je me réveille. Je m'étire comme un chat en baillant et replace quelques mèches derrière mes oreilles.
Un peu plus apte à comprendre, je me rends compte que j'ai passé la nuit dans le lit de Justin. Je me prends la tête entre les mains avant de gémir comme un enfant. Je gémis à cause de moi-même. De ma stupidité apparemment grandissante.
- Tout va bien ?
J'écarte quelques doigts pour observer le nouvel arrivant qui se balade avec une tranche de bacon à la main.
- Pourquoi ça n'irait pas, hein ?
- Tu pleurniches.
- Ouais, ben ce n'est pas tes oignons.
- Tu n'es pas du matin, dis moi.
- Bravo Einstein. Va cueillir des fleurs, tiens.
Il hausse un sourcil avant de rire. Ce qui m'irrite juste un peu plus.
- Quel phénomène tu fais, dis donc.
- Je vais t'en foutre des phénomènes, oui.
Je me lève et passe devant lui.
- Et ça, c'est pour moi, je déclare en lui piquant le bacon qui me faisait de l'œil depuis un moment.
- Comme si je ne m'en doutais pas. Ce n'est pas comme si tu mangeais mes repas.
Je traine des pieds jusqu'à la cuisine et m'attable au comptoir. Bien sûr, il m'a suivi. Il avance quelques assiettes remplies de nourriture vers moi. Je picore un peu partout sans dire un mot tandis qu'il surfe sur son portable.
- Pourquoi ne m'as-tu pas réveillé ?
- Je regardais les Simpson.
- Tu pouvais me réveiller.
- Pour me faire frapper ? Car vu comment t'es quand on te réveille, ça ne m'étonnerait pas.
- Ne dis pas n'importe quoi.
- Et la collection de griffures dans mon dos, c'est n'importe quoi d'après toi ?
Il soulève son T-shirt et je peux observer ses abdos quelques secondes avant de me retrouver face à un carnage dans son dos.
Ma bouche forme un grand O.
- Pourquoi aurais-je fait ça ?
- Qu'est-ce que tu veux que j'en sache ? Tu dormais, je te signale. Et je ne suis pas devin.
- Tu es sur que c'est moi ?
- Je ne me le suis pas fait moi-même, si c'est ce que tu sous-entends.
Je hoche doucement la tête. Mais qu'est-ce qui m'a pris ?
- Je suis désolée... Vraiment désolée...
- Je m'attendais à tout sauf à ça.
J'avale difficilement ce que je mange avant de prendre la parole.
- Tu t'attendais à tout ? Ah oui ? Et bien, sache que tu dois t'attendre à rien. Rien du tout. Nada. Niet. Jamais.
- Tu sautes toujours sur des idées farfelues. Je ne m'attendais pas à ce que tu craques pour moi. Ce qui me poserait problème. C'est juste une manière de parler, déclare-t-il, exaspéré.
- Oui, ben fais attention à ce que tu dis à l'avenir.
La portée d'entrée s'ouvre au même moment.
- Alors les enfants, comment ça va ce matin ? nous demande un Mike souriant.
Je fixe Justin sans répondre. Il sourit, sachant qu'il a les cartes en main.
- Et bien, ça va bien. Très bien même.
Mes mains atterrissent de nouveau sur mon visage. Pourquoi il a dit ça comme s'il y avait des sous-entendus derrière ? Il y en a, c'est certain mais il n'était pas obligé de le crier haut et fort.
- Ah oui ? déclare un Bob suspicieux.
- Oui. Tout va bien. Et vous ?
Mon ton est assez tranchant et je le remarque par les regards que les nouveaux arrivés s'échangent.
- Nous aussi.
- Si vous saviez ce qu'on a fait... rajoute Justin d'un ton badin en me fixant.
- Quoi donc ?
- Ça suffit ! Arrête ça. Je me suis excusée, d'accord ?!
Après ma petite saute d'humeur, je m'éloigne pour prendre une douche.
Quand j'en ressors, habillée, je me lance dans le ménage. J'évite à tous prix les pièces où ils se trouvent et me fais aussi discrète que possible.
- Harper ? m'interpelle une voix inquiète.
- Je suis désolée pour tout à l'heure, Mike. J'ai juste les nerfs à fleur de peau ce matin.
- Tu es certaine que tout va bien ?
- Oui. Ne t'inquiète pas.
- Et avec Justin ?
Je m'arrête dans mon mouvement pour réfléchir à ma réponse.
- Il y a surement du mieux.
- Tant mieux alors. Justin doit remplir quelques obligations aujourd'hui, reprend-t-il quelques secondes plus tard. Tu es libre, de ce fait.
Je relève la tête vers lui.
- D'accord. À plus tard.
Je m'enferme de nouveau dans mon mutisme jusqu'à ce qu'ils quittent les lieux.
Un besoin d'air immédiat se faisant sentir, je me change rapidement en tenue plus décontractée. Mon empressement me fait perdre l'équilibre et j'atterris brutalement sur les fesses accompagnées de plusieurs de mes affaires.
Un mouvement discret me fait tourner le regard vers le livre ouvert sur le sol. Une carte vient de s'en échapper. Je la récupère. Je change alors de plan en la fourrant dans la poche de mon short.
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